L'OTAN
annonce la mise en oeuvre
d'un programme de construction aéronautique
de 550 millions de dollars
Déclaration
de Lord Ismay
Aujourd'hui, au cours de la première réunion de la Session
Ministérielle, j'ai pu annoncer qu'après dix mois d'études
et de travail acharné, des contrats portant sur plus de 550 millions
de dollars ont été passés pour la fabrication en
Europe d'appareils de combat destinés aux forces aériennes
alliées. Presque tous ces appareils seront livrés d'ici
juin 1956. Permettez-moi de dire comment nous avons pu obtenir ce résultat.
A la Conférence de Lisbonne, il avait été décidé,
comme vous le savez certainement, de créer un Secrétariat
International, dont l'une des tâches devait être de constituer
la mise au point de programmes coordonnés de production de défense,
en Europe..
En juin dernier, deux mois à peine après le transfert à
Paris du siège de l'OTAN, le Gouvernement des Etats-Unis a communiqué
au Secrétariat International la première de ses propositions.
Il lui a fait savoir que si les pays européens de l'OTAN parvenaient
à mettre au point un plan rationnel d'accroissement de leur production
d'avions militaires, il serait disposé de son côté
à passer avec ces pays des contrats off-shore, à condition
que leurs gouvernement trouvent les fonds supplémentaires nécessaires
pour que ce programme vaille d'être lancé.
En juillet dernier, le Secrétariat International a soumis au Conseil
les résultats de ses travaux et celui-ci en a souligné l'intérêt
auprès des gouvernements.
Ce plan prévoyait la production d'appareils militaires en Belgique,
en France, en Italie, aux Pays-Bas, et au Royaume-Uni. Il a donné
lieu par la suite à de longues négociations bilatérales
au cours desquelles furent débattus de nombreux problèmes
financiers, techniques et de production. Tous ces problèmes ayant
été résolus de façon satisfaisante, le Gouvernement
des Etats-Unis à maintenant signé des contrats off-shore
d'un montant de 281.540.000 dollars pour l'achat d'appareils militaires,
en Belgique, en France, aux Pays-Bas et au Royaume-Uni. En outre les négociations
pour la passation d'un contrat avec l'Italie sont sur le point d'aboutir.
Ces contrats prévoient la livraison d'un nombre important d'avions
britanniques Hawker du type "Hunter" et d'avions français
du type "Mystère". La commande la plus importante que
se chiffre à 140 millions de dollars porte sur la construction
au Royaume-Uni d'intercepteurs Hawker du type "Hunter". Avec
la France, les Etats-Unis ont passé un contrat d'un montant de
86.540.000 dollars pour l'achat de chasseurs intercepteurs à réaction
Dassault du type "Mystère" Mark IV.
Pour la première fois des appareils Hawker du type "Hunter"
seront également construits dans les pays de l'Europe continentale
en vertu de contrats passés par les Etats-Unis avec la Belgique
et les Pays-Bas pour un total de 42 millions de dollars, le Royaume-Uni
ayant accepté d'accorder les licences de fabrication nécessaires.
Le contrat passé entre les Etats-Unis et les Pays-Bas, sous réserves
de la confirmation par le Gouvernement néerlandais, porte sur une
somme de 18 millions de dollars et celui qui a été passé
avec la Belgique sur une somme de 24 millions de dollars.
Aux termes du contrat qu'elle négocie actuellement et dont les
modalités de détail restent à régler, l'Italie
sera chargée du montage du chasseur tous temps américain
F86D.
Outre ces divers accords, la marine américaine a signé
avec le Gouvernement du Royaume-Uni, dans le cadre du programme d'achats
off-shore, un contrat de 13 millions de dollars pour l'achat d'appareils
Hawker du type "Sea Hawk". Cet appareil qui avait été
conçu et mis au point par la Royal Navy est destiné à
remplacer en partie les intercepteurs déclassés actuellement
en service sur les portes-avions.
De leur côté, les gouvernements belge et néerlandais
ont décidé d'acheter pour une somme de 117 millions de dollars
des intercepteurs Hawker du type "Hunter" qui seront construits
dans ces deux pays aux termes d'un accord de coopération. La participation
des Pays-Bas est subordonnée à l'approbation de leur Gouvernement.
Le Gouvernement français a placé des commandes d'un montant
de 91 millions de dollars pour l'achat d'appareil de soutien des opérations
au sol et d'intercepteurs Dassault du type "Mystère"
Mark II et IV.
Le Royaume-Uni a placé des commandes pour la production d'appareils
d'interception Vickers Supermarine "Swift" pour un total de
70 millions de dollars.
En plus de ces contrats, la Belgique, les Pays-Bas et la Norvège
ont décidé de procéder à l'achat d'un nombre
important de chasseurs tous temps.
Il convient de souligner que ces fonds consacrés à la fabrication
de certains types d'appareils militaires, ne représentent qu'une
partie des dépenses que les pays européens membres de l'OTAN
affectent à leur production aéronautique. Dans certains
pays, de vastes programmes de production aéronautique avaient déjà
été adoptés avant que ce programme commun ne leur
fût proposé.
Jusqu'ici certains pays, pour équiper leur forces aériennes,
étaient, dans une certaine mesure, tributaires des avions que leur
livraient les Etats-Unis. Non seulement cette situation est dangereuse
du point de vue logistique, mais encore l'entretien et le remplacement
des avions de construction américaine viennent grever lourdement
les ressources en dollars déjà limitées des pays
européens. Six gouvernements Alliés ayant maintenant décidé
de mettre en commun, pour une entreprise commune, leurs ressources, leurs
moyens de production, leurs techniques, leur main d'oeuvre et leurs ressources
financières, non seulement l'industrie aéronautique européenne
s'en trouvera puissamment renforcée, mais encore les forces aériennes
de l'Atlantique Nord pourront être dotées des appareils les
plus modernes et l'OTAN aura fait un grand pas vers la mise sur pied de
ses forces de défense.
C'est là le premier exemple d'une vaste coordination des programmes
de production militaire à partir d'un plan international conçu
par l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord. Ce programme
coordonné qui est déjà passé dans le domaine
des réalités est une nouvelle preuve de la volonté
des Gouvernements membres de travailler en commun à leur défense
commune. Ces Gouvernements sont bien décidés à faire
en sorte que ce programme ne soit que le premier de toute une série
de programmes semblables.

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