Mise à jour: 10-Sep-2002 | Revue de l'OTAN |
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Le
Conseil de l'Europe:
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Ces principes adoptés par l'Assemblée parlementaire et recommandés au Comité des ministres comme critères de définition des limites de l'élargissement du Conseil de l'Europe avaient déjà été énoncés par celui-ci d'une manière moins formelle lors d'une réunion spéciale qui a eu lieu en septembre 1992 à Istanbul et qui avait pour objet d'examiner les relations avec les républiques de la Communauté des Etats Indépendants et la Géorgie. Dans les conclusions du président du Comité des ministres, il était reconnu que l'Organisation dispose d'une panoplie diversifiée de moyens permettant de développer les relations et la coopération avec les pays attirés par les valeurs qu'elle représente. Une approche différenciée pourrait donc être adoptée dans les relations avec les républiques issues de l'ex-Union soviétique.
Suivant cette approche flexible, les ministres ont estimé qu'il serait opportun de renforcer les liens avec la Fédération de Russie et l'Ukraine, qui ont déjà déposé une demande d'adhésion, mais également avec la Bélarus et la Moldo-va, dans la perspective d'une adhésion future au Conseil de l'Europe. Les ministres ont noté en outre que l'Arménie, l'Azerbaïdjan et la Géorgie avaient également fait part de leur volonté de se rapprocher du Conseil de l'Europe. Ils se sont félicités de cette volonté, tout en estimant qu'un rapprochement significatif exigerait non seulement une mise en uvre de réformes démocratiques substantielles, mais aussi leur engagement de résoudre les situations conflictuelles par des voies pacifiques. En ce qui concerne les Républiques d'Asie centrale (Kazakstan, Kirghizistan, Tadjikis-tan, Turkmenistan, Ouzbékistan) et afin de contribuer à la stabilité dans cette région, les ministres ont estimé qu'il serait opportun de nouer et de développer, d'une façon souple et pragmatique, des contacts pour les besoins des réformes démocratiques et dans la mesure où les pays concernés ont exprimé leur volonté d'établir une telle coopération.
La promotion de la sécurité démocratique
En plus des exigences statutaires du Conseil de l'Europe, la Déclaration de Vienne a donné un nouvel élan pour définir, adopter, mettre en uvre et surveiller les normes et engagements juridiques dans nombre de nouveaux secteurs décisifs pour la stabilité et la sécurité de l'Europe, et en particulier dans celui de la protection des minorités.
Le Conseil de l'Europe occupe une place de choix dans la définition et la surveillance des normes grâce à ses atouts sur le plan des méthodes et des structures pour donner une expression juridique aux valeurs sous-jacentes à l'identité et à la sécurité européennes. Son nouvel objectif dans ce domaine concerne les droits des personnes appartenant à des minorités, et la protection de ces minorités. Depuis le Sommet de Vienne, une convention-cadre pour la protection des minorités nationales a été rédigée et adoptée en vue de transformer, de la façon la plus large possible, les engagements politiques existants, en obligations juridiques. Elle sera suivie d'un projet de protocole à la Convention européenne des droits de l'homme visant à garantir des droits culturels des personnes appartenant à des minorités. Il convient également de mentionner la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires contenant des dispositions sur l'utilisation des langues minoritaires à l'école, dans les médias et dans l'administration. Adoptée en 1992, elle est également ouverte à la signature par les Etats non membres.
Le sommet de Vienne a de plus déclaré que la coopération transfrontalière ne vise pas seulement à assurer de meilleurs services aux populations des zones frontalières, mais contribue également à la paix et à la compréhension entre les peuples de différents pays, particulièrement dans les régions sensibles d'Europe. Si nous souhaitons maintenir la paix en Europe, les frontières ne peuvent pas être redessinées, mais doivent graduellement s'estomper par la coopération et l'assurance que toutes les parties travaillent dans le même sens et tendent vers les mêmes valeurs, que sont la démocratie, le respect des droits de l'homme et de l'Etat de droit, le refus de l'intolérance et le dialogue entre les cultures.
La coopération encouragée par le Conseil de l'Europe, notamment la coopération transfrontalière et inter régionale, s'inscrit dans cette tendance et a constitué une part importante des travaux de l'Organisation depuis sa création. Le Conseil a mené son action par l'établissement de normes juridiques (la Charte européenne de l'autonomie locale en Europe et la Convention-cadre européenne sur la coopération transfrontalière visant à faciliter et promouvoir la coopération des collectivités ou autorités territoriales), et par la promotion et le soutien politique apportés à une coopération active et pratique entre les collectivités locales et régionales elles-mêmes (avec, en particulier, la création d'Eurorégions destinées à rétablir la confiance dans les zones frontalières marquées par des tensions et des conflits militaires du passé).
