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Mise à jour : 29 mai 2001 Revue de l'OTAN

Edition Web
Vol. 49 - No. 1
Printemps 2001
p. 30-33

Questions militaires

Acclrer les dploiements


Un oiseau de taille: les pays de l'OTAN dépendent des Etats-Unis pour les transports aériens à grande distance ( © Reuters - 18KO)

Elinor Sloan (1) examine la mobilit et la dployabilit des forces de l'OTAN, ainsi que l'impact des programmes destins amliorer les capacits.

Pendant une grande partie de la dernière décennie, les textes consacrés aux questions militaires et de sécurité ont largement porté sur l'étude de ce que l'on appelle la Révolution dans les affaires militaires. Cette notion fait immédiatement penser à une guerre ultramoderne menée avec une abondance de moyens comportant des systèmes évolués de captage, de communications et d'informatique, des techniques de vols furtifs et des armes à guidage de précision. Mais ce qui est souvent perdu de vue dans le débat, c'est le fait qu'il n'y aura pas de révolution tant que le génie technologique ne s'accompagnera pas d'un changement spectaculaire aux plans de la doctrine et de l'organisation. L'aptitude de l'OTAN à répondre efficacement aux défis du nouvel environnement de sécurité international dépend avant tout de l'accroissement de la déployabilité et de la mobilité de ses forces. Il n'est donc pas étonnant que le Concept stratégique de l'OTAN qualifie la déployabilité et la mobilité de "capacités opérationnelles essentielles" des forces de l'Alliance, et que l'Initiative sur les capacités de défense, lancée au plus haut niveau de l'OTAN en vue d'améliorer et d'adapter les capacités militaires, fasse figurer la déployabilité et la mobilité des forces de l'OTAN parmi les principaux objectifs des travaux consacrés à la transformation de l'Alliance.

La déployabilité et la mobilité peuvent être considérées comme fonction de l'état de préparation des forces, de leur entraînement, de leur structure organisationnelle et de leur équipement. Les obstacles juridiques au déploiement de forces composées d'appelés hors des frontières nationales, ainsi que les besoins en effectifs hautement qualifiés, et donc maintenus plus longtemps en service, font que la déployabilité est plus facile à réaliser en ayant recours à une armée de métier. Beaucoup de pays de l'OTAN, comme le Canada, le Royaume-Uni et les Etats-Unis, ont une telle armée depuis toujours, ou du moins depuis plusieurs décennies. Cependant, d'autres ont longtemps eu des forces composées d'appelés, mais là, ces dernières années ont été marquées par des changements significatifs.

Le changement le plus remarquable à cet égard est sans doute celui qui est intervenu en 1996, lorsque le président Jacques Chirac a pris la décision spectaculaire de supprimer la conscription, après plus de 200 ans, et de professionnaliser ainsi les forces armées françaises. L'impulsion avait été donnée par la Guerre du Golfe et l'envoi en Bosnie-Herzégovine (Bosnie) d'une force de réaction rapide, en 1995. Dans les deux cas, la France n'avait pu apporter une contribution militaire qu'en prélevant des soldats de métier dans nombre d'unités disparates. Le processus de professionnalisation est maintenant bien avancé et doit être mené à terme pour 2002, date à laquelle plus de 90 pour cent des soldats français seront des militaires de carrière, contre moins de 60 pour cent en 1996.

En revanche, durant la première décennie qui a suivi la Guerre froide, les gouvernements allemands successifs ont écarté toute idée de réduire ou d'éliminer la conscription, en faisant valoir que le service national est une partie importante de la culture allemande en matière de défense et crée des liens solides entre les communautés militaire et civile. Ce point de vue n'a été nuancé que récemment. En mai 2000, l'opération Allied Force, c'est-à-dire la campagne de l'OTAN au Kosovo, ayant montré qu'à l'évidence, une force composée d'appelés n'était guère adaptée à l'actuel environnement de sécurité international, la Commission pour la sécurité commune et l'avenir de la Bundeswehr (la Commission), mandatée par le gouvernement, recommandait que le système de conscription soit largement revu. Ainsi, le nombre des appelés allemands doit être réduit à 80 000 par an, nombre bien inférieur à celui de 135 000 qui existait précédemment, mais encore nettement supérieur à celui de 30 000 qu'avait recommandé la Commission.

