Bruxelles

1 mars 2007

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L’OTAN : la défense de la securité et des valeurs communes

Allocution du Secrétaire général de l’OTAN, M. Jaap de Hoop Scheffer aux Grandes conférences catholiques

Mesdames et Messieurs les Ministres,

Excellences,

Mesdames, Messieurs,

On saurait difficilement imaginer liste plus impressionnante que celle des orateurs ayant occupé la tribune des Grandes Conférences Catholiques. En effet, des personnalités éminentes de tous horizons y sont venues parler d’art, de politique ou de philosophie. C’est pourquoi, lorsque j’ai reçu l’invitation à venir m’exprimer devant cette prestigieuse assemblée, ma première réaction a été de me demander ce que j’avais bien pu faire pour mériter pareil honneur.

Puis je me suis souvenu d'une phrase de Schopenhauer, qui disait que l’honneur n'était pas quelque chose qui pouvait se gagner, seulement quelque chose qu'il fallait s'efforcer de ne pas perdre. Et vu le temps de parole qui m’est généreusement imparti ce soir, il semble que j’aie une heure devant moi pour tenter de le préserver !

Les Grandes Conférences Catholiques sont principalement axées sur l’Europe, mais également sur les relations qu’entretient notre continent avec le reste du monde. Il n’est donc pas surprenant que nombre d’orateurs de cette prestigieuse série de conférences aient été des personnes concernées par les questions transatlantiques, y compris la quasi-totalité des Secrétaires généraux de l’OTAN, de Paul-Henri Spaak à George Robertson.

Je vais essayer de suivre la voie qu’ils ont tracée avant moi. Tout d’abord, en examinant notre environnement de sécurité, puis en vous soumettant quelques réflexions sur l’état de la relation transatlantique, et enfin en exposant les caractéristiques fondamentales de ce que j’appellerais « l’atlantisme éclairé » en matière de sécurité.

Au lendemain de la chute du mur de Berlin, en novembre 1989, les démocraties libérales d’Europe et d’Amérique du Nord ont montré, pendant quelques années, une tendance naturelle à considérer qu’elles formaient une nouvelle majorité à l’échelle mondiale. L’histoire était soi-disant parvenue à son dénouement et, comme aucun rival idéologique n’était là pour remettre en cause la suprématie des sociétés libérales, rien n’empêchait plus désormais de croire à un avenir meilleur. Les conflits militaires allaient appartenir au passé alors que le système mondial était appelé à être de plus en plus dominé par le commerce et l’économie.

La démocratie allait se propager de manière inexorable, puisque de plus en plus de gens allaient renverser les régimes autoritaires et revendiquer leur liberté. La mondialisation allait faire tomber les barrières et rendre impossibles le contrôle totalitaire et la censure. Et surtout, la mondialisation allait déboucher sur un monde que le journaliste Tom Friedman qualifierait de « monde plat » - un monde où règneraient entreprise individuelle et prospérité pour tous.

C’était presque comme si nous nous étions mis à croire en une sorte de « marxisme inversé », dans lequel les forces historiques allaient s’emparer du système international et mener tout droit au triomphe universel des valeurs démocratiques libérales. Il nous suffisait juste de nous asseoir bien confortablement et d’applaudir au processus qui se déroulerait sous nos yeux.

Cette vision des choses s’est bien vite dissipée. Certes, la mondialisation se poursuit, mais force est de constater qu’elle n’a pas que des aspects positifs. De fait, si elle permet de faire s’ouvrir les économies, de sortir les gens de la pauvreté et de transmettre les valeurs démocratiques, la mondialisation est également le véhicule par lequel sont importés dans nos sociétés le radicalisme, le fanatisme religieux et les méthodes terroristes.

Le cyberespace est pour nous un outil de diffusion du savoir et des informations. Nos adversaires, eux, s'en servent pour disséminer des idées aux effets tout aussi puissants : des idées irrationnelles. Les circuits qui permettent le transfert instantané de fonds ou d’informations par-delà les frontières peuvent être également utilisés par les réseaux criminels pour se livrer au trafic de toutes les marchandises imaginables ou presque : êtres humains, composants de missile, moyens financiers issus du blanchiment de fonds, armes à feu ou encore matière fissile.

Le vingt et unième siècle, comme le précédent, a débuté sur une vague d’euphorie mondialiste libérale, qui cède maintenant la place à un climat plus pessimiste à mesure que se dévoile l’ampleur des défis auxquels nous sommes confrontés. La prolifération notamment, avec ses inquiétants programmes nord-coréen et iranien, présente des risques majeurs pour notre sécurité.

Si nous considérons la périphérie immédiate de l’Europe, le tableau n’est pas des plus rassurants. Le Moyen-Orient reste une région en transition. Bien sûr, on constate dans certains pays de la région des progrès sur la voie de la démocratie, des avancées dans le domaine de l'éducation et un élargissement des perspectives s’ouvrant aux femmes. Mais la situation en Iraq sur le plan de la sécurité demeure précaire, la question iranienne se pose avec de plus en plus d’acuité et le différend israélo-arabe n'est toujours pas résolu. Enfin, pour couronner le tout, nous entrevoyons maintenant le spectre d’un conflit violent opposant musulmans sunnites et chiites.

