Déclaration
du Conseiller
fdral Joseph Deiss, Chef
du Dpartement fdral des affaires trangres de Suisse
Monsieur le Secrétaire général,
Chers collègues,
La sécurité et la stabilité sont indivisibles. Les
troubles au niveau local touchent inexorablement la nation toute entière,
tout comme l'instabilité d'un seul pays affecte inévitablement
la sécurité de toute une région. Dès lors,
la coopération régionale est essentielle pour apporter des
solutions aux situations conflictuelles. Toutefois, pour être durable,
la coopération régionale ne peut pas être imposée
de l'extérieur ! Nos efforts doivent stimuler la prise en charge
de ces processus par ceux qui sont directement concernés.
A ce propos, les déclarations que nous avons entendues ce matin
de M. Petritsch, Haut Représentant pour la Bosnie-Herzégovine,
illustrent parfaitement à quel point la détermination et
la ténacité, mais aussi un certain doigté dans le
choix des actions de la communauté internationale peuvent être
déterminants pour l'ancrage régional des efforts de pacification.
1. Remarques concernant les questions régionales
J'aimerais par ailleurs mettre l'accent sur les implications régionales
des récents développements en République fédérale
de Yougoslavie.
Les incidents dans la vallée de Presevo ont démontré
la volatilité de la situation. Je tiens à saluer vivement
les contacts directs qui ont été établis entre le
Secrétaire Général de l'OTAN et le Président
Kostunica.
Les élections dans la Province du Kosovo ont été
libres et équitables. Elles ont marqué un pas significatif
en avant, et prouvé que la démocratisation a le vent en
poupe dans la région. Pourtant, sa consolidation demeure un problème
épineux. Aidons ceux qui sont déterminés à
résoudre les différends par des moyens pacifiques, à
affermir le principe de l'Etat de droit, et rendre anachroniques les actes
d'extrémistes. Les criminels de guerre devront être traduits
en justice, sans discrimination : la réconciliation entre nations
et groupes culturels différents en sortira renforcée.
La Suisse appuie activement les développements favorables en République
fédérale de Yougoslavie. Ce pays est maintenant admis dans
les enceintes internationales et il doit être étroitement
associé à la recherche de solutions, non seulement pour
les problèmes concernant son propre territoire, mais également
ceux de la région.
La coopération régionale au Caucase se heurte principalement
au conflit non résolu autour du Nagorno-Karabach. La région
est marquée par d'autres conflits gelés, où le statu
quo est lui-même cause de tensions. Or, les années d'immobilisme
sont des années perdues, elles sont un temps pendant lequel des
opportunités de développement ne sont pas saisies, un temps
qui coûte très cher à la population. Nous nous devons,
en son nom, de trouver des solutions aux impasses actuelles et, là
comme ailleurs, contribuer à résoudre les questions liées
au statut de différents territoires. La Russie joue un rôle
clé pour la sécurité et la stabilité au Caucase.
La situation en Tchétchénie n'est pas satisfaisante. Nous
sommes de l'avis qu'une solution durable ne pourra être trouvée
que par des moyens politiques.
La coopération régionale en Asie centrale se développe
rapidement avec la prise de conscience que beaucoup de risques et de dangers
dépassent de loin les capacités d'un seul pays. Pourtant
un travail additionnel d'ouverture reste nécessaire, un travail
qui sache accorder les attentes aux possibilités d'y répondre.
Je souhaiterais vivement une participation accrue de ces pays dans nos
enceintes. La suggestion de créer un groupe ad hoc pour cette région
pourrait être retenue.
2. Contributions de la Suisse
La Suisse entend appuyer et promouvoir les forces uvrant en faveur
d'une résolution pacifique des différends. C'est dans cet
esprit que la Suisse vient de décider de se doter d'un pool de
600 experts civils, qui pourront être engagés en faveur de
la paix dans l'espace Euro-atlantique et à travers le monde. En
Europe du Sud-Est, ils s'ajoutent à un engagement substantiel,
puisque nous mettons déjà un personnel diversifié
à disposition des efforts de stabilisation et de reconstruction
et apportons un soutien financier de Frs 260 mio pour l'année 2000,
comprenant notre assistance technique et notre aide humanitaire.
La Suisse fait un effort spécial dans le cadre du Partenariat
pour permettre une meilleure prise en compte du droit international humanitaire
à tous les niveaux de la planification et de la formation militaire.
L'atelier co-organisé avec la Grande-Bretagne fin novembre sur
la question des forces multinationales et du droit international humanitaire
a produit des résultats permettant d'engager nombre d'activités
de coopération dans ce domaine. La prolifération des armes
légères est un autre sujet de préoccupation pour
mon pays et nous continuerons à appuyer des initiatives régionales
s'attaquant à ce fléau. Nous sommes également prêts,
comme nous le démontrons par notre participation à un projet
de destruction de mines en Albanie, à soutenir les efforts du Partenariat
dans le domaine des mines.
Comme pour la résolution des situations conflictuelles, une coordination
étroite et une coopération efficace sont cruciales pour
prévenir ou remédier à des catastrophes et des crises
humanitaires. La Suisse s'engage dans ce sens dans le cadre du CPEA. Elle
a par ailleurs accueilli en juin dernier le "Fribourg Forum",
qui a réuni 52 pays de la zone euro-atlantique. Ce forum a permis
d'obtenir l'engagement de ces pays à soutenir une coordination
et une coopération accrues dans la prévention, la préparation
et la gestion des crises humanitaires.
Nous entendons diversifier encore notre participation au Partenariat
pour la Paix. Nous mettons à disposition de nos partenaires trois
centres de formation et d'expertise en matière de sécurité,
à Genève, dont le dernier traitant des questions liées
au contrôle démocratique des forces armées. Je tiens
à souligner ici notre volonté de nous impliquer toujours
plus avant dans les possibilités de collaboration internationale
offertes par le cadre du PfP, et de nous en donner les moyens légaux
et matériels.
3. Besoin de coordination
L'Europe du sud-est est aujourd'hui la région qui enregistre la
plus grande densité d'initiatives régionales. Une coordination
est nécessaire et la Suisse continuera d'appuyer le Pacte de Stabilité
dans ses efforts pour tirer pleinement parti des différentes initiatives.
Nous saluons dans ce contexte les progrès enregistrés par
la Table de travail III. Le Conseil de partenariat a ici un rôle
à assumer, et le SEEGROUP en est un exemple probant.
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