Edition Web
Vol. 42- No. 2
Avril 1994
p. 10-15
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La
politique de sécurité de la Suède dans l'Europe
de l'après-guerre froide
Mme la Baronne Margaretha af Ugglas
Ministre des affaires étrangères de Suède
La fin de la guerre froide a eu de grandes incidences sur la politique
de sécurité de la Suède. L'Union soviétique
n'est plus. Les troupes russes stationnées pendant près
de cinquante ans sur la côte de la Baltique, à l'est de la
Suède, ont regagné la Russie à travers les plaines
polonaises, le Bélarus et l'Ukraine. La réapparition de
trois États démocratiques souverains dans cette zone -l'Estonie,
la Lettonie et la Lituanie - a modifié nos données géographiques
en matière de sécurité et nous espérons que
les troupes russes, encore en place, achèveront leur retrait de
cette région dans le courant de cet été. Par ailleurs,
au sud de notre pays, l'Allemagne unie, avec une population et des ressources
neuf fois supérieures à celles de la Suède est notre
plus puissante voisine. La Finlande, libérée des contraintes
de l'après-guerre, cherche à devenir membre à part
entière de l'Union européenne, de même que la Norvège,
tout en maintenant ses liens capitaux, sur le plan de sa sécurité,
avec les Anglo-saxons - les Britanniques, les Canadiens et, surtout, les
Américains -au sein de l'OTAN.
A l'heure actuelle, nous assistons à l'émergence en Europe
d'une configuration politique plus complexe en matière de sécurité.
C'est pourquoi il devient plus impératif de trouver, à travers
un processus de consultation continu, des solutions communes aux problèmes
communs. Dans ce contexte, la coopération à la préparation
et à l'exécution d'actions conjointes sera souvent plus
importante que l'appartenance à des alliances, quelles qu'elles
soient. Et dans ce nouvel environnement sécuritaire, le rôle
de l'OTAN évolue. Comme je vais m'efforcer de le montrer dans cet
article, la politique de sécurité de la Suède change
elle aussi, tant en ce qui concerne ses priorités que ses instruments.
Dans le nouveau cadre de l'interaction des institutions chargées
de la sécurité, nous poursuivons une politique de coopération
active sur tous les plans.
En 1991, la Suède a déposé sa candidature à
la Communauté européenne. En mars de cette année,
nous avons finalisé les négociations d'adhésion à
ce qui est désormais l'Union européenne. D'ici quelques
mois, la population décidera, par voie de référendum,
si elle souhaite entrer dans l'Union aux conditions convenues. Avec nos
trois co-demandeurs, la Finlande, la Norvège et l'Autriche, nous
avons confirmé notre désir de participer pleinement à
la politique étrangère et de sécurité commune
de l'Union européenne. Nous l'acceptons telle qu'elle est définie
dans le Traité de Maastricht, sans réserve ni obstacles
d'ordre légal, en maintenant cependant notre non-alignement militaire.
L'appartenance à l'Union européenne élargira à
plusieurs égards les possibilités qui nous sont offertes
de contribuer à la stabilité et à l'évolution
de la situation dans des pays proches comme les États baltes et
la Russie. Avec nos voisins Scandinaves, nous aurons ainsi une occasion
d'influencer non seulement les perspectives de notre région, mais
aussi celles de l'ensemble de l'Europe occidentale, et nous espérons
être en mesure de donner à la politique européenne
une dimension nordique des plus claires.
Mais il y a une autre raison à notre désir de renforcer
et d'intensifier la coopération au sein de l'Union européenne.
C'est que seule une Europe de l'ouest forte, prospère, stable et
confiante, envisageant l'avenir avec
optimisme et dans un esprit d'ouverture, peut jouer le rôle nécessaire
pour faciliter la progression de l'Europe de l'est vers la normalité.
A cet égard, la décision de l'Union européenne d'offrir
une perspective d'adhésion aux pays d'Europe centrale et orientale
est extrêmement significative. Nous notons avec satisfaction que
des négociations sur des accords de libre échange avec les
États baltes sont en bonne voie et seront sans doute suivis assez
rapidement d'accords d'association.