Au sud de notre continent, en Afrique, le tableau est tout aussi contrasté. Il est vrai que nous voyons se dessiner l'ébauche d’une certaine unité du continent, notamment dans les opérations de soutien de la paix que dirige l’Union africaine. Ayant moi-même vécu en Afrique, et étant épris de ce continent, je ne peux que me réjouir de cette évolution. Mais dans le même temps, les prévisions tablent sur une population africaine atteignant 1,2 milliard d’habitants en 2025, tandis qu’au Moyen-Orient, le nombre de jeunes âgés de 15 à 25 ans devrait augmenter de 50%. Si cette explosion démographique engendre un désespoir en raison d’une pénurie d’emplois et de perspectives dans le pays d’origine, les pressions migratoires sur l’Europe, déjà importantes, en deviendront extrêmes.

Parallèlement, l’échiquier politique mondial, sur lequel prédominait depuis un demi-siècle l’attrait de la démocratie libérale occidentale, fondée sur la communauté transatlantique, voit actuellement son centre de gravité se déplacer vers l’Asie, en raison de l’émergence de la Chine et de l’Inde, à laquelle vient s’ajouter le rétablissement de la Russie grâce à ses ressources énergétiques. Ce changement dans l’équilibre des puissances s’observe non seulement dans l’évolution démographique, mais également dans le fait qu’en 2005, les investissements ont été plus importants dans les économies émergentes que dans les pays développés.

En regard des défis auxquels font face les régions avoisinantes, l’Europe, notre continent pourrait faire figure d’oasis de stabilité et de prospérité. Mais nous appréhendons de plus en plus l’ampleur du travail qui nous reste à accomplir pour intégrer pleinement nos sociétés multiculturelles dans le cadre commun que forment l’État de droit, la capacité à vivre avec des identités multiples et la tolérance mutuelle.

Seule une Europe sûre d’elle, seule une Europe consciente de l’identité et des valeurs qui sont les siennes, sera à même de relever ce défi. Or je crois que nous manquons encore suffisamment d’assurance. Sinon, nous ne verrions pas la perspective d’une adhésion de la Turquie à l’Union européenne comme mettant en péril l’unité et la cohésion de l’Europe. Au contraire, nous accueillerions cette adhésion comme un enrichissement de notre vie culturelle, spirituelle et économique. Et nous comprendrions le rôle crucial qu’une Turquie musulmane mais laïque est à même de jouer en tant que trait d’union entre l’Europe et le Moyen-Orient.

Ce bref tour d’horizon pourrait nous mener à la conclusion que nous risquons d’être dépassés par les aspects plus négatifs de la mondialisation. Et pourtant ce n’est pas la conclusion qu’il convient d’en tirer. Je n’accepte pas l’idée que nous soyons les victimes impuissantes d’événements qui échapperaient à notre contrôle.

Je suis convaincu que nos sociétés peuvent façonner les événements plutôt que de les subir. Je suis convaincu que nos valeurs - liberté, droits humains, démocratie et tolérance religieuse - sont les repères qui nous permettent de nous frayer un chemin dans un monde de plus en plus complexe. Mais surtout, je suis convaincu que nous disposons d’un instrument unique pour soutenir et promouvoir nos valeurs universelles - et pour les défendre lorsqu’elles sont menacées : la communauté atlantique que forment nos pays.

Cette communauté a vu le jour après la Deuxième Guerre mondiale. Sa création reposait sur l’idée selon laquelle il convenait de donner aux États-Unis et au Canada une place bien distincte en Europe. Il s’agissait de tenter de supplanter une bonne fois pour toutes le modèle traditionnel qui voulait que les pays européens assurent leur défense de manière autonome, souvent aux dépens les uns des autres. En créant une communauté transatlantique, nous avons éliminé l’une des principales causes de guerre en Europe.

Aujourd’hui, alors que plus d’un demi-siècle s’est écoulé, les fondements de la communauté atlantique ont changé. Le principal objectif de notre coopération ne consiste plus à contenir les énergies autodestructrices de l’Europe. Mais la logique d’une Europe et d’une Amérique du Nord œuvrant de concert demeure plus puissante que jamais. Car, même en ce siècle nouveau, l’Europe et l’Amérique du Nord continuent de représenter le noyau dur de la démocratie, du pluralisme, de l’économie de marché et de l’innovation technologique. Aucun autre continent ne participe davantage à la stabilité mondiale et partant, aucun autre continent n’est davantage appelé à se porter garant de la sécurité mondiale.

