Revue de l'OTAN
Mise à jour: 23-Oct-2002 Revue de l'OTAN

Edition Web
Vol. 44- No. 2
Mars 1996
p. 24-28

Les nouvelles dimensions du dispositif
de sécurité albanais

Général de division Adem Copani
Conseiller à la défense du Président d'Albanie

Après avoir traversé une période de profonde transformation à la suite de la fin de la Guerre froide, l'Albanie a fait de rapides progrès en direction de l'Europe. Elle attache une grande importance à sa participation au Partenariat pour la paix et a été aux avant-postes du programme dès ses débuts. Le PfP est perçu comme un élément organique du processus de transformation des forces armées albanaises et permet maintenant à notre pays de parachever son passage au contrôle démocratique total de l'appareil militaire. Dans le même temps, le pays fait de gros efforts pour mettre en place des institutions démocratiques et une économie de marché, éléments indispensables à la préparation de son adhésion, à terme, aux institutions européennes de sécurité. La coopération avec l'OTAN aide à garantir le caractère démocratique des changements en cours. L'Albanie comprend qu'elle ne peut être pleinement intégrée à l'OTAN du jour au lendemain, mais en attendant, elle continuera de tirer parti au mieux du PfP afin de parvenir à son objectif.

Pendant quelques décennies après la rupture avec l'Union soviétique, au début de 1960, l'Albanie s'est trouvée dans un vide stratégique, cherchant à assurer sa sécurité et sa défense sans aucun allié. Aujourd'hui, elle fait tout son possible pour combler ce vide en s'efforçant de nouer des liens avec les formations de défense et les systèmes de sécurité en place en Europe. Le processus qui a permis d'aboutir à l'actuel niveau de coopération entre l'OTAN et l'Albanie, au travers du Partenariat pour la paix et du Conseil de coopération nord-atlantique, remonte à début 92, au lendemain de la chute du communisme dans ce pays, qui a été le premier Etat d'Europe de l'Est à se porter officiellement candidat à l'adhésion à l'OTAN.

En fait, ces dernières années ont été une période caractérisée par l'émergence de l'oubli et d'un profond isolement - situation totalement nouvelle pour l'Albanie. Après être passés par une phase de transformation comparable à un puissant séisme politique, social et économique, nous avons commencé à établir d'étroites relations d'amitié et de coopération avec nos alliés occidentaux traditionnels, progressant rapidement vers l'Europe. Jamais, au cours des multiples siècles d'histoire et de contribution de l'Albanie à la civilisation européenne, elle n'a été aussi proche des pays d'Europe occidentale et des Etats-Unis. C'est une période de grande solidarité avec les pays de l'Union européenne, les Etats-Unis et d'autres pays amis de l'Albanie.
Le premier événement important qui a marqué le début d'une coopération institutionnalisée entre l'OTAN et l'Albanie a été l'admission de notre pays au sein de Conseil de coopération nord-atlantique, en juin 1992. Depuis cette date, un certain nombre de parlementaires, journalistes, hommes politiques et militaires albanais se sont rendus au siège de l'OTAN à Bruxelles et au SHAPE, à Mons, en Belgique. En participant à diverses activités en coopération au sein de l'OTAN, ils ont fortement contribué à améliorer la connaissance et la compréhension de l'Alliance par l'opinion publique albanaise.

La première visite d'une délégation officielle de l'OTAN en Albanie a eu lieu en 1992, pour une mission d'information. Elle a été suivie par la visite du Président albanais Sali Berisha au siège de l'OTAN, en décembre de cette même année. A cette occasion, il a prononcé un discours devant le Conseil de l'Atlantique Nord et a pu s'entretenir avec son Secrétaire général, Manfred Wörner.

Cette visite a ouvert la voie à une série d'autres délégations de haut niveau de l'OTAN en Albanie. Elles ont culminé avec la visite historique du Secrétaire général de l'OTAN lui-même, en mars 1993. "L'Albanie fait partie de l'Europe", a-t-il déclaré solennellement devant le parlement albanais. "Cette nation est bien connue pour sa fierté et ses mérites, pour son énergie et son talent. Je crois fermement dans les valeurs de votre peuple et suis venu ici pour montrer que je suis prêt à vous aider."