Notre nouvelle attitude vis-à-vis de l'Europe est le reflet de
notre nouvelle attitude en matière de sécurité. En
effet, nos grands objectifs de politique étrangère sont
désormais, entre autres, de construire et d'assurer la démocratie,
de favoriser l'État de droit, les droits de l'homme et ceux des
minorités, et de faire naître des économies de marché
à l'est et au sud-est de la Suède. Notre participation aux
efforts pour assurer la stabilité et la paix correspond à
un concept de sécurité bien plus vaste que le seul concept
de sécurité militaire du temps de la guerre froide. Face
à l'accélération du rythme de l'histoire et au renforcement
de nos liens avec le reste de l'Europe, la politique que nous poursuivons
ne pouvait plus être neutre. Après l'implosion de l'URSS
et la disparition du Pacte de Varsovie, il n'y a plus place pour la neutralité
entre deux alliances.
Bien entendu, la réussite de l'ancienne politique de non-alignement,
qui impliquait la neutralité en cas de guerre, a été,
dès l'origine, liée à une OTAN unie et forte. La
présence militaire et politique des États-Unis en Europe
et sa dissuasion nucléaire étendue ont assuré la
paix pendant près de cinquante ans. Nous continuons de voir en
la présence américaine en Europe, au niveau actuellement
prévu, une condition préalable à une OTAN viable
et efficace. Par ailleurs, nous nous félicitons qu'en plus de son
rôle traditionnel dans la sécurité européenne,
l'OTAN assume désormais des responsabilités en matière
de maintien de la paix et de prévention des crises.
La neutralité armée
Quelles sont les origines de la politique suédoise de neutralité
? Il faut se rappeler que la Suède a su rester en paix depuis les
guerres napolé-onniennes, c'est-à-dire, très exactement,
depuis 1814. Alors que nos voisins Scandinaves ont été entraînés
dans la seconde guerre mondiale - et que la Norvège et la Finlande
se sont un moment trouvées dans des camps opposés - la Suède
a réussi à rester en dehors du conflit grâce à
une combinaison de diplomatie, de dissuasion militaire et, je l'admets,
de chance.
Lorsque les efforts entrepris, en 1948-49, pour créer une alliance
de défense Scandinave entre la Suède, la Norvège
et le Danemark ont échoué, seules ces deux dernières
se sont ralliées à l'OTAN. La Suède est restée
neutre parce que, disait-on, cette politique la tenait à l'écart
de la guerre depuis plus d'un siècle.
En ce qui concerne la Finlande, sa décision se justifiait plus
par des raisons de realpolitik. Contrairement à certaines nations
d'Europe de l'est vaincues par l'Union soviétique, la Finlande
n'a jamais connu l'occupation, à la fin de la guerre. La base militaire
de Porkala, près d'Helsinki, est demeurée aux mains des
Soviétiques jusqu'en 1955, mais ce qui liait le plus ce pays, c'était
le Traité d'amitié, de coopération et d'assistance
mutuelle, qui donnait à Moscou un droit de regard sur les affaires
de sécurité finlandaises. Si la Suède avait adhéré
l'OTAN, l'URSS aurait peut-être réagi en augmentant sa pression
sur la Finlande.
La Suède est donc restée non-alignée, mais résolue
à assurer la sécurité de son territoire, qui constitue
une partie non négligeable de l'Europe du nord. Pour préserver
la stabilité et un équilibre fiable dans cette région,
elle a beaucoup investi dans la défense et entretenu dans les années
cinquante une force aérienne de 1000 avions de combat - ce qui
en faisait une des premières du monde. Par définition, la
Suède assurait aussi la défense aérienne de la Norvège
et d'une partie du Danemark; une des raisons pour lesquelles leurs forces
aériennes étaient si réduites était d'ailleurs
l'importance de celle de la Suède. Et même aujourd'hui, avec
trois cent cinquante avions de combat Draken et Viggen produits par Saab,
l'armée de l'air suédoise est une des plus puissantes d'Europe.
