l'occasion
de la session
des ministres
de la Dfense
de l'Alliance
Atlantique

11 juin 1998
Bruxelles

Intervention

du Ministre de la Dfense de la France, Alain Richard,
sur la situation en Bosnie et alentour

Monsieur le Secrtaire Gnral,
Messieurs les Ministres,

Aprs les prsentations du Gnral Clark puis du Gnral Nauman, clairantes sur le rle de nos forces, illustrant une situation proccupante, permettez-moi mon tour de vous faire part de notre apprciation et des initiatives que nous sommes prts soutenir.

En Bosnie, les progrs raliss restent l'vidence en-de de nos esprances, en tout cas justifient que nous maintenions le niveau de notre engagement militaire.

De fortes rticences ralentissent encore la mise en uvre du plan de paix et d'importants efforts restent consentir, tant en Bosnie-Herzgovine qu'en Croatie et RFY pour que les objectifs fixs dans les accords de paix soient atteints. Nous soutenons la stratgie visant briser les structures de pouvoir des anciens dirigeants responsables de la guerre. En mme temps, il convient de ne pas mnager notre appui l'autorit du Haut Reprsentant, voire d'encourager une plus grande unit de vues au sein mme des organismes civils.

Certes, la situation s'est considrablement amliore depuis la signature des accords de paix. Les forces politiques hostiles au plan de paix ont recul. La situation militaire et de scurit s'est encore amliore. Des criminels de guerre ont t transfrs la Haye, d'autres ne tarderont pas l'tre, je l'espre.

Nous souhaitons tous que cette amlioration de la situation se poursuivre et permette effectivement, aprs les lections de septembre, une rduction du format de la force. Il convient plus que jamais d'encourager les dirigeants locaux assumer de plus en plus les responsabilits qui lui reviennent.

Les lections seront, cet gard un enjeu majeur ; elles doivent elles-mmes contribuer au renouvellement espr de la classe politique et au renforcement de la dmocratie en Bosnie Herzgovine. L'volution encourageante du Montngro voisin est peut-tre un signe avant-coureur positif.

Le retour et la rinstallation des rfugis constituent une autre question majeure dont la russite est cruciale pour l'avenir de ce pays et l'instauration d'une paix durable. Les incidents rcents ont montr que les haines demeurent vives dans certaines rgions. Il faut sans doute, sans renoncer aucunement au principe du droit au retour, grer cette politique avec la souplesse indispensable, sauf engendrer des ractions ngatives et faire, l'approche des lections, le jeu des partis nationalistes.

Des incidents comme celui de Drvar sont de nature mettre en pril, s'ils se reproduisaient, la crdibilit de nos units. Il faut s'assurer que cela ne se reproduise pas.

Enfin l'arrestation des criminels de guerre que j'ai voque plus haut demeure le pralable une vritable rconciliation entre les communauts. La France entend participer activement cette action.

C'est dans ce contexte que nous pouvons aujourd'hui approuver l'activation du plan oprationnel pour la poursuite de la mission de la SFOR au-del de juin 1998. Au Kosovo, l'volution de la situation est videmment beaucoup plus proccupante et grave.

Le comportement de la police, et maintenant celui des forces armes - nous en avons la certitude - serbes est sans excuse. Le Prsident Milosevic a dlibrment engag une vaste opration de rpression au moment prcis o les discussions politiques s'amoraient. Vous connaissez les uns et les autres les tmoignages recueillis contre les exactions des forces serbes. Nous ne pouvons pas tolrer le retour des comportements dj constats en 1991 Vukovar, en 1992-95 Sarajevo, Srebrenica, Gorazde, Bihac.

L'amorce d'un dialogue entre le Prsident Milosevic et M. Rugova devait tre une premire tape d'un processus long et difficile, que nous sommes prts encourager, et dont la russite exige de l'Alliance une totale transparence et une parfaite cohsion. Nous cherchons ensemble les moyens de relancer le processus.

Le rle de l'OTAN s'inscrit dans une dmarche globale de la communaut internationale; celle-ci concerne au premier chef le Groupe de contact, l'UE et le Conseil de Scurit des Nations Unies. Une action a t entreprise au Conseil de Scurit par nos collgues britanniques. Elle doit tre encourage ; une rsolution approprie du Conseil de Scurit est de nature asseoir la lgitimit de notre action aux yeux de la communaut internationale, renforcer la crdibilit des tudes militaires que l'Alliance doit conduire, maintenir l'unit d'action de la communaut internationale, gage de scurit.

L'Alliance fait dj tudier par les autorits militaires des mesures propres concourir la stabilit rgionale et contribuer, en appui des mesures de pressions diplomatiques, au rglement de la crise. Vous savez que la France, depuis plusieurs semaines, estime ncessaire, avec quelques autres pays, de prendre en compte dans ses travaux toutes les options militaires, sans rien exclure.

La gamme de ces options allait jusqu'ici du renforcement de la coopration dans le cadre du partenariat pour la paix, jusqu' un dploiement prventif en Albanie, voire en Macdoine.

Mais ainsi limites, ces options auraient suscit le scepticisme quant leur efficacit militaire et politique. Nous devons combiner des actions susceptibles de faire rellement rflchir M. Milosevic et des mesures visant freiner le dveloppement d'actions violentes de l'UCK.

Je le redis ici, le lancement des tudes sur des mesures dissuasives visant directement les capacits serbes est une ncessit et une condition d'efficacit. Nous avons propos l'tude de mesures d'embargo arien, d'exclusion arienne, de zone d'exclusion terrestre, sans exclure les frappes slectives, ni mme l'extrme la prsence au Kossovo mme. Le document qui nous est prsent aujourd'hui nous convient donc parfaitement.

La priorit au rglement diplomatique, qui reste la ntre, et une issue positive des ngociations Milosevic-Rugova ne sera atteinte que si un rapport de forces net contraint les uns et les autres cette voie.

Il est essentiel, nos yeux, que notre dmarche permette de maintenir une consultation avec la Russie. Le Conseil conjoint de demain, avec notre collgue Sergueiev, nous permettra d'avancer en ce sens.

La rsolution pacifique de la crise demeure notre objectif, dans le cadre des frontires internationalement reconnues, mais aussi dans le respect de la libert et des droits de l'homme, qui sont les valeurs communes fondamentales qui permettent d'agir ensemble.


 [ Go to
Speeches Menu ]  [ Go to
Homepage ]