Au Conseil
Permanent
Conjoint
OTAN-Russie

du 12 juin 1998
Bruxelles

Intervention

du Ministre de la Dfense de la France, Alain Richard
sur la situation en Bosnie et alentour

Monsieur le Secrtaire gnral,
cher collgue et ami de la Fdration de Russie,
Messieurs les Ministres,

La France est heureuse d'assurer aujourd'hui, un peu plus d'un an aprs la signature Paris de l'Acte fondateur, la co-prsidence du Conseil Permanent Conjoint OTAN-Russie.

Je voudrais souligner l'importance de la relation qui s'est dveloppe jusqu' prsent entre l'Alliance et la Russie sur la question des Balkans. Nous parlerons tout l'heure plus prcisment du bilan de nos cooprations. Il m'apparat que la situation en Bosnie, et plus gnralement les problmes de cette rgion ont constitu un bon exemple d'application des mcanismes de coopration voulus par nos dix sept Chefs d'Etat et de gouvernement.

  1. En ce qui concerne la Bosnie, nous avons dcid, aprs consultation avec vous, la prolongation, au-del de juin, de la mission de la SFOR, en particulier pour contribuer conforter la mise en uvre du volet civil du plan de paix et poursuivre la stabilisation entreprise depuis les accords signs Paris.

    Ces thmes ont t frquemment voqus entre nos ambassadeurs et nos dix-sept reprsentants militaires.

    Notre analyse commune est que nous ne pouvons pas relcher nos efforts :

    • l'volution politique favorable en Republika Srpska, doit tre consolide car persistent des courants hostiles aux accords de paix ;

    • les lections de septembre et le changement espr d'une partie de la classe politique seront un enjeu majeur, elles doivent contribuer renforcer la dmocratie ;

    • le retour des rfugis, ncessaire une paix durable dans une Bosnie pluriethnique, est un objectif prioritaire pour 1998 ;

    • l'arrestation des accuss de crimes de guerre, enfin, constitue nos yeux un pralable la rconciliation entre les communauts.

    La prsence internationale est encore ncessaire, tout en veillant viter de dvelopper un "syndrome de dpendance" des gouvernements des deux entits ; ceux-ci doivent assumer toutes leurs responsabilits.

    Dans ce contexte, nous avons approuv hier l'activation du plan oprationnel pour la poursuite de la mission de la SFOR aprs juin 1998. L'engagement confirm de la Russie apparat la fois comme une composante majeure de la mise en uvre des accords de paix, et la marque d'une coopration confiante et approfondie entre nous.

  2. C'est l'histoire de cette crise de la Bosnie-Herzgovine que nous avons l'esprit quand nous abordons les vnements qui se droulent au Kosovo. Non que ces crises soient identiques. Mais nous devons savoir tirer, ensemble, les enseignements du pass rcent pour tendre la prvention et la matrise de ce type de conflit.

    Dans le cas de la Bosnie, nous avons commenc trouver la voie du rglement politique lorsque nous - Europens, Russes, Amricains - avons t rellement unis face aux parties en conflit. Nous avons rencontr de graves difficults durant toute la priode o nous ne partagions ni les mmes objectifs, ni la mme apprciation des risques.

    C'est cette unit, notamment dans le cadre du Groupe de contact, au Conseil de Scurit et, dsormais, ici, dans cette enceinte, qui peut aider la rsolution de crises de ce type.

    Chacun a constat la dgradation grave et inquitante de la situation au Kosovo. Le Prsident Milosevic a engag une vaste opration de rpression, utilisant les forces de scurit et les forces armes serbes, au moment prcis o des discussions politiques s'engageaient. Les scnes de destruction et de dplacement de rfugis sont rapparues dans cette rgion.

    La responsabilit majeure en incombe, nos yeux, aux dirigeants de Belgrade. Mais nous n'ignorons pas, nous l'avons dit, que des actes extrmistes sont perptrs contre des Serbes, ce qui alimente le cycle de la violence. Le Groupe de contact est tomb d'accord sur cette analyse.

    Face cette situation, notre volont est d'abord politique. Elle consiste encourager le dialogue qui avait t entam. Il a t brutalement interrompu par l'action des forces de Belgrade. Nous cherchons, ensemble, les moyens de relancer ce processus.

    Cette action commune se dveloppe au Groupe de contact, qui se runit aujourd'hui au niveau ministriel Londres pour discuter d'un paquet global de mesures. Elle concerne aussi, au premier chef, le Conseil de Scurit ds lors que la scurit et la stabilit rgionales sont en cause : une rsolution approprie du Conseil est de nature asseoir la lgitimit et la crdibilit de notre action aux yeux de la communaut internationale.

    Elle intresse, enfin, directement, le Conseil permanent conjoint, le rle de l'OTAN et de la Russie s'inscrivant dans cette dmarche globale.

    Nous avons dcid de faire tudier par les autorits militaires une srie de mesures propres contribuer au rglement de la crise, en appui du processus diplomatique, et concourir la stabilit rgionale. Aucune dcision n'est prise, ce stade, aucune planification oprationnelle n'est dj lance : nous en sommes l'tude d'options trs diverses.

    Et, ce stade prliminaire, il nous parat important de ne rien exclure. La situation, encore une fois, a dj connu des dgradations rapides, plus rapides que les moyens de prvention dont nous disposions jusqu' prsent.

    Ces tudes vont combiner des actions susceptibles d'inflchir le comportement de Belgrade et des mesures freinant les possibilits d'actions violentes de la part de l'UCK.

    La gamme des options envisages par les Allis comprend, vous le savez, le renforcement des actions de coopration et d'exercice du Partenariat pour la Paix, des dploiements dans la rgion et, dsormais, des mesures dissuasives, notamment dans le domaine arien.

    Il va de soi que nous prfrerions grandement ne pas avoir recourir ces mesures de force. Mais l'Alliance a estim unanimement que de telles tudes taient dsormais ncessaires et une condition de la crdibilit de notre dmarche commune.

    La rsolution pacifique de cette crise constitue un objectif commun prioritaire, commun l'OTAN et la Russie. Elle doit tre dfinie dans le cadre des frontires internationalement reconnues - nul ici ne soutient un projet d'indpendance du Kosovo - mais aussi dans le respect de la libert et des droits de l'homme, qui sont des valeurs fondamentales que nous partageons.


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