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Updated: 12-Mar-2001 NATO Speeches

Paris
21 juin 1990

La Sécurité Européenne et l'Avenir de l'Alliance

Discours du Secrétaire générale, Manfred Wörner
prononcé à l' Institut Français
des Relations Internationales

C'est un grand plaisir pour moi que de m'adresser aujourd'hui à un auditoire sélectionné par l'Institut Français des Relations Internationales. J'ai conscience de parler à beaucoup des meilleurs spécialistes français des questions internationales. Depuis sa fondation en 1978, l'IFRI a hautement contribué, sous la direction de Thierry de Montbrial, à promouvoir les études et les recherches internationales en France, et a encouragé les spécialistes français à se produire dans des rencontres internationales et à entreprendre avec des collègues étrangers des travaux en commun. Au premier rang de ces entreprises internationales ont figuré les travaux menés avec des instituts correspondants dans des pays de l'Alliance atlantique.

Je n'ai pas besoin de vous dire, Mesdames et Messieurs, à quel point nous sommes aujourd'hui dans un monde en mouvement, dans une Europe dont la configuration d'aujourd'hui aurait été impensable il y a un an, et dans une société internationale dans laquelle les notions traditionnelles ont donc besoin d'être réajustées par rapport à ces changements. 0 serait impensable, dans cette conjoncture, que l'Alliance atlantique, qui a si fortement contribué au maintien de la paix en Europe durant plus de 40 ans, se contente de célébrer cette réussite et qu'elle ne cherche pas à évoluer elle aussi. L'Alliance doit bâtir sur ses succès pour participer aussi pleinement au nouvel ordre européen qu'elle a participé à l'ancien.

Or, non seulement l'Alliance le doit-elle, mais elle le fait. Lors de nos fréquentes réunions récentes, nous avons jeté les bases d'une remise à jour de notre Alliance, tout en conservant ce qui fait l'essentiel de son apport à la sécurité européenne : un ferme point d'ancrage, permettant le maintien de la paix sur notre continent. La tâche est en effet complexe qui consiste à créer une nouvelle communauté des Etats en Europe, ce qui devrait être la conclusion logique de l'évolution qui se produit sous nos yeux depuis huit mois, si celle-ci se poursuit. Cette nouvelle communauté, que l'on peut qualifier, comme le Président Mitterrand, de "confédération", ou comme les Allemands, "d'ordre de paix européen", ou, comme les Américains, de "nouvelle architecture", devra reposer sur des principes clairement établis : la liberté, l'Etat de droit, la démocratie, appuyés sur l'égalité devant la loi, l'ouverture des frontières, l'auto-détermination et la protection des minorités. Ce sont ces principes qui comptent plus que les structures institutionnelles, car ce sont eux qui devront former la substance du nouvel ordre.

Il convient en effet de comprendre que le concept même de sécurité, à une époque comme la nôtre, ne peut être conçu que de manière plus globale, plus large, qu'à une période où existait une menace massive et clairement identifi-able. Aujourd'hui, la menace s'exprime davantage en termes de risques mul-tiples, multiformes, et plus difficiles à identifier, du fait du caractère imprévisible des développements en URSS. Qui peut aujourd'hui prédire comment l'Union soviétique se comportera, face aux défis formidables que représentent pour elle l'unité de son empire et l'affaiblissement de sa position internationale? L'instabilité et l'incertitude forment la toile de fond des développements à venir. Autant de risques potentiels contre lesquels il convient de nous garder. C'est là notre tâche. L'Alliance atlantique demeure donc, mais dans un sens plus large qu'auparavant, une Alliance pour la sécurité.