C’est la raison pour laquelle l’environnement de sécurité qui se profile devant nous ne devrait pas nous inciter au pessimisme. Pour moi, il vient simplement souligner une vérité fondamentale, à savoir que, plus que jamais, nous avons besoin d'une communauté transatlantique dynamique. Au vingt et unième siècle, la nécessité de pouvoir faire face de manière organisée aux défis qui se multiplient rapidement aux frontières de la communauté transatlantique va devenir impérieuse. Et plus que jamais, nous avons besoin de cadres éprouvés dans lesquels l’Europe et l’Amérique du Nord puissent se consulter, coordonner leur action et agir de concert.

A priori, il existe deux cadres qui répondent à ces critères. L’un est le dialogue instauré entre l’Union européenne et les États-Unis. Ce dialogue est utile à la coordination des politiques transatlantiques sur toute une série de questions importantes de politique internationale ainsi que sur les relations commerciales ou encore les politiques d’environnement. C’est pourquoi ce dialogue est amené à prendre de plus en plus d’importance et c’est aussi pourquoi nous devons l’entretenir.

Cependant, quand on en vient aux questions en rapport avec ce qu’on appelle la sécurité « dure », l’alliance s’impose par elle même. Lorsque les fondements de notre sécurité sont en jeu, nous devons en effet disposer d'un cadre qui réunisse les États-Unis et les pays européens non pas simplement comme deux parties à une négociation mais comme de véritables alliés. Un cadre solide dans lequel chacun intervienne dans la recherche du consensus politique, dans la planification militaire et dans les opérations militaires. Un cadre qui donne aux États-Unis un rôle et une responsabilité dans la sécurité de l’Europe, tout en permettant à cette dernière de s’adresser directement aux États-Unis - et d’exercer sur eux une certaine influence.

Ce cadre existe déjà : c’est l’OTAN, notre Alliance transatlantique. Une Alliance qui demeure fondée sur le principe central de la défense collective, mais qui, de plus en plus, apparaît comme l’organisation la mieux placée quand il s’agit de concevoir la réponse stratégique commune de l’Europe et de l’Amérique du Nord face aux nouveaux défis pour la sécurité qui se font jour à l’échelle mondiale, d’élaborer des initiatives politiques et de proposer des réponses politico-militaires coordonnées.

Dès lors, la question qui se pose est la suivante : la communauté transatlantique est-elle à même de s’acquitter de cette tâche ? Les cadres se prêtant à une action conjointe existent bel et bien, mais avons-nous de nos objectifs la vision commune qui est nécessaire pour faire face aux défis complexes que je viens d’exposer ?

Au lendemain des attentats terroristes du 11 septembre 2001, un profond sentiment d’unité transatlantique était palpable. L’Amérique et l’Europe ont toutes deux pris conscience que ces attentats ne visaient pas simplement les États-Unis. Elles semblaient pleinement déterminées à affronter la menace d'un nouveau type de terrorisme, frappant mortellement et sans discernement, et elles étaient convaincues de la nécessité d’agir ensemble.

Quelques années plus tard à peine, après la polémique sur l’Iraq, cette vision transatlantique commune de nos objectifs semblait avoir complètement disparu. Lorsqu’on parlait du lien transatlantique, c’était en présumant qu’il se désagrégeait. Au lieu de discuter d’un nouveau consensus sur la manière de répondre aux menaces de sécurité du vingt et unième siècle, nous parlions de la dérive transatlantique. On nous disait que les regards que l’Amérique et l’Europe portaient sur le monde étaient devenus tellement incompatibles que la coopération était désormais impossible. On nous disait que nos perceptions de l' « ordre mondial » étaient devenues tellement différentes que nous ne pouvions plus nous mettre d'accord sur les grands enjeux de notre époque.

Le clivage était réel. Mais nous sommes en train de le surmonter. Plusieurs années se sont écoulées depuis, et la situation est sensiblement différente aujourd’hui. La coopération transatlantique est indubitablement à nouveau considérée comme une nécessité. Et, de la même façon, il est parfaitement clair que l'OTAN doit jouer un rôle central dans cette relation.

Alors, qu’est-ce qui peut expliquer un tel changement d'attitude ? Qu’est-ce qui a permis au pessimisme d'il y a quelques années à peine de céder aujourd’hui la place au réalisme ? Il y a selon moi trois éléments.

Le premier, c’est que les enseignements tirés de la polémique sur l’Iraq ont finalement fait leur chemin dans les esprits. D’une part, les États-Unis ont besoin d’alliés, d’autre part l'Europe ne peut faire « contrepoids » aux États-Unis. En bref, on fait preuve de plus d’humilité de part et d’autre de l’Atlantique. Et l’humilité est toujours un bon point de départ quand il s’agit de traiter l’un avec l’autre.

Le deuxième élément qui explique que la relation transatlantique se caractérise désormais par un plus grand réalisme est le fait que, des deux côtés de l'Atlantique, on comprend mieux maintenant la nécessité d'adapter cette relation. Après tout, les attentats terroristes du 11 septembre, c’était il y a plus de cinq ans. L’Europe a elle aussi été durement frappée par le terrorisme peu de temps après, à Madrid, Istanbul, Londres et ailleurs encore. Et même si les images et les émotions associées à tous ces attentats sont gravées à tout jamais dans nos mémoires, il est raisonnable de dire qu’il s’est maintenant écoulé suffisamment de temps pour nous permettre de faire à tête plus reposée le point sur le chemin parcouru par la communauté transatlantique - et sur la direction qu’elle doit prendre.

