Edition Web
Vol. 43- No. 2
Jan. 1995
p. 7-11
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L'UEO
et l'OTAN:
perspectives de rééquilibrage de leurs relations
Hans van Mierlo
Ministre des Affaires étrangères des Pays-Bas
L'OTAN et l'UEO peuvent toutes deux jouer un grand rôle dans
l'intégration de l'Europe centrale et orientale au sein des structures
de sécurité occidentales, processus qui passe impérativement
par l'établissement des relations appropriées avec des partenaires
comme la Russie et l'Ukraine. Ces événements auront également
des incidences sur les rapports entre les pays européens et sur
les relations transatlantiques, ïout en restant convaincus que la
présence des Etats-Unis et du Canada demeure indispensable, les
Européens veulent faire plus pour assurer leur sécurité
et s'efforcent de renforcer le pilier européen de l'Alliance en
accroissant les capacités opérationnelles européennes.
Ce nouvel équilibre entre les piliers européen et américain
devrait peut-être s'exprimer à travers un "Contrat atlantique"
qui pourrait transcender la coopération politico-militaire en prenant
en compte d'autres éléments du vaste éventail des
intérêts stratégiques communs.
Membre actif de l'Union de l'Europe occidentale (UEO) depuis sa création,
les Pays-Bas ont eu l'occasion de participer d'encore plus près
aux travaux de l'organisation en assurant la présidence de l'UEO
durant le deuxième semestre de 1994. Nous venons de passer le flambeau
à nos amis portugais, qui assument cette responsabilité
pour la première fois.
J'aimerais entrer dans le détail de notre position vis-à-vis
de l'UEO et envisager son avenir, notamment en ce qui concerne ses relations
avec l'OTAN. Permettez-moi de commencer par quelques observations sur
l'évolution de la configuration de sécurité en Europe.
La conception de la structure de sécurité européenne
est une question de toute première importance, puisqu'elle est
au cur même de la sécurité du Continent. Il
s'agit d'un cadre complexe, au sein duquel les différents acteurs
de la sécurité européenne occupent des places bien
spécifiques, ce qui fait que tout changement nécessite un
examen approfondi. En fait, ce problème est une priorité
sur le calendrier international, surtout depuis l'ouverture du débat
sur l'élargissement des institutions de sécurité
d'Europe occidentale.
Sur le plan de la sécurité, une étape importante
a été franchie lors du Sommet de l'OTAN de janvier 1994,
au cours duquel nous avons réaffirmé l'ouverture de l'OTAN
à l'adhésion d'autres pays européens et lancé
le Partenariat pour la paix. Ce programme invite les partenaires à
travailler aux côtés de l'Alliance dans le cadre de nouveaux
efforts politiques et militaires. En décembre dernier, nous avons
donné un tour plus concret à ces perspectives d'adhésion
en entamant une nouvelle étude OTAN sur l'élargissement,
sur les principes qui régiront ce processus et sur les implications
de l'appartenance à l'Alliance.
Au niveau économique et politique, l'Union européenne a
ouvert une perspective d'intégration à un certain nombre
de pays d'Europe centrale et de la Baltique qui ont signé ou sont
sur le point de signer des "Accords européens".
Il est important que ces différents processus se déroulent
en parallèle, car les intégrations économique, politique
et militaire sont étroitement liées et deviennent, en fait,
quasiment indivisibles. A cet égard, la question délicate,
sur le plan politique, de l'accession des pays candidats individuellement
ou par lots successifs devra être examinée.
Ces perspectives d'intégration croissantes favoriseront sans nul
doute un sentiment de plus grande sécurité au sein des Etats
candidats et contribueront à rassurer les électeurs de ces
pays sur le bien-fondé du choix de leurs gouvernements, à
savoir l'intégration aux structures de l'Europe occidentale.
Dans le même temps, il devient cependant également évident
que ces différents processus d'intégration, et notamment
l'élargissement de l'OTAN, ne peuvent être réussis
- c'est-à-dire renforcer la sécurité et la stabilité
dans l'ensemble de l'Europe - que s'ils vont de pair avec l'instauration
de relations appropriées avec la Russie, l'Ukraine et, le cas échéant,
le Bélarus.
Pour faire entrer ces pays dans nos réseaux, nous devrions utiliser
à la fois des voies bilatérales et multilatérales.
