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Updated: 14-May-2002 NATO Speeches

Lors de la
réunion
informelle des
ministres de la
défense de
l'OTAN, à
Birmingham
10 Oct. 2000

Intervention

de Monsieur Alain Richard,
Ministre de la défense de la France

Je me réjouis profondément du nouveau climat qui règne désormais dans les relations entre l'UE et l'OTAN sur les questions de défense. La manière constructive et positive dont la plupart de nos alliés non membres de l'UE envisagent la question est pour nous un hommage au travail accompli par les Quinze et un encouragement précieux à poursuivre avec le même élan l'élaboration d'une capacité européenne de défense. Les positions exprimées par notre collègue Bill Cohen et par Mme Albright sont révélatrices à cet égard. Les principes que le Conseil européen a adoptés à Feira sur les relations entre l'UE et l'OTAN nous ont placés dans cette bonne perspective.

Je voudrais rappeler ici ces cinq principes fondamentaux :

  • le développement de la consultation et de la coopération entre l'UE et l'OTAN doit avoir lieu dans le respect total de l'autonomie de l'UE (et bien entendu de l'Alliance) en matière de prise de décision ;
  • L'objectif visé est celui d'une consultation, d'une coopération et d'une transparence complètes et réelles, en vue de déterminer quelle est la réponse militaire la plus appropriée en cas de crise. Il s'agit de prendre des décisions rapides en la matière, ainsi que d'assurer une gestion efficace des crises.
  • L'UE et l'OTAN sont des organisations de nature différente. Il en sera tenu compte dans les dispositions concernant leurs relations.
  • Chacune des organisations traitera avec l'autre sur un pied d'égalité.
  • Dans les relations entre l'UE et l'OTAN en tant qu'institutions, il n'y aura de discrimination à l'égard d'aucun des Etats membres.

Ces principes sont mis en œuvre, depuis Feira, selon des modalités que tous les membres de l'UE ont voulues pragmatiques et rapides. C'est l'esprit des quatre groupes de travail qui ont été créés sur la sécurité, sur Berlin plus, sur la définition des relations permanentes et sur l'objectif de capacités. Ils se sont tous réunis, certains plusieurs fois. L' accord intérimaire de sécurité, indispensable aux échanges de documents, a été adopté. Le 19 septembre, la première réunion conjointe entre le Conseil de l'Atlantique Nord et le Comité politique et de sécurité intérimaire de l'Union Européenne s'est déroulée dans de très bonnes conditions et a permis un véritable échange.

Nous souhaitons que le travail sur Berlin plus, et celui sur les relations UE/OTAN, qui en dépend largement, puissent progresser dans des conditions aussi favorables. Toutes les données sont réunies aujourd'hui pour que nous aboutissions à des textes qui organisent cette coopération, cette transparence et ce renforcement réciproque que chacun souhaite. Mais il faut pour cela que tous les alliés agissent en ne prenant en compte que les intérêts de l'Alliance, sans laisser des considérations nationales prendre le dessus.

Mais je voudrais revenir plus longuement sur le travail en cours au sujet des capacités, car il me paraît exemplaire à plusieurs titres :