Cela a marqué le début de l'envoi d'experts techniques par l'OTAN. Par la suite, nous avons reçu successivement le Maréchal Sir Richard Vincent, alors Président du Comité militaire de l'OTAN, puis le Général George A. Joulwan, Commandant suprême des forces alliées en Europe. Dans le même temps, le siège de l'OTAN est devenu un véritable lieu de pèlerinage pour nombre de délégations et de missions d'Albanie.

Vers le Partenariat pour la paix

Si le lancement de l'initiative du Partenariat pour la paix (PfP), au Sommet de Bruxelles de janvier 1994, a offert à l'Albanie la possibilité de renforcer concrètement ses relations avec l'OTAN, elle constitue également, pour ce pays un élément clé dans la perspective de son intégration, à terme, dans l'OTAN. La seconde visite du Président Berisha à l'OTAN a eu pour objet la signature du Document cadre du PfP, ce qui montre bien l'importance que l'Albanie attache à cette participation.

Le potentiel que le PfP offre à l'Albanie repose en grande partie sur la réalisation du Processus de planification et d'examen (PARP), auquel nous avons contribué. Notre participation au PARP vise essentiellement à nous permettre de définir les forces et les moyens que nous envisageons de mettre à disposition pour des activités PfP, et à améliorer l'interopérabilité de nos forces avec celles des Alliés dans les domaines désormais bien arrêtés de la coopération au sein du PfP: le maintien de la paix, les missions humanitaires, de recherche et de sauvetage, la préparation et les exercices.

L'Albanie a souscrit à certains objectifs spécifiques en matière d'amélioration de l'interopérabilité de ses unités affectées au PfP avec les forces de l'Alliance. Qui plus est, le PARP a été conçu pour être un mécanisme d'échange d'informations plus général et plus régulier, mais aussi de transparence accrue entre les Alliés et l'Albanie sur les plans de défense et de financement globaux.
L'Albanie a également établi un bureau de liaison au siège de l'OTAN, à Bruxelles, sous la responsabilité de l'ex-Chef de la défense, le Général de corps d'armée Ilia Vasho, afin de faciliter sa participation aux réunions et activités du CCNA/PfP. Notre bureau de liaison à la Cellule de coordination du Partenariat, à Mons, est dirigée par un excellent diplômé d'une académie militaire américaine qui assure la coordination et la planification militaires nécessaires à la mise en œuvre des programmes bilatéraux. Les occasions de consultations politiques et militaires avec l'OTAN continuent de se multiplier à travers des réunions régulières avec le Conseil, le Comité politique, le Comité militaire et d'autres organes du siège de l'Alliance, sans oublier les réunions qui ont lieu, deux fois par an, au niveau des chefs de la défense. L'Albanie fait tout son possible pour mettre en place des institutions démocratiques et une économie de marché, sans lesquelles elle ne peut parvenir à la stabilité indispensable pour jouer son rôle dans la région et se préparer à son adhésion, à terme, aux institutions européennes de sécurité. En outre, la poursuite de ces objectifs contribue concrètement à la sécurité et à la stabilité de la région.

La coopération entre l'Alliance et l'Albanie aide à garantir le caractère démocratique des changements en cours dans le pays et pourrait servir de base à de futures structures de sécurité régionales sous l'égide de l'OTAN. Peut-être est-ce la voie susceptible de mener à un système de coopération en mesure de résoudre les problèmes régionaux, système qui pourrait aussi, dans l'avenir, devenir la principale garantie de la souveraineté et de l'indépendance de l'Albanie. Dans ce contexte, le PfP prend davantage d'importance et une dimension plus politique pour l'Albanie en ce qui concerne la défense des principes démocratiques et notre engagement à cet égard, ce qui accroît la stabilité et réduit les menaces qui pèsent non seulement sur nous, mais aussi sur la paix dans la région.

Comme le regretté Manfred Wôrner, ancien Secrétaire général, l'a déclaré il y a quelques années, "la participation de l'Albanie à la sécurité et la stabilité de l'Europe du sud-est et des Balkans est essentielle - c'est là une initiative que l'Alliance souhaite encourager".

