Edition Web
Vol. 44- No. 1
Janvier. 1996
p. 17-22
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Pologne:
comment une réforme rapide a été possible
Professeur Katurzyna Zukrowska
Institut d'études de développement et de stratégie
(IRiSS), Varsovie
Depuis 1989, la Pologne a 1M J nettement progressé vers JA le
modèle occidental d'Etat démocratique. Les changements systémiques
qui s'y sont produits ont essentiellement été au nombre
de deux: le remplacement du système du parti unique par un système
démocratique pluripartite et la transformation de l'économie
dirigée en économie de marché.
En dépit de tous les échecs, de toutes les difficultés
et de toutes les critiques auxquels s'est heurtée, au cours de
sa mise en uvre, la stratégie du "big bang" de
Balcerowicz,(1) elle s'est révélée
très efficace. Sa réussite peut être démontrée
par le plus fort taux de croissance de la région depuis 1992. Le
PNB passera de 2,6 pour cent en 1992 à 6,5 pour cent en 1995 d'après
les estimations. Par ailleurs, après une chute de 24,2 pour cent
en 1990 et de 11,9 pour cent en 1991, le taux de la production industrielle
est monté à 3,9 pour cent en 1992 et à 11,9 pour
cent en 1994. La première moitié de 1995 témoigne
de la poursuite de cette tendance, la production industrielle ayant augmenté
de 10,5 pour cent.
Les principales difficultés auxquelles se heurtent tous les pays
postcommunistes lorsqu'ils entreprennent des transformations systémiques
ont des causes diverses et sont dues notamment au fait que les changements
entrepris portent à la fois sur le système économique
et le système politique, alors qu'ils sont généralement
consacrés à un seul domaine. Il n'y a donc pas de précédents
susceptibles de servir de terme de référence ou simplement
de modèle à suivre. Les ratés de la transformation
amorcée ont bien souvent entraîné un rejet des mesures
de libéralisation et de stabilisation, ce qui a eu pour effet de
limiter l'efficacité des réformes, notamment lorsque la
volonté de changer les structures a été insuffisante.
Et l'incidence négative de ce manque de détermination a
été relativement grande lorsque le rôle des facteurs
internationaux était trop limité.
Il ressort de toute la période de transformation qu'il s'est agi
d'un processus multidimensionnel impliquant des changements des systèmes
politique et économique, la création d'une société
ouverte et un grand rôle de l'environnement économique international.
Les facteurs économiques et politiques
Le processus de réforme polonais a résulté de conditions
spécifiques créées par la combinaison de deux facteurs:
une thérapie de choc dans le domaine économique et un changement
progressif sur le plan politique. Jusqu'à 1989, on ne savait pas
comment fixer les priorités: fallait-il commencer par la transformation
de l'économie ou de la vie politique du pays? L'expérience
postcommuniste montre qu'en fait, les deux transformations sont possibles.
Cependant, dans la plupart des pays d'Europe centrale et orientale, y
compris la Pologne, le premier coup de pouce est venu du monde politique.
Ce sont les hommes politiques qui ont préparé le terrain
à des changements systémiques de l'économie au niveau
national et au niveau international.
Le système antérieur fonctionnait avec un système
de protection politique intégré, ce qui empêchait
des réformes économiques en profondeur susceptibles de mettre
en péril la stabilité du système du parti unique.
Les réformes ne pouvaient donc résulter que d'un coup d'Etat
- thèse qui est apparue douteuse après les tentatives de
transformation du système en 1956, 1970 et 1980 - ou d'un processus
évolutif, dont la première étape était caractérisée
par les décisions politiques qu'imposait la demande de changement
de la société.
A la fin des années 80, le contexte politique et économique
des réformes présentait des caractéristiques spécifiques.
Dans le domaine politique, il y avait une très forte opposition
au régime, née au sein du syndicat indépendant "Solidarité".
