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Updated: 24-Sep-2002 NATO Speeches

Varsovie,
Pologne

23 sept.
2002

Intervention

du Président de la République de Pologne, P. Aleksander Kwasniewski, pendant la réception au Palais présidentiel

Mesdames et Messieurs,

Il m'est très agréable de pouvoir vous recevoir au Palais présidentiel à Varsovie. Je vous souhaite cordialement la bienvenue au nom des autorités polonaises et de tous les citoyens. Je me réjouis que de si éminents hommes politiques soient venus dans notre capitale, hommes politiques dont beaucoup comptent parmi mes amis.

La réunion à Varsovie a lieu peu de temps avant le sommet de l'Otan qui se tiendra à Prague et elle sert à élaborer des décisions qui auront une signification clé pour la politique des Etats alliés, Elle favorise aussi la compréhension des chances et des défis que nous avons à affronter au seuil de ce nouveau siècle. Le XXe siècle - marqué par deux guerres mondiales, par l'holocauste, par la présence des systèmes totalitaires - -fut dans l'histoire de l'Europe une période d'épreuves particulièrement difficiles. Aujourd'hui, nous devons tirer de ce passé de sages conclusions, mais avant tout nous devons nous tourner vers l'avenir. Avec courage et avec foi, convaincus que nous voulons et que nous savons construire un monde meilleur, plus juste, plus sûr.

Deux semaines viennent seulement de s'écouler depuis les cérémonies commémorant aux Etats-Unis et dans de nombreux autres Etats, en Pologne aussi, les victimes des événements tragiques du 11 septembre. Pendant un moment nous nous sommes à nouveau tous sentis new-yorkais. Que la mémoire de cette douloureuse épreuve devienne pour nous une source supplémentaire de réflexion sur la nécessité de solidarité et de coopération entre nations éprises de paix. Mais en même temps que ce soit un avertissement et un stimulant pour entreprendre les actions qui nous protégeront contre l'agression du mal, contre le terrorisme et contre le crime. La sagesse de nos réformes, l'efficacité du renforcement du système de sécurité mondiale seront déterminants pour le son des générations futures.

Mesdames et Messieurs,

La Pologne, pour la première fois dans son histoire, a des relations amicales et des liens avec tous ses voisins. Notre démocratie a un caractère durable et stable, les canons de la raison d'Etat polonaise et les priorités de la politique étrangère restent invariables, indépendamment des forces politiques au pouvoir. Les Polonais savent d'où nous venons et où nous allons, et la voie que nous ne voulons pas emprunter.

L'indicateur fondamental de nos démarches sur l'arène internationale, c'est la sécurité de la Pologne et de la région. Aujourd'hui, cependant, nous apprenons à penser de façon globale, suivant le principe que le fondement de notre sécurité et de la paix c'est la sécurité des autres Etats, non seulement de nos voisins. C'est pourquoi nous nous prononçons en faveur de la poursuite de l'élargissement de l'Otan. L'accueil au sein de l'Otan de la Pologne, de la République tchèque et de la Hongrie s'est avéré un succès. La zone de sécurité et de stabilité s'est étendue. Les craintes et les objections des sceptiques n'ont pas trouvé de justification. La prise de décision à Prague sera l'expression de la reconnaissance pour les efforts qu'entreprennent les Etats candidats pour satisfaire les hautes exigences et les normes de l'Alliance. Nous élargirons les frontières non seulement de la société transatlantique vivant dans la paix, mais aussi celles du respect des valeurs démocratiques et des droits de l'homme. L'histoire nous a donné une chance à laquelle nous ne pouvions même pas songer de par le passé. Nous n'avons pas le droit de l'ignorer. Si nous saisissons cette chance, nous accroîtrons la sécurité collective, la famille tout entière des nations démocratiques en profitera.

