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Mise à jour: 19-Mar-2002 Revue de l'OTAN

eDITION Web
Vol. 49 - No. 4
Hiver 2001/2002
p. 6-7

Aider l'Amérique

Christopher Bennett (1) analyse la façon dont l'Alliance a aidé les Etats-Unis depuis le 11 septembre et contribué à la campagne contre le terrorisme.


Décollage: cinq avions AWACS de l'OTAN ont été déployés aux Etats-Unis en soutien des opérations menées contre le terrorisme
( © Reuters - 35KO)

Au cours des mois qui ont suivi les attentats terroristes dans lesquels des avions de ligne détournés se sont écrasés sur le Pentagone et le World Trade Center, les membres de l'Alliance et les Partenaires se sont rangés derrière les Etats-Unis, dans une manifestation de soutien et de solidarité sans précédent. L'invocation de l'Article 5 dès le lendemain des attentats, l'envoi aux Etats-Unis d'avions du système aéroporté de détection et de contrôle (AWACS) de l'Alliance et la préparation à un éventuel rôle dans des opérations humanitaires en Afghanistan ont démontré, au-delà des mots, l'unité de l'Europe et de l'Amérique face à des défis de sécurité communs.

La décision du 12 septembre d'invoquer l'Article 5 du Traité de Washington, clause centrale de la charte fondatrice de l'OTAN aux termes de laquelle une attaque armée contre l'un des Alliés survenant en Europe ou en Amérique du Nord sera considérée comme une attaque dirigée contre eux tous, reste l'expression la plus profonde de la solidarité de l'Alliance. D'abord prise à titre provisoire, en attendant qu'il fût établi que les attaques lancées contre les Etats-Unis étaient dirigées de l'étranger, cette décision a été confirmée par le Secrétaire général de l'OTAN, Lord Robertson, le 2 octobre, après que des envoyés des Etats-Unis eurent rendu compte au Conseil de l'Atlantique Nord (CAN) des résultats des enquêtes effectuées au sujet de ces attaques.

Bien peu des pères fondateurs de l'Alliance auraient pu imaginer que la première invocation de l'Article 5 suivrait une attaque contre les Etats-Unis plutôt que contre un Allié européen. Cependant, tous auraient certainement été impressionnés par la rapidité de la réaction et l'ampleur de l'unité dont cette réaction a témoigné. La décision historique du CAN n'a d'ailleurs été que l'une des nombreuses démonstrations de soutien aux Etats-Unis et condamnations des attentats qui se sont exprimées au siège de l'OTAN dans les jours qui ont suivi le 11 septembre.

Le 12 septembre également, les 46 membres du Conseil de partenariat euro-atlantique - les 19 Alliés et les 27 Partenaires - ont condamné sans réserve ces attentats, aussi atroces qu'insensés, où ils ont vu une attaque contre leurs valeurs communes. En même temps, ils ont déclaré qu'ils ne toléreraient pas que ces valeurs soient menacées par ceux qui suivent la voie de la violence et se sont engagés à tout mettre en œuvre pour combattre le fléau du terrorisme. Le 13 septembre, le Conseil conjoint permanent OTAN-Russie a condamné les attentats et marqué son accord sur la nécessité d'une coopération OTAN-Russie dans la lutte contre le terrorisme international. Le 14 septembre, la Commission OTAN-Ukraine a condamné les attentats commis contre les Etats-Unis, et, dans une déclaration publiée à l'issue de la réunion, l'Ukraine a annoncé qu'elle était prête à contribuer pleinement à l'action menée pour faire en sorte que les responsables de ces attentats soient traduits en justice.

Après avoir invoqué l'Article 5, les Alliés ont décidé le 4 octobre - à la demande des Etats-Unis - de prendre huit mesures d'application visant à élargir les options disponibles dans la campagne de lutte contre le terrorisme. Ils ont ainsi décidé spécifiquement de renforcer, tant sur le plan bilatéral qu'au sein des instances appropriées de l'OTAN, le partage des données du renseignement et la coopération dans ce domaine, dans le cadre des organes compétents de l'Alliance, en ce qui concerne les menaces que fait peser le terrorisme et les mesures à prendre dans ce contexte; de fournir, à titre individuel ou collectif, et en fonction des besoins et de leurs capacités, une aide aux Alliés et aux autres Etats qui font ou qui pourraient faire l'objet de menaces terroristes accrues par suite de leur soutien à la campagne menée contre le terrorisme; et de prendre les mesures nécessaires pour renforcer la sécurité des installations des Etats-Unis et des autres Alliés sur leur territoire.

Les Alliés ont également décidé d'assurer le remplacement de certains de leurs moyens nécessaires pour apporter un soutien aux opérations contre le terrorisme; d'accorder des autorisations de survol générales pour les appareils militaires des Etats-Unis et d'autres Alliés participant à ces opérations; et d'assurer aux Etats-Unis et à d'autres Alliés l'accès, toujours pour ces opérations, aux ports et aérodromes situés sur le territoire de pays de l'OTAN. En outre, le CAN a déclaré que l'Alliance était prête à déployer une partie de ses forces navales permanentes en Méditerranée orientale et à envoyer cinq avions AWACS aux Etats-Unis pour appuyer des opérations contre le terrorisme.

Le 8 octobre, cinq avions AWACS de l'OTAN et leurs équipages - comprenant des personnels de la Belgique, du Canada, du Danemark, de l'Allemagne, de la Grèce, de l'Italie, des Pays-Bas, de la Norvège, du Portugal, de l'Espagne, de la Turquie, du Royaume-Uni et des Etats-Unis - ont été envoyés aux Etats-Unis en soutien des opérations contre le terrorisme. Ce déploiement a été prévu d'abord pour une période de six mois, avec un premier roulement après six semaines. Pendant cette période, des avions AWACS français ont reçu pour mission d'assumer les tâches qui auraient normalement été effectuées par les avions de l'OTAN, notamment au-dessus de la Bosnie-Herzégovine.