A l'intérieur de Solidarité, divers points de vue politiques
s'exprimaient, de la gauche à la droite, avec des sociaux-démocrates,
des libéraux, des conservateurs, des démocrates-chrétiens,
etc. Mais quelle qu'ait été leur ligne politique, tous étaient
contre l'ancien système et pour la démocratie libérale,
ne laissant ainsi qu'une seule option pour établir le plan du futur
système. L'opposition organisée fut à la base de
la victoire écrasante de Solidarité, en 1989, qui était
considérée comme une des conditions préalables à
la mise en place du traitement de choc. Les Polonais étaient favorables
aux réformes et, pendant la première période de la
transformation, ils acceptèrent de supporter les pénibles
conséquences du changement.
Dans le domaine économique, la stratégie de réforme
économique a été déterminée par des
éléments positifs et des éléments négatifs.
D'une part, l'économie polonaise était caractérisée,
par rapport à d'autres pays communistes, par un secteur privé
assez important, qui représentait, au début des réformes
libérales, 30 pour cent de l'emploi. D'autre part, l'économie
polonaise était grevée par une forte dette extérieure,
de près de 40 milliards de dollars. Qui plus est, le phénomène
dit de l'inflation posait un problème; en d'autres termes, le fossé
entre l'offre et la demande sur le marché de la consommation était
un des plus importants de la région. La part du chiffre d'affaires
réalisé à l'étranger, dans le PNB, était
faible par rapport à d'autres pays communistes et le commerce extérieur
se faisait essentiellement avec les pays du COMECON (CAEM).
Dans le domaine social, les Polonais, ayant remis les clefs du pouvoir
à l'opposition, étaient prêts à supporter le
poids du changement pendant une période d'une durée limitée.
Cela a permis aux hommes politiques de lancer le "big bang"
et donc de provoquer le "saut" dans l'économie de marché,
pour reprendre le terme utilisé par l'économiste américain
J. Sachs concernant les réformes en Pologne. Ce soutien de l'opinion
publique, et les grands espoirs d'amélioration qu'elle nourrissait,
ont été une condition préalable unique à l'introduction
des dures mesures du programme de stabilisation économique exigé
par le FMI. L'expérience a montré, cependant, que le soutien
apporté au changement diminue avec le temps alors que les charges
perdurent. La période initiale a néanmoins été
suffisamment longue pour introduire les mécanismes de l'économie
de marché dans le système polonais.
L'environnement international des réformes a dans l'ensemble, favorisé
les changements. La Pologne a été soutenue par des institutions
économiques et financières internationales comme le FMI,
la Banque mondiale, l'Union européenne, l'AELE et les Clubs de
Paris et de Londres (qui se composent d'un certain nombre de grandes banques
et de grandes organisations financières). De surcroît, les
réformes de fond de la Pologne ont été soutenues
par des gouvernements occidentaux.
En 1989, la Pologne, en pleine transformation, était un îlot
entouré de pays qui étaient bien loin des idées de
réforme systémique, tels la RDA, la Tchécoslovaquie
ou l'Union soviétique avec sa perestroïka et sa glasnost,
qui n'étaient que des modifications internes au système.
Avec le recul, il apparaît que dans la stratégie de changement,
deux éléments ont été déterminants.
Le premier est l'ampleur du secteur privé, qui est devenu une force
irrésistible sur le marché, s'étendant à toutes
sortes d'activités économiques. Le second est l'ampleur
de l'ouverture de l'économie, qui a été bien au delà
des recommandations classiques du FMI et de la Banque mondiale.
Le premier phénomène a permis à l'économie
de se dynamiser, en dépit de la lenteur de la privatisation des
entreprises d'Etat, grâce à l'expansion de sociétés
nouvellement créées qui ont renforcé le secteur privé.
Le second a joué un rôle multiple en introduisant la concurrence
sur le marché, ce qui a entraîné une augmentation
de l'offre et de la demande de produits de qualité.
Dans l'ensemble, toutes les réformes économiques ont consisté
à combiner des facteurs extérieurs et intérieurs
qui ont établi le cadre de macrostabilisation, de libéralisation
des prix et de libéralisation du commerce extérieur. Cette
stratégie a été fondée sur le contrôle
de la masse monétaire, sur le contrôle du taux de change
du zloty et sur le contrôle de l'augmentation des revenus. Il est
ainsi devenu possible de s'écarter de l'ancien système d'économie
dirigée et de le remplacer par un mécanisme plus efficace,
dans lequel les signaux plutôt faibles du marché intérieur
sont renforcés par des signaux en provenance des marchés
mondiaux.