Je pense en particulier aux Accords de partenariat et de coopération
avec l'Union européenne, au Conseil de coopération nord-atlantique
(CCNA), au Partenariat pour la paix et au "dialogue élargi"
entre la Russie et l'OTAN, qui devrait se transformer en coopération
totale. Par ailleurs, il serait possible de mieux exploiter les approches
régionales et sous-régionales offertes par l'OCSE.(1)
L'initiative récente de la Russie, qui a engagé des discussions
avec l'OCSE sur un Modèle de sécurité européenne
pour le XXIe siècle, est pour nous une bonne occasion de coopérer
activement et dans un esprit d'ouverture.
Dans ce contexte, nous devrions poursuivre vigoureusement nos efforts
en vue de convaincre la Russie que l'élargissement de l'OTAN (ou
encore de l'Union européenne ou de l'UEO) n'est dirigé contre
aucun pays. A cet égard, l'Alliance devrait d'ailleurs essayer,
notamment en Russie, d'améliorer l'image qu'ont d'elle la population
et les autorités en créant un bureau d'information sur l'OTAN.
De surcroît, je suis persuadé qu'il serait très nettement
dans l'intérêt des candidats à l'adhésion,
d'Europe centrale et de la Baltique, d'établir des relations de
voisinage étroites et transparentes avec la Russie, l'Ukraine et
le Bélarus. Autrement dit, nous devons convaincre ces trois pays
que de "nouvelles lignes de division", si elles sont perçues
comme telles, ne sont en fait que des formes différentes d'intégration
qui n'excluent ni une coopération renforcée dans le présent
ni des accords plus étroits dans l'avenir. Notre approche est inclusive,
et non exclusive.
L'UEO et l'Europe centrale et orientale
L'OTAN et l'UEO doivent toutes deux contribuer à faciliter l'intégration
en douceur des pays d'Europe centrale et orientale dans les structures
de sécurité occidentales. En ce qui concerne l'UEO, c'est
sous la présidence néerlandaise qu'a été instauré
le statut d'"associé partenaire", qui a été
proposé à neuf pays d'Europe centrale et de la Baltique
lors de la réunion ministérielle du Kirchberg, à
Luxembourg, en mai dernier. Et je pense que nous avons obtenu quelques
résultats remarquables lors du Conseil des ministres de l'UEO à
Noordwijk, aux Pays-Bas, au mois de novembre.
Tout d'abord, nous avons engagé, avec la participation des associés
partenaires, une large réflexion sur la nouvelle situation européenne
en matière de sécurité. Elle pourrait, à terme,
déboucher sur la rédaction d'un Livre blanc sur la sécurité
européenne, ainsi que cela a été suggéré
par la France. C'est la première occasion, pour ces pays, d'avoir
une influence directe sur la définition d'une politique européenne
de sécurité. Ce processus devrait faire naître des
perceptions communes qui aboutiront à un alignement progressif
de nos orientations respectives en matière de sécurité.
Deuxièmement, nous avons approuvé un document contenant
des conclusions préliminaires sur la définition d'une Politique
européenne de défense commune (PEDC). Ce document n'est
qu'une première étape, puisqu'il entend servir de fondement
aux travaux ultérieurs relatifs à la mise en uvre
d'une politique européenne de défense. Il en indique la
portée et les objectifs, et énumère un certain nombre
d'éléments d'une PEDC - les acquis, en quelque sorte - qui
ont déjà été définis au sein de l'UEO,
de l'Union européenne et de l'OTAN. Sur cette base, ce document
identifie divers domaines qui devraient être examinés dans
des délais assez brefs afin que l'UEO puisse devenir une organisation
de sécurité souple et opérationnelle, susceptible
de réagir rapidement. La plus grande partie de ce texte est donc
consacrée aux mesures visant à renforcer le rôle opérationnel
de l'UEO. Dans ce contexte, le concept de Groupes de forces interarmées
multinationales (GFIM) est d'une importance cruciale.
Les associés partenaires ont été informés
de l'avancement de la réflexion à divers stades de la rédaction
du document, et ils ont pris part aux délibérations finales.
Troisièmement, à Noordwijk, nous avons discuté de
l'éventuelle participation des pays d'Europe centrale et de la
Baltique aux activités opérationnelles de l'UEO. Leurs propositions
vont désormais être prises en compte, au cas par cas, afin
qu'ils soient inclus dans nos plans de déploiement et de rotation.