La Force navale OTAN permanente de la Méditerranée, qui compte huit frégates et un bâtiment de soutien logistique provenant de huit pays, a appareillé pour la Méditerranée orientale le 9 octobre. Ces unités, sous commandement britannique, n'ont pas pris part à des opérations de combat, mais ont montré la détermination de l'Alliance et sa participation à la campagne contre le terrorisme. Par ailleurs, elles sont disponibles pour d'autres missions, par exemple dans le cadre d'initiatives diplomatiques comme celles du Dialogue méditerranéen de l'Alliance, qui permet des échanges de vues et une coopération entre l'OTAN et des pays non membres appartenant à la région dans son ensemble. Elles ont plus tard été rejointes par la Force navale permanente de l'Atlantique.

Le 7 octobre, les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont lancé des opérations militaires contre le réseau terroriste Al-Qaïda et le régime des Talibans qui l'abrite en Afghanistan. Même si elles ne sont pas menées dans le cadre de l'OTAN, ces opérations sont appuyées par tous les membres de l'Alliance, dont beaucoup se sont également engagés à fournir des unités terrestres et d'autres moyens militaires pour soutenir la campagne et participer à l'aide humanitaire destinée au peuple afghan. Les forces de l'OTAN présentes dans les Balkans ont elles aussi contribué à la lutte contre le terrorisme. Elles ont arrêté plusieurs suspects ayant des liens avec le réseau Al-Qaïda et continuent à enquêter sur les activités des étrangers qui sont venus dans la région pour combattre comme volontaires et qui y sont demeurés.

En réponse à une situation humanitaire particulièrement grave, le CAN a, le 13 novembre, chargé les autorités militaires de l'OTAN d'établir des plans de circonstance pour d'éventuelles opérations humanitaires à l'intérieur et autour de l'Afghanistan. L'Alliance dispose à la fois de l'expertise et de l'expérience nécessaires dans ce domaine, ainsi que d'importantes capacités logistiques, comme elle l'a montré lors de la crise du Kosovo de 1999. Une éventuelle contribution de l'OTAN dans le contexte de la crise actuelle serait apportée à la demande des Nations Unies, et en étroite coordination avec leurs institutions et d'autres organisations humanitaires. La coopération unique entre les forces armées de l'OTAN qui a été à la base du succès de la campagne en coalition contre l'Irak il y a une décennie comme des opérations de soutien de la paix en cours dans les Balkans pourrait se révéler très précieuse dans des conditions difficiles.

Après les événements du 11 septembre, l'Alliance a considérablement intensifié son action contre les dangers du terrorisme lié aux armes de destruction massive (ADM), dans tous les domaines, dont les secteurs politique, militaire et médical. Les Alliés échangent plus largement et plus fréquemment les informations relatives au terrorisme ADM. Par ailleurs, le Centre ADM (voir l'interview de son Chef, Ted Whiteside, en pages 22 et 23) contribue à améliorer la coordination de toutes les activités concernant les ADM au siège de l'OTAN.

Les 25 et 26 octobre, les responsables des plans civils d'urgence de l'Alliance et des pays partenaires se sont réunis à l'OTAN pour étudier les incidences des attentats du 11 septembre. Ils ont décidé de répertorier les capacités nationales, y compris les moyens de transport et les ressources médicales et scientifiques, qui pourraient être mises à disposition dans le cas d'une attaque biologique, chimique ou radiologique, afin de pouvoir mieux assurer la protection des populations civiles. Au besoin, le Centre euro-atlantique de coordination des réactions en cas de catastrophe, implanté à l'OTAN et composé d'experts d'un certain nombre de pays de l'Alliance et de pays partenaires, pourrait servir de centre d'échanges pour une aide internationale - comme il l'a fait après plusieurs catastrophes naturelles survenues ces dernières années.

Depuis le 11 septembre, l'OTAN a établi des relations de plus en plus étroites avec l'Union européenne en vue de contribuer à la mise en échec de la menace terroriste. Au cours d'une réunion tenue le 24 septembre entre le CAN et le Comité de l'Union européenne pour les affaires politiques et de sécurité, les ambassadeurs se sont accordés à considérer qu'il importait d'intensifier les consultations et la coopération entre les deux organisations. Le 12 octobre, Lord Robertson a exposé aux Ministres de la défense de l'UE les mesures que l'OTAN avait prises en suite aux demandes des Etats-Unis ou aux recommandations des autorités militaires de l'OTAN. La campagne contre le terrorisme a également figuré parmi les principaux points de l'ordre du jour de la réunion conjointe des Ministres des affaires étrangères de l'UE et de l'OTAN qui a eu lieu à Bruxelles le 6 décembre.

Les événements du 11 septembre ont aussi imprimé un nouvel élan aux relations OTAN-Russie (voir l'article en pages 19, 20 et 21). Les réactions aux attaques terroristes sont devenues un thème habituel des réunions du Conseil conjoint permanent OTAN-Russie. Par ailleurs, Lord Robertson a rencontré le président Vladimir Poutine à Bruxelles le 3 octobre et à Moscou le 22 novembre pour s'entretenir avec lui des façons dont l'OTAN et la Russie peuvent travailler ensemble pour combattre le terrorisme et établir entre elles des relations plus étroites reflétant la coopération dans ce domaine comme dans d'autres.


  1. Christopher Bennett est le Rédacteur en chef de la Revue de l'OTAN.