Header
Mise à jour: 21-Nov-2001 Revue de l'OTAN

Web edition
Vol. 49 - No. 3
Automne 2001
p. 13-15

Questions Militaires

Les ralits de la rforme

Chris Donnelly analyse les raisons pour lesquelles la rforme militaire s'est rvle si difficile en Europe centrale et orientale, ainsi que les perspectives d'une restructuration.


Demi-tour: la rforme militaire s'est opre selon un schma remarquablement analogue dans toute l'Europe centrale et orientale
( Reuters - 128KO)

Ces dix dernires annes, les forces armes de tous les pays d'Europe centrale et orientale ont subi une transformation et une rduction radicales. N de la fin de la Guerre froide et de l'volution des menaces pour la scurit nationale, le processus ainsi enclench se poursuit. Les pays d'Europe centrale et orientale prsentent des diffrences en ce qui concerne leur taille, les capacits de leur conomie, leur situation gostratgique et la nature de leurs relations avec l'Union europenne et l'OTAN. Cependant, malgr les diffrences correspondantes de dimension et de composition de leurs forces armes, la rforme militaire s'est partout opre selon un schma remarquablement analogue.

La premire phase a t caractrise par une perte de motivation et d'idologie, ainsi que par des rductions de forces massives dues au changement des conditions gostratgiques, conomiques et politiques. Elle a aussi vu la disparition des mcanismes de contrle du Parti communiste et du gouvernement, qui n'ont pas t remplacs par des mcanismes correspondants de nature permettre un contrle dmocratique. Partout, les nouveaux gouvernements ne disposaient ni de l'expertise militaire ncessaire ni des mcanismes civils qu'il leur aurait fallu pour laborer une politique militaire ou diriger le cours des affaires militaires et l'volution de leurs forces armes. Lorsque des mcanismes existaient, ils taient rudimentaires et ne servaient gure qu' fixer des plafonds toujours plus bas pour les dpenses de dfense. Dans beaucoup de pays, les luttes internes pour le pouvoir ont fait que le contrle des forces armes a t, soit scind entre de nombreux ministres et organismes, dont certains ne se seraient pas normalement attendus devoir assumer une telle responsabilit, soit transfr d'une branche de l'excutif une autre, par exemple du gouvernement la prsidence, ou vice versa. Dans plusieurs pays, les politiques ont cherch se servir directement des militaires dans leurs rivalits. Cela a encore rduit le contrle politique rellement exerc sur les forces armes.

La deuxime phase du processus a vu les responsables des forces armes s'unir pour protger et prserver leurs systmes militaires, en s'efforant de conserver autant que possible les dispositifs et les infrastructures du pass. Cette attitude avait des motifs divers, et les droits acquis n'y taient certainement pas trangers. Cependant, l'lment moteur tait une conviction sincre, fonde sur la patriotisme et une profonde croyance en la valeur de l'ancien systme, et conforte par le manque de comptence et d'expertise des nouveaux gouvernements civils. A cela s'ajoutaient le manque de contact des militaires avec d'autres milieux professionnels et les qualits de cohsion existant naturellement dans tous les systmes militaires efficaces.

Les effets n'ont pas t longs se faire sentir. Tenter de maintenir une structure imposante mais obsolte en des temps marqus par un changement social et un dclin conomique rapides s'est rvl catastrophique. A mesure que les pays d'Europe centrale et orientale s'acheminaient pniblement vers une conomie de paiements en termes rels, les ressources des militaires ont commenc s'puiser. Dans la plupart des pays, cette tendance n'a pas t immdiatement perceptible, parce que les responsables des forces armes avaient toujours pu faire appel des ressources en nature plutt qu'en espces et avaient leurs propres moyens de s'assurer des revenus et des biens de consommation. C'est ainsi que l'essentiel de l'appareil militaire a pu survivre malgr le manque de financement de l'Etat.