Cela élargit les possibilités offertes à ces pays
de participer aux missions ne relevant pas de l'Article V du Traité
de Bruxelles modifié, également dites "missions de
Petersberg", comme des opérations d'assistance humanitaire,
de maintien de la paix et de gestion des crises. Cette initiative constitue
un intéressant effort de l'UEO pour compléter les activités
de l'OTAN dans le cadre du Partenariat pour la paix.
Enfin, l'UEO débat à l'heure actuelle des moyens de nouer
des relations plus étroites avec la Russie et l'Ukraine. Nous établirons
sans doute bientôt des contacts réguliers et intensifiés
avec ces deux pays, ce qui permettra d'instaurer des dialogues durables
en matière de sécurité, sur des questions d'intérêt
commun.
Les relations entre l'OTAN et l'UEO
L'Europe devrait, selon moi, assumer plus largement la responsabilité
de sa sécurité et de celle de ses alliés. Elle devrait
continuer, peu à peu, à mettre au point une politique de
défense européenne assurant une participation européenne
à la défense collective, dans une mesure correspondant à
son importance, ainsi qu'un engagement actif dans la prévention
des conflits et la gestion des crises en Europe ou ailleurs. Telle est
l'évolution logique des choses, considérant les conditions
nouvelles de la sécurité européenne et le poids économique
et politique de ce continent dans les relations internationales. Ces conditions
justifient une nouvelle évaluation de l'interprétation du
partage des charges. En fait, l'objectif d'un juste équilibre intérieur
au sein de l'Alliance a été défini dans la Déclaration
du Sommet de l'OTAN de janvier 1994, lorsqu'elle parle de l'émergence
de l'identité européenne de sécurité et de
défense et de renforcement du pilier européen de l'Alliance
par le biais de l'UEO. Une des conditions importantes de la création
de ce nouvel équilibre est le renforcement de ses capacités
opérationnelles. L'UEO, ou des "coalitions d'hommes de bonne
volonté" au sein de l'UEO (ce qui pourrait inclure des Etats
non-membres), devrait pouvoir mener des opérations liées
à la sécurité en Europe et à la protection
de ses intérêts dans d'autres régions. Et il est clair
que le meilleur moyen d'y parvenir consiste à mettre en uvre
le concept de Groupes de forces interarmées multinationales, qui
permettrait d'utiliser la structure militaire intégrée de
l'OTAN et d'autres capacités nationales avec une certaine souplesse.
L'UEO s'est déjà exprimée au sujet du concept de
GFIM, et j'espère que l'approfondissement de ce concept aura progressé
de façon satisfaisante d'ici à la réunion du Conseil
de l'Atlantique nord à Noordwijk en mai 1995. Pour moi, si la solution
du problème des GFIM est déterminante en ce qui concerne
la crédibilité du rôle opérationnel de l'UEO
et même de l'OTAN, elle constitue aussi un test pour les relations
entre ces deux organisations.
Tout cela indique que les Européens veulent en faire plus pour
assurer leur sécurité. Comme je l'ai déjà
mentionné, cela correspond à notre objectif de renforcement
du pilier européen de l'Alliance en augmentant les capacités
opérationnelles de l'Europe. Cela pourrait cependant aussi laisser
penser que nous pourrions aisément nous passer de nos alliés
nord-américains. Or il n'en est rien. Un des enseignements tirés
de l'effort international entrepris en Yougoslavie est justement que l'Europe
ne peut agir seule. Il ne fait nul doute que nous continuerons d'avoir
besoin de l'engagement et du soutien de nos alliés transatlantiques
pour maintenir et rétablir la paix au sein de notre continent et
au-delà. Tant d'un point de vue politique que du point de vue de
l'efficacité opérationnel le, la participation des Etats-Unis
et du Canada aux affaires de sécurité en Europe et alentours
demeure impérative.
Nous devons donc pouvoir encore compter sur le soutien de ces deux pays.
Mais d'après le débat politique qui s'y est engagé
sur la réévaluation des intérêts de sécurité
nord-américains, il apparaît que l'Europe ne pourra s'assurer
la poursuite de l'engagement nord-américain que si elle joue elle-même
un plus grand rôle, tant dans sa défense collective qu'en
matière de gestion des crises. C'est pourquoi je pense que l'UEO
devrait évoluer en une organisation opérationnelle plus
forte, suffisamment équipée pour prendre des mesures immédiates
en cas de crise.
