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Mise à jour: 30-Apr-2004 OTAN discours

Istanbul

29 avril 2004

Allocution

du Secrétaire général à l'Université Galatasaray, Istanbul

Mesdames et Messieurs,
Chers étudiants,

Je suis honoré de l'occasion qui m'est donnée de prendre la parole dans cette université d’une grande tradition. Depuis sa création en 1481, Galatasaray a toujours été à la fois un établissement d'enseignement d'avant-garde et une chaîne de communication et d'interaction entre différentes cultures. L'université de Galatasaray perpétue cette tradition avec brio.

Je suis également très honoré de me trouver à Istanbul, cette ville qui constitue littéralement un pont entre deux continents.

Il est donc opportun que le prochain sommet de l'OTAN se tienne ici, à Istanbul. Parce qu'il s'agira à ce sommet - comme le fait si bien cette ville - de bâtir de nouveaux ponts. Ce sera également une bonne occasion de mettre en lumière cet Allié fidèle qu'est la Turquie - un Allié entretenant des liens spéciaux avec les Balkans, le Caucase, l'Asie centrale, la Méditerranée et le Moyen-Orient.

Depuis plus d'un demi-siècle, la réussite turque est étroitement liée au rôle du pays dans l'Alliance atlantique. Car, si la Turquie unit deux continents, l'OTAN le fait aussi. Elle rassemble Amérique du Nord et Europe au sein d'une communauté partageant les mêmes valeurs et les mêmes intérêts. Et, il y a quelques semaines à peine, sept pays de plus sont venus élargir cette communauté. Rien ne saurait mieux illustrer l'attraction que le projet transatlantique continue d'exercer.


Aussi loin que s'en souvienne ma génération, l'OTAN a toujours été présente pour défendre les valeurs fondamentales que sont la démocratie et le pluralisme. Mais les sept nouveaux pays membres n'ont pas toujours eu accès à ces valeurs, ne bénéficiant pas de la protection de l'Alliance. Ils ont dû se battre pour les voir reconnues. Ce difficile périple qu'ils ont accompli montre que nous ne devons pas considérer l'OTAN, ou les valeurs qu'elle défend, comme acquises. Nous devons nous attacher non seulement à maintenir notre communauté transatlantique de valeurs mais également à la développer plus avant.

Bien sûr, notre environnement de sécurité s'est fondamentalement modifié dans la décennie qui a suivi la fin de la guerre froide. A l'époque où j'étais étudiant, l'environnement stratégique était de loin plus prévisible. Nous n'avions pas alors à nous inquiéter de bien des choses qui nous préoccupent aujourd'hui. Le monde étant divisé en deux blocs, il n'existait qu'une seule et claire menace. Et il n'y avait donc à trouver qu'une seule réponse.

Aujourd'hui, assurer la sécurité est devenu pour nous une tâche plus complexe. Terrorisme, armes de destruction massive, conflits régionaux et "failed states" sont autant de nouvelles menaces auxquelles nous devons faire face. Et il s'agit là de phénomènes qui, de par leur nature, sont bien moins prévisibles. Mais est-ce à dire que nous ne maîtrisons plus rien? Sommes-nous réduits au rôle de simple spectateur?

Certainement pas. Il est possible d'agir sur la sécurité - en concevant les bonnes politiques et en faisant les bons choix. Même aujourd'hui, dans une situation bien plus complexe, il est possible de faire la différence.

En fait, vous pouvez faire la différence. Après tout, le XXIe siècle est votre siècle. Vous êtes les dirigeants de demain. Votre génération produira les penseurs et les hommes et femmes d'action qui auront à relever les défis du futur. Certains d'entre vous travailleront dans des organisations internationales ou dans le secteur privé. Certains s'engageront dans la vie politique et d'autres écriront sur ce sujet en tant que journalistes. Quel que soit votre choix, en participant activement aux affaires du monde, à la paix et à la sécurité, vous contribuerez à modeler l'avenir dans le bon sens.

Je ne doute pas qu'au fur et à mesure que vous avancerez dans votre carrière, vous aborderez nombre de questions et de problèmes autrement que ne le faisait ma génération. Mais vous constaterez rapidement que la coopération transatlantique est une condition incontournable pour faire face aux défis qui nous confrontent.

Ceci est bien reflété dans l'Alliance. Depuis la fin de la guerre froide, l'OTAN est devenue un instrument permettant, avec beaucoup de souplesse, et aussi de créativité, de façonner le changement. Ce n'est pas une organisation exclusivement axée sur la dissuasion. Au contraire, l'OTAN est aujourd'hui une Alliance qui instaure la stabilité dans des pays dévastés par les conflits. Elle crée les conditions nécessaires à la paix et à la sécurité afin que d'autres organisations internationales, en premier lieu les Nations Unies, puissent contribuer au développement économique et démocratique de ces sociétés.

L'OTAN agit dans les Balkans, où nos troupes ont fait d'une zone de guerre une région qui s'intègre peu à peu dans les structures euro-atlantiques. Elle a mis fin à deux guerres, en Bosnie et au Kosovo, et elle en a empêché une autre, en Macédoine. Au Kosovo, lorsque la situation de sécurité s'est dégradée au mois dernier, l'OTAN a encore réagi pour rétablir la stabilité.

