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La République kirghize et l'OTAN :
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La République kirghize a été l'un des premiers pays de la CEI à établir une relation de coopération avec l'OTAN, et elle demeure l'un de ses partenaires les plus actifs. Le pays participe à de nombreuses activités aux côtés des pays de l'Alliance, dont un certain nombre d'exercices de maintien de la paix dans le cadre du PfP. Cette coopération avec l'OTAN est considérée non seulement comme un avantage pour la sécurité et la stabilité de la région, mais également comme un pilier des réformes politiques et économiques intérieures. "De la sécurité régionale à la paix mondiale": telle est la formule proposée par le Président de la République kirghize, M. Askar Akaïev et telle est la voie que devrait suivre, dans l'avenir, le processus d'instauration d'une sécurité internationale, d'une compréhension mutuelle et d'une coopération entre les pays. La République kirghize, membre de la Communauté des Etats indépendants (CEI), reconnaît l'importance que revêt la participation à ce dispositif de coopération pour sa population actuelle et les générations à venir. Pour nous, l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord et l'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) sont les principales institutions impliquées dans ce processus et aussi dans l'architecture de sécurité de l'Europe tout entière. En effet, ces derniers temps, l'envergure de ces deux organisations s'est nettement amplifiée. L'effondrement de l'Union soviétique et des structures socialistes en Europe a préparé le terrain pour le développement graduel de nos relations avec l'OTAN. Ce processus, qui s'est instauré entre l'OTAN et les pays d'Europe centrale et orientale (ECO), de la mer Baltique, et de la CEI, a radicalement modifié l'opinion stéréotypée que ces pays avaient de l'Alliance, ce qui leur a permis de l'appréhender sous un autre angle.
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L'élargissement de l'OTANLorsque que nous observons de plus près l'évolution interne de l'OTAN, et au moment où la date d'un éventuel élargissement approche sur le calendrier européen de la sécurité, nous pouvons, de notre point de vue centre-asiatique, discerner certaines tendances.
Cette ère nouvelle faite de progrès partagé et d'une dynamique évolutive implique des formes de coopération autres que l'adhésion. Pour nous, la base de cette coopération demeure le besoin de stabilité et de sécurité au niveau intérieur et régional, ainsi que le progrès socio-économique fondé sur des réformes démocratiques. Au fur et à mesure que la relation entre l'OTAN et les états nouvellement indépendants va s'étoffer, son attrait devrait certainement croître. Les positions kirghizes
Les possibilités de coopérer avec l'OTAN en dehors du domaine militaire n'avaient jamais été explorées. Un rideau opaque était tiré et l'idée même de relations mutuellement profitables était rejetée d'emblée. Pourtant, selon le dicton oriental, "la société change tous les cinquante ans", et avec elle ses préjugés et stéréotypes les plus obstinés. A présent toutes sortes de tabous idéologiques ont été levés, et des zones obscures ont été révélées. Des sentiments nationaux qui avaient été refoulés artificiellement (et même réprimés) ont éclaté au grand jour. Initialement, le processus d'ouverture de l'OTAN a été l'oeuvre de ses anciens adversaires. La République kirghize fut l'un des tout premiers pays de la CEI (à l'exclusion des pays baltes) à s'engager sur la voie de la coopération avec l'OTAN. Maintenant, mon pays est considéré par les hauts fonctionnaires de l'Alliance comme le partenaire le plus actif et peut-être même le plus réceptif de tous les pays de la CEI. Ces qualités trouvent leurs racines dans l'histoire et la culture de la nation kirghize et dans le système politique qui en a résulté. Comme le Président Akaïev l'a déclaré dans son discours à l'occasion du 70e anniversaire de la région autonome kirghize, l'histoire montre que le peuple kirghize a "créé et préservé de nombreuses institutions politiques turques héritées du passé comme la séparation des administrations militaires et civiles, l'élection des monarques, la mobilisation générale en cas de danger provenant de l'extérieur, et bien d'autres encore". En outre, à l'époque de la composition de la grande épopée du peuple kirghize, "Manas" (dont le millénaire a été largement célébré en 1995, après avoir inspiré une Résolution de l'ONU pour sa commémoration), époque qui a vu fleurir la Grande route de la soie, de nombreuses cultures et religions sont venues d'Europe et de la Méditerranée vers l'Inde et la Chine, des marchands et missionnaires de diverses confessions, des poètes et courtisans de différentes nationalités, des derviches et des gens du peuple; tout ceci a résulté en une fusion et un brassage pacifique sur le territoire de la République kirghize. La cour du chef suprême du pays accueillait des diplomates de Byzance, de Perse, d'Inde, de Chine et des pays arabes. Ainsi, pendant des siècles, des contacts et des relations se sont établis entre des visiteurs issus d'autres cultures et la population locale, contribuant à l'adaptation naturelle de cette dernière à des situations nouvelles, encourageant la tolérance à l'égard d'idées novatrices, le courage face à l'adversité quotidienne, le pacificisme et l'harmonie envers leur société et envers les autres. Il est intéressant de noter que si les Nations unies ont adopté à