Aprs plus de quatre, et mme, dans certains cas, de sept dcennies d'conomie dirige, tous les pays d'Europe centrale et orientale manquaient de comptables possdant la formation ncessaire et de procdures comptables efficaces. De plus, ni la police ni la justice n'avaient les moyens de contrler et de combattre les irrgularits financires. C'tait particulirement le cas dans les milieux de la dfense, o la ncessit du secret militaire empchait aussi la transparence. Ainsi, le secteur de la dfense en Europe centrale et orientale a t lent mettre en place des systmes budgtaires adquats, et, dans certains cas, la corruption est devenue endmique. La vente ou la distribution incontrlable de matriel militaire, l'absence de directives concernant les off iciers qui se servaient de leur poste et des forces sous leur commandement des fins personnelles, l'engagement de soldats par des off iciers, les vols caractriss et d'autres formes de corruption — toutes hautement prjudiciables la discipline militaire — ont prolifr. Il en est rsult un rapide dclin des niveaux d'entranement, puis des niveaux de vie, la fois pour les appels et pour les officiers et les sous-officiers suprieurs qui leur grade ou leur poste ne permettait pas d'avoir accs aux ressources commercialisables, ou — et c'tait le cas de la majorit — qui taient simplement honntes.

Dans la troisime phase, le systme d'acquisition s'est croul. Les industries de dfense, prives d'un march intrieur impos, ont gnralement cherch viter les restructurations et les rorientations, en s'imaginant que les ventes d'armes l'tranger allaient les sauver. En fait, par suite de la corruption, d'un refus de la rforme et d'un manque de connaissance des ralits de l'conomie de march, les industries de dfense de l'Europe centrale et orientale ont manqu ce qui aurait pu tre pour elles, au dbut des annes 90, une occasion de s'emparer d'une part du march mondial. Une fois perdues ces chances d'exportation, et aprs l'effondrement de la demande intrieure, les industries de dfense ont demand aux gouvernements de les renflouer. Elles ont absorb d'normes subventions mais ont utilis l'argent pour assurer la subsistance d'un trs nombreux personnel en chmage plutt que pour se restructurer. A long terme, aucun pays ne peut maintenir la qualit et le rapport cots-avantages qui favorisent les exportations sans la scurit d'un march intrieur solide. Etant en mesure de faire appel de vastes rserves en matire de recherche scientifique fondamentale et de recherche-dveloppement militaire, les industries ont pu survivre sous leur forme obsolte et viter une pnible rforme. Nanmoins, ces rserves sont en train de s'puiser, et les industries de dfense de l'Europe centrale et orientale qui ne se sont pas encore restructures risquent un effondrement quasi total. La rforme va tre aujourd'hui beaucoup plus difficile et beaucoup plus pnible que si elle avait t entreprise il y a dix ans.

Dans presque tous les pays, l'impact de cette multitude de problmes a t ressenti d'abord par les appels, dont les niveaux d'entranement et de vie se sont trouvs en chute libre. Le refus des milieux militaires de certains pays d'voluer avec la socit a fait que les jeunes n'ont plus voulu servir sous les drapeaux, et l'effondrement du systme tabli a fait qu'ils ne pouvaient plus y tre contraints. Le systme de la conscription gnrale s'est rapidement dgrad, ainsi que toute prparation militaire dispense au niveau des coles secondaires et des universits. Ds ce moment, seule une fraction des tranches d'ge remplissant les conditions requises servirait effectivement. Les exemptions officielles, l'inefficacit de l'incorporation et la corruption feraient que les jeunes les plus aiss et les plus instruits n'auraient jamais servir dans les rangs.

La dsintgration du service national a sonn le glas de l'ide d'une "nation socialiste en armes". Il tait d'ailleurs impossible de rtablir l'ordre ancien, sa base initiale ayant jamais disparu. Rtrospectivement, cela semble vident. Pourtant, l'poque, dans la premire moiti des annes 90, cette ralit n'a pas t mesure par des dcideurs forms dans un systme trs diffrent, de sorte que le dclin s'est poursuivi. La baisse du nombre et de la qualit des appels, le problme endmique des mauvais traitements que leur infligeaient les soldats plus anciens et les officiers, la chute catastrophique du niveau d'entranement et l'effondrement conscutif du prestige des forces armes ont alors eu un effet dsastreux sur les jeunes officiers, dont beaucoup ont dmissionn. Dans le mme temps, les niveaux requis pour l'admission dans les coles d'officiers ont fortement baiss. Par ailleurs, nombre d'lves officiers ayant reu une bonne formation technique ont dcid de ne pas entrer dans l'arme et sont partis ds la remise de leur diplme ou juste avant. Cela a mis le comble l'autodestruction de l'ancien systme.