Au cours de la dernière décennie, plusieurs autres pays de l'OTAN ont modifié la composition de leurs forces en augmentant la proportion des militaires de carrière. La Belgique et les Pays-Bas ont totalement supprimé la conscription, et l'Italie, le Portugal et l'Espagne prévoient de faire de même dans les années qui viennent. La République tchèque et la Hongrie prévoient, elles, de supprimer ou de réduire la conscription lorsque leur situation financière le leur permettra, et la Pologne a récemment annoncé son intention de réduire ses forces et d'en professionnaliser la moitié d'ici à 2003.

L'allégement des structures de forces du temps de la Guerre froide est, par ailleurs, indispensable à l'amélioration de la déployabilité et de la mobilité des forces de l'OTAN. Il implique en partie une diminution de la taille des armées pléthoriques de cette époque. Les effectifs des forces françaises seront ramenés à 357 000 militaires d'ici à 2002, contre 500 000 en 1996, tandis que ceux des forces allemandes le seront de 320 000 à environ 275 000 au cours des trois ou quatre prochaines années. D'autres pays de l'OTAN, comme le Canada, le Royaume-Uni et les Etats-Unis, ont effectué des réductions d'effectifs similaires, de l'ordre de 25 à 30 pour cent, dans la première moitié des années 90.

Ce qui est plus important encore, c'est la réorganisation des forces restantes en unités plus rapidement déployables conservant un grand pouvoir de destruction. Là aussi, des développements marquants sont intervenus au cours des dernières années.

En 1998, le Réexamen de la défense stratégique du Royaume-Uni s'est traduit par le passage d'une stratégie à l'échelle du continent européen à la création de forces expéditionnaires devant assurer la projection de puissance nécessaire lors d'une crise. L'armée britannique a été réorganisée en deux divisions déployables, comportant chacune trois brigades souples et mobiles. Le Royaume-Uni est aussi en train de constituer une Force interarmées de réaction rapide qui regroupe des unités "puissantes et polyvalentes" des trois armées et devrait être pleinement opérationnelle dès cette année.

Conformément à sa Loi- programme de 1996 sur ses forces armées, la France est en train de réorganiser son armée en 51 régiments de manœuvre, appuyés par 15 régiments logistiques et 19 régiments de soutien spécialisés, tous regroupés en 11 brigades de combat. Les régiments représentent les unités modulaires de base qui peuvent être combinées de diverses façons selon la nature de la crise à traiter. La France compte également disposer, d'ici à 2002, d'une Force de réaction rapide de 50 à 60 000 hommes qui pourrait être rapidement déployée dans différentes régions du monde. De son côté, l'Allemagne a créé sa propre Force de réaction aux crises, qui comprend six brigades entièrement équipées, 18 escadrons et environ 40 pour cent des bâtiments de ses forces navales à tout moment. Composée à 100 pour cent de militaires de carrière, conformément aux recommandations de la Commission, cette force de 50 000 hommes doit être transformée en une Force d'intervention rapide de 150 000 hommes qui disposera de marins, de soldats et d'aviateurs à raison de trois fois 50 000 hommes, par roulement.

Pour leur part, les Forces terrestres des Etats-Unis, piquées au vif par leur incapacité de déployer rapidement leurs hélicoptères Apache en Albanie au cours de l'opération Allied Force, ont entrepris de revoir leur structure de fond en comble. Pour en terminer avec leurs unités lourdes et légères, elles sont en train de créer une force d'intervention de poids moyen qui comprendra au moins cinq brigades de combat de riposte rapide d'ici à la fin de la présente décennie. Par ailleurs, les Forces aériennes des Etats-Unis ont complètement réorganisé leurs unités de combat en dix Forces expéditionnaires conçues pour pouvoir être rapidement déployées dans n'importe quelle région du monde. Plusieurs autres pays de l'OTAN, dont l'Italie, les Pays-Bas, l'Espagne et la Turquie, ont également restructuré leurs forces au cours de la dernière décennie en vue d'en accroître la déployabilité et la mobilité.

