Edition Web
Vol. 43- No. 6
Nov. 1995
p. 30-35
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La
structure de sécurité européenne:
une pléthore d'organisations?
Anne-Else Højberq
Division des Affaires politiques de l'OTAN
La création d'un système d'institutions se renforçant
mutuellement dans le domaine de la sécurité européenne
est rendue plus complexe par le nombre d'organisations qui s'occupent
de sécurité et par la confusion qui règne quant à
leurs rôles respectifs. Il apparaît essentiel d'améliorer
la coopération concrète et de lutter contre toute rivalité
entre ces organisations. Cet article décrit les possibilités
d'interaction entre les diverses institutions chargées de la sécurité
européenne et présente quelques réflexions, sans
pour autant prétendre couvrir tout l'éventail des contacts
établis ou des objectifs poursuivis, sur les conditions requises
pour réaliser une structure de sécurité européenne
fondée sur la coopération.
La question la plus fréquemment posée au sujet de l'ordre
de sécurité européen est la suivante: pourquoi une
telle multitude d'institutions? Ne nuit-elle pas à une gestion
efficace des crises en Europe? Ne produit-elle pas des chevauchements
inutiles et une division plutôt néfaste des responsabilités?
Sur le plan pratique, la résolution des crises, serait sans nul
doute facilitée si moins d'institutions intervenaient. Le conflit
dans l'ancienne Yougoslavie a montré à quel point il peut
être difficile de faire fonctionner ensemble efficacement plusieurs
institutions internationales.
Mais il faut aussi reconnaître que les fonctions des institutions
en question ne se limitent pas aux conflits en cours - leur participation,
en amont, à la prévention des conflits, est tout aussi importante.
Autrement dit, elles doivent créer un cadre d'équilibrage
et de conciliation d'intérêts bien souvent divergents. Si
la plupart des institutions ont mis en place des mécanismes internes
qui visent à réduire les risques de dissension en guidant
les opposants vers le compromis et une finalité commune, aucun
dispositif du même genre ne joue ce rôle essentiel entre institutions.
Il est donc d'autant plus important de maintenir l'effort produit pour
transformer le potentiel de renforcement institutionnel mutuel, dans le
domaine de la sécurité, en véritable coopération
concrète. Pour cela, il faut d'abord bien comprendre les buts et
objectifs des institutions ayant des responsabilités en rapport
avec la sécurité européenne (l'ONU, l'OSCE, le Conseil
de l'Europe, l'UE, l'UEO et l'OTAN - cf. schéma). Il importe également
de comprendre les changements que ces institutions ont subi par suite
de la fin de la Guerre froide et les principaux défis auxquels
elles font désormais face dans leur interaction.
Les Nations unies
L'Organisation des Nations unies a été créée
en 1945, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, dans le but essentiel
d'éviter une troisième guerre mondiale. Par sa composition
et ses compétences, elle représente presque tous les pays
du monde. Pendant cinq décennies, elle a assumé de grandes
responsabilités dans les domaines de la sécurité,
des affaires socio-économiques, de la culture, de l'aide humanitaire,
etc. Si pendant la période de la Guerre froide, la division Est-Ouest
a paralysé l'ONU sur le plan de la sécurité, les
Nations unies ont, par la suite, et en particulier le Conseil de sécurité,
commencé à jouer un rôle plus marqué dans la
coopération internationale en matière de sécurité,
principalement en Europe. Si en 1990, 11.500 soldats de la paix étaient
déployés dans le cadre de neuf opérations, ce nombre
est passé à 70.000 dans le cadre de dix-sept opérations
en 1994.
Mais il n'a pas été facile, pour l'ONU, d'assumer une multitude
de tâches nouvelles d'une grande ampleur. Les opérations
engagées en Somalie et en Bosnie-Herzégovine ont posé
des problèmes considérables, et cette organisation a été
critiquée pour son incapacité à mener efficacement
de telles missions.