L'OTAN agit également en Afghanistan, où elle mène sa première opération de paix en dehors de l'Europe. Il s'agit d'une mission très importante pour l'avenir de ce pays, à laquelle la Turquie contribue de manière non-négligeable. Pendant trop longtemps, l'Afghanistan a été un refuge pour terroristes et trafiquants de drogue. Cette situation ne pouvait plus durer. Il était donc impératif pour l'ensemble de la Communauté internationale d'aider ce pays à se redresser après des décennies de guerre et d'instabilité.

Je me permets également de vous rappeler que M. Hikmet Çetin, qui était présent lors de l’inauguration de ces locaux en 1992 en qualité de Ministre des Affaires Etrangères, est actuellement le Haut Représentant civil de l'OTAN en Afghanistan.

De plus, des navires de l'OTAN patrouillent en Méditerranée dans le cadre d'opérations antiterroristes et renforcent la sécurité des routes maritimes.

La transformation que l'OTAN subit depuis la fin de la guerre froide est profonde. Mais pour nous, la transformation est un processus continu, non pas un événement ponctuel. C'est un défi auquel nous ne cessons d'être confrontés. Nous ne pouvons pas rester immobiles. Car l'environnement de sécurité ne reste pas immobile.

Quelles sont donc les prochaines étapes figurant à notre ordre du jour de la transformation?

Tout d'abord, à des menaces nouvelles doivent correspondre des instruments nouveaux. Car on ne peut combattre les menaces du XXIe siècle avec les moyens du XXe siècle. C'est pourquoi nous nous attachons à mettre en place de nouvelles capacités pour mieux répondre à des menaces telles que le terrorisme ou la prolifération des armes de destruction massive.

Mais les instruments militaires ne sont pas les seuls dont nous avons besoin. Nous avons créé une relation privilégiée et fondatrice avec la Russie ainsi qu'un partenariat stratégique avec l'Ukraine. Nous approfondissons aussi notre dialogue et notre coopération avec l’ensemble des pays de la zone euro-atlantique. Après l'adhésion à l'Alliance de nombreux pays d'Europe centrale et orientale, les activités de partenariat vont se poursuivre en mettant davantage l'accent sur les régions stratégiques du Caucase et de l'Asie centrale.

Nous collaborons avec tous ces pays dans des domaines allant de la réforme de la défense à la lutte contre le terrorisme. Et les forces d'un grand nombre de ces pays participent aux côtés des nôtres à des missions de maintien de la paix en Bosnie, au Kosovo ou en Afghanistan. C'est là une dynamique de coopération qui n'a pas de précédent dans l'histoire de l'Europe.

Le "Dialogue méditerranéen" de l'OTAN constitue un autre partenariat qui englobe sept pays d'Afrique du Nord et du Moyen Orient dans une relation constructive. Ceci permet à l'OTAN d'offrir son concours dans les domaines de compétence qui intéressent ces pays. Le Sommet d'Istanbul pourrait être l'occasion de renforcer ce dialogue et de nouer des liens de coopération avec d'autres pays de la région dite du "Grand Moyen Orient". La Turquie, Etat laïque et démocratique du monde musulman, ne manquera de jouer un rôle important dans les efforts de la communauté internationale en faveur d'un rapprochement avec cette région.

Nous construisons aussi une coopération entre l'OTAN et l'Union européenne. Le partenariat stratégique entre l'Alliance et l'UE offre la perspective d'une transformation non seulement de la sécurité européenne, mais encore de la relation transatlantique. Il porte ses premières fruits dans les Balkans. Les défis communs ne manquent pas. Il est donc important que les deux organisations développent leur coopération avec complémentarité et sans duplication, au service de la paix et de la stabilité.


Chers amis,

Lorsque les chefs d'Etat et de gouvernement des pays de l'OTAN se réuniront ici même à Istanbul, en juin, ils feront un grand pas de plus dans la transformation de notre Organisation. Ils concrétiseront plus encore notre vision commune, la vision d'une Alliance déterminée à affronter les nouvelles menaces de sécurité de ce siècle. D'une Alliance prête à se défendre contre les menaces, d'où qu'elles viennent, s'il le faut en envoyant ses forces là où elles sont nécessaires. D'une Alliance qui approfondit sa coopération avec les pays partenaires à travers la zone euro atlantique. D'une Alliance qui renforce son dialogue et sa coopération avec les pays du sud de la Méditerranée et de toute cette région.

Le Sommet d'Istanbul prouvera une vérité fondamentale : même dans ce nouvel environnement complexe, nous pouvons encore façonner les événements, et ne pas simplement les subir. Nous pouvons influencer le changement à bon escient. Nous avons beaucoup de possibilités de le faire. Parce que nous avons les instruments qui n'existaient pas par le passé.

Si nous savons tirer pleinement parti de son potentiel, l'Alliance restera un point d'ancrage de la sécurité non seulement pour ma génération, mais aussi pour la vôtre et pour celles qui suivront.

Lorsque j'étais à l'université, j'organisais des débats - souvent animés - sur la politique étrangère. C'est pourquoi je me réjouis que se tienne à la fin du mois prochain le Sommet OTAN de la jeunesse. Ce sera l'occasion pour les jeunes de faire entendre leur voix sur les importantes questions de sécurité qui se posent aujourd'hui.

Je suis maintenant prêt à répondre à toutes vos questions.

Merci.

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