Nous comprenons aujourd’hui qu’une bonne partie du débat sur le déclin de la relation transatlantique partait d’un mauvais raisonnement. Les experts ont erronément associé les ajustements pénibles mais nécessaires de la relation transatlantique à un déclin. Aujourd’hui, cette confusion s’est enfin dissipée. Nous nous rendons compte maintenant que la relation transatlantique traverse une période formatrice, à rapprocher peut-être des années de l'immédiat après-guerre, lorsque notre communauté transatlantique a vu le jour. Les périodes formatrices comportent nombre de difficultés et de risques, et elles peuvent donner lieu à bien des désaccords. Mais, comme dans les années d’après-guerre, nous réussirons si nous ne perdons pas de vue nos objectifs. Le divorce n'est tout simplement pas envisageable.

Et cela m’amène au troisième élément à l'origine d'un plus grand réalisme -  oserais-je parler d'optimisme - dans la relation transatlantique : la récente évolution de l‘OTAN. La transformation de cette alliance depuis le 11-Septembre est peut-être l’illustration la plus parlante de l’aptitude de la communauté transatlantique à se réinventer.

En effet, si l’on examine de plus près l’agenda de l’OTAN depuis le 11-Septembre, on peut y trouver les marques distinctives d’un nouveau partenariat de sécurité transatlantique. J’entends par là un atlantisme qui ne soit pas basé sur une nostalgie de la Guerre froide, mais sur une appréciation commune de la nécessité d’adapter les outils transatlantiques à des circonstances entièrement nouvelles.

Quelles sont les principales caractéristiques de ce nouvel « atlantisme éclairé »? J’estime qu’elles sont au nombre de six.

D’abord et avant tout, il est aujourd’hui reconnu que projeter la stabilité est devenu le principe moteur de toute gestion moderne de la sécurité. Pendant la Guerre froide, les menaces étaient associées à l'occupation physique d'un territoire. Aujourd'hui, par contre, comme l’a très bien résumé Henry Kissinger, la survie d’un pays peut être menacée par des événements qui se déroulent entièrement au sein d'un autre État.

L’Afghanistan en est la parfaite illustration. Pendant longtemps, le régime des Talibans est apparu comme une relique d’un passé lointain, une malédiction pour le peuple afghan, mais sans conséquence pour le reste du monde. Le 11-Septembre a définitivement changé cette position. Il est alors apparu clairement que les défis majeurs pour la sécurité transatlantique ne naissent plus en Europe mais dans des régions éloignées du vieux continent. Par conséquent, l’approche géographique traditionnelle de la sécurité a rapidement laissé la place à une approche fonctionnelle, qui vise à s’attaquer aux problèmes à leur source.

Le déploiement de troupes de l’OTAN en Afghanistan a marqué la victoire de l’approche fonctionnelle de la sécurité par rapport à l’approche géographique. Les Alliés réglaient de la sorte dans la pratique un problème qu’ils n’avaient apparemment jamais réussi à résoudre en théorie : faire de l’OTAN un cadre propice à la défense d’intérêts transatlantiques communs sans contraintes géographiques.

Les événements intervenus depuis notre premier déploiement en Afghanistan montrent que cette évolution a un caractère durable. Plus de 50 000 soldats sont aujourd’hui déployés sous commandement OTAN, dans des missions et opérations sur trois continents, depuis le détroit de Gibraltar jusqu’à l’Hindu Kush.

En Europe, l’OTAN continue d’assurer la paix dans les Balkans, notamment au Kosovo, où nous attendent des semaines difficiles. Nous menons une action navale anti-terroriste en Méditerranée. En Afghanistan - notre mission la plus importante et aussi la plus difficile - l’OTAN dirige la Force internationale d'assistance à la sécurité, dont la mission va du maintien de la paix à des tâches de reconstruction et à des opérations de combat. En Iraq, l’OTAN assure la formation des forces de sécurité du pays. L’OTAN a mené des opérations de secours humanitaire au Pakistan après le tremblement de terre de 2005. En Afrique, enfin, l’OTAN en co-opération avec l’UE, assure le transport aérien des troupes de l’Union africaine vers la région en crise du Darfour.

Il s’agit là d’une gamme d’activités très étendue et d’aucuns se sont demandé si cela signifie que l’OTAN essaie désormais de régler tous les problèmes générés par la mondialisation. Je tiens à vous rassurer, ce n'est pas le cas. Pour la bonne et simple raison que si nous essayions de le faire, nous irions droit à l’échec. À l’évidence, c’est dans les opérations de stabilisation que réside notre force. Nous disposons d’une gamme d’atouts inestimables. Nous avons des forces militaires intégrées. Ainsi qu’une structure de prise de décisions politico-militaires solidement établie et bien rodée, de même qu’un réseau de Partenaires et de pays contributeurs de troupes couvrant une bonne partie de la planète. C’est ce qui nous permet de faire face aux défis de la stabilisation de l’Afghanistan.

