Web edition Vol. 49 - No. 3 Automne 2001 p. 22

Analyse Surveiller la contamination au Kazakhstan De 1949 1989, 456 essais nuclaires ont t effectus au Kazakhstan, Semipalatinsk, principal centre d'essais de l'ex-Union sovitique jusqu' sa fermeture par dcret prsidentiel, en 1991. Pendant le reste de la dcennie, en dpit des craintes suscites par le niveau de radioactivit et l'impact potentiel sur la population, la flore et la faune locales, le centre est rest largement sans surveillance. Aujourd'hui, toutefois, les scientifiques ont commenc mesurer et tudier systmatiquement la contamination sur le site, dans le cadre d'un projet parrain par l'OTAN. Ce projet de Semipalatinsk, ralis conjointement par des scientifiques du Kazakhstan et du Royaume-Uni, vise examiner les niveaux de contamination sur quelque 600 des 22 000 kilomtres carrs du site, soit peu prs la superficie du Pays de Galles. Il runit des scientifiques de la Middlesex University de Londres et leurs homologues de l'Universit nationale kazakhe Al-Farabi d'Almaty, de l'Institut de sret nuclaire et d'cologie de Kourtchatov et de l'Institut de physique nuclaire d'Almaty. Des experts viennent galement de l'University College de Dublin. Surveiller la radioactivit ( © SfP-Semirad - 33KO) La participation de l'OTAN au projet fait suite une srie d'essais effectus en 1997 par l'Agence internationale de l'nergie atomique (AIEA), qui ont confirm que le site reprsentait un risque grave pour la sant de certains individus et groupes de population. L'AIEA a recommand une nouvelle surveillance, et une rsolution des Nations Unies de dcembre 1997 a mis l'accent sur la ncessit de mener une action collective au niveau international pour trouver les moyens d'une solution viable aux problmes cologiques du centre d'essais de Semipalatinsk. A l'issue d'une confrence des donateurs tenue Tokyo en 1998, l'OTAN a dcid de financer une tude sur trois ans, qui a commenc en 1999, pour une somme de BEF 20,5 millions (soit environ USD 500 000). Nicholas Priest, professeur de toxicologie environnementale la Middlesex University, et Moukhambetcali Bourkitbaev, titulaire de la chaire de chimie inorganique l'Universit nationale kazakhe Al-Farabi, sont les codirecteurs du projet. Ils ont choisi pour l'tude la zone de 600 kilomtres carrs parce qu'elle dispose d'eau douce et d'une alimentation lectrique, qu'elle a nagure t utilise pour le pturage et la production de foin, et qu'elle jouxte le village de Sarzhal, qui compte environ 2 000 habitants. Le professeur Priest a dclar: "avant que l'OTAN finance notre recherche, la surveillance des niveaux de radioactivit et de contamination ne s'effectuait que d'une faon limite et cas par cas". La zone tudie revt une importance particulire du fait qu'en 1953, elle s'est trouve dans le panache de l'explosion au niveau du sol d'une bombe hydrogne. Elle est situe proximit des monts Degelen, o ont t effectus 239 essais nuclaires souterrains, et elle a t le thtre de deux expriences sur la possibilit d'ouvrir des canaux et de dtourner des cours d'eau au moyen d'explosifs nuclaires. Elle est galement proche d'une autre zone d'essais, Balapan, o ont eu lieu une centaine d'explosions nuclaires en puits. Le projet concernant Semipalatinsk a pour but de mesurer les niveaux de contamination dans toute cette zone de 600 kilomtres carrs, en dterminant la partie habitable immdiatement, celle qui pourrait l'tre avec un minimum d'assainissement et celle dont l'accs devrait tre interdit en permanence. Par ailleurs, on tudie les rsultats des deux expriences relatives l'ouverture de canaux et au dtournement de cours d'eau. En outre, trois universitaires kazakhs examinent respectivement les niveaux de plutonium dans la population vivant proximit du site, les niveaux du plutonium contenu dans l'eau et les risques de contamination des zones adjacentes par le plutonium rpandu dans l'air. Les rsultats des diverses tudes sont immdiatement intgrs dans un second projet sur l'utilisation des terres financ par le Dpartement britannique du dveloppement international. Le projet de Semipalatinsk est l'un des plus vastes des 97 projets qui bnficient actuellement du soutien du programme OTAN de la Science au service de la paix. Ce programme, qui a vu le jour en 1997 et dispose aujourd'hui d'un budget annuel de plus de USD 5 millions, repose sur le principe que la science et la technologie sont d'une importance cruciale pour la scurit des nations. Tous les projets de recherche scientif ique financs par l'OTAN impliquent une coopration entre scientif iques des Etats membres de l'Alliance et des pays partenaires. En 2000, un appel de propositions a suscit quelque 850 demandes, sur lesquelles 45 50 nouveaux projets seront finalement retenus.