Intervention
de
Monsieur Jacques Chirac, Président de la République
devant le Conseil OTAN-Russie
Chers collègues,
Je voudrais d'abord exprimer toute ma reconnaissance à
l'égard du Président du Conseil italien, qui nous
reçoit avec beaucoup de générosité
et avec une belle organisation. Je voudrais le féliciter
également pour le niveau exceptionnel de qualité
de ce sommet, de rapidité aussi, ce qui ne m'étonne
pas de la part des Italiens. Nous sommes heureux d'être
ses hôtes aujourd'hui.
Dès l'effondrement du régime soviétique,
la France a souhaité que la Russie, grande nation de
l'histoire de l'humanité, retrouve toute sa place au
sein du continent européen.
Le symbole le plus spectaculaire de ce rapprochement était
la relation nouvelle qui pouvait s'instaurer entre la Russie
et l'OTAN.
Rempart de la liberté et de la démocratie pendant
cinquante ans, l'Alliance atlantique se devait d'évoluer
; elle se devait d'ouvrir ses portes au vent nouveau de liberté
et de démocratie qui soufflait en Europe.
C'est dans cet esprit que la France avait proposé d'associer
la Russie à l'ensemble de nos travaux. Cette démarche
a conduit à la signature de l'Acte fondateur, à
Paris, en mai 1997.
Depuis lors, le monde a connu de profonds changements et la
Russie a poursuivi avec beaucoup d'efficacité et d'intelligence
son uvre de modernisation sous l'impulsion et la conduite
du Président Poutine.
Et je souhaite dire au Président POUTINE que la France
se réjouit de sa présence aujourd'hui pour aborder
ensemble, dans un esprit de pleine coopération, les grandes
questions de sécurité de notre continent.
Le moment est en effet venu de franchir un nouveau pas et d'accueillir
la Russie comme un partenaire à part entière,
au sein d'un Conseil où les vingt membres siègeront,
comme nous-mêmes aujourd'hui autour de cette table, sur
un strict pied d'égalité.
Je souhaite que les mécanismes que nous créons
aujourd'hui soient mis en uvre avec détermination
et surtout avec confiance, car il ne suffit pas, chacun le sait,
d'adopter des textes, il faut surtout les faire vivre. Il faut
établir des habitudes de travail. Il faut que les esprits
s'imprègnent de ces changements dans les domaines diplomatiques
aussi bien que militaires.
Pour répondre aux attentes créées par
la déclaration que nous avons approuvée aujourd'hui,
il faudra que les co-décisions ou les actions communes
que nous pouvons désormais adopter ensemble portent sur
les sujets qui sont au cur des compétences de l'OTAN,
tels que la gestion des crises en Europe, notamment les Balkans,
le désarmement, ou la non prolifération.
Ces relations rénovées avec l'OTAN doivent naturellement
s'accompagner d'un resserrement des liens avec l'Union européenne
dont les compétences globales permettent de développer
un partenariat dans tous les domaines. Le Sommet Union européenne
- Russie qui se tiendra demain y apportera naturellement et
dans cet esprit sa contribution.
Saluons aujourd'hui cette nouvelle étape franchie vers
l'émergence d'un continent plus uni, plus harmonieux,
dans lequel, notamment grâce à l'accord signé
entre le Président BUSH et le Président POUTINE
à Moscou il y a deux jours, la Russie pourra jouer le
rôle de grande nation qu'elle n'a jamais cessé
d'être à travers les vicissitudes de l'histoire.
Ainsi pourrons-nous, ensemble, relever les nouveaux défis
de sécurité auxquels est confronté l'espace
euro-atlantique.
Je vous remercie.
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