NATO HQ 26 March 2003

Discours prononcé par S.E. Mircea Geoana, Ministre roumain des affaires étrangères, à la réunion extraordinaire du Conseil de l'Atlantique Nord Monsieur le Secrétaire général, Excellences, Mesdames et Messieurs, Ceci est un grand jour pour mon pays. Après avoir reçu à Prague l’invitation d’adhérer à l’OTAN, la Roumanie fait aujourd’hui un nouveau pas vers l’adhésion. L’appartenance à l’OTAN jouit d’une grande popularité chez nous et du plein appui des milieux politiques roumains. Elle symbolise la réintégration pleine et entière de la Roumanie dans la famille euro-atlantique des pays libres et démocratiques. En devenant membre de l’OTAN, la Roumanie recevra la garantie d’appartenir à l’alliance dont le succès est le plus probant de l’histoire et sera en mesure de contribuer directement aux politiques, décisions et opérations visant à assurer la stabilité et la défense de notre continent et au-delà. En outre, cela constitue un élément important du développement de la Roumanie en un pays démocratique, respecté et prospère. Nous avons beaucoup travaillé pour être ici aujourd’hui et nous sommes fiers de ce que nous avons accompli. Mais le travail n’est pas terminé. Etre membre de l’OTAN ne signifie pas seulement obtenir des avantages : il faut aussi assumer des responsabilités et apporter des contributions. Nous devons pouvoir remplir nos obligations. Bien que nous ayons déjà parcouru pas mal de chemin, d’autres progrès s’imposent encore. Les réformes se poursuivent dans toute la société roumaine, y compris des mesures fermes contre la corruption, pour renforcer le dispositif administratif et soutenir le redressement économique. Nous concentrons toute notre attention sur l’importance de mettre pleinement en œuvre les normes de l’OTAN en matière de sécurité des informations classifiées. Et nous poursuivrons évidemment la réforme du secteur militaire roumain pour mettre sur pied des forces armées modernes et bien entraînées, capables d’agir efficacement avec nos alliés au cours d’opérations de l’OTAN. Le calendrier prévu pour l’achèvement des réformes, que nous vous avons soumis dernièrement, témoigne de notre détermination. La Roumanie est décidée à devenir un intervenant fiable et crédible au sein de l’OTAN et de l’UE. Nous voulons que l’Alliance reste le pilier principal de la défense euro-atlantique, s’appuyant sur l’article 5 du Traité de l’Atlantique Nord. Nous voulons que l’OTAN reste la manifestation la plus importante du lien transatlantique. Seule une Europe forte peut être un partenaire efficace des Etats-Unis pour faire face aux problèmes énormes que nous connaissons aujourd’hui. Nous soutenons le développement d’une PESD effective oeuvrant dans la même direction. Les décisions historiques prises à Prague et à Copenhague ouvrent la voie à un partenariat transatlantique fructueux, fondé sur une identité européenne forte, sur l’augmentation des capacités militaires et sur un plus grand rôle à l’échelle mondiale. L’OTAN se trouve actuellement à un point charnière où elle est confrontée à des défis extraordinaires mais où s’offrent aussi des occasions extraordinaires. De nouvelles menaces apparaissent – dont la plus dangereuse est le mélange extrêmement toxique d’armes de destruction massive, de terrorisme et de criminalité organisée transfrontalière. L’OTAN doit faire face à ces menaces parce que, comme vous l’avez fait remarquer très justement, Monsieur le Secrétaire général, nous ne sommes plus protégés par notre position géographique. C’est pourquoi l’OTAN doit acquérir de nouvelles capacités, et c’est pourquoi le Sommet de Prague a été axé sur l’adaptation des capacités et la mise sur pied d’une force de réaction de l'OTAN. La Roumanie apportera sa contribution au processus. Nous réfléchissons déjà aux capacités que nous pourrons mettre à disposition pour les missions essentielles de l’OTAN et au « créneau de capacités » que nous pouvons offrir à l’Alliance. La Roumanie souhaite contribuer à toutes les autres questions qui étaient inscrites au programme de