En fait, l'Albanie s'est fortement impliquée dans la recherche par la communauté internationale d'une solution pacifique à la crise des Balkans. Le gouvernement albanais a pleinement soutenu les embargos imposés par les Nations unies à l'ex-Yougoslavie, en dépit des graves pertes qu'ils ont entraînées pour son économie. A ce sujet, la marine albanaise a coopéré étroitement avec celles de l'OTAN et de l'UEO dans le cadre de l'opération Sharp Guard, dans l'Adriatique, et des officiers de la marine albanaise ont régulièrement été invités à bord de bâtiments des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne et de l'Italie à des fins de familiarisation. De surcroît, le gouvernement albanais avait mis ses bases maritimes et aériennes à la disposition de l'OTAN, en cas de nécessité.

Le gouvernement albanais a également autorisé l'Alliance à utiliser des aérodromes et des installations portuaires de notre pays à l'appui de ses opérations Safe Haven et Deny Flight au-dessus de la Bosnie. En 1994, les Etats-Unis ont déployé des avions de surveillance sans pilote sur le territoire albanais en vue d'opérations au-dessus de la Bosnie, et nous avons également mis à disposition une base aérienne, au nord du pays, pour les avions de reconnaissance américains sans pilote Predator chargés de surveiller le territoire bosniaque. La coopération sans réserve de l'Albanie, en dépit des risques qu'elle lui faisait encourir sur le plan de son économie et de sa sécurité, est une preuve de notre fiabilité, qualité extrêmement précieu-i se chez un allié.

La récente admission de l'Albanie au Conseil de l'Europe et ses efforts en vue de parvenir à l'association avec l'Union européenne sont des étapes importantes sur la route de l'intégration. Sa participation active à l'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) constitue également une grande contribution aux travaux de cette organisation dans la région.
Dès le début, l'Albanie a été aux avant-postes du PfP: en y souscrivant tôt, en effectuant et en accueillant plus d'exercices PfP que tout autre Partenaire, et en soutenant démocratiquement ce programme au sein de tout son spectre politique. Cependant, le gouvernement albanais sait bien que l'accession à l'OTAN est un processus bien plus compliqué et plus long, et il est indispensable que nous répondions aux critères de haut niveau qui sont requis des membres de l'Alliance en matière d'institutions gouvernementales démocratiques et de libéralisation économique. Nous espérons être bien engagés sur la voie de la mise en place de ces institutions et que grâce à la poursuite de la démocratisation de notre société, le jour viendra où l'Albanie sera vue comme un candidat fiable pour l'adhésion à l'OTAN.

De nouvelles relations civilomilitaires

L'Albanie achève son passage au contrôle civil et démocratique intégral de ses forces armées, fondé sur les types de contrôle civil couramment appliqués dans les démocraties avancées. L'organisation de notre ministère de la défense suit de très près les modèles occidentaux. Le Chef de la défense est subordonné à la fois à un ministre de la défense civil et à un Président civil, élu par le parlement, qui a la qualité de Commandant en chef. Le contrôle parlementaire des forces armées consiste à approuver le budget de la défense et à rédiger et à contrôler les textes de loi relatifs aux questions de défense. Enfin, les forces armées albanaises sont apolitiques et toute activité politique est interdite au sein de l'appareil militaire.

Bien entendu, pour parvenir à un contrôle civil et démocratique efficace de l'appareil militaire, l'éducation est un élément indispensable. C'est pourquoi nous nous efforçons non seulement de répandre les principes atlan-tistes de la démocratie et de combler le fossé qui, sous l'ancien régime, séparait l'armée de la société civile, mais aussi de mettre en place le système éducatif nécesssaire afin que militaires et civils en sachent davantage en matière de politique de défense et de sécurité. Malgré des ressources insuffisantes et un manque d'expérience, un Institut d'études internationales et stratégiques a été créé à Tirana en 1994. En novembre 1994, en coopération avec l'OTAN, l'Institut des affaires internationales (Rome) et la Fondation hellénique pour la politique étrangère et de défense (Athènes), il a organisé une conférence sur "L'évolution des institutions européennes et atlantiques: la nécessité d'une nouvelle stratégie d'intégration à l'égard des pays d'Europe de l'Est". Elle sera suivie d'une nouvelle conférence, à Tirana, sous le parrainage de l'OTAN: "La politique de défense à la veille du XXIe siècle".

