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Updated: 14-May-2002 NATO Speeches

CAN
Ministérielles,
Florence
24 mai 2000

Intervention

du Ministre franais des Affaires trangres,
M. Hubert Vedrine

Suivi du Sommet de Washington et autres questions relatives la Scurit

Monsieur le Secrétaire général,

Chers collègues

L'Europe de la Défense a progressé au sein de l'Union européenne, comme nous le souhaitions, en bonne intelligence avec l'OTAN et avec les pays de l'OTAN qui ne sont pas membres de l'UE et en pleine transparence avec eux. Sur le plan de la transparence, je note d'ailleurs que tous les pays autour de cette table sont parfaitement au courant des textes en cours d'élaboration au sein de l'UE. On ne peut pas être plus transparent. Cela devrait être un élément de confiance.

Sur les rapports entre l'UE et l'OTAN, je voudrais faire deux ou trois remarques :

- ces relations reposent aujourd'hui sur les échanges informels entre le Haut représentant pour la PESC et le Secrétaire général de l'OTAN. Il est normal que ces relations évoluent, et qu'elles évoluent en fonction des besoins réels, en portant sur des sujets précis, dans des formats appropriés, et sans que personne ne fasse preuve d'une impatience prématurée, alors que ces mécanismes se mettent en place petit à petit.

Avec le Royaume-Uni, nous avons proposé à nos partenaires de l'Union la mise en place de relations spécifiques entre nos deux organisations dans quatre domaines : les questions de sécurité ; les capacités ; la mise à disposition des moyens de l'OTAN pour des opérations conduites par l'Union européenne, si celle-ci le décide, et la préparation des arrangements définitifs.

C'est une approche pragmatique. Elle suppose que, sur chacun de ces sujets, nous déterminions les modalités et les formats les plus appropriés. Elle implique aussi qu'au sein de l'Alliance, des progrès soient accomplis pour permettre des relations efficaces avec l'UE, en ce qui concerne en particulier la mise à la disposition des moyens de l'OTAN pour des opérations de l'UE, dans des conditions satisfaisantes.

- Deuxième remarque : elle porte sur les relations avec nos alliés européens non membres de l'Union. Les Conseils européens de Cologne et d'Helsinki ont posé des principes sur ce sujet important, concernant notamment la participation de ces pays aux opérations militaires conduites par l'Union européenne.

L'Union fera naturellement toute sa place à ses partenaires européens de l'Alliance dans les opérations qu'elle conduira en ayant recours aux moyens de l'OTAN. C'est même évident. Nous n'en sommes pas là. Cela avance petit à petit. Mais c'est l'objectif.

Elle le fera, bien entendu, dans un esprit d'ouverture. Elle le fera aussi, en veillant au respect de son autonomie de décision, puisque c'est là le progrès qui était recherché depuis des années.

L'Europe de la Défense est une affaire sérieuse qui s'inscrit dans la durée. C'est une entreprise de longue haleine, nécessaire, difficile ; elle exige évidemment de la détermination de notre part mais aussi une grande confiance mutuelle, les uns par rapport aux autres : confiance dans le sérieux de notre action ; confiance dans le fait que le développement des capacités d'action autonome de l'UE, loin de menacer l'Alliance, la renforcent. Ce qui pourrait comporter un risque pour l'Alliance, ce ne sont pas les efforts que font les pays de 1'UE pour se doter des moyens d'assumer leurs responsabilités internationales ; ce serait que l'Europe ne fasse pas cet effort et ne permette pas à ce partenariat entre les deux côtés de l'Atlantique de reposer sur la seule base possible et saine à long terme :
c'est-à-dire le partage du fardeau mais aussi des responsabilités et le partage de la décision

Quelques mots sur le projet de défense antimissiles du territoire national (NMD). Je me réjouis que les autorités américaines indiq uent que le président Clinton n'a pas pris sa décision et qu'il la prendra en fonction de quatre critères:

- la crédibilité de la menace. On est obligé de convenir qu'elle
existe. Mais la réponse envisagée est-elle la bonne ?