L'OTAN dans son ensemble a pris des initiatives visant à adapter sa structure de forces à l'environnement de sécurité de l'après-Guerre froide. Au début des années 90, elle a établi le Corps de réaction rapide du Commandement allié en Europe (ARRC), quartier général mobile qui emploie un millier de militaires multinationaux. En outre, depuis 1994, l'Alliance s'emploie à mettre en œuvre le concept des Groupes de forces interarmées multinationales (GFIM). Cela implique la création de quartiers généraux mobiles de commandement et de contrôle pouvant être détachés de la structure de commandement permanente de l'Alliance, pour permettre de réunir des unités d'armées et de nations différentes adaptées à telle ou telle situation imprévue. La structure de commandement permanente de l'OTAN a elle-même été sensiblement modifiée, et le passage à une nouvelle structure de commandement est déjà en bonne voie.

La mise en œuvre du concept des GFIM doit encore être menée à son terme. En outre, on constate de plus en plus que l'ARRC - qui a été déployé en Bosnie en 1995 et au Kosovo en 1999 - nécessite le renfort d'au moins un deuxième quartier général mobile de même nature. L'amiral Guido Venturoni, Président du Comité militaire de l'OTAN, a dit qu'en fait, il faudrait sans doute plutôt prévoir trois de ces quartiers généraux terrestres pour des forces à état de préparation élevé, et six pour des forces à état de préparation moindre en vue d'opérations de soutien. Les éléments navals et aériens ont besoin de forces et de quartiers généraux comparables. Les pays membres ont déjà offert une douzaine de quartiers généraux qui devraient devenir multinationaux (ou plus multinationaux) pour opérer au niveau de l'Alliance; parmi ceux-ci figurent le Corps européen constitué par cinq pays et le Corps germano-néerlandais. On trouvera certainement des décisions concernant ces questions dans les conclusions et recommandations de l'actuel réexamen de la structure des forces de l'OTAN. Ainsi, un certain nombre de mesures nationales et alliées ont été engagées afin de répondre aux besoins d'organisation et de restructuration qu'implique une capacité de réaction rapide.

Jusqu'ici, le Canada et les membres européens de l'OTAN n'ont guère progressé pour se doter des moyens matériels afin d'envoyer rapidement leurs armées sur place par air et par mer

En termes d'équipement, deux éléments revêtent une importance primordiale s'agissant d'accroître la déployabilité et la mobilité des forces. Il y a d'abord la nécessité de disposer de plates-formes terrestres plus mobiles ayant toujours un grand pouvoir de destruction sans réduire la protection du personnel. De nombreux pays de l'OTAN ont équipé ou prévoient d'équiper leurs forces de réaction aux crises de blindés légers tels que le LAV III (Canada et Etats-Unis), le futur véhicule blindé de combat d'infanterie (France) et le véhicule de transport à protection totale (Allemagne). Ces plates-formes sur roues sont beaucoup plus légères qu'un char de bataille chenillé, peuvent être déployées par avion en bien plus grand nombre et sont plus polyvalentes une fois sur le terrain. Cependant, elles n'assurent pas les mêmes niveaux de protection du personnel et de puissance de feu qu'un char de bataille. C'est pourquoi les pays de l'OTAN continuent à moderniser leurs chars et/ou à en mettre en service de nouveaux, comme le Leclerc, le Leopard 2, le Challenger 2 et le M1 Abrams.

Des projets ont été lancés en vue de développer des véhicules de combat légers permettant d'assurer les transports nécessaires à un déploiement rapide. Parmi eux figurent le Véhicule de combat blindé du Canada, la nouvelle Plate-forme blindée de l'Allemagne et le Futur système de combat des Etats-Unis. Mais ces systèmes ne seront pas opérationnels avant au moins une décennie. Les Etats-Unis sont tout particulièrement enclins à passer à une force terrestre plus légère, plus mobile et plus rapidement déployable, étant donné leur position géostratégique et leurs intérêts mondiaux en matière de sécurité. Ils ont donc sensiblement réduit leurs programmes concernant l'Abrams modernisé et l'obusier autopropulsé Crusader, et ils ont réaffecté les fonds correspondants à leur Futur système de combat. En revanche, les programmes d'investissement européens portent toujours sur des véhicules blindés plus lourds, tels que des chars, sur des obusiers autopropulsés et sur des pièces d'artillerie.