La sécurité des Etats membres de notre Alliance est donc moins que jamais une notion purement militaire, parce que les défis auxquels nous avons à faire face appellent des solutions qui dépassent très largement le cadre militaire. La sécurité implique aujourd'hui la stabilité, qui a évidemment des dimensions économiques et sociales, voire culturelles, aussi bien que des aspects militaires, la synthèse de ces aspects multiformes de notre sécurité ne pouvant, quant à elle, n'être que politique. Notre concept de sécurité en conformité avec l'appel universel du Traité de Washington ne peut pas ignorer et les nouveaux risques militaires et les défis posés par les évolutions dans le Tiers Monde; ceux-ci se caractérisent par les différences croissantes de richesse, une démographie explosive, la prolifération balistique, nucléaire et chimique. Je fais, en particulier, référence au Proche-Orient et au pourtour de la Méditerranée, dont l'évolution affecte directement la sécurité européenne. Joints aux conflits de l'avenir sur le partage des ressources mondiales, ces risques doivent donc figurer plus pleinement dans nos délibérations et dans nos consultations dans la mesure où ils affectent notre sécurité. Evidemment, il n'est pas question que l'OTAN se transforme en gendarme du monde, ni d'agir en tant qu'Alliance en dehors de notre zone géographique. Mais la sécurité est indivisible. Déjà, ce même Traité de Washington définissait aussi les tâches de notre Alliance, d'une manière générale, en faisant référence - je cite - aux "libres institutions" qu'il convenait de renforcer, et aux "principes sur lesquels ces institutions sont fondées" avant que d'en venir aux articles concernant l'attitude à prendre en cas d'attaque contre l'un des signataires. Notre Alliance n'est en effet nullement "un personnage à la recherche d'un rôle" : ses tâches sont bien fixées : elle doit maintenir la sécurité de ses membres. Elle doit cependant le faire dans des circonstances nouvelles, qui impliquent une adaptation.

Le Rapport Harmel contenait une observation fondamentale sur le dépassement de la division de l'Europe de l'après-guerre. Il y était souligné qu'aucun règlement définitif et stable en Europe n'est possible sans une solution de la question allemande, qui est au coeur des tensions actuelles en Europe. Tout règlement de ce genre devra faire disparaître les barrières artificielles entre l'Europe de l'Est et l'Europe de l'Ouest, barrières dont la division de l'Allemagne constitue la manifestation la plus évidente et la plus cruelle".

C'est pourquoi - ce stade aujourd'hui atteint - il est nécessaire de donner à la défense et au dialogue qui ont été définis par le Rapport Harmel comme les deux axes de la politique de l'Alliance atlantique une nouvelle dimension comprenant les deux volets traditionnels : la dimension de la coopération.
La défense demeure nécessaire, y compris dans sa composante dissuasive, ce n'est pas à un auditoire français que je l'apprendrai. Dans un monde de plus en plus instable, dans une Europe où le poids politico-militaire de l'Union soviétique demeurera considérable, il convient de s'assurer contre les dangers possibles. Quant au dialogue, il est depuis longtemps une règle d'or de nos diplomaties.

Nous sommes en route, si le cap est tenu, vers une Europe libre et entière, dont l'Alliance constituera un élément essentiel. Ce nouvel ordre demande en effet à être organisé de manière stable. A cette stabilité, notre Alliance peut apporter une contribution militaire. Ce sera l'objet de la première partie de mon exposé.

Et une contribution politique. Ce sera l'objet de ma seconde partie. C'est seulement ainsi que ce nouvel ordre de sécurité européen prendra son sens. Ce sera l'objet de la troisième partie de mon exposé.

  1. Maintenir la Contribution Militaire de L'Alliance à la Stabilité Européenne

Face aux risques que j'ai évoqués plus haut, notre Alliance doit évidemment ajuster sa stratégie, son rôle militaire, au changement des circonstances, tout en ne perdant pas de vue ses principes de base, qui demeurent valables : nous continuerons à avoir besoin d'un mélange adéquat de forces nucléaires et conventionnelles. L'arme nucléaire continuera de réduire le danger de conflagration militaire parce qu'elle fait courir à l'agresseur potentiel des risques crédibles, inacceptables et incalculables. Elle rend donc l'agression absurde. La dissuasion constitue donc toujours le dernier rempart de la sécurité, et cela même dans une situation où le niveau des forces conventionnelles en Europe serait plus proche de la parité. Par conséquent, un minimum d'armes nucléaires sera indispensable à l'avenir pour prévenir la guerre. La dénucléarisation de l'Allemagne ou même de toute l'Europe nous exposerait au chantage nucléaire et rendrait une guerre conventionnelle de nouveau possible. L'élimination totale des armes nucléaires ne reviendrait pas à accroître la sécurité, mais à la diminuer. Toutefois nous allons réduire de manière sensible et les catégories et le nombre d'armes nucléaires. Le Président Bush a à cet égard émis un signal positif en décidant de renoncer à la modernisation des armes nucléaires à courte portée en Europe. Les négociations imminentes sur les forces nucléaires à courte portée doivent nous permettre de nous entendre avec les Soviétiques sur un concept commun de dissuasion minimale.

