[ NATO SPEECHES ]

Réunion du
Conseil de
l'atlantique
nord

QG OTAN
Bruxelles
10 déc 1996


NATO Star

Allocution

du Président d'Honneur
l'Honourable Lloyd Axworthy
Ministre des affaires Étrangères canadien
à l'ouverture
du Conseil de l'atlantique nord (NAC)




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Je suis très heureux de vous accueillir à cette réunion du Conseil de l'Atlantique Nord en session ministérielle.

Je voudrais d'abord exprimer notre reconnaissance au Secrétaire général pour le dévouement, la vigueur et l'inspiration dont il a fait montre durant sa première année à ce poste.

Notre réunion se tient à ce qui me semble tre un tournant dans l'histoire de notre organisation. Les décisions que nous prendrons durant l'année qui vient auront un impact significatif durable. Ces dernières années, le monde a été témoin d'un repositionnement géopolitique majeur. Les plaques tectoniques des relations internationales se sont réalignées et, comme cela se produit toujours quand deux plaques se rencontrent, le phénomène a libéré des forces d'une amplitude spectaculaire.

Les secousses secondaires se font encore sentir, mais un nouveau paysage est en train d'émerger. De nouveaux pays ont pris forme, et, aux quatre coins du globe, les gens ont pu faire entendre leur voix comme jamais cela n'avait été possible auparavant.

Il nous appartient maintenant de donner une forme et une structure plus permanentes à ces changements. Nous devons déterminer comment nous pouvons instaurer la sécurité à long terme dans ce nouveau paysage. Durant la présente réunion, nous enclencherons les prochaines étapes du processus d'inclusion de nouveaux membres d'Europe centrale et orientale à l'OTAN. Ce faisant, nous devons aussi nous assurer que de telles décisions renforcent le système de sécurité internationale dans l'ensemble de la communauté transatlantique, et qu'elles développent un sentiment nouveau de coopération entre les membres et les non-membres de l'OTAN.

Collectivement, nous avons déjà introduit des changements importants à l'OTAN et nous avons mis en branle d'autres processus de transformation:

  • Il y a eu tout juste un peu plus d'une année de paix en Bosnie, o les combats les plus violents dans l'Europe de l'après-guerre ont fait rage durant près de cinq ans. Cette paix a été arrachée en partie grâce aux sacrifices faits par les hommes et les femmes de l'IFOR

  • spécialement les 52 personnes de pays membres et non membres de l'OTAN qui ont payé cette paix de leur vie. Nous approuverons ici le mandat de la composante militaire internationale durant la prochaine phase critique du processus de paix en Bosnie. Et ce, avec comme toile de fond la lutte que continue de mener le peuple serbe pour se faire entendre.

  • Demain, nous célébrerons le cinquième anniversaire du Conseil de coopération nord-atlantique et, je l'espère, nous nous attaquerons à la prochaine phase du processus d'édification du nouveau partenariat transatlantique qui favorisera des liens plus solides entre l'OTAN d'une part et les pays non membres de l'Organisation, d'autre part.

Cela a été un prélude à la transformation plus vaste que nous rechercherons maintenant. Cinq principes devraient guider notre action dans cette entreprise.


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Premièrement, nous devons reconnatre que la notion de sécurité elle-même s'élargit. Nous sommes confrontés à tout un éventail de nouveaux défis en ce qui concerne la sécurité humaine - des droits de la personne aux enjeux du développement durable, aux conflits ethniques et à l'élimination des mines terrestres.

Ce sont là les questions sur lesquelles la nouvelle SFOR doit se pencher dans la transition du maintien de la paix à la consolidation de la paix en Bosnie. Le fait que des individus accusés de crimes de guerre restent en liberté est l'une des menaces les plus graves à l'instauration d'une paix durable. Si la SFOR quitte la Bosnie sans avoir contribué à l'arrestation de ces personnes, je crois que nous y aurons laissé les ingrédients qui pourront mener à de nouveaux conflits.

Nous devons aussi faire tout ce que nous pouvons pour aider et encourager les autorités bosniaques à éliminer entièrement la production et l'utilisation des mines terrestres. Tant que les gens ne pourront pas circuler et que les fermiers ne pourront pas cultiver leurs champs en toute sécurité, la reconstruction économique sera gravement entravée. Il est inadmissible qu'on continue de produire ces engins en Bosnie. Si nous réussissons, la Bosnie pourra servir de modèle dont pourra s'inspirer le monde entier pour éliminer entièrement ces armes sournoises dont sont victimes tant d'innocents.