Pour ce qui est d'accroître la déployabilité et la mobilité, les transports stratégiques aériens et maritimes revêtent une importance plus grande encore. Dans ce domaine, le Canada et les membres européens de l'OTAN accusent un sérieux retard sur les Etats-Unis. Même si plusieurs pays disposent de flottes d'appareils de transport C-130 et C-160, on considère que ces appareils ont un rôle plus tactique que stratégique. En outre, beaucoup de gros appareils de transport, comme les C-160 français et allemands, vont devoir être remplacés en raison de leur âge. Ne possédant pas l'équivalent des appareils américains de transport lourd C-17 ou C-15, les pays de l'OTAN dépendent presque entièrement des Etats-Unis pour le transport aérien à grande distance de leurs troupes et de leur matériel "hors gabarit".

Des mesures sont prises pour répondre à ce problème. Plusieurs membres européens de l'OTAN - la Belgique, la France, l'Allemagne, l'Italie, l'Espagne, la Turquie et le Royaume-Uni - ont commandé quelque 200 exemplaires de l'appareil de transport lourd A400M d'Airbus Industries, également connu sous le nom de Futur avion gros porteur. Mais cet appareil ne devrait pas entrer en service avant 2007 environ, et ses caractéristiques de conception actuelles indiquent qu'il ne sera pas destiné au transport de matériel "hors gabarit". Afin de combler ce déficit en moyens de transport aérien stratégique, le Royaume-Uni a entrepris de louer quatre appareils C-17, dont le premier doit être livré à la Royal Air Force dans le courant de cette année. Pour répondre à leurs besoins à court et à moyen terme, la France et l'Allemagne pourraient également louer des C-17, ou peut-être l'avion de transport russo-ukrainien AN-70, mais la décision reste à prendre. Le Canada étudie lui aussi des formules qui lui permettraient d'améliorer sa capacité de transport aérien. En 1999, la France a appuyé une initiative allemande visant à créer un Commandement européen des transports aériens militaires qui regrouperait, par-delà les frontières nationales, des ressources telles que les moyens de transport aérien stratégique et les avions-citernes de ravitaillement en vol. Cette initiative est examinée au Groupe aérien européen, qui, à titre de première mesure, est en train d'établir une Cellule de coordination des transports aériens.

En vue d'accroître les capacités de transport maritime, le Royaume-Uni prévoit de construire deux grands porte-avions d'ici à 2015 environ et augmente le nombre de ses rouliers porte-conteneurs, qui passe de deux à six. La France n'a plus qu'un seul porte-avions, le Charles de Gaulle, mais elle prévoit d'acquérir des rouliers supplémentaires et s'est entendue avec les Pays-Bas sur la mise en commun de navires permettant d'acheminer du matériel lourd vers des zones névralgiques. Le Canada avance dans son projet de capacité de soutien logistique à la mer et de transport maritime, qui prévoit la construction d'un navire polyvalent destiné en partie au transport stratégique de forces terrestres. L'Allemagne ne centre pas tant ses efforts sur le transport stratégique que sur la constitution d'une force navale souple qui va être dotée de nouvelles frégates, de nouveaux U-2 et de nouveaux ravitailleurs.