  • Le pragmatisme : en quelques mois, l'UE a conduit un processus complexe. Partant des objectifs de capacités fixés par le conseil d'Helsinki, nous avons élaboré un catalogue de forces et de capacités nécessaires à l'accomplissement des missions du Petersberg. Je suis convaincu que nous serons en mesure, lors de la conférence de capacités de novembre, d'apporter des réponses précises et militairement cohérentes sous forme d'engagements nationaux.
  • La transparence et la coopération : le catalogue de capacités a été élaboré dans de très bonnes conditions de transparence et de coopération avec l'OTAN. Les échanges d'information ont eu lieu dans le cadre du groupe de travail ad hoc. L'expertise de l'OTAN a été mise à contribution dans le cadre de la " headline goal task force plus ", permettant notamment de confirmer la très grande qualité du travail des experts militaires venus des quinze capitales. Cette manière de travailler a donné aux nations membres de l'Alliance et non membres de l'Union Européenne une véritable ouverture sur les travaux de l'UE, et nous devons garder à l'esprit que tout ce qui favorise la transparence entre nos deux organisations apporte une réponse efficace et pratique au problème de la participation des Six aux activités de l'Union.
  • Le réalisme et la détermination : notre catalogue comprend toutes les capacités nécessaires à une action militaire conduite par l'UE. Nous avons mené un travail honnête qui ne laisse rien de coté, depuis la phase d'alerte jusqu'aux moyens sur le théâtre et je sais que les intentions de contribution de l'ensemble des nations nous permettront de constituer une force crédible. Nous constaterons certainement des besoins sur certaines capacités, qui devront faire l'objet d'initiatives nationales ou collectives. Plusieurs partenaires travaillent actuellement à ces initiatives.
  • Le renforcement réciproque : il va de soi que les capacités définies, réunies, réalisées par les membres de l'Union Européenne dans le cadre de l'élaboration des objectifs de capacités pourront s'inscrire pleinement, s'agissant en tout cas des 11 membres de l'Alliance, dans la démarche sur la DCI. Plus encore, la dynamique européenne qui est lancée devrait conduire les membres de l'UE à apporter, individuellement ou par des programmes multilatéraux, de meilleures réponses aux attentes de la DCI.
  • L'ouverture : nous avons invité nos collègues européens non membres de l'UE à offrir des contributions additionnelles, dès le lendemain de notre conférence de capacités. Nous nous félicitons en particulier des offres déjà faites par les collègues membres de l'Alliance que je remercie ici.

Pragmatisme, transparence, coopération, réalisme, détermination, renforcement réciproque, ouverture, voilà ce qui doit continuer à nous guider dans les mois et les années qui viennent lorsque nous réfléchissons ensemble aux relations entre l'UE et l'OTAN.

Je remercie Georges Robertson de nous donner l'occasion de débattre de façon vivante, informelle et exploratoire de ces questions. La contribution de Bill Cohen est très riche et contient beaucoup d'appréciations très révélatrices de l'excellent climat que nous avons relevé. J'y suis très sensible et j'ai retrouvé dans son intervention beaucoup d'éléments communs avec la mienne.

L'intervention de Bill Cohen apporte une relance opportune du travail sur "Berlin plus", projet important qui progresse encore lentement, notamment sur les conditions de mise à disposition des capacités. Nous devons tous nous persuader que la coopération entre l'Alliance et l'UE n'atteindra pas sa pleine cohérence si la disponibilité des moyens de l'OTAN restait sujette à des incertitudes, par exemple à des obstacles persistants posés par un Etat membre. Au moment d'engager sa responsabilité politique dans une action militaire, chacun de nous veut une réponse claire et affirmative sur les moyens disponibles.

Par ailleurs et surtout, comme l'a rappelé Bill Cohen, les Européens prévoient de conduire des opérations sans utiliser les capacités et les équipement communs de l'Alliance, là ou l'Alliance en tant que telle n'est pas engagée. Nous devons donc rester, parallèlement à un processus de Berlin que nous souhaitons aussi riche que possible, en mesure de prendre en charge l'ensemble des tâches indispensables à la conduite des opérations. La planification, qui est, nous le savons, une des tâches fondamentales de la gestion militaire des crises, doit reposer sur un outil réellement à la disposition des Quinze, centré sur leurs besoins concrétisés par les missions de Petersberg.

S'agissant des réflexions sur les capacités, je me réjouis de l'approche pragmatique de mes collègues participant à la procédure d'établissement des plans de défense de l'OTAN. Elle ne peut que rendre l'Alliance plus efficace dans la gestion des crises "hors article cinq", ce que nous souhaitons tous, en particulier notre pays qui participe activement à toutes les opérations hors article 5 de l'OTAN.

L'Union Européenne s'est fixé pour objectif, dans son travail d'élaboration de capacités, d'assurer la cohérence avec le processus de planification et d'examen et avec le processus d'établissement des plans de défense de l'OTAN. Cette préoccupation est naturellement pleinement présente dans notre travail actuel pour instaurer le système de suivi, de mise à jour et d'évaluation de ces capacités. Nous espérons voir adopter un dispositif souple mais axé sur la crédibilité des moyens militaires de l'Union, assurant un égal niveau de préparation des forces qu'elles soient appelées à servir dans le cadre de l'Alliance ou dans celui de l'Union Européenne.

En conclusion je veux dire mon optimisme quant au développement des relations entre l'UE et l'OTAN et confirmer à nos alliés non membres de l'UE notre ouverture à la discussion sans a priori sur tout sujet se situant dans le cadre des principes et des décisions du conseil européen.

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