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Updated: 14-Feb-2005 | NATO Speeches |
Nice,
France
10 févr. 2005 |
Conférence de presse de
Michèle Alliot-Marie,
Bienvenue à cette conférence, bienvenue également à Nice. Je voudrais vous dire en premier lieu que je suis très heureuse d'avoir pu accueillir pour la première fois, la Réunion informelle de l'Alliance atlantique en France. La réunion comme a dû vous le dire le Secrétaire général a été très cordiale, très conviviale mais en même temps très sérieuse et très fructueuse. Nos échanges ont été particulièrement denses au cours de ces dernières vingt-quatre heures dans des cadres différents mais toujours avec le même sérieux. Hier soir, nous nous sommes réunis en format réduit dit « Gymnich », c'est à dire les ministres seuls avec le Secrétaire général. J'avais souhaité avec le Secrétaire général que nous nous réunissions dans ce format pour sortir de l'aspect un peu formel de nos réunions et de nos dîners et pour que nous puissions avoir de véritables échanges directs sur des sujets importants. Et c'est ainsi que nous avons pu débattre notamment des crises actuelles, et également des crises qui risquent de se déclarer dans les prochaines années et donc des moyens dont nous aurions besoin pour être en mesure d'y faire face. Nous avons donc réfléchi à l'engagement de l'Alliance atlantique sur le long et le moyen terme en cas de crises. Nous avons à ce sujet, et là aussi dans un cadre très direct, évoqué les différences qu'il y avait parfois, peut-être même souvent, entre les ambitions de l'Alliance et les moyens effectivement disponibles pour répondre aux menaces du monde d'aujourd'hui. Nous avons donc débattu aussi du financement des opérations et nous sommes convenus de rechercher ensemble les moyens d'éviter la contradiction qu'il peut parfois y avoir entre d'une part, la nécessaire modernisation de nos Forces armées - souvent très exigeante en matière de crédits -et d'autre part, le renforcement de nos capacités immédiates d'engagement sur les différents terrains. Ce matin, nous nous sommes penchés sur les opérations qui aujourd'hui, en ce moment même, mobilisent l'Alliance ainsi que sur la mission en Irak. Nous avons donc parlé de l'Afghanistan, du passage, qui a été acté, à la phase II de la FIAS, c'est -à -dire son extension vers l'ouest du pays, les contributions supplémentaires de certains alliés permettant effectivement aujourd'hui sa mise en place rapide. En ce qui concerne la continuation de cet élargissement vers le sud, ce sera l'étape numéro III. Certains alliés envisagent effectivement d'aller rapidement de l'avant. D'autres sont beaucoup plus prudents. Nous avons évoqué la préparation des élections législatives avec le besoin de renforcement de la sécurité qu'elle implique et à cette occasion, j'ai notamment fait part des besoins nouveaux qui seraient nécessaires au moment où le corps européen quitte le commandement de la FIAS. J'ai indiqué que, pour sa part, la France était prête à participer au renforcement de ses moyens pour la période des élections avec notamment, le déploiement de six avions de chasse et d'un ravitailleur. Toujours sur l'Afghanistan, mais je ne vais pas insister parce que je suppose que le Secrétaire général a dû vous en parler ce matin, nous avons également évoqué le renforcement de la recherche de synergie entre "Enduring Freedom" et la FIAS. Là aussi, certains alliés souhaitent aller très vite sur ce plan ; d'autres estiment qu'il faut tenir compte aussi des réalités sur le terrain et de celles des deux missions différentes qui sont aujourd'hui acceptées . Ils souhaitent donc que l'on fasse avancer les choses mais au rythme de l'amélioration sur le terrain et en tenant compte des capacités réelles à préserver les deux opérations. Nous avons également évoqué le dossier de la drogue en Afghanistan au cours de la matinée. Chacun autour de la table a reconnu l'extrême importance de trouver une solution à ce problème qui permettrait d'ancrer la stabilisation du pays. Nous avons également évoqué le problème de l'Irak. Cela a donné lieu à des échanges importants concernant la mise en oeuvre des décisions issues du Sommet d'Istanbul. Certains ont jugé que la mise en oeuvre de ces décisions était trop longue, trop lente. D'autres ont apporté des éléments qui définissent leurs contributions. J'ai pour ma part, rappelé les efforts importants consentis par la France pour la reconstruction de l'Irak. Ces efforts sont très concrets et financiers avec notamment notre geste qui consiste à annuler 80% de la dette irakienne, ce qui représente un effort significatif. J'ai, d'autre part, rappelé notre