l'unanimité une résolution sur cette épopée, c'est essentiellement dû à la similitude entre ces principes et les buts et idéaux de cette organisation. A l'époque moderne, comme l'a observé le Président Akaïev, le peuple kirghize "a absorbé, peut-être plus intensément que nos voisins de la région, diverses vagues de civilisation. C'est un phénomène que l'on ne peut ignorer. Autrement dit nous, peuple kirghize, pouvons nous définir comme Eurasiens. Non pas, peut-être, de par nos origines, mais par notre histoire récente et, surtout, nos affinités sociales". Ce sont les qualités nationales de tolérance et d'adaptabilité au monde qui l'entoure qui caractérisent la République kirghize, et sont nourries par une direction politique saine et par la sensibilité du pays aux traits nationaux malgré une société multiethnique composée de plus de quatre-vingt nationalités. C'est cela qui lui permet de conserver le soutien populaire et la stabilité politique, conditions essentielles à l'exécution de réformes démocratiques. L'absence de tout complexe militaro-industriel de grande taille dans cette petite république pauvre et attachée à la paix, combinée à la crise économique actuelle, sont les raisons principales qui poussent la République kirghize à privilégier le domaine civil dans sa coopération avec l'OTAN. Toutefois les contacts et la coopération en matière militaire ne sont pas forcément exclus. A travers des relations et une coopération accrues entre l'OTAN et la République kirghize au cours des deux dernières années, nous sommes parvenus à une meilleure compréhension mutuelle. Nous sommes reconnaissants des dispositions encourageantes dont l'Alliance et ses membres ont fait preuve à l'égard de notre pays. Divers contacts politiques et militaires de haut niveau, y compris des visites de hauts fonctionnaires de l'OTAN, des Etats-Unis ou d'autres instances à Bichkek ont créé des conditions favorables à la multiplication des échanges entre spécialistes et experts gouvernementaux et parlementaires. En juin 1995 et mai 1996, une délégation de représentants de l'armée et du gouvernement kirghizes s'est rendue au siège de l'OTAN pour se familiariser avec les activités et la structure coopérative de l'OTAN. Plusieurs séminaires conjoints ont eu lieu, dont le premier à caractère régional à se tenir dans la CEI. Axé sur "La planification des urgences civiles et la coopération civilo-militaire", il a été organisé à Bichkek en juin dernier. A la veille de l'instauration du dialogue renforcé avec les pays partenaires, le Secrétaire général adjoint pour les affaires politiques de l'OTAN, l'Ambassadeur Gebhardt von Moltke, a émis une remarque qui nous a paru tout à fait pertinente. Il a proposé de soulever des questions d'intérêt spécifique pour les pays partenaires, y compris celles considérées comme "sensibles": les problèmes de sécurité sociale, de protection de l'environnement, de planification des urgences civiles, de reconversion des entreprises de défense, d'amélioration des infrastructures de base dans les domaines de la science et de l'éducation, de la formation technique et professionnelle, du recyclage des travailleurs qualifiés, etc. Bref, autant de questions liées au processus de consolidation des fondements de la démocratie, de réalisation de réformes économiques, d'établissement de relations de bon voisinage dans la région, et d'instauration d'un contrôle civil de l'appareil militaire. Dans le cadre du Partenariat pour la paix, il est prévu que la République kirghize prenne part à des dizaines d'exercices de maintien de la paix, dont Cooperative Osprey 96 avec l'aide financière des pays de l'OTAN. Ces exercices améliorent le niveau et la qualité de préparation sur le Plateau d'Asie centrale, nous permettant de nous rapprocher des critères modernes requis pour des opérations de maintien de la paix. Ce sont aussi des éléments qui appuient les relations de travail existantes et en créent de nouvelles, y compris entre les états-majors généraux des autres pays signataires du PfP. L'OTAN et l'OSCE se complétant, la République kirghize peut, en tant qu'état eurasien, participer ouvertement à la sécurité et à la coopération européennes. A ce sujet, parallèlement aux débats réguliers qui ont lieu au sein de l'OSCE, une coopération estimable s'est instaurée grâce au centre d'études de sécurité George C. Marshall, à Garmisch, en Allemagne, qui finance diverses activités liées aux problèmes de l'Asie centrale.
La première d'une série de conférences internationales a d'ailleurs eu lieu à Tachkent, en Ouzbékistan, du 12 au 17 août 1996. Elle portait sur le thème de "la stabilité et la sécurité régionales en Asie centrale".
La stabilité régionaleUne autre conférence s'est tenue en avril 1996 à Bichkek centrée sur un nombre de thèmes importants touchant la stabilité dans la République kirghize et l'ensemble de la région. Citons, entre autres: la dégradation de l'environnement, une forte croissance démographique, allant de pair avec une exploitation intensive de l'eau et du sol, des irrégularités répétées dans certaines zones frontalières, le trafic de drogues et la situation géopolitique de l'Asie centrale, définie comme une zone de "risque élevé" entre les deux puissances nucléaires que sont la Fédération russe et la Chine.La situation de la frontière entre le Tadjikistan et l'Afghanistan a été signalée comme très préoccupante. Selon nous, deux conclusions spécifiques particulièrement probantes de cette conférence sont dignes d'attention:
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