En outre, ce n'est pas une coïncidence si le 4 avril 1995, date du 46e anniversaire de la création de l'Alliance atlantique, le Collège de défense de l'Albanie a été inauguré, à Tirana, en présence du Président Berisha et de hauts fonctionnaires de pays de l'OTAN et du Centre George C. Marshall de Garmisch, en Allemagne. Notre collège dispense la formation politico-militaire la plus élevée dans le domaine de la politique de sécurité et de défense et est ouvert à des personnels civils et militaires occupant ou briguant des positions de haut niveau dans le secteur de la sécurité et de la défense. La première promotion se composait de quinze civils et neuf membres de l'appareil militaire provenant du ministère des Affaires étrangères, du ministère de la défense, du gouvernement, du parlement, des partis politiques et des médias. Plus de la moitié des enseignants venaient de collèges et d'universités de l'ouest. A la fin des cours, tout le groupe d'étudiants a été invité pour une semaine de travail au Centre Marshall - ce qui était une première pour un pays d'Europe de l'est. En outre, le Centre d'études stratégiques et le Collège de commandement et d'état-major ont été fondés, récemment, au sein de l'Académie de défense. Les enseignants sont presque tous des Albanais formés en Occident.

Une autre nouveauté importante a été la création récente de l'Association atlantique albanaise, centre non gouvernemental et non-partisan qui vise à promouvoir les intérêts albanais au sein de la communauté atlantique. Cette association se consacre à la formation de différents segments de la société albanaise aux idéaux prônés par l'OTAN: la préservation de la paix et la défense de la liberté à travers la solidarité politique et une défense adéquate capable de repousser toutes les formes possibles d'agression. L'Association inclut des personnalités politiques de différents partis ainsi que des militaires, des parlementaires, des hommes d'affaires, des journalistes et des universitaires. Elle constitue un forum de discussion au sein duquel des hôtes éminents de pays membres de l'OTAN et d'Albanie peuvent traiter des défis et ouvertures actuels et favoriser un débat public informé sur la politique de sécurité albanaise et sur les relations entre l'OTAN et l'Albanie.

Dans le domaine des relations militaires internationales, les contacts se sont intensifiés, surtout avec les pays de l'OTAN. Jusqu'ici, nous avons conclu douze mémorandums d'entente et accords de coopération sur des questions de défense avec les Etats-Unis, la France, la Grande-Bretagne, la Turquie, la Grèce et l'Italie, et plus de 250 groupes de spécialistes militaires des pays de l'OTAN, des Etats-Unis, d'Allemagne, de Turquie, d'Autriche, de France et d'Israël ont été accueillis au sein d'unités et d'établissements militaires albanais. Dans le même temps, quelque 1500 membres de l'armée albanaise ont visité les quartiers généraux et les installations militaires de pays de l'OTAN.
Dans ce contexte, les contacts de plus en plus étroits avec l'OTAN et ses pays membres ont permis à de très nombreux officiers albanais de fréquenter des écoles militaires de plusieurs pays dont les Etats-Unis, la Turquie et l'Allemagne.

Nous avons veillé à réformer la formation militaire albanaise en pleine conformité avec les standards occidentaux. L'Académie de défense, qui se compose du Collège de défense, du Collège de commandement et d'état-major, d'un Centre d'études stratégiques et de l'Académie des sous-officiers, est désormais à l'image des établissements américains homologues. L'Académie militaire, qui forme de nouveaux officiers, a été restructurée en se fondant sur le programme et l'expérience allemands. Une partie de ses enseignants ont fait un stage spécial en Allemagne, et des instructeurs militaires allemands sont venus en Albanie pour transmettre leur expertise sur place.
Pour faciliter les contacts, des cours d'anglais sont désormais dispensés dans toutes les écoles militaires et tous les états-majors. D'après les statistiques du service du personnel du ministère de la défense, plus des deux tiers des officiers parlent maintenant une langue étrangère -surtout l'anglais, mais on trouve aussi l'allemand et l'italien.