Les quinze Etats participant à notre système commun de planification de la défense ont décidé lors de la dernière réunion du Comité des Plans de Défense de réévaluer notre stratégie militaire afin de l'adapter aux circonstances nouvelles.

Cela sera facilité par le rééquilibrage et la réduction des forces conventionnelles en Europe, qui devraient constituer le résultat principal du traité FCE dont nous espérons la conclusion cette année. Dans ce contexte, il faudra changer l'application de la doctrine de la défense de l'avant pour tenir compte des réalités nouvelles. Ce sera l'une des tâches du réexamen que je viens de mentionner que d'examiner les modalités de ce changement. A l'avenir nous devrons maintenir notre mission de prévention de la guerre et de défense avec moins d'hommes et moins d'armes, et moins de préparation et de manoeuvres, tout en dépendant davantage que par le passé de notre capacité de mobilisation.

Une organisation militaire fondée sur de plus petits nombres a en effet particulièrement besoin de concentration et de capacité d'action rapide. Nous aurons donc de plus en plus besoin d'unités mobiles, flexibles, à déploiement rapide. Dans ce contexte, et vu la réduction du nombre des troupes, il conviendra de créer des unités multinationales intégrées au niveau du corps et de la division. De même faudra-t-il augmenter nos capacités d'interopérabilité et évidemment notre coopération en matière d'armements. C'est la réponse aux bouleversements actuels.

Cependant, c'est au rôle politique de notre Alliance qu'il faut maintenant attacher la plus grande importance.

  1. Une Contribution Politique de Plus en Plus Importante à la Stabilité

Je l'ai dit en commençant cet exposé, la dimension politique de là sécurité l'emporte aujourd'hui sur les autres. Le facteur militaire de la puissance internationale décroît aujourd'hui relativement aux autres déterminants de la puissance, et ce sont les crises et les tensions politiques, l'injustice, la répression, la dictature, la détermination d'employer la force et la volonté de domination politique qui constituent le véritable danger pour la paix. Nous sommes fermement convaincus que la paix n'a pas de meilleure garantie que des sociétés ouvertes et démocratiques, dont le développement économique est assuré. Il est donc essentiel, dans le cadre d'une politique de sécurité, d'aider les mouvements réformateurs en Europe centrale et orientale, ainsi qu'en URSS, et de contribuer ainsi à la démocratisation, à la prospérité et à la coopération dans cette zone. Le soutien à la réforme constitue donc un volet essentiel de cette dimension politique de la sécurité dont je pense qu'elle devient centrale, et qui garantit à mes yeux le meilleur type de sécurité. Dans cette optique, l'unification de l'Allemagne peut apporter une contribution essentielle, car elle représente le symbole de la réforme et du dépassement de la division de l'Europe en deux, division dont celle de l'Allemagne constituait le centre.

Notre Alliance, quant à elle, est la seule institution qui puisse envisager les questions politiques et de sécurité dans une dimension transatlantique. Elle constitue le garant de la présence américaine en Europe, dont nous savons qu'elle demeure indispensable à la stabilité de notre Continent. Il convient que les Etats-Unis participent pleinement à l'élaboration et à la mise en oeuvre du nouvel ordre européen.

L'Alliance atlantique a par conséquent un rôle éminent à jouer pour coordonner la politique de ses pays membres dans le domaine des rapports Est-Ouest comme dans le domaine des relations transatlantiques. Elle apporte une contribution essentielle à l'articulation d'une coopération avec les pays de l'Est, pour parvenir à un ordre de paix paneuropéen, et pour poursuivre et vérifier le processus de maîtrise des armements; et, "last but not least" à l'ancrage d'une Allemagne unie dans les structures de sécurité de l'Occident. Sa tâche essentielle consiste aujourd'hui à construire la paix autant qu'à la préserver. Elle est devenue un modèle unique et exemplaire de gestion collective de la sécurité entre des pays libres. Elle a créé un partenariat politique aussi bien que militaire entre des Etats souverains qui à l'avenir tirera sa validité de la recherche en commun de solutions collectives aux problèmes de demain.

