Revue de l'OTAN

Edition Web
No. 6 - Nov. 1996
Vol. 44 - pp. 24-25

Dans la perspective de l'adhésion,
la Slovénie renforce ses liens avec l'OTAN

Ignac Golob
Secrétaire d'Etat, ministre des Affaires étrangères de la République de Slovénie


Ignac Golob
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Pour la Slovénie, l'OTAN est un indispensable instrument de stabilité en Europe. Son élargissement à de nouveaux membres, rapidement de préférence, est le seul moyen de répondre au vide sécuritaire en Europe centrale et orientale. Dans le cadre des préparatifs en vue d'une adhésion, à terme, à l'OTAN, la Slovénie fait son possible pour contribuer à une Europe sûre et stable.

L'OTAN est indispensable à la sécurité de l'Europe d'aujourd'hui et le restera pour celle de demain. Du point de vue slovène, il est indéniable que son importance ne fait que croître.

La fin de la Guerre froide n'a pas entraîné de changement fondamental ni de la nature humaine ni de celle des relations internationales. Elle n'a pas non plus modifié ce qu'est l'état ni empêché la réapparition de l'expansionnisme, du revanchisme ou d'un nationalisme pernicieux. De la même manière les tentatives anti-démocratiques pour reprendre le contrôle ou rétablir son influence dans certaines parties d'Europe n'ont pas été éradiquées. Et il est fort probable que ces problèmes soient encore longtemps d'actualité en cette ère nouvelle.

Il ne fait aucun doute que nous devrions bâtir une nouvelle architecture de sécurité pour le présent et pour l'avenir, mais sans perdre de vue pour autant certaines orientations du passé qui ont une fâcheuse tendance à se répéter. Les expériences qu'ont connues les pays de la Baltique aux Balkans, tout à la fois différentes et étonnamment semblables, peuvent nous apporter bien des enseignements.

On entend fréquemment dire que les relations internationales sont quasiment imprévisibles, déclaration en général assortie d'affirmations selon lesquelles on ne peut prédire les besoins de certaines parties de l'Europe dans le domaine de la sécurité en raison du caractère imprévisible des événements qui s'y produisent. Cela peut paraître vrai. Mais il ressort d'un examen plus approfondi de la situation en Europe centrale et orientale et dans les Balkans qu'il n'en est rien.


Le vide sécuritaire

Drnovsek & Solana
M. Janez Drnovsek (à gauche), Premier ministre de Slovénie, avec M. Solana, Secrétaire général de l'OTAN, lors d'une visite à Bruxelles en mai dernier.
(Photo OTAN 24Kb)
Il existe, dans cette région, un vide sécuritaire qui peut engendrer une grande incertitude s'il n'est pas comblé. Or dans bien des cas, l'incertitude et le manque de sécurité résultent d'une attitude négligente et selon laquelle il vaudrait mieux laisser chacun affronter seul ses problèmes, jusqu'à un certain point. Mais une fois que ce point est atteint, il devient en général impossible d'éviter une crise ou un bouleversement considérables.

L'OTAN est un instrument de stabilité et l'a toujours été. Depuis des décennies, la stabilité européenne est fortement renforcée par l'Alliance, par le biais de la défense collective. Cependant, pour la maintenir, il semblerait nécessaire de combler le vide sécuritaire d'Europe centrale et orientale. Sinon, le prix à payer pourrait bien augmenter dans l'avenir. Pour l'heure, l'Europe ne peut compter sur aucun autre instrument que l'OTAN pour accomplir cette tâche. Il n'y en a pas d'autre en vue.

Certes, l'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) ouvre des perspectives prometteuses, mais il serait peu réaliste d'espérer que, matériellement, elle mette en place à elle seule un système de sécurité durable et efficace et de surcroît dans un délai qui permettrait d'éviter que ne surviennent des événements malencontreux.

Selon nous, la seule réponse efficace et durable semble être l'élargissement de l'OTAN à de nouveaux pays membres, en parallèle avec le développement de l'identité européenne de sécurité et de défense (IESD).

Le programme de Partenariat pour la paix (PfP), accueilli favorablement par les uns, et mal compris par les autres, est apparu comme une initiative créative, tournée vers l'avenir et dotée d'un important potentiel de croissance. Il a été injustement qualifié par certains de «salle d'attente» ou de «classe préparatoire» avant l'adhésion. Il devrait maintenant être évident que le PfP est bien plus que cela et que bien mené et bien géré, il pourrait constituer un élément permanent de la scène européenne de la sécurité.