A cette fin, elle devrait continuer de développer son potentiel
opérationnel, y compris dans le domaine des opérations civilo-mili-taires
conjointes. Elle mène d'ailleurs actuellement de telles opérations,
avec un très grand succès, dans l'ex-Yougoslavie. Je veux
parler de la mission de douane sur le Danube, qui aide les Etats riverains
à appliquer les sanctions commerciales contre la Serbie et le Monténégro,
ainsi que de la mission de police de l'UEO à Mostar. Ce type d'activité
présentant des aspects non militaires, l'UEO envisage maintenant
d'introduire un élément mixte civilo-militaire dans son
processus de planification. En outre, à Noordwijk, elle a fait
les premiers pas vers la création d'une force d'intervention humanitaire
qui pourrait intervenir lors d'opérations de secours et d'évacuation.
Cependant, l'UEO devrait aussi se doter progressivement de capacités
de maintien de la paix et de moyens de gestion des crises renforcés.
Pour cela, elle pourrait s'appuyer sur les Forces relevant de l'UEO (FRUEO).
D'où l'importance de développer ses capacités en
parallèle avec l'élaboration du concept de GFIM.
Dans le même temps, nous devons poursuivre le renforcement de l'OTAN,
notamment aux fins des opérations qu'elle est le mieux à
même de mener, à savoir celles qui se situent dans le haut
du spectre. Si elles suivaient cette approche complémentaire, l'OTAN
comme l'UEO devraient être en mesure d'entreprendre des opérations
séparément, ensemble ou selon d'autres configurations ad
hoc, en fonction de chaque cas.
Modifier l'Union européenne
Je me limiterai ici à dire quelques mots des conséquences
possibles, y compris pour l'Alliance, de la révision prochaine
dans le cadre de l'Union européenne. En effet, en 1996 aura lieu,
par le biais de la Conférence intergouvernementale (CIG), la révision
du Traité de Maastricht sur l'Union européenne, révision
qui aura des répercussions sur l'UEO. Qui plus est, l'UEO elle-même
révisera sa propre Déclaration de Maastricht. Il reste à
voir si cette conférence se soldera par l'intégration pleine
et entière de l'UEO au sein de l'Union Européenne (en annexe
au deuxième pilier, la PESC, ou au titre de quatrième pilier,
totalement nouveau). Mais il est probable qu'elle aboutisse à quelque
forme institutionnalisée d'intégration plus poussée
de l'UEO au sein de l'UE. Cela aura de toute évidence des incidences
sur le cadre institutionnel de l'identité européenne de
sécurité et de défense qui est en train d'émerger,
laquelle sera alors centrée sur la nouvelle "Union européenne
renforcée".
Mars 1995
L'intégration de l'UEO au sein de l'Union européenne, sous
quelque forme que ce soit, soulève diverses questions.
- Devrait-il y avoir une garantie de sécurité du
type UEO dans le Traité de Maastricht révisé?
Si oui, comment résoudre la question des membres de l'UE
qui n'appartiennent pas à l'UEO (les actuels observateurs
de l'UEO)? Ou, s'agissant de la défense collective de l'UE,
devrions-nous rendre l'UE et l'OTAN directement interdépendantes
en renvoyant au Traité de Washington? Dans ce cas, que
faire des Etats qui sont membres de l'UE ou de l'OTAN, mais pas
des deux?
- Devrait-il y avoir une clause sur les missions de Petersberg,
ce qui impliquerait une extension de la solidarité politique
actuelle dans des actions communes en matière de prévention
des conflits et de gestion des crises à une dimension militaire
explicitement prévue par le traité?
- Dans le même ordre d'idées, faut-il une clause
afférente aux forces relevant de l'Union européenne
(qui prendraient la succession des FRUEO?)
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En fait, ces questions impliqueraient la définition par l'Union
européenne d'une PESC et d'une Politique européenne de défense
commune (PEDC) cohérentes, comme l'indique l'Article J.4 du Traité
de Maastricht. Cela soulève également la question de la
mesure dans laquelle ces politiques devraient demeurer strictement consensuelles
ou de la possibilité d'y apporter des aménagements.
Les prochaines phases de préparation de cet ensemble de politiques
cohérentes ne seront pas simples. Je pense en particulier à
la
position des membres de l'OTAN qui font partie de l'Europe, mais pas de
l'UE, et notamment de la Turquie, de la Norvège et de l'Islande.
