[ NATO SPEECHES ]

Rencontre
avec le
Conseil
de l'OTAN

Bruxelles
21 févr. 1997


Intervention

du Premier Ministre de la République de Pologne, Monsieur Wlodzimierz Cimoszewicz à la rencontre avec le Conseil de l'OTAN


Cimoszewicz
(16Kb)

Monsieur le Secrétaire Général,
Mesdames et Messieurs,

C'est avec une grande satisfaction que je m'adresse aujourd'hui à vous, Mesdames et Messieurs. Nous savons combien est tendu et rempli le calendrier de l'OTAN et nous apprécions cette possibilité de pouvoir vous rencontrer. Nous estimons qu'elle témoigne du niveau et de l'intensité qu'ont atteint la coopération et le dialogue entre la Pologne et l'OTAN.

Je voudrais profiter de cette occasion pour traiter des problèmes qui, à la lumière du Sommet de l'OTAN de Madrid, sont particulièrement importants pour la Pologne.

Je ne pense pas être obligé de cacher que la Pologne compte se trouver parmi les Etats qui dans quelques mois seront invités aux négociations sur l'adhésion à l'OTAN. Je pense que nous avons mérité le droit d'exprimer ouvertement cette attente. Nous l'avons acquis grâce à plus de sept ans d'efforts intenses pour transformer la Pologne en véritable démocratie, créer une économie du marché efficace, fonder nos relations avec tous les voisins sur les principes de bon voisinage et de coopération pacifique et procéder à une réforme approfondie de notre système de défense de sorte à ce qu'il réponde aux standards démocratiques. Aujourd'hui, quelques mois avant le Sommet de Madrid, je peux dire avec fierté que la Pologne remplit tous les critères de membre de l'OTAN.

En Pologne, nous avons souvent des opinions différentes à des sujets divers. Nous devons surmonter une histoire difficile et résoudre des problèmes difficiles. Mais il existe des questions au sujet desquelles presque tous les Polonais sont du même avis. L'adhésion à l'OTAN en est une. L'objectif du gouvernement et du peuple polonais est clair: nous voulons, à partir d'avril 1999, être membre à pleins droits de l'Alliance atlantique.

Nous n'avons cependant jamais peru l'élargissement de l'OTAN comme un but en soi. Pour nous ce fut toujours l'élément d'un grand et complexe effort visant à créer la nouvelle architecture de la sécurité européenne. Et ce n'est pas de la simple rhétorique: en témoigne l'ensemble de notre politique étrangère des dernière sept années.

Nous savons que les Etats de l'OTAN partagent notre position sur le vaste contexte de l'élargissement. Nous apprécions vos efforts visant à l'adaptation interne et externe de l'Alliance afin de mieux la préparer au rôle de pilier clé du nouveau système de la sécurité en Europe. Nous espérons que le Sommet de Madrid couronnera ces efforts de succès.


Council
(23Kb)
Nous accueillerons aussi avec une véritable satisfaction la signature, au cours du Sommet, de l'accord entre la Russie et l'OTAN. Nous apprécions et nous soutenons la patience et l'effort de l'OTAN et de ses Etats membres pour atteindre avec la Russie cet objectif. Nous croyons que l'accord Otan-Russie deviendra un des piliers de la nouvelle structure euro-atlantique de sécurité. Cet objectif ne sera atteint cependant que si l'accord satisfait non seulement la Russie, l'OTAN ou bien aussi certains de ses Etats membres mais tous les Etats européens qui de bonne foi apportent leur contribution à la construction de cette structure. C'est pourquoi le dialogue avec la Russie doit être transparent tandis que les voix et les angoisses des Etats qui n'y participent pas doivent être constamment prises en considération. Les résultats du dialogue ne doivent en aucun cas limiter - ni aujourd'hui ni dans le futur - la liberté des autres Etats à former leurs rapports avec l'OTAN conformément à leurs propres besoins et aspirations. Dans le système de sécurité coopérative il n'y a pas de place pour la géopolitique, les sphères d'influence, les procès-verbaux secrets ou bien "le concert des puissances". Nous croyons que nos partenaires de l'OTAN partagent cette opinion. Nous espérons que la Russie pense de même.

Je voudrais souligner aujourd'hui, et je suis certain, que nos partenaires russes seraient d'accord avec moi que malgré les différences sur l'élargissement de l'OTAN, les rapports polono-russes sont ceux de bon voisinage et libres de conflits. Nous poursuivons et développons un dialogue politique systématique et fructueux. En 1996, aussi bien le président polonais que le premier ministre ont effectué une visite à Moscou. Notre coopération économique vit une période de véritable conjoncture. Nos rapports transfrontaliers avec la Russie se développent de même que les intenses contacts sur le plan interhumain. Celui qui connat les rapports actuels polono-russes ne peut pas dire que nous essayons de tracer en Europe de nouvelles lignes de partage ou bien que nous essayons d'isoler la Russie. Nous croyons que l'adhésion de la Pologne à l'OTAN ne dégradera pas mais contribuera à renforcer les liens entre nos pays.

Nous savons que la question des armes nucléaires occupe une place importante dans le dialogue OTAN-Russie. Je tiens à souligner encore une fois que nous partageons pleinement la philosophie de l'OTAN sur le stationnement des armes nucléaires sur le territoire de nouveaux Etats membres. Nous ne voyons pas le besoin de leur stationnement sur notre territoire et nous n'envisageons pas de changer notre position dans l'avenir. Nous nous opposerons néanmoins fermement à tout accord qui ferait de la Pologne un Etat membre de l'OTAN de seconde catégorie.