L'unité de l'Allemagne a toujours constitué l'un des objectifs essentiels de notre Alliance, et nous nous félicitons évidemment des progrès effectués dans cette direction. Nous souhaitons que les pourparlers "2 + 4" parviennent à un règlement définitif qui n'impose plus aucune limitation à la souveraineté
allemande. C'est pourquoi notre Alliance affirme le droit de l'Allemagne, que lui reconnaît l'Acte Final d'Helsinki, de participer à l'Alliance qu'elle choisira. L'Alliance soutient entièrement les points sur l'unité allemande que le Président Bush a définis sur la base de consultations approfondies avec les Alliés. L'Allemagne unie doit être membre de l'OTAN, mais nous tenons compte des intérêts légitimes de l'URSS en lui donnant des garanties de sécurité valables.
L'Europe - et donc aussi l'Union soviétique - gagnera en stabilité du fait de cette solution. Nous n'exigeons rien de l'Union soviétique qui soit susceptible de lui nuire. Ce que nous lui proposons est dans son intérêt. Pourquoi ? Parce que cette solution ne menace pas l'Union soviétique mais, au contraire, lui donnera à la longue des partenaires voire des amis dont elle a un besoin pressant pour sortir de son isolement. Je suis certain que cette conception fera son chemin à Moscou, d'autant que plusieurs membres du Pacte de Varsovie partagent nos vues sur ce point.

  1. Un Nouvel Ordre Européen de Coopération

Pour réussir, ce nouvel ordre doit se fonder sur des institutions déjà existantes. Je pense en particulier à trois institutions: la Communauté européenne, l'Alliance atlantique et la CSCE.

La Communauté européenne

C'est le modèle le plus porteur d'avenir et le plus prestigieux d'une intégration d'Etats ayant pour objectif l'union politique et pour perspective l'association d'autres Etats européens, voire la réalisation d'une confédération européenne. La Communauté européenne a un rôle essentiel à jouer comme facteur de réussite économique et moteur d'une unité économique et politique européenne à venir. Son dynamisme créateur, qui est extraordinaire, en fait une structure de soutien essentielle pour l'Europe de demain, qui s'étendra au-delà de ses propres frontières à l'Europe centrale et orientale. La CEE a eu le rôle unique de diriger les énergies nationales des grands pays industriels de l'Europe vers des directions nouvelles, et d'amarrer l'Allemagne à un cadre politique et économique qui peut maintenant inclure le territoire de la RDA. Tout ordre européen implique donc la réalisation du Grand Marché Intérieur, et également des compétences accrues de la CEE dans le domaine de la politique étrangère et de la sécurité. C'est seulement ainsi que toute l'Europe pourra bénéficier du considérable dynamisme de la Communauté. Il n'y a aucune rivalité entre l'Alliance atlantique et la Communauté européenne. Elles se complètent l'une l'autre. L'Alliance atlantique a intérêt à voir émerger une Europe forte et unie. Plus les membres européens de notre Alliance s'uniront, plus ils contribueront de manière concrète à notre Alliance, et plus réels seront leur influence et leur rôle au sein de l'OTAN. Les points sur lesquels les domaines de compétence de la CFE et de l'Alliance se recoupent peuvent appeler une coordination, mais ne nécessitent pas d'institutions nouvelles.

L'Alliance atlantique

Deuxième institution, l'Alliance est indispensable à tout nouvel ordre de sécurité européen. Ni la CEE, ni la CSCE, ne peuvent remplir les tâches politiques et militaires de notre Alliance. Il est incontestable que notre Alliance est en mutation. Elle évolue dans le temps et avec le temps. Depuis deux ans déjà, elle s'adapte à la nouvelle donne de la définition des tâches, de l'ordre du jour et de la politique. Ce processus se poursuit. Le centre de gravité de notre Alliance se déplace, passant :

  • de la confrontation à la coopération,

  • du militaire au politique,

  • de la dissuasion à la protection contre le risque et à la garantie de la stabilité,

  • du maintien de la paix à la construction de la paix,

  • d'une situation où les Etats-Unis assumaient la plus large part des responsabilités à un authentique partenariat, au sein duquel les Européens jouent un rôle d'une égale importance.