Les pays qui appartiennent à la fois à l'Union européenne et à l'OTAN sont particulièrement incités à accroître la déployabilité et la mobilité de leurs forces par l'Objectif global de l'Union européenne qui consiste à créer une force d'intervention rapide de 60 000 hommes d'ici à 2003. Cette force doit être mobile, militairement autonome et déployable vers une zone de crise lointaine en 60 jours. Alors que les responsabilités de l'OTAN couvrent tous les aspects d'un conflit, la force de l'UE centrera probablement ses actions sur les opérations de soutien de la paix et les missions de gestion des crises. Cette différence de tâches donne à penser que l'initiative de l'UE pourrait détourner ceux de ses membres qui appartiennent à l'OTAN de la recherche d'une amélioration de leurs capacités militaires dans les secteurs davantage en rapport avec des opérations de sécurité collective du haut de l'échelle, comme les frappes chirurgicales et l'interdiction des tirs ennemis. Cependant, qu'il s'agisse de faire face à une guerre ou à des conflits de moindre intensité, les membres de l'OTAN qui appartiennent à l'UE devront pouvoir assurer le déploiement rapide de leurs troupes vers la zone de crise, et aussi leur mobilité une fois sur le théâtre des opérations. En fait, ce qui amènerait surtout la France et l'Allemagne à louer des moyens de transport lourd dès les prochaines années serait la nécessité de tenir les engagements qu'elles ont pris dans le cadre de l'UE, faute de quoi l'échéance de 2003 ne serait pas respectée.

L'incidence de l'initiative de l'UE visant la mise sur pied d'une force terrestre plus légère mais conservant un important pouvoir de destruction est plus difficile à évaluer. Le fait que l'Union européenne s'intéresse d'abord aux tâches du bas de l'échelle peut accélérer l'acquisition de plates-formes blindées sur roues qui, étant donné leur plus grande mobilité sur le champ de bataille, conviennent mieux aux opérations de soutien de la paix. Mais il peut aussi ralentir le développement de systèmes apparentés au Futur système de combat.

Beaucoup dépendra des budgets de la défense, et en particulier de la part affectée aux acquisitions de matériel. Les budgets de la défense de tous les pays de l'OTAN ont subi des réductions spectaculaires au cours des années 90, et cette tendance ne s'est inversée que récemment. Le Canada, le Royaume-Uni et surtout les Etats-Unis ont enregistré des augmentations en termes réels de leurs budgets de la défense ces deux dernières années. En revanche, le budget de la défense de l'Allemagne a continué de régresser, tandis que celui de la France est resté statique pour l'essentiel. Onze autres membres européens de l'OTAN ont indiqué qu'ils prévoient des augmentations en termes réels de leurs dépenses de défense en 2001, mais ces augmentations vont être faibles, et il va falloir attendre un certain temps avant qu'elles puissent se traduire en capacités concrètes. On peut penser qu'à mesure que les armées se professionnaliseront, des crédits supplémentaires seront dégagés au profit des acquisitions de matériel de défense. Cependant, il s'agit, là aussi, d'une prévision à long terme. La France, par exemple, a constaté que la professionnalisation de son armée coûte beaucoup plus qu'elle ne s'y attendait à l'origine.

Un examen pragmatique de la déployabilité et de la mobilité des forces de l'OTAN fait apparaître un tableau contrasté. Dans certains pays, d'importants progrès ont été réalisés dans la professionnalisation et la restructuration des forces nationales, mais dans d'autres, la transformation a été beaucoup plus lente. Il en va de même de la structure des forces de l'OTAN. Les armées sont allégées et rendues plus mobiles, mais on continue à mettre fortement l'accent sur la préparation d'opérations menées avec des blindés lourds. D'une façon générale, l'initiative de l'UE devrait cependant faire augmenter la déployabilité et la mobilité des forces de l'OTAN. En outre, plusieurs grands projets sont à l'ordre du jour. Il reste toutefois que jusqu'ici, le Canada et les membres européens de l'OTAN n'ont guère progressé pour se doter des moyens matériels afin d'envoyer rapidement leurs armées sur place par air et par mer. Il faudra un certain temps pour que les augmentations dont doivent bénéficier les budgets de la défense puissent être traduites en capacités concrètes. Les Etats-Unis eux-mêmes pourraient, en raison des coûts liés aux opérations et à la préparation actuelles, connaître des contraintes dans la transformation de leurs forces armées. La révolution est en marche, mais il lui faudra encore de longues années pour aboutir.


  1. Elinor Sloan est analyste pour les questions de dfense la Direction des analyses stratgiques du Quartier gnral de la Dfense nationale du Canada. On lui doit "Bosnia and the New Collective Security" (Praeger, 1998) et "The Revolution in Military Affairs: Implications for Canada and NATO" (McGill-Queens Press, paratre en 2001).