Ainsi le mécanisme du marché, qui a remplacé les
décisions du centre administratif, a entraîné une
émancipation progressive de l'économie vis-à-vis
de l'appareil politique. Si dans de nombreux secteurs de l'économie,
les décisions politiques demeurent prépondérantes
- par exemple, en ce qui concerne le niveau des impôts, le rythme
de privatisation ou la réforme du système de santé
et de sécurité sociale -les décisions relatives à
ce qu'il faut produire et à quelles conditions ne sont plus prises
par des ministres, mais par les entreprises elles-mêmes. Qui plus
est, les subventions et autres privilèges ont disparu. Désormais,
les entreprises cherchent de nouveaux alliés et voient dans les
banques leurs partenaires naturels en matière de production et
d'acquisition.
En résumé, les transformations apportées au système
économique ont, en quelques années, éliminé
la demande comme source d'inflation, élément si caractéristique
du système antérieur. A plus long terme, les changements
de fond introduisent un mécanisme simple d'augmentation de la compétitivité,
en limitant le coût de l'inflation. En dépit de ces résultats
spectaculaires, d'autres causes d'inflation doivent encore être
rapidement affrontées. Il s'agit du déficit budgétaire,
de la politique relative aux taux de change, du taux de la croissance
économique, etc.
Créer une société ouverte
II y a clairement une interdépendance entre la mise en place des
réformes et la création d'une société civile.
La réforme demande des décisions politiques, tandis que
la création d'une classe moyenne favorise l'établissement
de structures politiques saines dont une société civile
est un des piliers.
Les premières phases des réformes politiques et économiques
n'ont pas duré longtemps. L'expérience a montré que
les systèmes politiques peuvent être changés pratiquement
du jour au lendemain. En revanche, la réforme du système
économique demande au moins de douze à dix-huit mois, et
la création d'une société civile bien plus de temps
encore, puisque elle s'évalue, au minimum, sur une génération.
Telle est la constatation faite par le journaliste Timothy Garton Ash,
qui a étudié les changements de système dans la plupart
des pays postcommunistes. Le cas polonais confirme totalement cette affirmation,
mais il faut aussi rappeler que la société polonaise était
déjà une des plus ouvertes de l'ex-bloc communiste, parce
que la plupart des Polonais ont des parents à l'étranger
et parce qu'ils voyagent fréquemment, ce qui constitue une des
meilleures sources d'éducation. En outre, dans les années
70, la Pologne, la Hongrie et la Tchécoslovaquie avaient conclu
des arrangements spéciaux avec l'Occident qui permettaient à
leurs citoyens de se rendre plus librement dans les pays de l'OTAN que
ceux d'autres pays alors communistes.
Le système politique polonais est sans aucun doute, démocratique,
même si plusieurs éléments n'ont pas encore été
pleinement définis. La Petite Constitution - mesure politique temporaire
- a remplacé le document établi par le régime précédent.
Ce nouveau document ne définit pas précisément la
forme future que prendra l'Etat, mais il prévoit, cependant, la
répartition du pouvoir entre le gouvernement, le parlement et le
président et s'efforce d'instaurer la coopération entre
eux. Sur le plan politique, les réformes administratives doivent
être poursuivies, le processus de décentralisation ayant
été repoussé à plus tard par le gouvernement
actuel.
Ce problème et bien d'autres, qui figurent encore sur la liste
des points à traiter, illustrent la complexité du processus
qui a été engagé, dans lequel tant de questions demandent
des réponses immédiates et tant de décisions doivent
être prises en même temps.
Le degré d'ouverture et de tolérance de la société
polonaise se reflète partiellement dans l'évolution du système
politique, qui est passé de la désintégration à
l'intégration. Parallèlement au développement des
réformes, le pouvoir politique évolue au sein du parlement
(Seym), mais aussi du gouvernement et de la présidence. La Pologne
a connu six changements de gouvernement rapides, et par deux fois au moins,
il n'a pas été possible de former un gouvernement.