Nous nous accordons tous à dire que l’OTAN n’est pas une organisation d’aide humanitaire mais, quand nous pouvons être utiles, comme dans le cas du tremblement de terre au Pakistan, devons-nous dire « non » ? Et quand l’Union africaine nous demande de l’aide, pas des troupes au sol, entendons-nous bien, mais un soutien logistique - avons-nous le droit de lui dire que nous sommes trop occupés ailleurs ? Selon moi, refuser notre aide aurait été une erreur. Notre politique de sécurité est fondée sur des intérêts et sur des valeurs. Et c’est au nom de ces valeurs que nous devons apporter une aide chaque fois que nous le pouvons où nous le pouvons. Aider la population afghane à se défaire du joug des Talibans, ou aider l’Union africaine à prendre en charge plus efficacement l’avenir du continent africain, revient à investir dans un ordre mondial plus stable et plus juste. Ces deux missions constituent donc des investissements pour notre propre sécurité à long terme.

Permettez-moi ici de dire quelques mots sur les relations entre valeurs et intérêts. La communauté transatlantique est fondée sur l’héritage judéo-chrétien- humaniste. Et, vous l’aurez certainement noté comme moi, une grande partie des activités de l’OTAN se déroulent dans des régions à prédominance musulmane. En Bosnie, et par la suite au Kosovo, l’OTAN a eu recours à la force pour protéger des civils innocents, musulmans pour la plupart. Et la plus grande opération menée par l’OTAN se déroule actuellement dans la République islamique d’Afghanistan. Il n’est donc pas étonnant que certains observateurs, chrétiens et musulmans, se soient posé des questions sur les motivations de l’OTAN. L’OTAN a-t-elle pour objectif d’imposer les valeurs propres à l’Occident à des sociétés non occidentales ? Essayons-nous de remodeler le monde à notre image ?

Mesdames et messieurs, rien n'est plus éloigné de la vérité. Oui, l’OTAN est une association de pays occidentaux. Oui, l’OTAN est, exception faite de la Turquie laïque musulmane, une Alliance de pays chrétiens. Et tous les mois de décembre, le siège de l'OTAN, ici à Bruxelles, est illuminé par un gigantesque sapin de Noël. Mais les valeurs que l’OTAN représente ne sont pas des valeurs exclusivement chrétiennes. Non, les valeurs que nous représentons et défendons par notre engagement sont des valeurs universelles. Le droit pour les femmes d’être scolarisées est un droit universel. Le droit de choisir sa religion et de ne pas avoir à craindre que ce choix puisse être synonyme de peine de mort est un droit universel. Le droit d’élire un gouvernement démocratique par des élections libres et équitables est un droit universel.

Voilà les valeurs que nous défendons, des Balkans à l’Afghanistan. Ces valeurs ne sont pas négociables. Et elles ne sont ni exclusivement occidentales ni exclusivement chrétiennes. J’estime en effet que les pays de toutes les zones du globe et de toutes les grandes religions devraient pouvoir s’entendre sur ces valeurs. Car elles constituent la base même de la survie de l’humanité au vingt et unième siècle.

La deuxième caractéristique de ce nouvel atlantisme éclairé sur laquelle j’aimerais brièvement mettre l’accent est la nécessité d’un partage plus équitable des responsabilité entre alliés. Aujourd’hui, comme par le passé, il arrive parfois qu’il n’y ait simplement pas d’autre option que la force militaire. Mais, si l’on accepte l’idée qu’aujourd’hui les principales menaces pour notre sécurité ne naissent pas en Europe, et si nous convenons de la nécessité de traiter ces problèmes où et quand ils se posent, alors nous devons pouvoir compter sur des capacités sensiblement différentes de celles que nous avions pendant la Guerre froide. Nous avons besoin de forces beaucoup plus souples, de forces à capacité de réaction rapide ; de forces qui puissent être déployées à longue distance et qui puissent ensuite mener des opérations de longue durée. Et nous avons besoin de forces qui puissent s’acquitter d’opérations de combat mais aussi mener des activités de reconstruction après un conflit. Je dois insister sur ce point : nous ne pouvons pas nous permettre d’avoir une Alliance « à deux vitesses » où certains pays se contenteraient du travail de maintien de la paix et de reconstruction et laisseraient aux autres les opérations de haute intensité voire occasionnellement les opérations de combat. La solidarité et le partage équitable des tâches impliquent que tous les Alliés doivent être désireux et capables de mener ces deux types d’action - et disposer des forces militaires leur permettant de tenir leurs engagements politiques.

Nous avons réalisé au sein de l’OTAN des progrès satisfaisants dans le développement de capacités militaires modernes.