Dans l'avenir, nous envisageons de constituer une armée de l'air
composée de seize escadrilles dotées d'avions de combat
JAS Gripen conçus et produits en Suède.
L'armée de conscription subit elle aussi un processus de modernisation
et de réforme. Les seize brigades mobilisables actuelles sont appelées
à constituer une armée "amincie mais musclée".
En effet, l'acquisition récente de deux chars 300 Léopard
renforcera la puissance armée des brigades blindées tandis
que nos brigades Norrland, spécialement formées et équipées,
constitueront une force de dissuasion dans le Grand nord.
Notre marine, dotée de douze sous-marins ultra-modernes, de navires
lance-missiles spécialement étudiés pour les conditions
de la Baltique, d'un système d'artillerie côtière
unique et de nouvelles troupes de marine d'élite, est le troisième
élément de notre structure militaire. Les forces militaires,
qui absorberaient près de dix pour cent de la population en cas
de mobilisation, sont complétées par un système qui,
en cas de nécessité, peut mettre toute la nation sur le
pied de guerre en quelques semaines.
Avec un budget de défense proche de cinq milliards de dollars,
la Suède apparaît comme un des principaux garants de la stabilité
dans la partie septentrionale de l'Europe.
Les Nations unies et le maintien de la paix
Depuis qu'elle est membre des Nations unies et pendant toute la période
de l'après-guerre, la Suède a fourni des ressources de médiation,
de diplomatie préventive, de maintien de la paix et de contrôle
des armements. Plus de 60 000 soldats suédois ont participé
à des activités de maintien de la paix du Congo à
l'ex-Yougoslavie et en ce moment, la Suède a plusieurs sections
en Croatie au sein de la FORPRONU, fait partie d'un bataillon nordique
conjoint dans l'ex-république yougoslave de Macédoine et
d'un groupe de bataillon nordique en Bosnie, dont une compagnie stationnée
à Sarajevo. Pour préparer le déploiement du groupe
d'artillerie nordique en Bosnie, les troupes suédoises se sont
entraînées avec les Danois au Jutland, à l'automne
dernier, et des chars et chasseurs F-16 danois s'entraînent avec
le nouveau bataillon suédois ce printemps.
Le déploiement des forces des Nations unies dans l'ex-Yougoslavie
est le premier, depuis la crise chypriote, à avoir une grande incidence
sur la sécurité européenne. L'ONU a fait preuve d'un
esprit novateur dans sa façon d'exploiter l'expérience et
la capacité de l'OTAN pour exécuter ses activités
de maintien de la paix. Alors que du temps de la guerre froide, les troupes
déployées par les Nations unies appartenaient surtout à
des pays neutres et non-alignés - sauf lors de la guerre de Corée
- maintenant, dans le cas de l'ex-Yougoslavie, ce type d'intervention
est organisé en étroite collaboration par les Nations unies
et l'OTAN. En peu de temps, les forces suédoises ont donc pris
l'habitude de travailler, sur le terrain, avec des forces de l'OTAN.
L'expérience de la CSCE
La CSCE est l'autre institution de sécurité européenne
à laquelle la Suède appartient de longue date. Elle a participé
activement aux délicates négociations qui, sur fond de guerre
froide, ont abouti à l'Acte final d'Helsinki, en 1975, et aux débats
sur les droits de l'homme à la fin des années 70 et au cours
des années 80. En outre, lorsque la limitation des armements est
devenu un des grands sujets d'intérêt de la CSCE, la Suède
a su jouer un rôle à travers le groupe des pays neutres et
non-alignés. Les documents de Stockholm (1986) et de Vienne (1989)
ont fourni d'importantes indications en ce qui concerne la transparence,
les mesures de confiance et divers autres aspects de l'ordre de sécurité
européen. A partir de la Conférence de Vienne, en 1989,
le thème qui a le plus retenu l'attention de la CSCE a été
les négociations sur les forces conventionnelles en Europe (FCE)
entre l'OTAN et les pays du Pacte de Varsovie.
