Déclaration
du Conseiller
fédéral suisse Joseph Deiss, Chef du Département
fédéral des affaires étrangères
Réunion du Conseil de partenariat euro-atlantique
Monsieur le Secrétaire général,
En tout premier lieu, je salue l'arrivée de la Croatie dans le
Partenariat pour la paix et au Conseil de partenariat euro-atlantique.
La Suisse se félicite des réformes engagées par le
nouveau gouvernement et elle est convaincue qu'elles auront des effets
positifs sur l'esprit de coopération dans toute la région.
Nos débats sur l'Europe du sud-est seront substantiellement enrichis
par ce nouveau partenaire et la coopération régionale en
sortira bénéficiaire. Mon pays se réjouit de la future
collaboration avec la Croatie dans le cadre PfP.
Je tiens aussi à saluer le retour de la Russie qui reprendra les
débats avec nous après une assez longue interruption. La
participation de ce pays est cruciale pour tout ce qui a trait à
la prévention et à la gestion de crises dans l'espace euro-atlantique.
M. Bodo Hombach, coordinateur du Pacte de stabilité pour l'Europe
du sud-est, vient de nous présenter un exposé sur la coopération
dans cette région et je l'en remercie. Le Pacte est pris au sérieux
par la communauté internationale comme l'a démontré
le succès de la conférence de financement. L'OTAN y apporte
son soutien à travers son initiative pour l'Europe du sud-est.
Nous assistons à des développements positifs sur place,
tels que l'accélération du retour des réfugiés
en Croatie et en Bosnie-Herzégovine où les élections
municipales se sont déroulées de manière satisfaisante.
Pourtant, de sérieux problèmes persistent. En Bosnie-Herzégovine,
notamment, les progrès atteints sont encore fragiles et la fin
de l'engagement de la communauté internationale n'est toujours
pas en vue. Nous devons réfléchir sérieusement à
des mesures menant à un transfert effectif de la gestion des affaires
du pays aux autorités de la Bosnie-Herzégovine, à
tous les niveaux. Partout, le souci de la durabilité des mesures
et progrès réalisés doit être présent.
Le Kosovo met sérieusement à l'épreuve notre capacité
de prévenir des conflits et de contribuer à la reconstruction.
La mise en uvre de la résolution 1244 est globalement satisfaisante
dans ses aspects militaires. Cependant, la sécurité individuelle
sur place reste insuffisante. Les conditions pour un retour de la population
serbe expulsée et pour une cohabitation pacifique de toutes les
minorités doivent être améliorées. La KFOR,
à laquelle la Suisse contribue, doit pouvoir se concentrer sur
les tâches centrales de son mandat et nous sommes appelés
à accroître sensiblement nos possibilités d'action
dans le domaine de la sécurité publique. La Suisse place
ses priorités dans le soutien à l'édification du
système judiciaire et pénitentiaire. Pour l'avenir, j'ai
bon espoir que la mise en oeuvre du concept des "Rapid Expert Assistance
and Co-operation Teams" (REACT) de l'OSCE accélerera et facilitera
le déploiement d'experts. La Suisse compte soutenir ces efforts
grâce à la constitution d'un corps d'experts civils.
Les travaux d'enregistrement au Kosovo sont cruciaux pour le bon déroulement
des élections municipales. La Suisse appuie les efforts visant
à assurer la participation de tous les groupes ethniques et linguistiques
ainsi que les formations politiques aux élections. Sans un changement
fondamental du régime à Belgrade, sans une ouverture vers
la démocratisation et le dialogue, une paix durable ne semble pourtant
pas possible dans la région. Les événements récents,
en particulier la repression à l'encontre des média indépendants
sont des signes d'une crispation dangereuse. Dans ce contexte de tensions,
le Montenegro a besoin de notre attention particulière.
La situation en Tchétchénie reste très préoccupante.
Un règlement pacifique et durable de ce conflit est nécessaire.
Un environnement de sécurité doit être garanti, et
le respect des droits de l'homme assuré, afin que tous les habitants
ayant quitté leurs foyers puissent rentrer en Tchétchénie
avec des perspectives d'avenir. La Russie doit maintenant mettre à
exécution les engagements pris dans ce sens au sein des diverses
organisations multilatérales.
Monsieur le Secrétaire général,
La zone couverte par le Conseil de partenariat contient de nombreux foyers
de tensions et de conflits. Le Conseil a prouvé son utilité
en tant qu'instrument de gestion de crises. La coopération pendant
la crise du Kosovo a été particulièrement étroite
et à fourni de précieuses impulsions pour l'améliorer
encore davantage. Nous avons aujourd'hui devant nous le résultat
de ces travaux et nous nous en félicitons. A l'instar d'autres
Etats, la Suisse se prononce pour une implication accrue des partenaires
lors de la planification et de l'exécution d'opérations.
La Suisse favorise l'amélioration de la coopération et
une coordination étroite entre les organisations, nationales et
internationales, qui interviennent en cas de crise humanitaire, y compris
en cas de catastrophe naturelle. La Suisse agira en qualité d'hôte
pour le "Fribourg Forum", organisé conjointement avec
l'ONU et le Conseil de partenariat euro-atlantique, les 15 et 16 juin
prochains. Ce Forum aura pour but d'obtenir l'appui et l'engagement des
gouvernements de la zone euro-atlantique pour une coordination accrue
dans la prévention, la préparation et la gestion de crises
humanitaires. Je me réjouis d'accueillir à cette occasion
les ministres compétents.
Le Conseil de partenariat euro-atlantique réunit en outre une
expertise spécifique dans le domaine des armes légères
qui devrait être encore mieux exploitée. L'engagement suisse
met l'accent sur un entreposage sûr des armes légères,
des mesures concrètes pour réduire leur nombre et sur la
promotion de la coopération régionale. La Suisse souhaite
en particulier que les travaux au sein du Conseil de partenariat puissent
être mis à profit pour la Conférence des Nations Unies
sur le commerce illicite des armes légères, prévue
en 2001.
Finalement, le Conseil de partenariat peut très utilement compléter
les efforts globaux de déminage, notamment dans la destruction
de ces armes ou la formation des troupes participant à des missions
de soutien de la paix. Le Centre international de déminage humanitaire
de Genève pourra prêter son appui.

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