À cet égard, un des éléments les plus importants est la Force de réaction de l'OTAN, qui nous offre une capacité de réaction rapide totalement nouvelle. Nous augmentons aussi notre pool d’aéronefs de transport stratégique, de manière à pouvoir transporter rapidement nos forces là où elles sont nécessaires. Et nous procédons à un réexamen en profondeur de la façon dont nous préparons nos opérations, pour être sûrs que celles-ci soient mieux planifiées, équipées et financées.

Loin de moi l'idée de vous faire ici un cours sur la transformation de la défense, mais je voudrais juste vous dire une dernière chose à ce sujet. La transformation ne peut se faire à bon marché. Certes, il y a des moyens de dépenser notre argent de façon plus rationnelle que nous ne le faisons aujourd'hui, par exemple en mettant nos ressources en commun et en faisant certaines choses sur une base multinationale. Mais il est tout simplement impossible d'ignorer les niveaux de dépenses de défense en valeur absolue. C'est pourquoi je continuerai d'insister sur le chiffre de 2% du PIB pour chacun des 26 membres de l'Alliance.

Le troisième élément d'un atlantisme éclairé, c'est une interaction plus étroite de l'OTAN avec d'autres grandes institutions. Le déploiement de forces de l'OTAN dans une zone de crise peut être indispensable pour mettre fin à un conflit et pour assurer un environnement sécurisé propice à la reconstruction politique et économique. Toutefois, cette reconstruction - cette « édification de la nation » au sens le plus large du terme - ne peut se faire que grâce à la coopération avec d'autres acteurs, dont l'Union européenne, les Nations Unies et les organisations non gouvernementales.

Une fois encore, c'est peut-être l'Afghanistan qui illustre le mieux la nécessité d'une approche globale. Depuis plusieurs années, ce pays est la première priorité opérationnelle de l'OTAN. C'est là, plus que dans tout autre engagement de l'Alliance, passé ou présent, que nous avons été confrontés à l'étroite corrélation qui existe entre sécurité et développement. Après tout, il ne s'agit pas d'un conflit traditionnel. Nous avons entrepris de contribuer à régler un conflit qui s'apparente à une « guerre au sein d'un peuple » plutôt qu'à une guerre classique entre États.

Et il est capital, non seulement pour l'OTAN, mais pour toute la communauté internationale, de prendre à cœur cette expérience.

Ce qui signifie avant tout que l'OTAN doit établir un véritable partenariat stratégique avec l'UE. J'ai dit à maintes reprises que la relation OTAN-UE n'est toujours pas aussi étendue que je le souhaiterais. Le champ de nos débats est encore trop étroit. Mais je reste convaincu que la logique de la coordination et de la coopération finira par triompher des idées de prééminence ou de rivalité institutionnelle. Une relation plus structurée entre l'OTAN et les Nations Unies est un autre objectif à court terme. L'OTAN et l'ONU opèrent dans les mêmes régions, des Balkans à l'Afghanistan. Et pourtant, notre coopération quotidienne sur le terrain contraste avec un manque de consultation politique au niveau stratégique. Nous voulons que cela change. L'OTAN et l'ONU doivent nouer une relation stratégique plus cohérente. Si une telle relation prenait corps, de nombreuses possibilités très intéressantes s'offriraient alors à nous. L'OTAN pourrait par exemple assurer la formation et le tutorat des forces ONU de maintien de la paix, ou donner des avis sur la planification opérationnelle.

Le quatrième élément d'un nouvel atlantisme éclairé, c'est l'élaboration d'une approche transatlantique commune à l'égard de régions qui sont situées au-delà de la zone euro-atlantique traditionnelle. Le Moyen‑Orient est l'une de ces régions, et, comme je l'ai dit à maintes reprises, aucune autre région du monde n’aura autant d’influence sur la sécurité transatlantique dans les années à venir que le Moyen‑Orient. C’est pourquoi l'OTAN a donné plus de corps au Dialogue méditerranéen, ce dialogue qu'elle a engagé avec sept pays d'Afrique du Nord et du Moyen‑Orient ; c'est aussi pourquoi l'Alliance tend la main aux pays de la région du Golfe ; et, enfin, c'est pourquoi nous assurons la formation des forces de sécurité iraquiennes.

Je voudrais souligner que nous sommes pleinement conscients de la diversité qui caractérise cette vaste région. Nous sommes aussi profondément conscients du fait que l'OTAN n'y est pas toujours favorablement perçue.

Mais les perceptions peuvent évoluer. Et l'expérience très positive d'une coopération avec un groupe très varié de pays partenaires d'Europe et d'Asie centrale, qui est celle de l'Alliance, donne à penser qu'il est possible de parvenir à cet équilibre délicat.

En développant nos relations avec des pays du Moyen‑Orient et de la région du Golfe, nous nous attacherons de plus en plus à faire usage de l'expérience multinationale unique qui est celle de l'OTAN en matière de formation et d'entraînement. Près de six décennies de coopération militaire entre Alliés ont apporté à l'OTAN une très grande expérience dans ce domaine. En partageant cette expérience avec nos partenaires du bassin méditerranéen et de la région du Golfe, nous favoriserons « l'interopérabilité humaine », qui est d'une importance cruciale, tant pour le succès de nos futures missions communes que pour notre coopération de tous les jours.