Par rapport à la situation du temps de la Guerre froide, le maintien
de la paix est beaucoup plus difficile en raison du changement radical
qu'a connu l'environnement sécuri-taire. Les conflits de l'après-Guerre
froide sont pour la plupart de nature intérieure et ils se caractérisent
par des facteurs incontrôlables comme les querelles ethniques, les
différends religieux, le nationalisme, etc. Au lieu d'intervenir
entre les parties comme dans le cadre des conflits interétatiques
classiques de la Guerre froide, les troupes de maintien de la paix doivent
maintenant, bien souvent, intervenir au cur d'un conflit, voire
dans un contexte de combats continus, comme dans l'ex-Yougoslavie. De
surcroît, le soutien financier requis par ces opérations
est devenu de plus en plus problématique.
Face à une pénurie de moyens financiers et de capacités
opérationnelles pour s'acquitter de la tâche requise, les
Nations unies se sont ralliées au vu de certains pays membres
de mettre en uvre les résolutions du Conseil de sécurité
au travers de structures régionales. Ainsi, depuis 1992, les pays
membres de l'Alliance utilisent les structures, procédures et forces
militaires intégrées de l'OTAN pour appliquer ces résolutions.
Les opérations maritimes de l'OTAN dans l'Adriatique - pour faire
respecter l'embargo et les sanctions prévues - ainsi que ses opérations
aériennes dans F ex- Yougoslavie en sont des exemples éclatants.
Et de son côté, l'OTAN a dû modifier sa politique afin
de pouvoir répondre positivement à des demandes des Nations
unies. Du temps de la Guerre froide, un consensus politique rassemblait
les pays de l'OTAN sur le fait que ses structures ne devaient pas être
utilisées hors du territoire de ses membres. Il avait été
décidé qu'il convenait d'assurer le rôle défensif
de l'OTAN et d'empêcher que des pays membres ne soient entraînés
dans une guerre par personnes interposées qui pourrait tourner
au conflit entre les superpuissances. Aujourd'hui, au contraire, l'OTAN
est prête à apporter sa contribution en dehors de son territoire,
mais à la condition expresse d'être mandatée à
cette fin par l'ONU ou l'OSCE.
La coopération actuelle entre l'ONU et l'OTAN reflète la
nature du nouvel environnement sécuritaire de l'après-Guerre
froide. Tout au long de celle-ci, il aurait été impossible
de parvenir à un accord, au sein du Conseil de sécurité,
pour demander l'intervention de l'OTAN pour l'application d'une résolution
sur le terrain. Or aujourd'hui, comme nous avons pu le voir dans l'ex-Yougoslavie,
c'est devenu possible.
'Organisation pour la sécurité et la coopération
en Europe
L'Organisation pour la sécurité et la coopération
en Europe (OSCE), ancienne Conférence sur la sécurité
et la coopération en Europe (CSCE), était au départ
un processus consultatif de nature politique. Elle rassemble aujourd'hui
53 Etats.(1) Créée en 1975 après
la signature de l'Acte final d'Helsinki, la CSCE a été un
produit de la Guerre froide en ce sens qu'elle avait pour objet de constituer
un mécanisme d'instauration de la confiance aidant à surmonter
la division Est-Ouest.
Les outils de diplomatie préventive de l'OSCE ont été
considérablement renforcés depuis la fin de la Guerre froide,
à partir des changements apportés dans la Charte de Paris,
en 1990. Le Sommet de Budapest, en décembre 1994, a marqué
le début de la transformation d'un processus de coopération
en une véritable organisation. Aujourd'hui, l'OSCE a trois fonctions
principales, et notamment d'agir comme:
o cadre pour la création de normes dans la zone de l'OSCE, dans
les domaines du droit international, des droits de l'homme, des droits
des minorités, de la démocratie, de l'Etat de droit et de
l'économie de marché;
o cadre d'évolution du processus de la maîtrise des armements
en Europe et
o cadre d'alerte rapide, de prévention des conflits et de résolution
des conflits étayé par des mécanismes d'instauration
de la confiance et par la présence d'un Haut Commissaire pour les
minorités nationales.