Dans ce contexte nous observons attentivement et nous prenons une part active aux entretiens sur l'adaptation du Traité FCE. Nous nous rendons compte que le Traité doit être adapté à la situation changeante en Europe. Nous sommes prêts à contribuer à l'accord qui augmenterait la sécurité de tous les Etats sans préjuger les conditions de la future adhésion de quiconque d'entre eux à l'OTAN.

Nous espérons qu'au Sommet de Madrid nous serons témoins de la signature d'un accord spécial entre l'OTAN et l'Ukraine. L'Ukraine, souveraine et démocratique, est l'un des facteurs clé de la sécurité et de la stabilité en Europe. Le passé des Polonais et des Ukrainiens était difficile et souvent violent. Aujourd'hui nous partageons les mêmes valeurs et objectifs et nous tachons de construire ensemble notre avenir.

Les relations polono-ukrainiennes de même que polono-allemandes démontrent qu'en Europe centrale et orientale même le passé le plus tragique ne doit pas être un obstacle pour une véritable amitié entre les peuples. La Pologne est à présent et le sera comme membre de l'OTAN un important pilier de la stabilité dans la région connue de par le passé comme "tonneau de poudre" européen.

Bien que nous escomptions entamer bientôt avec l'OTAN les négociations sur notre adhésion, nous apprécions l'importance du programme Partenariat pour la paix et nous n'envisageons pas limiter notre participation à ce programme. Les opérations de l'IFOR et du SFOR ont témoigné de l'importance du Partenariat pour la sécurité et la paix sur notre continent. Elles ont démontré aussi qu'il est nécessaire de définir les rapports entre les Alliés et les Etats partenaires. Nous avons accueilli avec satisfaction les courageuses décisions de l'OTAN en vue d'approfondir et d'élargir la coopération dans le cadre du Partenariat pour la paix. Dès le début nous avons soutenu l'idée de créer le Conseil du Partenariat atlantique. Nous sommes prêts à coopérer avec les membres de l'OTAN et les Etats partenaires afin de réaliser rapidement cette initiative. Nous croyons que le Sommet de Madrid sera le forum le plus approprié pour son initiation.

D'après nous, indépendamment de la forme que prendra définitivement le Conseil du Partenariat atlantique, il doit satisfaire les aspirations et les intérêts divers des Etats partenaires en leur assurant une portée vaste et différenciée de coopération militaire et politique. La différenciation des relations politiques entre l'OTAN et les pays partenaires deviendra un fait au moment de la signature par la Russie et l'Ukraine /qui comme nous l'espérons, entreront au sein du Conseil du Partenariat atlantique/ de leur accord avec l'OTAN. Nous estimons qu'aussi les autres Etats partenaires devraient avoir la possibilité - dans le cadre de ce Conseil - de former leurs relations politiques avec l'OTAN conformément à leurs besoins spécifiques.

Bien sur le Conseil du Partenariat atlantique, bien qu'il contribue au rapprochement entre les Etats de l'OTAN et les Etats partenaires, ne doit pas pour les Etats aspirant à adhérer à l'OTAN devenir un substitut permanent de la participation à l'Alliance. L'OTAN devrait rester ouvert pour les nouveaux membres aussi après le premier tour de son élargissement. Aucun pays remplissant les critères d'adhésion, voulant et étant en même temps en mesure de contribuer à la réalisation de la mission de l'Alliance, ne devrait être a priori exclu du processus de l'élargissement en raison de sa position géographique ou de l'opposition des parties tierces.

Mesdames et Messieurs,

Nous avons fait un long chemin en préparant la Pologne à l'adhésion à l'OTAN. Nous nous rendons cependant compte du fait que bien que la Pologne remplisse les critères, il reste encore beaucoup à faire pour que les forces armées polonaises et l'ensemble du système défensif puissent devenir inter-opérationnels avec ceux de l'OTAN. Nous ferons tout notre possible pour atteindre ce but aussi vite que possible. Car nous voulons devenir un allié fort et digne de confiance, prêt à apporter sa contribution à la réalisation de toutes les missions de l'Alliance. Dernièrement nous avons entrepris des efforts institutionnels et organisationnels pour intensifier et coordonner les activités de toutes les agences gouvernementales responsables pour les questions liées à notre coopération et à la future intégration à l'OTAN.

Nous sommes profondément conscients des changements qu'a subis aussi bien l'OTAN que sa mission depuis le temps de la guerre froide. Nous comprenons les engagements que nous serons tenus à prendre en tant que membre de la nouvelle Alliance. Aspirant à devenir membre de l'OTAN, nous ne sommes pas mus par le désir de nous réfugier face à une menace directe quelconque car nous ne voyons aucune. Ni les complexes historiques ni la peur ne nous inspirent. En tant que membre de l'OTAN nous voulons conjointement avec nos Alliés entreprendre tous les défis présents et futurs pour la sécurité européenne au sens large de ce terme. J'estime que nos motifs seront le mieux et le plus brièvement illustrés par les paroles dont je me suis servi l'année dernière à Varsovie pendant la rencontre avec Monsieur le Secrétaire Général Solana: nous voulons adhérer à l'OTAN pour les mêmes raisons pour lesquelles vos Etats ne veulent pas la quitter.


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