L'une des consquences invitables de la fin de
la Guerre froide est la redfinition de plusieurs de nos hypothses
fondamentales au sujet de la scurit. Mme si un tel rexamen peut,
par moments, tre douloureux, nul doute ne doit subsister quant sa
ncessit. Le nouvel environnement de scurit exige des conceptions
nouvelles et imaginatives.
L'OTAN s'est engage dans cette rflexion, et la
transformation
qu'elle a amorce depuis ces dernires annes en est le reflet:
l'Alliance d'aujourd'hui a de nouvelles structures, de nouvelles
missions, de nouveaux partenaires et, pour finir, de nouveaux
membres. Le besoin de revoir constamment les paramtres de notre
scurit ne disparat pas pour autant. Et c'est peut-tre dans la
perspective du fondement mme de l'OTAN - la relation transatlantique
- qu'une rvaluation pourrait tre la fois plus utile et plus
complexe.
En effet, la fin de la division de l'Europe n'a
pas seulement modifi les relations Est-Ouest, mais galement affect
le partenariat transatlantique. Les Etats-Unis reconsidrent leur
rle dans un nouvel ordre post-Guerre froide. L'Union europenne est
sur la voie de l'union montaire et travaille l'laboration d'une
politique trangre et de scurit commune. Pour prserver une bonne
relation transatlantique, il faut qu'un nouveau march reflte la
nouvelle ralit, avec une Europe unie dsireuse d'uvrer aux cts
des Etats-Unis pour faire face aux dfis l'intrieur comme en
dehors de l'Europe.
Ce nouveau march est tout autant dans l'intrt
de l'Europe que dans
celui des Etats-Unis. La distinction bien commode entre intrts
amricains "mondiaux" et intrts europens "rgionaux" n'est plus de
mise depuis longtemps. En tmoignent les multiples activits
politiques, conomiques et environnementales de l'Union europenne
l'chelle mondiale, ainsi que les enjeux conomiques et politiques
essentiels que reprsente l'Europe pour les Etats-Unis. Autrement
dit, il y a suffisamment d'intrts communs pour fonder un nouveau
march.
Mais ce nouveau march transatlantique peut-il
tre conclu
maintenant, compte tenu du rythme de l'laboration d'une politique
trangre et de scurit commune? Pouvons-nous esprer un partenariat
de scurit d'une plus grande maturit alors que les ressources de
dfense dcroissent? Et pouvons-nous raliser ce partenariat en dpit
d'un foss technologique et commercial qui va s'largissant entre les
bases industrielles de dfense des deux rives de l'Atlantique?
Je pense que oui. Il est vident que la rponse
ne se trouve ni dans
une augmentation sans discernement des budgets de dfense ni dans une
Alliance laquelle serait confi le rle de gendarme du monde. Par
ailleurs, nous devrions aussi viter que le processus d'largissement
de l'OTAN ne tourne au dbat sur le partage des tches entre les
Etats-Unis et l'Europe, ce qui nous dtournerait des avantages
stratgiques d'une Europe sre et stable. Un nouveau march
transatlantique ne peut tre dfini que de faon progressive.
Selon moi, la voie suivre passe avant tout par
une meilleure
coordination entre l'Europe et l'Amrique du Nord sur les grandes
questions qui nous proccupent. Et l'Alliance atlantique nous offre
un cadre efficace pour y parvenir. En effet, le Sommet de Madrid a
t une formidable dmonstration d'unit atlantique. Il nous a tous
rappel l'lan politique que la communaut transatlantique peut
susciter lorsqu'elle s'unit derrire un objectif commun. Certes,
l'Alliance est confronte au dfi de la conclusion d'un nouveau
march transatlantique. Mais c'est dans l'OTAN qu'une identit
europenne de scurit et de dfense est en train de prendre corps;
c'est dans l'OTAN qu'une rponse au nouveau dfi de la prolifration
est l'tude; et c'est dans l'OTAN, je l'espre, qu'un dialogue sur
le partage de la technologie va bientt s'engager.
Le temps et l'inventivit ne manquent pas, de
part et d'autre de
l'Atlantique, pour y parvenir. Si le XXI e sicle doit tre
"atlantique", il le sera non seulement par le partage de valeurs
communes, mais aussi par la participation des actions communes.
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