De par sa composition, qui englobe tous les Etats européens et
d'Amérique du Nord, et son statut d'organisation régionale
aux termes du Chapitre VIII de la Charte des Nations unies, l'OSCE a une
forme de légitimité unique. Son axe de travail principal
est la prévention des conflits, et non la résolution de
crises déjà éclatées. C'est pourquoi elle
devrait, en coordination avec d'autres structures, être en mesure
de se doter de moyens de désamorcer des querelles interethniques
et de neutraliser des tendances nationalistes extrêmes, qui constituent
sans doute actuellement deux des principales menaces à rencontre
de la stabilité en Europe. Cependant, le succès de l'OSCE
dépend en dernier ressort de la volonté politique des pays
membres d'utiliser pleinement la capacité de l'organisation et
de remédier, par le biais de la coopération avec d'autres
institutions européennes, à toute imperfection qu'elle pourrait
présenter.
Le principe de la coopération avec d'autres institutions a été
agréé lors du Sommet d'Helsinki de 1992. Il constitue le
fondement des propositions d'assistance répétées
de l'OTAN, illustrées par l'expression, par les pays alliés,
de leur disposition à soutenir, au cas par cas, des activités
de maintien de la paix sous l'égide de l'OSCE. L'OTAN a également
contribué aux travaux de l'OSCE dans le domaine de la sécurité,
et notamment à la définition de son approche de la prévention
des conflits et de la gestion des crises par sa participation à
des séminaires de l'OSCE et divers autres apports conceptuels.
Le Conseil de l'Europe
Le Conseil de l'Europe a été créé en 1949.
Ses fonctions essentielles, qui n'ont pas changé depuis sa fondation,
consistent à soutenir les principes de la démocratie parlementaire
et à fournir une structure au sein de laquelle puissent être
abordées les questions liées aux droits de l'homme.
Aujourd'hui, cette Organisation contribue à la sécurité
européenne globale en aidant les pays d'Europe centrale et orientale
à mettre en place des démocraties stables. Elle achève
actuellement la rédaction d'une Convention pour la protection des
droits des minorités qui fournira aux autres organisations et aux
Etats un ensemble d'orientations concernant la conduite à tenir
vis-à-vis des minorités. Ce processus de "normalisation"
est nécessaire pour disposer de critères pour une évaluation
objective et pour l'application de certaines mesures. Depuis la fin de
la confrontation Est-Ouest, il existe bien d'autres champs d'intérêts
communs entre l'OTAN et le Conseil de l'Europe. Les deux institutions
devraient pouvoir tirer parti de l'expérience et de l'expertise
de l'autre dans des cas où des droits fondamentaux sont impliqués
dans le contexte plus large d'une situation susceptible d'avoir une dimension
sécuritaire.
Le statut du Conseil de l'Europe ne lui confère pas le droit de
traiter des questions de défense. C'est ce qui lui a permis, sans
soulever trop de controverses, d'être la première institution
démocratique occidentale à s'ouvrir aux nouvelles démocraties
d'Europe centrale et orientale. Il est bien évident que l'OTAN,
au cours de son processus d'élargissement, pourra tirer des enseignements
de l'expérience du Conseil de l'Europe.
L'Union européenne
Le Traité de Rome signé en 1957, constituait un cadre économique
et politique. Lors du Traité de Maastricht, en décembre
1991, les pays de la Communauté européenne ont adopté
un Traité sur l'Union politique et un Traité sur l'Union
économique et monétaire qui, ensemble, constituent le Traité
sur l'Union européenne (UE). L'UE assume désormais un certain
nombre de fonctions d'une importance fondamentale pour la sécurité
européenne. Sur le plan intérieur, elle unit les grandes
puissances européennes et assure la stabilité à travers
l'intégration en offrant aux démocraties un cadre dans lequel
elles peuvent se développer et prospérer. Les Etats membres
de l'UE ont atteint un niveau d'intégration qui les rend dépendants
les uns des autres. Sur le plan extérieur, elle contribue à
un processus de stabilisation en profondeur en Europe, grâce à
ses moyens et ressources - politiques et économiques - par exemple
au travers des Accords européens avec les pays d'Europe centrale
et orientale et des programmes TACIS/PHARE, qui soutiennent les processus
de réforme économique dans ces pays en leur apportant une
assistance et une aide techniques.
