Reykjavik,
Islande
15 mai 2002
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Elements
d'intervention
par
Dominique Galouzeau de Villepin,
Ministre des Affaires Etrangères de la France
à la session ministérielle
du Conseil du Partenariat Euro-Atlantique
l
- Premier panel : Avenir du Partenariat euro-atlantique
L'évolution du contexte stratégique depuis le
11 septembre et l'élargissement de l'OTAN soulèvent
des interrogations légitimes sur l'avenir du Partenariat
euro-atlantique : ses objectifs et ses instruments resteront-ils
pertinents ? Saura-t-il s'adapter aux aspirations et aux besoins
d'un ensemble de partenaires plus réduit, mais caractérisé
par une moindre homogénéité de situation
et d'intérêts ?
Les réponses à ces questions, nous devons les
rechercher dans les raisons du succès rencontré
par le partenariat euro-atlantique depuis 1994. Elles se résument
à quelques éléments essentiels :
- un cadre souple de dialogue politique et de concertation
sur l'ensemble des questions de sécurité du
continent européen ;
- des instruments flexibles de coopération militaire
centrés sur le développement de l'interopérabilité
des forces, l'assistance à la modernisation et à
la restructuration des outils de défense ;
- un cadre et des instruments de préparation à
l'adhésion à l'OTAN ;
- des procédures permettant d'associer les partenaires
aux décisions concernant les opérations non-article
5 de l'OTAN auxquelles ils participent;
- des habitudes de coopérations qui ont permis de
surmonter les divisions du passé, d'enraciner la confiance
et le bon voisinage.
- des principes de fonctionnement flexibles, équitables,
et responsabilisants : l'auto-différenciation, la non-discrimination
et l'auto-financement.
C'est sur ce socle que nous devons bâtir l'avenir.
Pour ma part, je retiendrai quatre orientations : la priorité
à la coopération militaire, l'individualisation,
la régionalisation et la participation.
- Il me parait essentiel que l'orientation des activités
de partenariatsur les aspects militaires de la sécurité
et de la défense soit maintenue, car là est
le coeur des compétences de l'OTAN et de sa réelle
valeur ajoutée, sans risque de duplication avec d'autres
organisations. Les besoins dans ce domaine sont toujours importants,
qu'il s'agisse de l'assistance aux partenaires engagés
à différents stades du processus de préparations
à l'adhésion ; du développement des moyens
et des capacités des partenaires souhaitant participer
aux opérations de gestion de crise de l'OTAN ; du soutien
à la mise en oeuvre des réformes de la défense.
- Pour ce qui est de la flexibilité, il pourrait s'agir
de développer progressivement des relations de type
19+1 avec les partenaires intéressés, dans la
logique de l'auto-différenciation, au moyen d'un dialogue
politique individualisé et d'une adaptation souple
des instruments de coopération militaire aux besoins
spécifiques de chaque partenaire. Nous devrions en
particulier nous attacher à améliorer les outils
d'évaluation des coopérations et de leur impact
sur les appareils de défense.
Il doit être entendu que ce mode de fonctionnement
plus flexible ne doit pas porter préjudice au rôle
du CPEA, comme enceinte de consultation politique à
46.
- S'agissant de la régionalisation, je pense à
la possibilité de coopérations renforcées
entre pays d'un même ensemble régional, au sein
du CPEA et dans le cadre du partenariat pour la paix, sous
réserve bien entendu de mécanismes garantissant
la transparence des travaux et la libre participation de tout
Etat allié ou partenaire intéressé. Cette
nouvelle approche devrait s'appliquer au premier chef aux
Balkans, compte tenu de la priorité politique accordée
par l'OTAN à la stabilisation de cette région.
- S'agissant de la participation, je pense que nous pouvons
faire fond sur le succès du "cadre politico-militaire"
pour réfléchir aux modalités sous-lesquelles
ce mécanisme d'implication des partenaires dans les
processus de décision des Alliés pourrait être
étendu, moyennant les adaptations nécessaires,
à d'autres domaines que la conduite des opérations
non-article 5, qui présentent également un intérêt
direct pour les partenaires concernés. Je citerai la
politique des exercices et l'adaptation des instruments de
coopération militaire du partenariat.
Un autre aspect de la participation réside dans le principe
d'autofinancement : j'y vois un gage de responsabilité
et d'appropriation des réformes. Une assistance financière
de nations volontaires, alliées et partenaires, pourrait
néanmoins s'avérer utile pour aider ceux qui en
ont le plus besoin à gérer certaines conséquences
des réformes de défense.
II
- Deuxième panel : Rôle du CPEA dans la lutte internationale
contre le terrorisme
Je souhaiterais centrer mon intervention autour de quelques
éléments :
Le nouveau le contexte stratégique depuis le 11 septembre
nous conduit à dresser un double constat :
- face aux nouveaux défis qui menacent la sécurité
de l'espace euro-atlantique, la concertation entre les Alliés
et les partenaires sur l'ensemble des questions de sécurité
européenne est plus que jamais nécessaire. Nous
venons de débattre de moyens de renforcer cette concertation
je n'y reviendrai pas.
- la lutte contre les racines multiples du terrorisme doit
se concevoir de manière globale, à charge pour
chaque organisation internationale d'apporter, en fonction
de ses compétences propres, sa contribution à
l'objectif commun. A cet égard, le rôle des Nations
Unies est essentiel. Je tiens aussi à souligner que
la réponse au terrorisme repose avant tout sur des
mesures de coopération policière et judiciaire
et, plus largement, sur l'éradication des phénomènes
qui alimentent le terrorisme : le délitement des Etats,
le sous-développement, la négation des valeurs
démocratiques et de l'Etat de droit.
Je tire de ce constat plusieurs implications pratiques pour
le partenariat euro-atlantique, dans les domaines où
il présente une valeur ajoutée :
- la nécessité de développer, dans le
cadre du CPEA, des coopérations en matière d'échange
de renseignements ;
- celle d'adapter les coopérations militaires développées
sous l'égide du partenariat pour la paix aux impératifs
de protection des forces déployées contre les
risques liés aux armes de destruction massive ;
- l'examen des possibilités d'association des partenaires
qui le souhaitent à l'effort global des pays alliés
pour développer les capacités militaires nécessaires
à la lutte contre le terrorisme ;
- la poursuite de l'association des partenaires à
la mise en oeuvre du plan d'action sur la protection des populations
contre les conséquences d'attaques terroristes au moyen
d'agents nucléaires, radiologiques, biologique et chimiques.
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