Par le biais de leur statut de membre associé au sein de l'UEO,
ils participent pleinement à l'élaboration d'une PEDC. Et
si l'UEO intègre peu à peu l'Union, en entraînant
par la suite une intégration progressive de la Politique étrangère
et de sécurité commune et de la Politique européenne
de défense commune, le fait que ces pays ne participent pas à
la PESC pourra faire de la définition de ces politiques un véritable
défi.
En ce qui concerne les neuf associés partenaires de l'UEOd'Europe
centrale et de la Baltique, on peut s'attendre à ce qu'ils soient
de plus en plus impliqués dans les processus de définition
des politiques au sein de l'UEO tout en ayant devant eux la perspective
d'une accession de plein droit à l'UE et, par conséquence,
d'une participation à la conception d'une PESC et d'une PEDC au
sein de celle-ci.
Vers une nouvelle relation atlantique?
Comme nous venons de le voir, la configuration européenne de sécurité
connaît actuellement une réorientation cruciale. Après
la disparition du Pacte de Varsovie, les organisations de sécurité
occidentales ont engagé un processus d'élargissement graduel.
Il débouchera sur une plus grande stabilité économique
et politique en Europe, à condition que nous procédions
avec prudence et, dans le même temps, que nous réussissions
à établir en parallèle de véritables dialogues
et des relations de coopération avec la Russie et l'Ukraine et,
le cas échéant, avec le Bélarus.
Il va sans dire que ces événements auront des conséquences
tant sur les relations entre les pays européens que sur les relations
transatlantiques au sein de l'Alliance, autrement dit sur les rapports
entre l'Union européenne "renforcée" et l'Amérique
du nord.
On peut se demander s'il ne conviendrait pas de formuler un quelconque
"Contrat ou Accord atlantique" afin de définir l'équilibre
entre les piliers européen et atlantique de l'OTAN et de mieux
refléter le nouveau partage des charges au sein de l'Alliance.
Un tel accord devrait sans nul doute inclure une disposition relative
au rapport entre les garanties contenues dans le Traité de Washington
et celles du Traité de Maastricht révisé dont il
a été question précédemment. En outre, il
devrait inclure des clauses sur les GFIM, ce qui assurerait la capacité
opéra-tionelle de l'"Union européenne renforcée".
Une question annexe concerne, dans le contexte des conditions nouvelles
de la sécurité européenne, la nécessité
ou non de limiter ce contrat aux seules relations de sécurité
transatlantiques. Je pense ici à l'intervention plutôt provocante,
mais aussi passionnante, de Christoph Bertram, rédacteur en chef
du journal Die Zeit, lors de la 40è assemblée générale
de l'Association du Traité atlantique à la Haye, le 26 octobre
1994. Sa suggestion d'élargir le cadre des relations entre les
piliers européen et transatlantique de l'OTAN pourrait être
intéressante. Comme il l'a dit: "Nous ne pouvons plus nous
permettre de laisser les relations Etats-Unis/Europe entre les mains des
ministres des Affaires étrangères et de la défense
ou des chefs d'état-major: il faut réunir les ministres
de la santé, du travail, des affaires sociales et de l'environnement.
Si ces derniers n'ont rien à se dire, les premiers ne tarderont
pas, dans leur sillage, à ne plus avoir de calendrier commun."
En effet, le Contrat atlantique dont j'ai parlé pourrait très
bien transcender la coopération politico-militaire et être
une base nouvelle de relations élargies entre l'Union européenne
et l'Amérique du nord. Considérant le vaste éventail
des intérêts stratégiques conjoints - Bertram en mentionne
quelques-uns d'une grande importance - le Contrat atlantique devrait prévoir
des rencontres ayant pour objet de donner forme à une relation
transatlantique renforcée.
Tout en entamant une étude en vue de préparer l'élargissement
à une échéance appropriée, l'OTAN devrait
réfléchir à ses orientations fondamentales et à
ses structures centrales afin d'établir un nouvel équilibre
entre ses constituants d'Europe et d'Amérique. Ce serait un moyen
de conférer un sens nouveau au rôle de l'OTAN comme premier
forum de consultation entre ses membres et l'occasion d'arrêter
des politiques sur la base des engagements des Alliés en matière
de sécurité et de défense aux termes du Traité
de l'Atlantique nord. Un Contrat atlantique pourrait alors être
le cadre d'un partenariat transatlantique de plus grande portée.
(1) La Conférence sur la Sécurité
et la Coopération en Europe (CSCE)a été rebaptisée
Organisation pour la Sécurité et la Coopération en
Europe, ou OCSE, lors du récent sommet de Budapest
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