Les élections parlementaires ont modifié la représentation
au Seym. On peut dire que l'on est passé d'une représentation
dispersée à un type plus concentré, situation qu'illustre
bien le fait qu'avec le système électoral actuel, trente
pour cent des électeurs - essentiellement de droite - ne sont pas
représentés du tout puisque les petits partis, qu'ils ont
soutenus, n'ont pas obtenu le nombre minimum des voix nécessaires
pour obtenir un siège. Cela a entraîné une plus grande
intégration des petits partis et des partis de taille moyenne,
en dépit des ambitions de leurs dirigeants. Un autre événement
politique majeur a eu lieu en novembre dernier lorsque Lech Walesa a été
battu aux élections présidentielles par l'ancien communiste
Alexandre Kwasniewski.
La scène politique polonaise rappelle un peu la situation en Europe
occidentale dans les années 60 à 70, avec les sociaux-démocrates
de gauche (SLD) - les anciens communistes - au pouvoir en Pologne et la
droite divisée en factions rivales. Mais si les élections
présidentielles de 1995 ont ravivé l'opposition gauche-droite,
la Pologne a encore un long chemin à parcourir pour que sa scène
politique reflète la division contemporaine, en Occident, entre
ceux qui prônent l'intégration et le libéralisme et
ceux qui prônent davantage de souveraineté, de nationalisme
et de protectionnisme.
Globalement, on peut prévoir deux orientations de la vie politique
en Pologne:
- Un scénario optimiste, dans lequel le nouveau président
forme un gouvernement composé d'experts qui ne sont pas
nécessairement des représentants de la coalition
pluripartite. Ce scénario permettrait la poursuite des
réformes libérales du système, conformément
aux idées formulées par le premier gouvernement;
- Dans un autre scénario, plutôt pessimiste, les
demandes de l'électoral de Kwasniewski contraignent le
gouvernement à accroître la protection des entreprises
d'Etat et de structures économiques obsolètes. L'administration
serait alors dans l'obligation de prendre de grandes mesures interventionnistes,
recréant un système semi-dirigiste. Dans ce scénario,
les objectifs à courte portée l'emportent sur l'objectif
à long terme d'une relation plus étroite avec les
institutions européennes. Seuls une concurrence accrue
et des signaux bien clairs du marché peuvent indiquer quels
seraient les changements structuraux appropriés à
apporter à l'économie, ce qui implique que le gouvernement
joue un rôle moins directeur et que l'on se fie le plus
possible au marché.
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Quelques signes de bon augure, qui sembleraient exclure le scénario
pessimiste et aller dans le sens du premier, se dégagent des sondages
d'opinion, qui expriment une préférence pour l'adhésion
à l'Union européenne et pour l'institutionnalisation de
relations extérieures, ce qui imposerait quelques contraintes aux
gouvernements ultérieurs.
Les institutions internationales
Certains facteurs extérieurs ont joué un rôle qui,
s'il n'a pas été déterminant, a cependant été
important dans la transformation du système économique.
L'environnement extérieur ne se limite pas à un climat général
favorable aux changements systémiques, mais inclut la participation
active d'institutions économiques et financières internationales
ainsi que l'aide de certaines démocraties occidentales. Il suffit
de rappeler le rôle joué par le FMI, la Banque mondiale,
les Clubs de Paris et de Londres, l'Union européenne - avec des
programmes tels que PHARE et des accords de libre-échange - et,
enfin, par l'OCDE.
Le rôle de ces organisations vis-à-vis de la Pologne, change
au fur et à mesure que les transformations avancent. Au début,
elles ont aidé à créer les conditions permettant
de lancer la réforme, qui avait été mise en péril
par un manque de crédits et par les coûts directs élevés
de cette phase de la rénovation. Par la suite, ce rôle a
pris un caractère plus "disciplinaire". A ce stade, les
coûts directs de transformation dérivent de secteurs qui
demandent encore une réforme du marché et créent
donc des charges budgétaires, comme la santé, l'éducation
et la sécurité sociale.