Au moment d'entreprendre des actions rapides et résolues, songeons toutefois - conscients de l'expérience historique - à ne pas créer de nouvelles et artificielles lignes de partage sur la carte politique de l'Europe et du monde. L'expérience du Groupe de Visegrad nous enseigne que le développement de la coopération régionale agit le mieux contre la création de telles situations. Nous travaillons actuellement à la construction d'une plus vaste plate-forme de coopération des Etats de l'Europe centrale, orientale et méridionale, définie comme Initiative de Riga. L'un de ses plus importants objectifs, c'est la création du forum de consultations sur les questions de sécurité pour tous les Etats de la région, indépendamment de leur appartenance aux organisations internationales. Cola devrait favoriser la création de conditions avantageuses pour élargir l'Otan et l'Union européenne et pour poursuivre la politique d ; " la porte ouverte ".

D'après la Pologne, élargir l'Otan, lutter le plus efficacement possible contre le terrorisme, renforcer la coopération avec les Etats partenaires, s'ouvrir à la Russie et trouver une nouvelle formule de coopération avec l'Ukraine, sont des éléments fondamentaux de l'évolution de l'Alliance, éléments qui lui permettront de maintenir le rôle clé de garant de la sécurité euro-atlantique et mondiale. Il importe aussi de chercher de nouvelles formes de coopération dans le cadre du Conseil de partenariat euro-atlantique qui est une plate-forme attrayante et crédible pour des contacts avec les Etats intéressés à coopérer avec l'Alliance.

En Pologne, nous attachons une importance particulière aux changements qui interviennent en Russie, surtout à son ouverture progressive à la coopération et au partenariat avec l'Occident. Nous accueillons avec espoir l'affermissement des bonnes relations de la Russie avec l'Otan, le développement de ses contacts avec l'Union européenne, le tournant dans le domaine des armements stratégiques et la collaboration avec les Etats-Unis dans le domaine de la lutte contre le terrorisme international. Je tiens à souligner que les contacts polono-russes acquièrent aussi une nouvelle dynamique avantageuse. Nous arrivons à surmonter beaucoup de problèmes difficiles et de préjugés qui ont leurs racines dans le passé, de même qu'à résoudre les problèmes actuels relatifs à la coopération économique et politique.

La Pologne continuera à soutenir activement les aspirations euro-atlantiques de l'Ukraine. Nous estimons qu'il faut aider le processus de transformations en cours dans ce pays et renforcer sa position dans les relations avec l'Alliance. Nous avons été l'un des premiers Etats à soutenir la décision du Conseil de sécurité nationale et de défense de l'Ukraine du 23 mai 2002 " Sur la stratégie de l'Ukraine à l'égard de l'Alliance Atlantique Nord ". On souligne dans cette décision que l'objectif final de la politique d'intégration européenne de l'Ukraine, c'est l'adhésion à l'Otan. Un exemple des aspirations de Kiev, c'est la participation du bataillon ukraine-polonais à la mission de paix des forces de la KFOR au Kosovo. L'engagement de l'Ukraine dans l'espace européen commun est bien dans notre intérêt. Cet Etat dispose d'un grand potentiel militaire -je pense aussi aux possibilités de l'industrie de défense -qui peut être utilisé par les pays de l'Otan comme élément important pour renforcer les capacités de défense de l'Alliance.

L'année en cours peut avoir pour l'Otan une signification décisive. Cela dépend aussi bien des décisions prises à Prague sur l'élargissement de l'Alliance que de la solution d'importantes questions liées a son organisation et au renforcement des capacités de défense face aux nouvelles menaces. La Pologne se prononce pour une telle évolution de l'Otan qui - sans affaiblir ses fonctions traditionnelles de défense - créera la possibilité de réagir avec souplesse à ces menaces. La transformation de l'Alliance devrait aider à renforcer son efficacité politique et militaire. Nous devons aussi insister plus que de par le passé que chacun des alliés remplisse ses obligations envers l'Alliance.

