Conseil de l'OTAN Bruxelles 21 mars 1997

Allocution de Sa Majesté le Roi des Belges au Conseil de l'OTAN

(15Kb) Monsieur le Secrétaire Général, Monsieur l'Ambassadeur, doyen du Conseil, J'aimerais tout d'abord vous exprimer mes remerciements pour les aimables paroles de bienvenue que vous m'avez adressées. Je me réjouis vraiment de rendre visite aujourd'hui à l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord qui a préservé, depuis bientôt 50 ans, la paix et la stabilité sur notre continent. La Belgique est reconnaissante et fière d'en faire partie. Monsieur le Secrétaire Général, Mesdames et Messieurs, Il est bon de rappeler les deux principes qui sont à la base du succès de l'Organisation. En premier lieu il y a notre attachement irréductible à certaines valeurs telles que la démocratie et la dignité humaine, que nous considérons comme fondamentales dans le développement de nos sociétés. Ensuite, il y a notre ferme résolution de défendre ces valeurs ensemble, au besoin par des moyens militaires. La combinaison de ces deux principes a eu pour effet de susciter de chaque côté de l'Atlantique cette coopération qui est devenue le principe directeur de toutes nos actions et que nous appelons aujourd'hui "Solidarité Atlantique". La Belgique a fait partie dès l'origine des membres fondateurs de l'Organisation de l'Atlantique Nord et depuis lors, elle a oeuvré sans relâche pour que, dans un climat international changeant, l'Organisation puisse réaliser les missions qui lui furent confiées.

(15Kb) Ce fut Paul-Henri Spaak, un de vos prédécesseurs Monsieur le Secrétaire Général, qui, d'une main ferme mais aussi avec beaucoup de diplomatie, pilota l'organisation à travers la Guerre Froide. Par après, durant la période de détente qui suivit, une réflexion se développa sur les tâches futures de l'organisation. Cette réflexion était dirigée par Pierre Harmel. Il en résulta ce que nous appelons la doctrine Harmel, qui associait un concept approprié de défense à l'idée d'un dialogue constructif avec le Pacte de Varsovie. Mon pays a toujours maintenu cet esprit d'équilibre entre dialogue et défense. Ainsi, la Belgique demeurait fidèle à cet esprit lorsque, à la fin des années soixante-dix, elle acceptait dans des circonstances difficiles, le déploiement de nouvelles armes défensives. Par ailleurs, cette décision de mon pays renfora même, à un moment décisif, la solidarité au sein de l'Alliance. Un autre compatriote, le Secrétaire Général Willy Claes, joua un rôle important dans la décision qui fut prise d'envoyer des troupes de l'OTAN en Bosnie pour y rendre la paix et la reconstruction possibles. Aujourd'hui, des troupes Belges accomplissent en Slavonie orientale des missions de paix délicates mais combien nécessaires et nous sommes reconnaissants de la couverture que l'OTAN leur assure. La Belgique fut aussi un des premiers membres de l'Alliance à adapter ses structures de défense à l'époque du post-communisme. Il s'agissait de réformes fondamentales qui furent réalisées non sans peine ni douleur. Néanmoins, mon pays continua à assumer largement ses responsabilités en participant à des opérations internationales en Afrique, au Moyen-Orient et en ex-Yougoslavie et ce dans des circonstances parfois dramatiques. Je pense ici en particulier à nos militaires qui payèrent cet engagement de leur vie. Monsieur le Secrétaire Général, Mesdames et Messieurs, Notre continent doit faire face à de nouveaux défis. L'Alliance assume, elle aussi, une responsabilité importante dans les réponses qui y seront apportées. En effet, l'Alliance a non seulement pour mission d'assurer la protection des états membres mais sa responsabilité historique en matière de paix et de prospérité est plus large et s'étend à tout le continent. L'élargissement de l'OTAN est une de ces questions historiques. La solidarité accrue et une coopération plus poussée augmenteront la stabilité de notre continent et le bien-être de nos populations. L'histoire ne nous enseigne-t-elle pas à profusion que les lignes de fracture en Europe furent toujours à l'origine de tensions et de conflits. Par ailleurs, l'Alliance est encore interpellée par une autre sollicitation. Les progrès de l'intégration économique et politique de l'Europe suscitent par eux-mêmes un besoin grandissant d'identité européenne en matière de défense et de sécurité. Au sein de cette Organisation également, l'identité européenne peut être renforcée dans un esprit de solidarité transatlantique. Monsieur le Secrétaire Général, Mesdames et Messieurs, Alors que l'Alliance se trouve au seuil d'une phase nouvelle de son existence, je tiens à répéter ici, solennellement, que la Belgique maintiendra ses efforts pour que l'OTAN puisse assumer sans relâche son rôle de garant de la paix. Depuis plus de trente ans l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord s'est fixée à Bruxelles. Elle y est bien enracinée et une longue tradition de coopération et de dialogue s'est établie entre son Secrétariat et mon pays. Lorsque nos amis d'Europe Centrale et Orientale, avec lesquels nous avons désormais tant d'affinités, auront rejoint l'Alliance, ou auront développé avec elle des liens privilégiés, alors encore mon pays se sentira appelé à accueillir cette OTAN renouvelée. En tant que pays hôte, la Belgique, comme par le passé, ne ménagera aucun effort pour assurer le bon fonctionnement de l'Alliance du 21ième siècle.