Prague. Nous sommes attachés aux nouvelles relations entre l’OTAN et l’UE, qui permettent à celle-ci, expression concrète de la PESD, de prendre le relais pour la poursuite de l’opération menée dans l’Ex-République yougoslave de Macédoine, à laquelle nous nous sommes déjà engagés à participer. Nous attendons avec intérêt de prendre part aux travaux du Conseil OTAN-Russie, qui a déjà bâti de solides relations de confiance entre les parties. Nous serons également heureux de nous associer aux activités de coopération entre l’OTAN et l’Ukraine. La Roumanie apporte à l’Alliance son expérience, ses compétences et une nouvelle vision de la coopération régionale dans les Balkans, son objectif étant de voir la région pleinement intégrée dans la communauté euro-atlantique. Les tragiques événements qui se sont produits récemment à Belgrade devraient provoquer des actions et un soutien plus rapides et plus efficaces en faveur de la Serbie-Monténégro afin de lui permettre de remplir les conditions requises pour être invitée à accéder au PPP. Nous continuerons également à participer activement aux travaux menés dans le cadre du CPEA, en cherchant comment renforcer la coopération avec les pays partenaires, principalement ceux du Caucase et d’Asie centrale. La Roumanie est en faveur de la politique de la porte ouverte de l’OTAN. Nous pensons que l’Alliance peut accueillir tous les pays démocratiques épris de paix, capables et désireux de faire progresser ses objectifs. Mais, avant tout, le programme de Prague signifie une réelle solidarité au sein de l’Alliance. L’Alliance est en mutation dans un monde en évolution. Le débat passionné qui a eu lieu récemment dans ce bâtiment a montré que les Alliés peuvent surmonter les dissensions. Nous verrons probablement d’autres divergences au cours des années à venir. L’Alliance devrait faire fond sur les enseignements tirés de ces discussions, pour faire en sorte que l’OTAN respecte son engagement fondamental qui est de garantir la défense de ses Etats membres. Encore plus que ses capacités, la cohésion de l’OTAN est son arme la plus importante et la plus efficace. La Roumanie ne l’oubliera pas et en fera sa ligne de conduite en tant que membre de l’Alliance. Monsieur le Secrétaire général, chers collègues, Nous sommes réunis aujourd’hui en cette période éprouvante pour l’OTAN, pour la communauté démocratique et, en fait, pour le monde entier. Dans ces moments, la solidarité et l’esprit d’alliance deviennent des valeurs primordiales dans les efforts déployés en vue de rétablir la paix et la stabilité dans le monde. Aujourd’hui, nos pensées vont au peuple iraquien et aux soldats qui luttent pour désarmer Saddam Hussein. Nous espérons sincèrement que le conflit se terminera rapidement et que nous pourrons porter toute notre attention sur l’avenir de l’Iraq et de l’ensemble du Proche- et du Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord à l’Afghanistan. L’OTAN, de concert avec d’autres organisations internationales, principalement les Nations Unies et l’UE, a le potentiel de jouer un rôle pour surmonter les difficultés de l’après-guerre. Si nous regardons en arrière et considérons le chemin que nous avons parcouru depuis 1989, nous estimons aujourd’hui que nous sommes des gagnants. Le rêve de générations de Roumains est devenu réalité. Nous sommes reconnaissants envers les membres plus anciens pour leur soutien et leur encadrement, ainsi qu’envers le Secrétaire général. Nous espérons que ce soutien continuera pendant le processus de ratification, tout comme demeurera notre engagement à l’égard des réformes. La Roumanie ne sera pas seulement une nouvelle plaque nominative sur la table de l’OTAN. Nous avons investi énormément d’énergie et d’espoirs dans ce voyage. Des défis nous attendent sans doute, mais nous avons foi en notre Alliance. Nous croyons en ses valeurs et en ses principes et nous croyons en son avenir. Nous ne nous arrêterons jamais d’apporter toute l’aide que nous pourrons pour qu’elle reste la Première Alliance de l’Ouest. Je vous remercie.