L'intérêt pour les capacités de formation de l'OTAN ne se limite pas au Moyen‑Orient. Des demandes nous parviennent également d'Afrique. Il y a quelques années encore, il aurait été impensable d'associer les mots « OTAN » et « Afrique » dans une même phrase. Aujourd'hui, l'OTAN apporte son soutien à l'Union africaine dans la crise au Darfour - et ce à la demande de l'UA. Et nous réfléchissons à d'autres moyens d'aider l'Union africaine à devenir une force régionale de maintien de la paix plus solide et plus efficace.

Le cinquième élément d'un atlantisme éclairé, c'est la détermination à élargir notre communauté atlantique. Depuis la fin de la Guerre froide, l'OTAN a agi en ce sens. Ces dernières années, dix pays, dont la plupart avaient appartenu au Pacte de Varsovie, sont devenus membres à part entière de l'Alliance. Ces pays ont considérablement enrichi notre Alliance. Ils débordent d'enthousiasme, ils prennent leurs obligations très au sérieux, et les valeurs, ils savent ce que c’est - après tout, ils ont jadis payé le prix fort pour les défendre.

Aujourd'hui, plusieurs pays frappent à la porte de l'OTAN. Eux aussi, veulent leur juste part d'atlantisme ; eux aussi, veulent faire partie d'une Europe atlantique. Ce sont là des aspirations légitimes, auxquelles il nous faut répondre. Peut-être pas aujourd'hui, ni demain, mais à terme, il nous faudra y répondre. Une Europe entière et libre doit être fondée sur le principe selon lequel chaque pays est libre de choisir sur qui s'aligner pour ce qui est de sa sécurité. Tant que certains pays seront privés de cette liberté, tant que d'autres s’emploieront à faire ce choix à leur place, l'Europe restera un projet inachevé. C'est pourquoi la porte de l'OTAN doit rester ouverte - source d'espoir et d'inspiration pour les pays qui n'ont pas encore parcouru tout le chemin qui les mènera jusqu'à notre communauté. Après tout, l'intégration européenne et l'intégration transatlantique sont, et resteront, le meilleur moyen d'assurer la stabilité à long terme.

Je voudrais, à ce stade, insister sur le fait que l'élargissement de l'OTAN ne se fait pas contre la Russie - ni à ses dépens. Comme tout autre pays, la Russie profitera des avantages d'une Europe entière, libre et en paix. Il va sans dire que, quel que soit le nombre de membres qu'elle comptera finalement, l'OTAN continuera de faire honneur à la relation spéciale qu'elle entretient avec la Russie.

L'OTAN et la Russie ont fait beaucoup de chemin ensemble au cours des dix ou quinze dernières années, qu'il s'agisse de développer leur dialogue politique ou d'intensifier leur coopération pratique dans de nombreux domaines. Ce qui me frappe, ce ne sont pas simplement les résultats obtenus, mais c'est aussi tout le potentiel inexploité. Nous pourrions, par exemple, faire beaucoup plus sur le plan opérationnel, que ce soit pour rendre nos forces interopérables dans les missions de soutien de la paix, nous prêter mutuellement assistance dans des situations d'urgence ou en cas de catastrophe, lutter contre le terrorisme, ou encore développer des moyens de défense contre les missiles balistiques tactiques.

Au printemps, nous célébrerons un double anniversaire dans notre relation avec la Russie - celui de la signature, en 1997, de l'Acte fondateur et celui de la création, en 2002, du Conseil OTAN-Russie. J'espère que cette célébration ne se limitera pas à une grande réunion protocolaire, mais qu'elle sera pour nous l'occasion de donner un nouvel élan à une coopération intensifiée et de nous employer plus activement à rendre cette coopération visible aux yeux de nos opinions publiques.

Le renforcement de la communauté atlantique ne se limite pas à l’adhésion de nouveaux membres et à l’approfondissement des relations de partenariat qui existent déjà. À l’époque de la mondialisation, nous pouvons et nous devons élargir notre communauté d’une autre manière : en développant de nouveaux liens avec d’autres pays qui partagent nos préoccupations en matière de sécurité et nos valeurs. Si l’Australie et la Nouvelle-Zélande placent déjà des forces sous commandement OTAN en Afghanistan, et si le Japon et la République de Corée apportent un soutien financier ou autre dans de nombreuses régions du monde en crise, le moment est clairement venu de répondre aux demandes de ces pays et d’établir des relations plus étroites avec eux. Tisser des liens de ce type avec l’Asie et d’autres régions ne reflète pas le souhait ou l’ambition de devenir le gendarme du monde, mais tout simplement une nécessité stratégique en cette période caractérisée par des défis à l’échelle mondiale.