Le développement et, dans un proche avenir espérons-le, la mise en oeuvre de l'identité européenne de sécurité et de défense, aideront les Européens à formuler d'eux-mêmes des mesures efficaces tout en maintenant un lien transatlantique puissant et étroit. La Slovénie apprécie pleinement la décision de l'OTAN d'apporter son assistance au développement de l'identité européenne de sécurité et de défense et donc au renforcement de l'Union de l'Europe Occidentale (UEO). La sécurité en coopération acquerra un sens nouveau avec des opérations conduites conjointement par l'OTAN et l'UEO et qui impliqueront les pays partenaires du PfP.

Une communauté transatlantique

Pour la Slovénie, depuis peu associé partenaire de l'UEO, la sécurité européenne, fondée sur une OTAN renforcée et une UEO plus solidement assise, doit être précédée d'un lien transatlantique fort. Il est dans l'intérêt stratégique des Etats-Unis d'être impliqués en Europe et il suffit de se référer à la situation bosniaque et à l'accord de Dayton pour se rendre compte qu'il est clairement dans l'intérêt de l'Europe que les Etats-Unis maintiennent leur présence.

Une telle communauté de sécurité garderait sa capacité de mettre en oeuvre ses mécanismes de défense en cas de besoin (mais souhaitons que cette situation ne se présente pas!) Dans le même temps, elle favoriserait la stabilité et éviterait totalement ou partiellement que les conflits qui se produiront inévitablement ne s'enflamment. En outre, l'OTAN pourrait ne pas utiliser nécessairement son bras militaire, mais bien plutôt son bras politique, respecté de longue date.

Une OTAN enrichie sera donc synonyme d'un système de sécurité collective étendu, ce qui facilitera la réduction des forces armées des pays membres actuels et futurs.

Pour les pays membres comme pour les pays partenaires, ce problème présente de multiples facettes. En effet, la réduction des forces armées est dictée par des raisons militaires, ainsi que par des impératifs économiques et financiers, notamment pour les pays souhaitant accéder à l'Union européenne. La Slovénie est un cas assez singulier, puisque elle est en train de constituer ses forces ex nihilo, en les équipant en conformité avec la législation slovène, strictement selon les normes de l'OTAN et en les dotant d'une structure à l'image de celles des pays de l'OTAN.

La question de la sécurité nationale et internationale soulève une autre difficulté, notamment - mais pas exclusivement - en ce qui concerne les pays en transition. La condition nécessaire à la permanence d'un modèle sérieux de sécurité est la présence d'une stabilité sociale et économique. Or un chômage endémique et les tensions qu'il peut susciter affaibliront sérieusement, s'ils ne l'anéantissent pas totalement, le sens du dessein et la détermination nécessaires au maintien d'une alliance forte.

L'histoire nous enseigne que le chômage peut très bien engendrer et alimenter le chauvinisme, lequel peut à son tour mettre sérieusement à l'épreuve les mécanismes internes de règlement de conflits. De surcroît, ces mécanismes demandent encore à être suffisamment développés dans un certain nombre de pays.

Le dialogue avec l'OTAN

La Slovénie exprime son point de vue à travers un dialogue individuel avec l'OTAN et attend impatiemment la phase suivante - et finale - de ce dialogue, dont elle a grandement apprécié la valeur depuis le début. Tel qu'il est conceptualisé et mis en oeuvre, il s'agit d'un processus sui generis parfaitement adapté à son propos et à son objectif.

Dans le cadre de ce dialogue, nous discutons de tous les aspects et de tous les éléments essentiels de la sécurité européenne au XXIe siècle. Nous avons réaffirmé notre volonté sans réserve de continuer de coopérer avec l'IFOR, de renforcer notre participation au Partenariat pour la paix, de prendre part à de nouveaux exercices bilatéraux et multilatéraux avec les pays de l'OTAN et du Partenariat pour la paix, et d'accueillir en Slovénie une session du Comité directeur politico-militaire du Partenariat pour la paix en octobre. (1)

La récente étude sur l'expansion de l'OTAN mentionne que l'élargissement devrait contribuer à la stabilité et à la sécurité de toute la zone euratlantique, en tant qu'élément d'une architecture européenne de sécurité plus vaste, et devrait aussi soutenir l'objectif d'une Europe unie. Et enfin, dernier point et non des moindres, les objectifs et les principes du Traité de Washington devraient être acceptés sans restrictions par les nouveaux membres.

La Slovénie adhère à ces principes de tout coeur et sans réserves, et se tient prête à assumer sa part de responsabilités.

Note:

  1. En réunion du Conseil de coopération nord-atlantique (CCNA)/PfP.


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