Il n'est donc pas surprenant que le sommet de Vienne ait chargé le Comité des ministres de fournir toute l'assistance sollicitée pour la négociation et la mise en uvre de traités sur les questions concernant les minorités nationales, ainsi que d'accords de coopération transfrontalière. A cette fin, le Conseil de l'Europe peut servir de médiateur en réunissant les collectivités susceptibles de conclure des accords de coopération transfrontalière, assister ces collectivités dans la préparation d'accords de coopération transfrontalière, et aider les parties à un accord dans le fonctionnement de la coopération, par exemple par la préparation d'études et la conception de projets pratiques. Ce dernier aspect concerne en particulier les mesures de confiance destinées à créer et à renforcer la confiance entre les pays et les peuples. Ce programme du Conseil de l'Europe, qui se développe progressivement, se compose d'une série de projets menés dans des régions potentiellement menacées par des conflits ou des tensions entre communautés; ils tentent de faire participer les différentes communautés en présence à des activités concrètes conçues pour mettre en valeur leurs relations mutuelles et augmenter leur participation et leur sens des responsabilités dans la vie locale. Ces projets ont démontré qu'en se concentrant sur des initiatives locales et proches des citoyens, les tensions peuvent diminuer et de nouveaux liens directs peuvent se créer entre des groupes généralement hostiles.
Un système de surveillance est en cours de développement pour permettre à l'Organisation de contrôler et promouvoir les réalisations des Etats membres dans la mise en uvre de leurs engagements. Les mécanismes de contrôle judiciaire de la Convention européenne des droits de l'homme sont à la fois renforcés et simplifiés par le Protocole 11 (une Cour européenne unique) dont la ratification par les Etats membres est en cours. De bonnes perspectives existent pour une acceptation générale de la Convention européenne pour la prévention de la torture et des traitements ou des peines inhumains et dégradants, et son mécanisme de contrôle. La Convention-cadre pour la protection des minorités nationales est également assortie d'un mécanisme spécial de surveillance. L'Assemblée parlementaire met en uvre ses propres mécanismes de surveillance des engagements pris par les nouveaux Etats membres avant l'adoption par l'Assemblée de son avis sur leur demande d'adhésion. Le Comité des ministres a adopté un texte sur le respect des engagements pris par les Etats membres et qui est applicable à chacun d'eux.
La prévention des conflits et la lutte contre la criminalité internationale
Le Conseil de l'Europe adapte ses programmes d'assistance aux réformes démocratiques aux besoins des nouveaux Etats membres et des candidats à l'adhésion. L'accent a d'abord été mis sur les réformes constitutionnelles, institutionnelles et législatives, puis principalement sur l'organisation judiciaire et l'application des lois, la formation des fonctionnaires et des avocats, la démocratie locale et régionale et l'éducation. Ces programmes d'assistance, qui s'ajoutent aux engagements juridiques pris par les Etats membres dans le domaine des droits de l'homme en général et de la protection des minorités en particulier, pourraient contribuer à la prévention de conflits. Sur la base des engagements pris, et avec le concours de ses programmes de soutien, le Conseil de l'Europe a pu, dans des situations où il existait un risque de tension et de conflit potentiel, apporter aide et assistance en assurant un rôle de conseil et par le dialogue, la coopération et des mesures spécifiques destinées à établir la confiance entre gouvernements, avec des institutions et au sein de la société.
Dans certains cas, ces efforts ont été entrepris en collaboration étroite avec la CSCE, et en particulier son Haut commissaire pour les minorités nationales. Des activités communes ont été menées en Estonie et en Lituanie (intégration des non-ressortissants), en République slovaque (réforme des structures administratives), en Moldova (minorités et autonomie régionale) et dans l'ex-République yougoslave de Macédoine (assistance dans la préparation du recensement en collaboration avec l'Unions européenne et des organismes des Nations unies).
L'aggravation persistante de la criminalité, qui trouve souvent son origine dans des affiliations internationales non contrôlées, préoccupe au premier chef les autorités en Europe centrale et orientale dans leur recherche d'une stabilité politique et démocratique. La lutte contre la criminalité internationale par une coopération accrue au niveau européen ainsi que l'adhésion aux instruments juridiques multilatéraux existants présentent, en conséquence, un intérêt prioritaire. Les structures de coopération du Conseil de l'Europe, telles que le Groupe Pompidou dans le domaine de la lutte contre l'abus et le trafic illicite des stupéfiants, ainsi que les conventions européennes relatives au blanchiment de l'argent, l'entraide judiciaire, l'extradition etc.(2) apportent une contribution à cette action commune paneuropéenne. Les programmes de soutien du Conseil de l'Europe à ces pays peuvent également répondre à des demandes d'expertises et d'expériences existantes dans le traitement par d'autres pays de problèmes analogues et ceci par l'organisation de visites d'étude par exemple.