Le sixième et dernier élément de l’atlantisme éclairé est de nature politique. Pour l’exprimer en termes simples, nous ne devons pas réduire l’OTAN à un mécanisme de constitution de forces destinées à mener certaines missions, mais nous devons aussi utiliser l’Alliance comme une instance au sein de laquelle se tient un débat stratégique plus large.

Soyons clairs : les différends au sujet de la guerre en Iraq, que l’on peut considérer comme la crise la plus profonde que l'OTAN ait traversée récemment, ne sont pas dus à un manque de puissance militaire collective. Ils sont nés de différences d’opinion fondamentales quant à la nécessité de recourir ou non à la puissance militaire. En d’autres termes, la crise la plus profonde à laquelle l’OTAN ait dû faire face à ce moment précis a été provoquée par des interprétations différentes de ce qui constitue une menace -  et par conséquent, de ce qui constitue une réponse appropriée.

Si nous voulons éviter d’autres crises du même type, nous devons faire de l'OTAN un forum au sein duquel les questions de sécurité font l’objet d’un vaste débat politique.  Dans un environnement où de nouveaux acteurs sur le plan de la sécurité, comme l’Union européenne, trouvent petit à petit leur place et où d’autres parties du monde, comme le Moyen-Orient élargi, gagnent en importance, la communauté transatlantique ne peut progresser vraiment que si des idées contradictoires sont confrontées dans le cadre d’un débat éclairé et franc.

Comme je l’ai déjà dit, nous sommes actuellement engagés sur trois continents, dans des pays avec des cultures qui ne retenaient pas notre attention à l’époque de la Guerre froide. Nous devons donc avoir une compréhension plus pointue de l’environnement dans lequel nous opérons. Nous devons constamment améliorer notre savoir-faire et nous assurer que nous donnons les meilleures orientations stratégiques à nos diplomates et à nos commandants sur le terrain. Cela exige davantage de dialogue politique, et un meilleur partage des informations et des données du renseignement au sein de l’Alliance. Éviter la controverse est un réflexe de la Guerre froide, qui est à présent définitivement dépassé.

Comme Albert Einstein se plaisait à le dire, la connaissance naît du dialogue. Et même si tous les débats du Conseil ne sont pas du niveau intellectuel d’Einstein, il est à coup sûr grand temps de suivre ses recommandations.

Mesdames et Messieurs les Ministres, Excellences, Mesdames, Messieurs,

L’Europe et l’Amérique sont confrontées à un changement radical d’orientation qui revêt des proportions historiques, à savoir un contexte de sécurité totalement différent. Il serait extrêmement naïf de penser que l'Europe et l'Amérique puissent gérer un tel réajustement en parfaite symbiose, ou que cette transformation puisse réellement s'effectuer sans un minimum de débats ou désaccords. L’Europe et les États-Unis se transforment l’une et l’autre, il est vrai. La question clé est de savoir s’ils peuvent maintenir une relation de sécurité empreinte de maturité qui leur permet de servir leurs intérêts communs.

Faire face à un tel bouleversement n’est jamais facile.  Certains, des deux côtés de l’atlantique, espèrent pouvoir retourner à l’époque où l’Amérique était dominante et l’Europe était faible.  C’était le temps où les Etats-Unis étaient prêts à fournir le leadership et les Européens étaient généralement prêts à suivre.  Mais dans le monde complexe vers lequel nous nous dirigeons, l’Amérique aura du mal à agir seule.  Et l’Europe désormais existe et s’affirme comme partenaire crédible.  Je ne dis pas que  ce partenariat rénové nous permettra de réussir dans toutes les circonstances, mais je suis convaincu que sans lui, nous n’avons que peu de chance de peser sur les affaires du monde du 21ème siècle. 

Ceci dit, je sais qu’il y a aussi un certain nombre d’Européens aujourd’hui qui ont perdu leur foi dans la relation transatlantique.  Ces gens peut-être se sont laissés trop influencer par une image stéréotypée des Etats-Unis et par un débat politique et surtout médiatique qui a parfois perdu le sens de la proportion.  A ces gens là je dirai :  l’Europe et l’Amérique ont connu toute une série de crises dans le passé et nous les avons toujours surmontées.  Ne perdez pas de vue le fondamental.  Nous avons besoin de l’Amérique. 

Nous n’avons pas intérêt à la laisser seule dans ses efforts pour affronter les nouveaux défis ; l’anti-américanisme peut être une mode facile et populaire mais il n’a jamais servi les intérêts des européens. 

Donc, à mon avis, nous n’avons qu’un seul option :  il faut intégrer le changement.

C’est l’approche que je qualifie d’ « atlantisme éclairé ». C’est la voie que l’OTAN a choisie. Si les Alliés de l’Atlantique Nord restent déterminés et s’ils déploient leur énergie à faire progresser les objectifs de l'OTAN, cette grande Alliance restera l’ancre de stabilité qu’elle est depuis pratiquement soixante ans et assurera la sécurité pendant de nombreuses années encore.

Je vous remercie.