Les forces armes de l'Union sovitique et du Pacte de Varsovie, suivant un modle sovitique commun, avaient charg les jeunes officiers de toutes les tches subalternes d'encadrement et de formation au niveau des units qui, dans la plupart des armes occidentales, sont effectues dans des dpts ou par des sous-officiers professionnels d'une certaine anciennet. Le manque de jeunes officiers a entran une acclration de la baisse constante des niveaux de formation. Un cercle vicieux avait t cr. La formation a connu un grave dclin. Des quipements sont tombs en panne et n'ont pas t remplacs. Les brimades infliges aux soldats se sont accrues. L'cart entre le commandement et la troupe s'est creus. Le recrutement de jeunes officiers est devenu plus difficile. Les militaires ont perdu le moral, ainsi que le respect de l'opinion publique. Il en est rsult un recul des comptences, accompagn d'un exode rgulier des cerveaux du commandement et de l'administration, alors que des officiers quittaient leur poste tous les niveaux et que la structure des forces s'croulait. Lorsque ce processus s'est galement accompagn d'actions militaires comme celle mene par l'Arme russe dans la premire guerre de Tchtchnie, on a pu constater immdiatement le rsultat de toutes ces dgradations.

A mesure que diminuait l'effectif des forces armes, la proportion d'officiers est devenue nettement excessive, ce qui, en soi, a reprsent un obstacle la rforme. Cependant, les mesures prises en vue de rduire considrablement le nombre des officiers ont aussi eu un effet ngatif. Le limogeage brutal d'officiers suprieurs dont les services n'taient plus jugs ncessaires et qui partaient sans pension de retraite ni couverture de scurit sociale dignes de ce nom et avec peu de chances de se recycler a incit le personnel qui ne possdait aucune autre qualification tout faire pour rester dans les forces armes. Il a galement dmoralis les officiers subalternes et dissuad de nombreux jeunes d'embrasser une carrire militaire.

Les rformes sont pousses par le sentiment que si elles devaient tre diffres, le processus n'en deviendrait que plus difficile

La dtrioration des forces armes ne s'est pas produite partout un rythme analogue, et, dans les divers pays, ce rythme a mme vari d'une arme l'autre. D'une faon gnrale, les problmes ont t plus graves en Russie et dans certains des nouveaux pays de l'ex-Union sovitique que dans la majeure partie de l'Europe centrale. Cependant, la plupart des pays ont connu des phnomnes similaires. Les ministres et les chefs d'tat-major de la dfense qui se sont succds ont essay de rationaliser ce qui restait de leurs armes, avec des succs divers. Dans les units et formations commandes par des hommes exceptionnels, les comptences et l'aptitude au combat ont t prserves. Grce une concentration des efforts et des ressources sur un petit nombre d'units (rgiments, escadrons ou navires), certains de ces lments ont gard un tat de prparation militaire relativement satisfaisant.

Dans l'ensemble, le dclin s'est cependant poursuivi. Ainsi, durant les annes 90, aucune des forces armes des pays de l'ex-Union sovitique ou de ses anciens allis d'Europe centrale et orientale n'est parvenue reconstruire un systme militaire efficace et viable selon des critres modernes. En fait, la plupart des pays d'Europe centrale et orientale sont arrivs un point o la situation est devenue dsespre pour les forces armes. Celles-ci taient manifestement en perdition, et, pour elles, toute rforme passait obligatoirement par une plus grande aide financire de l'Etat.

