[ NATO SPEECHES ]

Séminaire
européen
sur le rôle futur
de l'UEO

Athènes,
2-3 mai 1997

Discours

de M. Daniel George

Directeur des affaires économiques, Division des affaires politiques


J'ai le privilège de représenter ici le Secrétaire général de l'OTAN et de parler en son nom. Le rôle futur de l'UEO dans le nouveau contexte de sécurité est un sujet qui intéresse particulièrement Dr. Solana. Il m'a demandé de souligner devant vous tous l'importance qu'il attache personnellement au développement d'une identité européenne de sécurité et de défense forte, viable et concrète au sein de l'Alliance, ce qui a pour corollaire des relations de travail encore plus étroites entre l'OTAN et l'UEO.

Pour commencer nos débats, je voudrais indiquer brièvement ce qui se passe actuellement au sein de l'Alliance. Madrid, faut-il le rappeler, va accueillir en juillet un Sommet de l'Alliance. Cette réunion fera date. Les décisions qui y seront prises auront une incidence profonde sur la sécurité européenne dans son ensemble. Il n'est pas exagéré de dire que le Sommet de Madrid déterminera la nature de la sécurité européenne pour les décennies à venir. Il annoncera l'avènement, pour la sécurité de l'ensemble de l'espace euro-atlantique, d'une période de coopération résolue et sans précédent.

L'ordre du jour de la réunion est désormais bien connu. A Madrid, un ou plusieurs pays seront invités à se préparer à devenir membre de l'OTAN. Ils adhéreront à l'Organisation après ratification parlementaire en 1999. Un Partenariat pour la paix renforcé ouvrira de nouvelles possibilités de collaborer avec l'OTAN. Nous établirons une nouvelle relation avec la Russie dans le cadre d'un Conseil conjoint permanent OTAN-Russie. La position particulière de l'Ukraine sera également reconnue. Nous escomptons aussi que l'initiative concernant la Méditerranée, qui a progressé depuis son lancement en 1996, sera conduite plus avant. Tout cela implique que l'OTAN joue un rôle moteur, en créant un nouveau réseau de liens de coopération qui s'étendra sur tout le continent, et même vers le Sud.

L'Alliance s'est donc fixé des objectifs ambitieux à un moment que Dr. Solana a qualifié de "période formatrice". Nous avons en Europe la possibilité de créer un nouveau cadre de sécurité pour le siècle prochain. Si les bonnes décisions sont prises maintenant, nous pouvons compter en recueillir les fruits en termes de paix et de stabilité pendant des décennies. Cette tâche n'incombe pas à l'OTAN uniquement. D'autres institutions -l'UE, l'UEO, l'OSCE, le Conseil de l'Europe- ont une part à y prendre.

Ainsi, à Madrid, l'OTAN va imprimer un puissant élan à la poursuite de l'objectif commun d'un nouvel ordre de sécurité fondé sur la coopération. Mais pour jouer pleinement son rôle, l'OTAN elle-même doit accomplir un long travail de réforme et d'adaptation internes.

Cette transformation interne comporte deux volets, l'un et l'autre d'un très grand intérêt pour votre séminaire.

En premier lieu, l'OTAN va achever la restructuration de son organisation militaire. La nouvelle structure de commandement sera une structure rationalisée et optimisée en vue d'opérations de gestion des crises et de maintien de la paix. Elle verra la pleine mise en oeuvre du concept de GFIM.

En second lieu, nous allons avancer dans le développement d'une identité européenne de sécurité et de défense au sein de l'Alliance. Des progrès constants ont été enregistrés à cet égard ces dernières années. On assistera à Madrid à une autre évolution majeure. Comme ce point touche de très près au thème du séminaire, je souhaiterais m'y arrêter quelque peu.

L'OTAN a établi des relations très étroites avec l'UEO à partir de 1991, année où, à Maastricht, les chefs d'Etat de l'UEO ont confié de nouvelles responsabilités à cette organisation. Depuis, l'OTAN et l'UEO ont mis en place les accords et les procédures nécessaires à une relation productive :

  • les Conseils de l'OTAN et de l'UEO se réunissent régulièrement en session conjointe;

  • l'OTAN est disposée à mettre des moyens à la disposition de l'UEO pour des opérations sous direction européenne; dès le départ, le concept de GFIM a été pensé dans l'optique du soutien qui pourrait être apporté à l'UEO;

  • des accords et des procédures ont été établis, qui permettent à l'OTAN et à l'UEO de partager des informations, d'utiliser un système de communication commun et de collaborer étroitement.

En outre, à Berlin en juin dernier, les Ministres des affaires étrangères de l'OTAN ont fait un grand pas en avant. Ils ont décidé que serait élaboré dans le cadre de la nouvelle structure militaire un arrangement européen propre à faciliter les opérations dirigées par l'UEO. Autrement dit, le soutien à l'UEO peut être considéré comme l'une des missions possibles de l'OTAN. Actuellement, nous travaillons sur les modalités pratiques de cet arrangement. En cas de nécessité, et les Alliés en sont d'accord, tout à l'OTAN devrait être en place pour soutenir l'UEO dans une opération menée sous ses auspices.

Je mentionne ces faits pour montrer à quel point la transformation de l'UEO en organisation opérationnelle et l'évolution de l'OTAN elle-même sont étroitement imbriquées.

Mais ce processus ne se déroule pas, et ne doit pas se dérouler, à sens unique. L'Alliance bénéficie aussi du développement de l'IESD. L'IESD renforce l'OTAN parce qu'elle permet à tous les Alliés de participer pleinement à toutes les missions de l'OTAN. Il existe un lien direct entre le développement de l'IESD au sein de l'OTAN et la volonté de la France et de l'Espagne de faire pleinement partie de la nouvelle structure. Ainsi, l'Europe fera entendre sa voix plus clairement et l'Alliance sera plus forte. Les charges et les responsabilités en matière de sécurité seront partagées plus équitablement entre les Alliés.

Le fait qu'il ait été décidé de construire l'identité européenne de sécurité et de défense à l'intérieur, et non pas à l'extérieur, de l'OTAN implique que le développement de l'IESD se fera avec nos alliés américains, et non pas sans eux. On comprend bien une telle décision. De cette manière, nous évitons des doubles emplois coûteux et nous plaçons la relation transatlantique sur une meilleure assise.

Le Sommet de Madrid produira donc des résultats concrets : l'invitation de nouveaux membres, des partenariats renforcés, une nouvelle structure de commandement et la concrétisation d'une véritable identité européenne de sécurité et de défense.

L'OTAN est aujourd'hui au coeur de la construction d'une Europe en tous points meilleure et plus sûre. Le Sommet de Madrid de juillet n'est pas seulement une réunion de haut niveau parmi d'autres, il marquera un tournant. D'ici quelques années, nous aurons de nouveaux membres, ce qui étendra et renforcera la stabilité dans la partie orientale de notre continent. Nous aurons de nouvelles structures militaires, très flexibles, qui permettront de mener toute la gamme des opérations, des secours humanitaires aux interventions en cas de crise. Et, naturellement, nous travaillerons à notre nouvelle mission : parvenir à un changement qualitatif dans la sécurité européenne. Grâce au Partenariat pour la paix, à notre relation avec la Russie et à d'autres initiatives, nous pourrons unir le continent dans le dessein commun d'empêcher les guerres et de régler les conflits locaux. En résumé, le Sommet de Madrid verra l'émergence d'une nouvelle OTAN, prête pour l'avenir et nous guidant vers une zone euro-atlantique plus stable, plus coopérative et plus pacifique.


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