Du point de vue des intérêts polonais de sécurité, les objectifs de l'Otan devraient avant tout se situer dans la formule d'une alliance classique de défense. Nous nous rendons cependant compte du fait que, dans la situation internationale actuelle, l'Alliance devrait être capable de mener aussi d'autres opérations militaires que la défense des territoires alliés. Cela découle des menaces contemporaines, surtout de la lutte contre le terrorisme.

La condition de la transformation efficace de l'Otan, c'est la consolidation des rapports euro-atlantiques. L'Europe unie et les Etats-Unis sont des alliés naturels. La Pologne se prononce - et se prononcera devenant membre de l'UE -pour la présence et l'intérêt continus des Etats-Unis dans les affaires européennes. D'après nous, le plus important garant de la présence militaire des Etats-Unis en Europe est l'Otan. L'Identité européenne de sécurité et de défense n'est pas en contradiction avec cela. Elle n'est pas une alternative ni un contrepoids aux mécanismes euro-atlantiques de sécurité, mais leur complément indispensable. Peut-être dans quelques aimées construirons nous sur notre continent un, pilier militaire européen commun pour contribuer à une nouvelle structure de partenariat transatlantique. Les Etats de notre continent devraient être conscients qu'uniquement grâce à l'effort commun de l'Amérique du Nord et de l'Europe unie il est possible de créer un système de sécurité capable de s'opposer aux menaces du XXÏe siècle.

La transformation et l'élargissement de l'Alliance doivent être accompagnés par d'indispensables réformes et par la modernisation. Cela devrait avoir pour effet :

  • l'amélioration de l'interopérabilité dans le cadre de l'Otan ;
  • la coopération plus étroite des Forces armées des Etats membres de l'Alliance des deux côtés de l'Atlantique ;
  • le développement plus rapide des capacités de défense face aux nouvelles menaces telles que le terrorisme, la prolifération des armes ou la cyberattaque ;
  • l'élaboration d'une stratégie appropriée - avec l'application de l'Identité européenne de sécurité et de défense - qui servira une meilleure coordination des activités entre l'Otan et l'UE, l'Amérique et l'Europe.

L'Initiative des capacités de défense II demande à être révalorisée et dynamisée. La spécialisation des tâches, envisagée par l'Alliance, devrait non seulement permettre aux alliés d'atteindre plus rapidement les capacités de défense exigées, mais aussi d'accélérer les processus de modernisation dans de nombreuses armées européennes et réduire le fossé technologique qui nous sépare des Etats-Unis. Ni l'Otan, ni l'Europe n'ont besoin de plus grandes forces armées - elles ont uniquement besoin d'armées modernes, prêtes à agir immédiatement dans chaque coin du monde. Les activités de l'Alliance devraient donc adopter la forme d'un plan détaillé qui - compte tenu de nos possibilités économiques - amènera le plus vite possible à l'accroissement de ses capacités de défense.

Mesdames et Messieurs,

L'Alliance Atlantique Nord a très souvent prouvé au cours de son histoire qu'elle sait faire face aux adversités, construire des ponts d'entente et lutter efficacement contre le mal. Les difficultés l'endurcissent, les adversités éveillent son énergie. Je suis profondément convaincu que les Etats alliés sont en mesure de répondre aussi aux grands défis de notre époque. Qu'il est possible de vaincre le terrorisme international, d'atténuer de nombreux conflits, de partager plus équitablement les fruits de la mondialisation, d'assurer une croissance plus rapide de l'économie mondiale. Nous voyons devant nous un avenir prometteur. Une période de coopération et de solidarité internationales et de l'affermissement des liens qui unissent l'Europe et l'Amérique. La réunion des ministres de la défense des Etats de l'Otan à Varsovie est une bonne occasion pour que nos espoirs d'un avenir propice acquièrent une forme réelle.

Je vous souhaite des débats fructeux,

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