Les organisations financières internationales ont joué
un rôle essentiel comme source extérieure de capitaux, indispensables
à la transformation. De telles sources n'accélèrent
pas l'inflation à court terme, comme ce serait le cas de l'émission
de monnaie ou d'emprunts intérieurs, mais elles peuvent jouer sur
le niveau d'inflation à plus long ternie si la croissance économique
ne permet pas de dégager des fonds suffisants pour rembourser les
emprunts.
Les crédits étrangers, autre source éventuelle de
capital pour obtenir un financement, augmentent par suite des limitations
de la masse de capital sur le marché intérieur, et une autre
possibilité réside dans des investissements étrangers
directs. Tous les pays concernés exploitent efficacement ces différentes
sources de capital. Si les montants per capita qui ont été
reçus en aide étrangère sont assez faibles en comparaison
des besoins des pays en cours de transformation, ils ont cependant aidé
à lancer les programmes de réforme, ce qui n'aurait pu se
faire autrement.
La Pologne est un des plus gros bénéficiaires de cette aide
par suite des types d'accords qui ont été négociés
avec le FMI, la Banque mondiale et avec les Clubs de Londres et de Paris,
accords qui prévoyaient une réduction de 50 pour cent de
la dette extérieure polonaise. Quoique l'internationalisation de
l'économie polonaise soit encore limitée, la Pologne présente
l'avantage d'avoir le plus fort taux de croissance de la région,
et même si l'on a pu noter un certain ralentissement de l'afflux
de capitaux étrangers, on peut voir se profiler un véritable
boom dans ce secteur. Le montant total des investissements étrangers
directs, depuis le début de 1990 jusqu'au mois de mai 1995, avait
dépassé les 5 milliards de dollars, et un montant équivalent
a été atteint en investissements obligataires.
L'organisation des aides fournies par les instances internationales forme
un vaste réseau dans lequel le soutien de l'une est conditionné
par l'acceptation du programme de transformation proposé par une
autre. Au sein de ce groupe d'institutions, le FMI joue un rôle
essentiel. En effet, c'est lui, ou plutôt le programme de stabilisation
qu'il a agréé, qui a ouvert la porte à d'autres organisations
internationales comme la Banque mondiale ou permis des réductions
de la dette extérieure.
Avec la fin de la Guerre froide, d'anciens pays communistes ont pu rejoindre
des institutions internationales de niveau régional ou mondial.
C'est là un fait très important dans les relations internationales
contemporaines, car il aide les pays postcommunistes à conduire
leurs réformes; il favorise l'universalisme en mettant un terme
aux restrictions d'admission; il mène vers des modifications des
institutions internationales elles-mêmes, qui s'ajustent aux nouvelles
conditions universelles.
Dans le passé, il y a déjà eu de nombreuses tentatives
de définition de l'ordre mondial par des institutions internationales,
dont la plupart se sont soldées par un échec. La fin du
système bipolaire a cependant créé des ouvertures
qui donnent à ces organisations la possibilité déjouer
un rôle nouveau. D'une part, elles soutiennent les réformes
engagées, et, de l'autre, elles constituent les piliers du nouveau
système mondial, dans lequel beaucoup de décisions seront
déléguées de l'Etat-nation au niveau international,
comme cela se passe, sur le plan régional, avec l'Union européenne.
Et dans ce nouveau contexte, le rôle des Nations unies devient de
plus en plus important.
D'après Zbigniew Brzezinski, "les Nations unies acquièrent
peu à peu une autorité mondiale accrue, mais il leur manque
un véritable pouvoir mondial". Si l'on considère l'ONU
d'un point de vue économique, il apparaît que les institutions
spécialisées, ont acquis de plus larges pouvoirs. En revanche,
jusqu'ici, les changements des institutions économiques et financières
n'ont pas été suivis dans les organismes chargés
des questions politiques et de sécurité, bien que certains
signes laissent penser que ce processus soit amorcé. o
(1) Homme politique et économiste polonais qui,
en 1990, alors qu'il était ministre des finances, a lancé
la stratégie de réforme économique rapide, dite du
"big bang".
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