Tout programme de rforme militaire complet a un prix. Mais dans les pays d'Europe centrale et orientale, l'exprience a montr que lorsque des crdits taient octroys au secteur de la dfense avant les rformes, ils servaient en gnral, non pas financer ces rformes, mais maintenir l'ancien systme sous assistance respiratoire. Des amliorations symboliques ont t apportes, mais la rforme fondamentale a en fait t diffre, et la situation s'est aggrave. La rforme est mme devenue plus difficile cause des sommes accordes, qui ont offert aux milieux militaires de nouveaux moyens de rsistance.

Le "facteur OTAN" a jou un rle dans le processus pour de nombreux pays d'Europe centrale et orientale. Dans certains pays qui tenaient entrer l'OTAN, les responsables militaires ont parfois propos l'acquisition d'quipements inutiles et souvent inaccessibles financirement en prtendant qu'ils seraient ncessaires l'admission du pays au sein de l'Alliance. A une poque o les dirigeants politiques et leurs service civils, ainsi que les parlementaires et les journalistes, ne connaissaient pas suffisamment les questions militaires, un tel argument pouvait paratre convaincant. De plus, des fabricants d'armes occidentaux colportaient souvent la mme ide. Dans d'autres pays, les gouvernements ont parfois invoqu les "exigences de l'OTAN" pour s'efforcer de faire adopter une rforme de la dfense parce qu'ils ne se sentaient pas capables d'aborder cette question en usant de leur seule autorit. Les deux approches ont t prjudiciables aux relations entre civils et militaires, ainsi qu' la confiance de l'opinion publique.

En Russie, le "facteur OTAN" a jou un rle diffrent. L'ide que l'OTAN reprsentait toujours une menace militaire a servi justifier la prservation d'une grande partie de l'ancienne infrastructure des forces armes. L'attention et les ressources financires ont t ainsi dtournes d'une vraie rforme de la dfense.

Enfin, le "facteur OTAN" s'est traduit par la volont des gouvernements comme des appareils militaires de l'Europe centrale et orientale de se tourner vers l'Ouest pour y trouver des modles d'organisation et de rforme de la dfense. Tous les membres de l'OTAN ont des systmes militaires diffrents, tandis que les pays d'Europe centrale et orientale ont chacun des besoins bien particuliers en matire de rforme de la dfense ou de reconstruction des forces. Il a donc t extrmement difficile ces pays de trouver des modles qui puissent leur convenir, de dterminer les lments adapts leur propre dveloppement et d'obtenir des conseils fiables et impartiaux. Gouvernements et forces armes sont alls d'un extrme l'autre, soit en rejetant toute influence de l'Ouest, soit en s'empressant d'pouser ses ides, comme celle de la professionnalisation, sans vraiment savoir ce que cette dernire implique — ou peut coter.

Beaucoup d'efforts dploys en faveur de la rforme depuis la base ont chou. Il fut un temps o les partisans de la rforme espraient que les jeunes officiers pourraient revivifier le systme en y apportant des ides nouvelles. Cette approche avait mme connu momentanment quelques succs. Mais il y a finalement eu trop peu de jeunes officiers motivs pour faire dcoller la rforme. Ceux qui ont essay n'ont pu y parvenir, soit parce qu'ils ne sont pas arrivs surmonter l'inertie des structures intermdiaires, soit parce que leur action a t sape par des suprieurs qui voyaient en eux une menace.

Il en a t de mme des officiers qui sont alls suivre une formation l'tranger, le plus souvent au Canada, en France, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis. On attendait d'eux qu' leur retour au pays, ils apportent leurs systmes militaires des ides nouvelles. Dans la pratique, cet espoir s'est rvl sans lendemain, tant donn que, la plupart du temps, les responsables militaires ont serr les rangs pour se protger. Dans certains pays d'Europe centrale, mme jusqu'en 2000, tout officier envoy l'tranger pour y suivre un stage de formation a t, son retour, soit limog, soit rtrograd, soit affect un poste sans avenir dans un trou perdu. Dans un autre pays, tous les officiers gnraux avaient reu une formation l'tranger, mais leurs ordres n'ont pas t respects par la masse de leurs colonels, qui ont fait obstacle l'application des consignes. Le "contrle dmocratique des forces armes" signifie habituellement que les gnraux doivent obir aux politiques. Mais ce contrle peut aussi tre vou l'chec si les colonels n'obissent pas aux gnraux.