En adoptant le Traité de Maastricht, en 1991, les membres de l'UE
se sont engagés à définir une Politique étrangère
et de sécurité commune (PESC) qui englobera toutes les questions
liées à la sécurité de l'Union, y compris,
à terme, la mise en place d'une politique de défense commune
qui pourrait déboucher ultérieurement sur une défense
commune compatible avec celle qu'assuré l'Alliance atlantique.
L'Union demanderait alors à l'UEO (qui est décrite dans
le Traité comme faisant partie intégrante du développement
de l'Union) de mettre en uvre les décisions de l'Union ayant
des implications dans le domaine de la défense. Le lancement de
la PESC a cependant été difficile. Parmi les initiatives
positives dignes d'être notées sur le plan plus large de
la sécurité, citons les tables rondes du Pacte de stabilité
qui, depuis mars 1995, sont placées sous la responsabilité
de l'OSCE, et l'établissement d'un plan de paix pour la Bosnie-Herzégovine.
Pour que l'UE puisse travailler efficacement, tant sur le plan intérieur
qu'avec d'autres structures, il faudra que lors de sa Conférence
intergouvernementale de 1996, elle s'engage à procéder à
des ajustements institutionnels afin que l'accroissement du nombre de
ses membres ne l'affaiblisse pas. Dans le domaine de la sécurité,
un accord sur une révision des clauses du Traité de Maastricht
relatives à la PESC, et notamment sur son extension à une
politique de défense commune, demeurera difficile sans une division
efficace du travail avec d'autres organisations. L'OTAN considère
que son propre élargissement et celui de l'UE constituent des processus
qui se soutiennent mutuellement et sont parallèles. Ensemble, ils
apporteront une importante contribution au renforcement de la structure
de sécurité de l'Europe. Il n'y aura pas nécessairement
un parallélisme rigoureux, mais chaque organisation devra prendre
en compte l'évolution du processus chez l'autre.
L'Union de l'Europe occidentale
L'UEO a été créée par le Traité de
Bruxelles de 1948, qui a ensuite été modifié en 1954.
Cette initiative ouest-européenne visait à prévenir
la résurgence de menaces militaires. Ce n'est que dans les années
80 que l'UEO s'est donnée pour tâche d'uvrer au renforcement
de l'identité européenne de défense. Elle est donc
appelée à jouer un double rôle consistant, d'une part,
à mettre en uvre les mesures qui, dans le cadre de la Politique
étrangère et de sécurité commune de TUE, auraient
des implications dans le domaine de la défense et, d'autre part,
à renforcer le pilier européen de l'Alliance. Les quatre
catégories de membres de l'UEO (cf. schéma) sont le reflet
de ce double rôle:
- les membres de plein droit sont membres à la fois de
l'UE et de l'OTAN;
- les membres associés sont les membres européens
de l'OTAN qui ne sont pas membres de l'UE;
- les observateurs sont (à l'exception du Danemark) des
pays traditionnellement neutres qui sont membres de l'UE, mais
pas de l'OTAN; et
- les associés partenaires sont les pays qui ont conclu
des "Accords européens" avec l'UE, c'est-à-dire
les pays d'Europe centrale et orientale qui devraient devenir
membres de l'UE.
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Avec le Traité de Maastricht, l'UEO est devenue une partie intégrante
du développement de l'Union. A travers son double rôle de
composante de défense de l'UE et de renfort du pilier européen
de l'Alliance atlantique, elle apporte une dimension supplémentaire
importante à la sécurité européenne. Lors
du Sommet de l'OTAN, en 1994, les chefs d'Etat et de gouvernement des
pays membres de l'OTAN ont reconnu cette double fonction et l'ont encore
confirmée en se déclarant prêts à mettre à
disposition les moyens collectifs de l'Alliance, sur la base de consultations
au sein du Conseil de l'Atlantique Nord, pour des opérations de
l'UEO menées par les Alliés européens en application
de leur politique étrangère et de sécurité
commune.