Deuxièmement, il nous faut fonder les décisions en ce qui concerne l'élargissement sur des critères clairs et justifiables. Ceux qui sont invités à se joindre à l'OTAN doivent

  • avoir des gouvernements démocratiques stables et durables, qui ont démonté leur respect des droits de la personne et des principes de bon gouvernement;

  • exercer un contrôle manifeste et sans équivoque sur l'appareil militaire en plus de faire preuve de transparence et de responsabilité au niveau des budgets militaires et de leur administration;

  • avoir pleinement mis en oeuvre des solutions durables à tout différend qu'ils auraient avec des pays voisins;

  • enfin, attester de transformations économiques solidement implantées.

Les pays qui satisfont à ces critères pourront à la fois profiter de la sécurité de l'Alliance et y contribuer.

En troisième lieu, l'Alliance devrait conclure les arrangements appropriés maintenant et offrir le partenariat le plus large possible aux pays qui ne se joindront pas à nous cette fois. On ne servira pas la cause de la sécurité dans la zone de l'Alliance en traant de nouvelles lignes de démarcation en Europe.

L'Ukraine joue un rôle particulier dans l'Europe de l'après-guerre froide et l'Alliance devrait reconnaitre ce fait en lui accordant un partenariat distinctif.

Pour ce qui est de la région baltique, l'Alliance a , à son égard, une responsabilité particulière. Si les trois États baltes ne se joignent pas à l'Alliance dans la première vague, l'OTAN devrait adopter à leur égard une politique d'engagement actif. Nous pouvons aussi encourager la création de nouveaux rapports entre les États baltes et la Russie.

Manifestement, le défi le plus grand que doit relever l'OTAN dans ses rapports avec les États non-membres est la gestion de sa relation avec la Russie. Nous devons nous assurer que l'Alliance ne donne plus l'apparence d'une série de postes de commandement alignés de l'Arctique à la Méditerranée face à la Russie. Nous ne pouvons donner de garanties que la Russie acceptera l'élargissement. Nous devons toutefois nous assurer d'avoir pris toutes les mesures raisonnables pour répondre à ses préoccupations. Nous sommes aussi en droit de demander aux Russes eux-mêmes de regarder l'OTAN avec des yeux neufs.

Quatrièmement, le Canada croit que la reforme et le réalignement des structures de l'OTAN doivent aller de pair avec l'élargissement. L'OTAN était et reste une alliance défensive collective. Mais nous sommes dans une ère où la notion même de sécurité est en mutation, comme d'ailleurs le mandat de l'OTAN et, par voie de conséquence, ses structures.

Une structure de commandement réformée devrait diminuer les coûts de l'élargissement, donner à l'Alliance la souplesse dont elle a besoin pour relever de nouveaux défis de faons nouvelles, y compris par des opérations entièrement européennes, et signaler clairement que l'OTAN n'est plus déployée exclusivement pour contrer une menace massive venant de l'Est mais qu'elle fait plutt face à un éventail de défis qui appellent des solutions diverses.

De l'avis du Canada, ce n'est pas la nationalité des officiers qui commandent ou des membres de leurs états-majors qui importe - nous continuons de croire en une structure intégrée - mais plutt que l'OTAN puisse, de faon efficace, relever les nouveaux défis et renforcer aussi bien le rôle de l'Europe que l'engagement de l'Amérique du Nord.

En cinquième lieu, face à l'avenir, l'OTAN doit maintenir la transparence et l'égalité qui ont été ses plus grandes forces. Il n'est dans l'intérêt d'aucun d'entre nous d'affaiblir la solidarité de l'Alliance avec des décisions derrière des portes closes et la reconnaissance de statuts spéciaux.

L'histoire jugera notre Alliance non seulement sur la faon dont elle a combattu durant la guerre froide mais aussi sur l'ordre nouveau que nous aurons édifié à sa place. L'effort qui nous est demandé est grand, mais pas autant que les bénéfices qui en découleront.

Je vous remercie.


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