proposition, qui a d'ailleurs été formulée au Président irakien lorsqu'il est venu à Paris, de contribuer à titre bilatéral à la formation des Forces de sécurité irakienne dans l'un des pays de la région mais également en France. J'ai rappelé que cela représentait aussi un effort financier significatif puisque notre estimation du coût de cette opération de formation, dans son double aspect, serait de 15 millions d'euros. De plus, notre contribution au titre du financement commun de l'action de l'Alliance s'élève à plus de 2 millions d'euros, ce qui est la quote-part habituelle de la France dans ce domaine. Nous avons également évoqué le Kosovo. La France y a une part tout à fait importante puisque la force de l'OTAN au Kosovo est actuellement sous le commandement d'un général français, le général de Kermabon, qui est venu nous exposer la situation, telle qu'elle se présente aujourd'hui. J'ai rappelé que la situation, même si elle s'était améliorée, demeurait extrêmement fragile et qu'elle demeurerait fragile tant que le problème politique du statut n'aura pas été réglé. J'ai donc plaidé fortement pour qu'il y ait un maintien de la capacité opérationnelle de l'OTAN au Kosovo et j'ai également fait un appel au renforcement des capacités de renseignement. Nous savons en effet - et c'est un point faible au Kosovo- que les évènements du mois de mars 2004 ont été caractérisés notamment par le fait que personne n'a rien vu venir. Donc, il y a eu une lacune au niveau du renseignement, ce qui s'explique également par le fait qu'un certain nombre des postes importants , notamment des postes de renseignement, ne sont pas pourvus au sein des Forces de l'OTAN au Kosovo. Voilà, prochainement il y aura le Sommet OTAN mais dans l'immédiat, je suis à votre disposition pour répondre à vos questions. Questions & réponses Madame Rice parle de l'heure de la diplomatie qui a de nouveau sonné; d'un nouveau chapitre dans les relations transatlantiques--donc presque tout le monde s'aime et tout est oublié. Est-ce que vous avez le sentiment que M. Rumsfeld, de son côté, partage cet enthousiasme affectif? Madame Alliot-Marie: Que tout le monde s'aime est un point fondamental, mais que tout soit oublié, non. Et je ne pense pas qu'il faille oublier. parce que finalement ces périodes de tension font partie de nos relations transatlantiques depuis fort longtemps. Il y en a eu des divergences mais nous avons su les dominer, ce qui a renforcé la solidité de notre relation. Cela dit, je constate effectivement, qu'il y a de la part de M. Bush d'abord et de ses ministres Madame Rice et je pense M. Rumsfeld, une volonté d'aller de l'avant et de travailler ensemble. Et à travers ce que nous avons vu aujourd'hui, il y a effectivement cette idée du travail en commun, au sein de l'Alliance. Cela ne veut pas dire que nous sommes toujours d'accord sur tout et la France n'est pas la seule. D'autres pays ont exprimé au cours des discussions de ce matin ou d'hier soir, des tendances ou des analyses un peu différentes de celles des Etats-Unis . Mais ce qui est essentiel, c'est notre volonté commune d'aborder les défis mondiaux actuels et futurs que nous avons évoqués. Vous venez de faire allusion à des conversations sur l'accroissement des postes de renseignement au Kosovo. Est-ce qu'en matière de renseignement vous pourriez nous en dire un peu plus par rapport à ce qui a été dit aujourd'hui? Je sais que dès qu'on parle de renseignement, de forces spéciales et de services secrets, toutes les oreilles sont ouvertes. Nos capacités opérationnelles au Kosovo sont nombreuses puisque nous avons 17 000 hommes présents sur le terrain . Cette présence est à mes yeux utile pour son effet dissuasif. Par ailleurs, si de nouvelles violences se manifestent, nous pouvons réagir tout de suite. En matière de renseignement humain, nous avons effectivement besoin de renforcer nos postes au Kosovo. Un certain nombre de postes ont été prévus dont un pourcentage non négligeable est non pourvu. Par conséquent, c'est un appel aux autres pays puisque la France a pourvu les onze postes qui lui revenaient. Nous savons, qu'il manque du personnel , et j'ai insisté sur l'importance du renseignement humain dans un pays comme le Kosovo. .Nous avons des communautés qui sont extrêmement méfiantes les unes vis à vis des autres, et par conséquent, il est important pour nous, grâce aux contacts avec les populations, d'anticiper sur les risques. Et sur l'Afghanistan? En ce qui concerne l'Afghanistan, le renseignement est satisfaisant, qu'il s'agisse du renseignement technique ou du renseignement humain. Vous avez bien parlé de coopération bilatérale avec l'Irak, en matière