Par ailleurs, une fois qu'il aura été traduit en termes
concrets, le concept de "Groupes de forces interarmées multinationales"
permettra de procéder au partage des ressources entre l'UEO et
l'OTAN et de tirer le meilleur parti possible des forces existantes.
Cependant, pour l'UEO, la gageure résidera dans ses relations futures
avec l'UE et en particulier dans celui des différents modèles
possibles de renforcement de leur coopération qu'elle choisira.
Elle pourrait conserver son statut conventionnel distinct, mais si elle
optait pour un modèle plus large, elle pourrait aussi devenir le
quatrième pilier de l'UE dans le cadre d'une dimension européenne
de défense.
Au premier rang des arguments plaidant en faveur du maintien de l'UE et
de l'UEO comme des institutions distinctes vient le fait que plusieurs
pays membres de l'UE ne souhaitent pas devenir membres de plein droit
de l'UEO. Par ailleurs, leur séparation permettrait l'admission
des pays d'Europe centrale et orientale au sein de l'UE sans devoir impérativement
les faire bénéficier des garanties de sécurité.
En revanche, du fait du lien entre les garanties de sécurité
fournies par l'UEO et celles fournies par l'OTAN, il est difficile d'imaginer
qu'un pays puisse devenir membre de plein droit de l'UEO sans devenir
- ou être déjà - membre de l'OTAN.
L'OTAN
L'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord a été
créée en 1949 comme organisation de défense visant
à renforcer la démocratie en Europe et à assurer
la sauvegarde collective du territoire de ses Etats membres. A l'époque,
la situation était extrêmement tendue, ce qui n'est pas le
cas de nos jours, où la menace du communisme a disparu. Elle a
toutefois été remplacée par un environnement fort
imprévisible, dans lequel "les risques qui subsistent pour
la sécurité des Alliés se présentent désormais
sous des formes complexes et proviennent de directions multiples, ce qui
les rend difficiles à prévoir et à évaluer".(2)
Le poids de l'OTAN tient au fait qu'il s'agit d'une organisation importante
tant sur le plan politique que militaire, ce dernier rôle résultant
d'une coopération étroite au travers de la structure militaire
intégrée de l'OTAN. Mais l'Alliance s'est donnée
des tâches nouvelles, au delà de son rôle traditionnel
de défense du territoire de ses Etats membres: gestion des crises,
y compris par le maintien de la paix, et rapprochement des pays d'Europe
centrale et orientale.
En matière de gestion des crises et de maintien de la paix, l'OTAN
est prête à répondre, au cas par cas, à des
demandes des Nations unies ou de l'OSCE. Elle n'est disposée à
opérer en dehors de son territoire que si ce mandat lui a été
conféré.
Avec la création du Conseil de coopération nord-atlantique
(CCNA), en 1991, et du Partenariat pour la paix (PfP), en 1994, l'Alliance
met activement en place avec les pays d'Europe centrale et orientale,
les pays de la Communauté des Etats Indépendants (CEI) et
un certain nombre de pays neutres, une relation de familiarité,
de confiance, et des habitudes de coopération qui existent depuis
des décennies entre les Alliés. En fait, le PfP est bien
plus qu'un moyen de préparation pour des pays qui souhaitent accéder
à l'OTAN. C'est un élément-clé de la nouvelle
architecture de sécurité: il rapproche Alliés et
pays partenaires et constitue un cadre de contacts unique, au niveau quotidien,
entre les personnels militaires. Il rassemble donc des pays en un réseau
de coopération, améliorant ainsi la sécurité
de l'Europe tout entière et complétant le futur processus
d'élargissement de L'OTAN.