Interaction avec d'autres organisations
Le développement progressif de la stabilité et de la sécurité en Europe exige indubitablement une action complémentaire par les institutions et organisations existantes, et entre elles. Comme l'a dit M. Willy Claes, le Secrétaire général de l'OTAN, seul un ensemble d'institutions souveraines, mais se complétant et se renforçant mutuellement, au sein duquel chaque institution apporte ses moyens et son savoir-faire propres, peut garantir la stabilité en Europe.
Dans la Déclaration de Vienne, les chefs d'Etat et de gouvernement
ont exprimé leur intention de mettre le Conseil de l'Europe pleinement
en mesure de contribuer à la sécurité démocratique
et de relever les défis de société du 21e siècle.
Ils ont cependant ajouté que ces objectifs requièrent une
coordination renforcée des travaux du Conseil de l'Europe avec
ceux des autres institutions qui concourent à la construction d'une
Europe démocratique et sûre. A cet égard, ils se sont
félicités de la coopération établie avec l'Union
européenne, notamment du développement des actions en commun
particulièrement pour les pays d'Europe centrale et orientale.
Ils ont considéré qu'un tel partenariat dans des domaines
d'activité de plus en plus
variés reflète la relation institutionnelle spécifique
et évolutive qui caractérise les relations entre les deux
institutions. En vue de promouvoir la sécurité démocratique,
ils se sont déclarés favorables à l'approfondissement
des relations de coopération institutionnelle dans le domaine de
la dimension humaine entre le Conseil de l'Europe et laCSCE. Des progrès
considérables
ont été enregistrés en la matière dans les
rapports avec son Bureau des institutions démo
cratiques et des droite de l'homme et son Haut commis saire pour les minorités
nationales.
La question de l'élargissement a été à l'ordre du jour de toutes les institutions européennes au cours des dernières années. Sur ce point, le Conseil de l'Europe a un mandat clair: conduire une politique d'ouverture et de coopération en direction de tous les pays d'Europe centrale et orientale qui font le choix de la démocratie, des droits de l'homme et de la prééminence du droit.
Aujourd'hui ces valeurs sont reconnues partout en Europe, mais la société européenne n'en est pas encore imprégnée. Des changements remarquables sont intervenus dans les pays qui avaient, jusqu'à une date récente, des régimes à parti unique, mais il reste un grand travail à accomplir pour soutenir les réformes et consolider les institutions démocratiques.
Voilà le défi que notre Organisation doit maintenant relever. La remarquable souplesse de l'Assemblée parlementaire a permis au Conseil de l'Europe d'accueillir très rapidement les pays engagés dans des réformes démocratiques et plusieurs d'entre eux sont aujourd'hui membres de plein droit.
D'autres pays frappent à la porte. D ne faut pas qu'ils frappent en vain. Si leur intégration au Conseil de l'Europe pose des problèmes, et c'est le cas, abordons ces derniers par une démarche cons-tructive, en soutenant les réformes et en développant les méthodes de surveillance pour tous les Etats membres.
Nous devons être réceptifs et prompts à donner notre appui. C'est pourquoi je suis convaincu qu'il faut poursuivre le processus des adhésions sans retard inutile, et que nous devons être prêts à aider les Etats candidats à surmonter les difficultés qu'ils peuvent trouver sur leur chemin. Malgré le fait que le Conseil de l'Europe soit ouvert à tous les pays qui partagent les mêmes conceptions, chaque candidature doit être examinée sur ses mérites propres.
Personne ne peut promettre un élargissement facile et sans douleur. Certains craignent que l'âme du Conseil de l'Europe va en souffrir. Pourtant, si nous désirons promouvoir les valeurs sur lesquelles le Conseil de l'Europe a été fondé, nous devons soutenir toutes les forces en Europe centrale et orientale qui sont disposées à renforcer ces valeurs à l'intérieur de leurs propres sociétés.
En renforçant les institutions démocratiques, le respect des droits de l'homme et la prééminence du droit à travers l'ensemble de notre continent, le Conseil de l'Europe sera également en mesure d'apporter une contribution importante à la sécurité en Europe.
(1) Et Andorre depuis novembre.
(2) Conventions du Conseil de l'Europe principalement
concernées; Convention européenne d'entraide judiciaire
en matière pénale; Convention sur le transfèrement
des personnes condamnées; Convention européenne sur la surveillance
des personnes condamnées ou libérées sous condition;
Convention européenne sur la transmission des procédures
répressives; Convention relative au blanchiment, au dépistage,
à la saisie et à la confiscation des produits du crime.