Un autre chec commun a t l'incapacit des ministres de la dfense des pays d'Europe centrale et orientale de mettre en uvre un systme efficace en matire de budget et de planification. Une telle mesure est extrmement difficile prendre du fait qu'elle implique de changer la mentalit de la collectivit militaire. Celle-ci a toujours voulu conserver le systme existant, tout en modernisant les armes et en amliorant les conditions de vie et de travail des soldats. En consquence, elle a tout fait pour obtenir les ressources que ncessitait son approche, en refusant d'admettre que les ralits conomiques rendent injustifiables des dpenses de dfense excessives et que les changements sociaux et conomiques exigent une rforme. Les armes occidentales, en revanche, abordent la question des plans de dfense en partant du budget, en dterminant les possibilits offertes par ce dernier et en tablissant des priorits sur la base des valuations de la menace du moment.

Cet chec commun aux pays d'Europe centrale et orientale est li l'absence quasi totale d'un systme ouvert d'valuation des aptitudes et des qualifications des officiers. Faute d'un tel systme, il est pratiquement impossible d'tablir un processus adquat en matire de promotion et d'affectation. Sans lui, les ministres de la dfense ne parviendront jamais institutionnaliser la rforme, parce qu'ils seront incapables de savoir quels sont les officiers qui possdent les qualits requises pour crer un nouveau type d'arme, ou de les affecter des postes o ils pourront faire en sorte que l'on passe des paroles aux actes.

Dans tous les pays d'Europe centrale et orientale, on s'est beaucoup intress la question du contrle dmocratique des forces armes. L'un des aspects de ce contrle a toutefois t frquemment nglig: savoir si le gouvernement est effectivement comptent pour arrter et appliquer une politique de dfense et mener le processus de rforme militaire. Il y a l une lacune que l'on retrouve dans tous les cas, et qui a souvent des consquences catastrophiques. De fait, les pays d'Europe centrale et orientale ne sont pas encore parvenus mettre en place, dans le domaine de la dfense, les experts civils dont les services sont ncessaires un bon quilibre et la formulation d'avis objectifs. Les frquents changements de gouvernement intervenus en Europe centrale et orientale ont aggrav les effets de ce manque d'experts. Lorsque les gouvernements s'en remettent aux militaires pour les conseiller sur les questions de dfense, ce sont les forces armes, et non les pouvoirs publics, qui sont les vrais dcideurs. Cet tat de choses persiste dans certains pays d'Europe centrale et orientale, malgr l'existence sur le papier — et dans la loi — de dispositions qui, autrement, constitueraient des mcanismes adquats de contrle dmocratique.

Ces dernires annes, la situation a nanmoins commenc changer dans certains pays d'Europe centrale et orientale. Le dclin enregistr a t stopp, et les perspectives de cration d'un nouveau type de forces armes semblent favorables. Les pays qui ont reconnu le caractre fondamental de leurs problmes sont maintenant prts sauter le pas, liminer les derniers lments de l'ancien systme et reconstruire sur de nouvelles bases. Ce n'est pourtant pas le cas partout: dans certains pays, comme la Russie, les problmes fondamentaux doivent encore tre affronts.

Dans les pays d'Europe centrale et orientale o la rforme a pris racine et peut maintenant se dvelopper, le processus a t dirig par quelques officiers de haut rang possdant la vision, le courage, la dtermination et les connaissances techniques ncessaires. Ils ont pu inciter leurs subordonns les suivre et se faire aider par des experts venus de l'extrieur. Ils ont galement eu la chance de disposer d'un puissant soutien des politiques, qui les ont protgs et encourags, et qui ont organis des campagnes d'information publiques leur assurant l'appui de l'opinion. Les processus de rforme dsormais en cours dans plusieurs pays d'Europe centrale et orientale vont tre longs mener bonne fin. Mais ils sont pousss par le sentiment grandissant que s'ils devaient encore tre diffrs, la rforme n'en deviendrait que plus difficile.


  1. Chris Donnelly est le Conseiller spcial de l'OTAN pour les questions d'Europe centrale et orientale.