Conclusion
II est évident que pour réaliser un système d'institutions
responsables de la sécurité en Europe qui se renforcent
mutuellement, il faudra que le processus d'ajustement qui a suivi la fin
de la Guerre froide soit poursuivi. Les Nations unies s'efforcent d'améliorer
la mise en uvre des résolutions prises par le Conseil de
sécurité; l'OSCE débat de son rôle au XXIe
siècle; le Conseil de l'Europe s'ouvre à des démocraties
nouvelles en continuant de viser le maintien d'un haut niveau de respect
des droits de l'homme; l'UE cherche à trouver un équilibre
entre le délicat compromis du Traité de Maastricht et l'élargissement
à l'Est; l'UEO renforce sa capacité opérationnelle
tout en débattant de sa position future au sein de la sécurité
européenne; et l'OTAN a entrepris un processus d'élargissement
tout en développant des relations parallèles avec la Russie
et en prenant en compte l'évolution en cours au sein de l'UE et
en Amérique du Nord.
La création de divers cadres et types de coopération, comme
le Conseil de coopération nord-atlantique et le PfP, dont la composition
recoupe celle des organisations traditionnelles, a été fort
utile en améliorant la coordination entre organisations. Quatre
grands défis peuvent cependant être identifiés en
ce qui concerne le fonctionnement de ces institutions se renforçant
mutuellement.
Premièrement, il subsiste une certaine rivalité entre les
différentes organisations, et il est évident qu'il reste
à préciser certains aspects de leur interaction future.
Cette incertitude s'étend aux pays membres eux-mêmes, qui
s'efforcent de soutenir l'institution qui sera la plus efficace, selon
eux, mais désirent aussi avoir l'assurance que leur voix restera
clairement entendue.
Deuxièmement, il faudra absolument qu'idéaux et capacités
aillent de pair. En effet, les Nations unies comme l'OSCE peuvent conférer
une légitimité aux actions menées, mais toutes deux
manquent des structures opérationnelles et militaires nécessaires
à la mise en uvre de leurs décisions. Il faut donc
maintenir des liens étroits entre les organisations aux mandats
les plus étendus - l'ONU et l'OSCE - et celles qui disposent de
moyens, comme l'OTAN ou, peut-être, l'UEO.
Troisièmement, une amélioration de la coopération
concrète entre les organisations est essentielle. Ainsi, les secrétariats
de l'OTAN et de l'UEO travaillent plus que jamais en étroite collaboration
et quoiqu'il y ait peu de structures de coopération officielles
entre les Nations unies et l'OTAN, les efforts ad hoc qui ont été
entrepris en rapport avec l'ex-Yougoslavie ont nettement renforcé
les contacts entre ces deux institutions sur le plan pratique. L'expérience
ainsi acquise sera d'une utilité inestimable, dans l'avenir, face
à de nouveaux défis.
Enfin, un important processus d'adaptation et d'élargissement est
en cours au sein de toutes les organisations en vue de favoriser la stabilisation
des pays d'Europe centrale et orientale dans le cadre d'un vaste système
de sécurité européen. Mais les changements apportés
au sein de chaque institution sont complexes et il n'est pas toujours
facile de tirer parti des enseignements antérieurs.
Les différentes organisations de l'architecture européenne
de sécurité qui émerge à l'heure actuelle
ont toutes été créées avec des programmes
différents et dans des situations différentes. Des travaux
d'adaptation et d'établissement de relations de coopération
entre elles, sont en cours. Pour sa part, l'OTAN s'emploie activement,
avec l'ONU, l'OSCE, l'UEO, l'EU et divers pays à rechercher des
moyens de réduire les risques qui pèsent sur la sécurité
européenne sous des formes complexes et en provenance de directions
multiples. Il convient d'exploiter pleinement les avantages des différentes
institutions tout en poursuivant la recherche de solutions pragmatiques.
Même si le nombre des organisations en présence peut paraître
excessif, nous ne devrions pas nous en inquiéter outre mesure,
car c'est précisément en raison de leur nombre qu'aucun
problème ne sera négligé et qu'aucun pays ne doit
se sentir exclus.
(1) A l'origine, il y avait 35 Etats participants.
A l'heure actuelle, la République fédérale de Yougoslavie
est suspendue et l'ancienne République yougoslave de Macédoine
(FYROM) et le Japon sont observateurs.
(2) Le Concept stratégique de l'Alliance, approuvé
à la réunion au Sommet de Rome, en 1991. (Voir texte dans
la Revue de l'OTAHn0 6, décembre 1991.)
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