de formation de police militaire? De gendarmerie, oui. En ce qui concerne l'Irak, la formation prendra une double nature : d'une part, l'OTAN, même si ce n'est pas dans sa tradition d'assurer des formations, et d'autre part, les relations bilatérales avec la formation bilatérale. C'est ce que font déjà les allemands qui ont commencé au mois de mars dernier. C'est ce que nous proposons pour notre part et qui devrait concerner à peu près 1 500 irakiens des forces de gendarmerie. Il y a une demande de l'Irak qui est une demande de principe à laquelle nous avons répondu positivement en présentant les capacités dont nous disposons. J'avais une question très proche, en fait, ce que j'ai compris de la part du Secrétaire général c'est qu'il a l'ambition pour le 22 février prochain, de pouvoir annoncer que les 26 pays membres de l'OTAN participaient à cette formation mais plus ou moins sous le chapeau de l'OTAN. Est-ce que la formation bilatérale faite- promise par la France à l'Irak, peut-elle faire partie de cet effort ou est-elle totalement en dehors? Il ne faut pas dire que les choses vont être « sous le chapeau de l'OTAN », ce n'est pas le problème. Le problème est, et cela a été également dans l'esprit des discussions que nous avons eues, de répondre à un besoin. Aujourd'hui l'Irak a un besoin de sécurisation. C'est la condition indispensable pour permettre à ses institutions de fonctionner normalement, pour permettre à son économie de redémarrer et pour permettre aux irakiens d'avoir une vie normale. À partir de là, tous ceux qui peuvent participer, quel que soit le « chapeau » et quelle que soit la forme de cette formation, sont les bienvenus et je crois que c'est un travail commun. Lorsqu'on entend Madame Rice hier à Paris ou à Bruxelles, on a le sentiment d'une nouvelle ère entre notamment la France et- entre Paris et Washington. Diriez-vous que les américains entendent un peu mieux le point de vue des français ou diriez-vous simplement qu'il ne font que ré-expliquer leur point de vue avec plus de détermination? J'avais été très frappée lorsque j'avais vu, il y a quelques mois, Madame Rice à Washington par une certaine capacité d'écoute. Je ne dis pas que sa capacité d'écoute va changer complètement son point de vue, mais il est certain qu'elle reconnaît l'expertise que la France peut avoir dans le monde arabe. Et j'ai le sentiment que la main tendue et les propos qu'elle a tenus vont dans le sens de cette idée. Nous avons des alliés à qui nous faisons confiance et dont nous utilisons finalement le savoir ou l'expérience. Je pense que c'est cela être alliés, c'est la capacité d'écouter ce que vous dit votre partenaire parce que vous lui faites confiance. Ensuite évidemment, chacun prend ses décisions, mais je pense que c'est effectivement une attitude constructive. Vous avez évoqué la différence entre les moyens et les ambitions de l'Alliance. Est-ce que ça signifie que vous pensez que l'OTAN va trop loin dans des zones qui ne sont pas du tout sa zone d'intérêt, si on peut dire. Question annexe, est-ce que vous avez discuté ce matin de la possibilité de l'OTAN d'aller en Afrique et qu'elle est votre position là-dessus? Est-ce que l'OTAN va trop loin? Je vous rappelle qu' il y a bientôt deux ans, nous avons accepté que l'OTAN sorte de la zone géographique initiale qui était l'Europe et l'Amérique du nord. Par la même, je dirais que nous lui avons redonné une raison d'être sinon, il est évident qu' avec la Russie présente à la table de l'OTAN, comme nous en aurons encore une démonstration tout à l'heure, on aurait pu se poser la question de la raison d'être de l'OTAN ! À partir du moment où nous avons accepté que l'OTAN joue un rôle à l'extérieur de cette zone, parce que c'est notre intérêt d'avoir une stabilisation la plus large possible dans le monde, nous avons accepté que l'OTAN aille plus loin, là ou ensemble, puisque cela relève du politique et du consensus, nous pensions qu'il était utile qu'elle aille. Je crois que notre discussion d'hier, signifiait qu'il y a des décisions prises dans l'enthousiasme sur ce qu'il faut faire, ce qu'il faut développer, dont on attend les moyens. Je vais prendre le problème des PRT en Afghanistan : nous avons tout de suite vu beaucoup d'enthousiasme pour créer des PRT et pour demander des militaires pour les protéger. Il n'est pas question de « déshabiller » Kaboul parce que c'est un endroit sensible, il faut donc des contributions nouvelles. Jusqu'à ces derniers mois, nous attendions les contributions. C'est ce que nous avons dit hier soir et rappelé ce matin. Copyright Ministère de la Défense
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