- la crédibilité du système antimissiles. Là, je ne sais pas, c'est aux Américains d'évaluer. Nous ne pouvons pas apprécier ;

- la question du coût ;

- les conséquences pour les Alliés et pour l'équilibre stratégique. Je redis ici ce que j'ai dit à Washington il y a quelques jours. Nous souhaitons que toutes les conséquences soient envisagées.

C'est aux Etats-Unis qu'il appartient de définir les éléments de sécurité américaine. Il est certain aussi que le traité ABM est un traité bilatéral. Mais nous souhaitons que toutes les conséquences possibles sur les Alliés aient été pleinement envisagées. Nous souhaitons qu'il n'y ait pas de disproportion entre la menace qui est, nous dit-on, à l'origine de ce projet et les conséquences qui en seront tirées.

Balkans

Monsieur le Secrétaire général,

Chers collègues,

Cela fait bientôt un an que la KFOR est déployée au Kosovo.

Depuis le 23 avril, le Corps européen forme le noyau de l'état-major de la KFOR et assure son commandement.

Le bilan de cette année d'efforts est largement positif. Je n'y reviens pas. Nous avons tous en tête ce qui a été réalisé, alors que nous intervenions dans un climat très difficile.

Cependant, la situation est loin d'être stabilisée. Les extrémistes de tous bords continuent de représenter une menace pour la paix. Il faut veiller à empêcher qu'ils se saisissent des élections que nous préparons pour compliquer encore cette situation. Le crime organisé reste aussi un sujet de préoccupation majeure.

A notre avis, la KFOR, en coopération étroite avec la MINUK, doit redoubler d'efforts. Il n'y a pas de critiques, mais je pense qu'il faut faire encore plus pour :

- garantir la protection effective des minorités ;

- veiller au maintien de l'ordre et de la sécurité publique jusqu'à ce que la police civile puisse prendre totalement le relais ;

- assurer un contrôle renforcé des frontières et des limites internes du Kosovo, dans le respect du mandat des Nations unies et des dispositions de l'Accord militaire technique.
Nous pensons tout spécialement à la préparation et au bon déroulement des élections locales.
Dans cette affaire, la préparation est presque aussi importante que l'élection elle-même pour la consolidation de la démocratie au Kosovo.

S'agissant de la Serbie, il est clair que la politique de sanction ne donne pas les résultats escomptés. Cela ne nous surprend pas. Vous connaissez notre position sur ce sujet.

Le dialogue avec l'ensemble de la société civile est le bon choix. Plus encore que notre action extérieure, c'est le soutien que nous apporterons à cette société civile et notre coopération avec celle-ci qui contribueront à la dynamiser pour qu'elle trouve la force de changer de régime.

Il ne faut pas oublier le Montenegro, pour lui permettre de résister aux pressions serbes. Je crois qu'au Montenegro, nous n'avons pas encore trouvé la bonne solution.

En Bosnie, les progrès dans la mise en oeuvre de l'Accord de paix ont permis ces derniers mois d'alléger de près de 10 000 hommes le dispositif de la SFOR. Cependant, beaucoup reste à faire pour une application durable de tous les aspects du volet civil.

Je pense à la sécurisation des retours de réfugiés, à la démilitarisation du secteur de Brcko, au soutien des efforts du Haut représentant contre le crime organisé et les réseaux d'influence extérieure.

Je pense aussi à la coopération avec le Tribunal pénal international.

Je réaffirme ici la ferme détermination de la France à faire en sorte que les criminels de guerre soient effectivement traduits devant le TPI. A cet égard, il est important qu'au cours des six derniers mois la force internationale ait pu procéder à l'arrestation de six personnes inculpées de crimes de guerre par le TPIY, et notamment à celle de Momcillo Krajisnik, la personnalité de plus haut rang jamais arrêtée à ce jour en ex-Yougoslavie.

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