La CSCE

Troisième institution, la CSCE nous offre les grandes lignes d'une future architecture de coopération européenne. Elle est en effet la seule à rassembler 35 Etats et à leur permettre de façonner concrètement leurs relations. Aujourd'hui, elle lie les Européens, les Nord-Américains, et les Soviétiques, dans un code de comportement commun. Mais elle peut devenir davantage. C'est ce que recouvre l'expression "d'institutionnalisation", qui a connu une grande fortune récemment.

L'institutionnalisation revient à donner un cadre à des consultations régulières sur la politique de sécurité, les mesures de confiance, la prévention des crises, et le règlement pacifique des conflits, en particulier dans les zones où l'affaissement du Pacte de Varsovie a laissé un vide. Il faut en effet éviter l'isolement d'un certain nombre de pays d'Europe centrale et orientale, qui souhaitent participer légitimement à la construction de l'Europe de demain. Ces Etats ont besoin d'une institution dans laquelle leur voix soit entendue et qui contribue à leur sécurité. La CSCE doit donc devenir un organisme réellement consultatif. Il faut donc renforcer les procédures de consultation permanente entre les 35 Etats, pour que la CSCE puisse aborder tous les problèmes qui affectent ses Etats membres. Un secrétariat international léger pourrait contribuer à la permanence de la CSCE, en organisant et en préparant ces consultations.

Même à l'avenir, la CSCE ne pourra pas se substituer à l'Alliance atlantique. Elle n'a pas les moyens de prendre et de faire exécuter des sanctions; car chacun des 35 Etats y dispose d'un droit de veto. Les intérêts de chacun de ses membres, leurs structures sociales, et leurs systèmes de valeurs sont trop différents les uns des autres pour leur permettre en cas de crise de garantir
conjointement la sécurité et d'imposer des solutions, surtout si l'un ou plusieurs d'entre eux sont impliqués dans cette crise. Cela ne diminue en rien l'importance de la CSCE en tant que cadre propre à créer la confiance et à promouvoir la coopération. Elle peut contribuer par exemple à résoudre pacifiquement les crises entre Etats nées de problèmes nationaux, dont on voit bien qu'elles constituent une cause d'instabilité en Europe centrale et orientale. A cet égard, rendre obligatoires certaines dispositions de la Troisième Corbeille pourrait être utile. La mise en forme juridique des engagements humanitaires pris par les 35 constituerait un facteur de réduction des tensions. De même, sont utiles et doivent être développés les mesures de confiance et les échanges d'information, qui créent des habitudes de vivre ensemble. Mais la CSCE, comme je l'ai dit, ne peut se développer que si elle s'appuie sur l'existence de notre Alliance. C'est là sa force. C'est là aussi sa limite.

* * *

II convient, pour assurer à l'Europe une sécurité véritable, stable et durable, de faire en sorte que les intérêts légitimes de tous les Etats européens - y compris l'URSS - soient intrinsèquement reconnus dans toute réorganisation de l'Europe. Les pays de l'Alliance se sont déclarés "prêts à contribuer activement à l'édification et au resserrement des relations de confiance entre tous les pays européens, y compris entre les membres des deux Alliances".

L'Alliance atlantique tend la main à ses partenaires de toute l'Europe pour créer un système européen qui satisfasse les exigences de sécurité de chacun, sans souci de triomphalisme. Elle est prête, sérieusement et pratiquement, à coopérer dans ce but. L'Europe se trouve devant une alternative fondamentale : ou elle retombe dans l'ancien système politique de puissance et d'équilibre de la puissance des siècles passés, ou elle avance sur la voie d'un nouvel ordre de paix et de liberté résultant d'une coopération internationale ou supranationale. Notre choix est clair : nous allons de l'avant. Notre Alliance est, avec la Communauté européenne, le modèle le plus accompli de ce partenariat entre Etats. Elle est et demeure notre meilleure garantie d'un avenir sûr et libre.

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