La nouvelle doctrine militaire

Les changements apportés aux concepts afférents à la sécurité entraîneront peu de modifications au niveau du rôle des forces armées, qui consiste essentiellement, comme auparavant, à assurer la souveraineté et l'indépendance nationales. De toute façon, en cette ère nouvelle, il y a très peu de risques de guerre totale entre des pays européens ou d'agression par l'un d'eux.

Cependant, comme l'agitation dans les Balkans en témoigne, les conflits ethniques et les crises régionales demeurent une menace. C'est pourquoi, vu les changements survenus dans l'environnement de sécurité, il était nécessaire de procéder à une révision de la mission des forces armées et, plus généralement, de la doctrine militaire de l'Albanie. A cet effet, en avril 1995, le Conseil de la défense a approuvé le premier Livre blanc sur la défense du pays, "La politique de sécurité et de défense de l'Albanie", dont un exemplaire a été présenté au Secrétaire général de l'OTAN lors de la réunion des ministres de la défense du CCNA et du PfP en mai 95.

Auparavant, en tant qu'"instrument" de la dictature du prolétariat, les forces armées albanaises défendaient le pays contre des menaces extérieures, mais elles étaient aussi chargées de protéger le système socialiste contre des menaces de l'intérieur. Désormais, leur rôle consiste à défendre militairement l'Albanie contre une éventuelle agression extérieure et à protéger sa souveraineté et son intégrité territoriale. Mais elles doivent aussi protéger le pays et ses citoyens contre toute pression politique inconstitutionnelle, promouvoir la stabilité militaire dans la région, servir la paix et la sécurité internationale conformément à la Charte des Nations unies, fournir de l'aide en cas de catastrophes et de situations d'urgence de type civil, et soutenir les initiatives humanitaires.

La doctrine militaire albanaise a une orientation défensive, ce qui reflète les objectifs militaires stratégiques d'un petit pays aux moyens économiques limités ainsi que le caractère et les traditions du peuple albanais. En effet, les Albanais n'ont jamais attaqué un autre peuple. En revanche, à maintes reprises, le peuple albanais et son territoire ont été victimes d'agressions et d'invasions dont nous ressentons encore les conséquences.

La situation géographique particulière de l'Albanie a été prise en compte dans la préparation de son système de défense. Une attention spéciale est accordée aux objectifs opérationnels et aux régions les plus importants, ainsi qu'aux centres politico-administratifs et économiques. Au début de toute opération de défense, les forces terrestres interviendraient pour dissuader l'agresseur, ce qui nécessite le maintien d'un système de mobilisation rapide et d'un haut niveau de préparation au combat en temps de paix.

La réforme de l'armée aura une grande incidence sur la préparation, la structure, et la préparation des états-majors, tant en ce qui concerne les tâches militaires que les missions d'assistance de la population civile.

L'interopérabilité et les niveaux de performance

Un des aspects les plus importants de la relation entre l'Albanie et l'OTAN dans le cadre du PfP a été la mise en place de liens militaires de coopération en matière de planification, de préparation et d'exercices afin de renforcer la capacité de nos forces armées d'entreprendre des missions dans les domaines du maintien de la paix, de la recherche et du sauvetage, de l'aide humanitaire et autres. La participation à des exercices conjoints permet à l'armée albanaise de se familiariser avec les procédures de planification opérationnelle de l'OTAN et d'améliorer sa capacité de travailler avec des forces amies dans le cadre de missions réelles. La mise en place d'unités en mesure de participer à des exercices et des opérations de maintien de la paix aux
côtés d'unités de l'OTAN aboutit à une plus grande harmonisation entre les structures des forces albanaises et celles de l'OTAN.

En 1995, les forces armées albanaises ont participé à douze exercices conjoints, dont deux en Albanie. Le premier de ceux-ci a été l'exercice Saving Eagle, organisé en juillet au nord de Durres, sur la côte albanaise, qui a été jugé comme l'exercice de plus grande envergure et le plus important de ce genre qui ait jamais eu lieu en Europe centrale et orientale. Les forces albanaises ont été rejointes par la force amphibie de la Sixième flotte américaine et par 1 700 hommes de la 24è Unité expéditionnaire de la marine, mais aussi par le porte-hélicoptère USS Kearsage et l'USS Nashville. Cet exercice côtier a été suivi par un autre dans l'arrière pays, appelé Peaceful Eagle.

Ces exercices ont été une grande réussite. Planifiés et mis en œuvre dans un délai remarquablement court, ils ont apporté une formation de qualité à des tâches communes. Les hommes ont reçu une préparation en situation et ont commencé à se forger une conception commune de la doctrine de la recherche et du sauvetage, à comprendre la valeur de Finteropérabilité, et à apprendre à opérer dans un environnement multinational. Mais, surtout, ils sont devenus amis. Ils ont appris à se faire confiance et réalisé qu'ils pouvaient affronter les défis de la recherche et du sauvetage en tant qu'équipe.

Qui plus est, pour la première fois de leur histoire, en août 1995, des troupes albanaises ont pris part à des exercices conduits hors de leur territoire, dont un sur le sol américain, l'opération Coopérative Nugget 95, à Fort Polk, en Louisiane. Ils nous ont permis de progresser vers l'inter-opérabilité dans le domaine des procédures de communication et de la tactique, mais aussi d'un point de vue politique. Les troupes albanaises présentes ont pris connaissance des niveaux de performance traditionnellement requis au sein de l'Alliance, et maintenant, ils peuvent vraiment être tenus pour prêts à travailler au côté des partenaires de l'OTAN pour faire face à diverses situations de circonstance. Le programme de cette année prévoit un grand nombre d'activités et d'exercices en commun. Celui de plus grande envergure sera Peaceful Eagle 96, qui aura lieu dans le centre de l'Albanie et rassemblera des troupes d'Albanie, des Etats-Unis, d'Italie, de Grèce, de Turquie, de Bulgarie, de Roumanie et de l'ex-République yougoslave de Macédoine.

Par ailleurs, une Conférence internationale sur la législation navale a eu lieu à Tirana et a réuni des participants d'Albanie, des Etats-Unis, de Bulgarie et d'Ukraine. Son objectif était de créer une marine organisée, et le projet albanais de code de la marine a servi de modèle à d'autres pays partenaires.
L'Albanie tient à participer largement au PfP, mais une coopération active entraîne des dépenses considérables qu'elle n'est pas en mesure de supporter à l'heure actuelle. En effet, il n'est pas gratuit de rendre une partie de son équipement compatible avec celui de l'OTAN, notamment dans le domaine des télécommunications. Il n'est pas non plus gratuit d'organiser des réunions bilatérales, entre états-majors, des échanges techniques, la formation des officiers ou des exercices conjoints. Le gouvernement souhaite vivement que des forces albanaises prennent part à des opérations de maintien de la paix avec celles des pays de l'OTAN, mais du fait du très bas niveau de notre budget de défense et du manque de ressources disponibles en Albanie, il a fallu que certains membres de l'OTAN partagent avec elle les coûts de cette coopération étendue. Ce complément financier apporté à l'Albanie pour la mise en œuvre du PfP constitue pour elle un soutien concret sur la voie de l'intégration.

Pour toutes ces raisons, l'Albanie perçoit le PfP comme une partie organique de la transformation totale de ses forces années. Le nouveau concept d'organisation de l'appareil militaire albanais vise à créer des forces qui répondront aux besoins défensifs de ce petit Etat en temps de crise et de guerre. Dans le même temps, l'Albanie essaie peu à peu de combler le fossé structurel et qualitatif entre son armée et celles des pays développés d'Europe occidentale, et de se doter de moyens réels d'intégrer les structures militaires de l'OTAN. Ce concept se veut en rapport avec les dangers réels et les menaces possibles qui pèsent sur l'Albanie, en prenant en compte la nécessité de défendre le pays avec ses propres ressources et sans désigner d'adversaire précis.

Il est bien compréhensible que l'Albanie ne soit pas pleinement intégrée, du jour au lendemain, aux structures de l'OTAN, même si l'on est parvenu à un règlement pacifique dans les Balkans. Le processus d'adaptation de ses forces armées aux normes occidentales demandera un certain temps, notamment sur le plan technique. En attendant, l'Albanie entend continuer de tirer parti au mieux du PfP afin de parvenir à son objectif d'une véritable coopération étroite avec l'OTAN et, à terme, d'adhésion à celle-ci.

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