Après la ratification et la mise en application du Traité
sur les FCE, la CSCE s'est tournée, au moment où sa Présidence
incombait à la Suède (décembre 1992), vers les autres
questions liées à la sécurité. Avec la fin
de la guerre froide, la défense de la stabilité en Europe
centrale et orientale ainsi que dans les nouveaux Etats voisins de la
Russie est devenue la préoccupation essentielle de la CSCE. Dans
le cadre de ce changement de visée, nous avons décidé,
sous ma présidence, de mener une stratégie à quatre
niveaux consistant à:
- faire un usage novateur des outils de la diplomatie préventive
et de gestion des crises,
- renforcer la CSCE en tant que communauté de valeurs,
- améliorer la coopération avec d'autres organisations
internationales,
- réexaminer et renforcer les structures internes de la
CSC.
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Des progrès considérables ont été réalisés
par la CSCE, l'année dernière, sur le plan des efforts de
prévention et de limitation des conflits. Elle a pu favoriser la
constitution de nations dans la région de la Baltique, la coexistence
entre différents groupes ethniques en Europe centrale et orientale
et l'endiguement du conflit dans les Balkans. Ces résultats ont
été obtenus grâce à l'interaction entre le
Président en exercice, le Haut commissaire pour les minorités
nationales et les missions locales de la CSCE.
Bon nombre des points forts de la CSCE expliquent ces réussites:
l'étendue géopolitique qu'elle couvre à travers ses
membres, ses valeurs communes, ses nouveaux mécanismes de prévention
des conflits et de gestion des crises, ainsi que l'accent mis sur la flexibilité
et l'action concrète plutôt que sur une orthodoxie classique.
Des résultats ont également été obtenus dans
d'autres secteurs. Ainsi, de grands progrès ont été
faits sur le plan de la coopération avec les Nations unies, et
les deux organisations en tireront profit. En outre, un Secrétaire
général de la CSCE, assisté par un modeste secrétariat,
a été nommé. Et un forum permanent de consultations
politiques a été créé à Vienne.
Mais nous n'avons pu passer outre les limites de la CSCE. Ainsi, si les
parties à un conflit ne veulent pas régler leur différend
par la voie politique, la CSCE ne peut le faire pour elles. Elle peut
faire pression sur les parties, notamment si tous les Etats participants
s'unissent à cette fin, mais elle ne peut imposer un règlement
par la voie militaire. Elle ne peut pas non plus faire de miracles, surtout
si la volonté politique fait défaut au niveau des capitales
des pays membres de la CSCE.
Il arrive parfois que la CSCE souffre d'un manque de cohésion interne,
ce qui nous amène à en tirer deux conclusions. Premièrement,
que la coopération doit être intensifiée. Si, comme
j'en suis convaincue, il faut prendre des mesures concrètes pour
favoriser la stabilité en Europe centrale et orientale ainsi que
dans les nouveaux États de la CSCE, nous ne pouvons nous passer
d'un forum de consultation politique et de coopération incluant
à la fois une présence transatlantique et une présence
russe.
En outre, ce manque de cohésion interne périodique nous
rappelle une vérité fondamentale: les critères, normes
et mécanismes de prévention des conflits de la CSCE doivent
être complétés par d'autres formes d'intégration,
plus profondes. De nouveaux efforts s'imposent donc en matière
de coopération et d'intégration européennes.
Pour nous, cette présidence a été une expérience
utile en ce qui concerne le type de diplomatie multiforme auquel nous
serons confrontés au sein de l'Union européenne. Bien que
ce mandat soit arrivé à échéance, la Suède
continue d'être un partenaire actif de la CSCE, à la fois
comme membre de la Troïka - avec le président actuel, italien,
et le prochain président, hongrois - et à la présidence
du processus de Minsk, instauré en vue d'aborder et de résoudre
le problème du Haut-Karabakh.
Le Partenariat pour la paix
Les décisions prises à l'occasion du Sommet de l'OTAN,
en janvier dernier, montrent que l'on a progressé dans la recherche
de solutions à la question de l'attitude de l'OTAN vis-à-vis
des nouvelles menaces qui pèsent sur la sécurité
et la stabilité et ne sont pas envisagées par le Traité
de Washington. Le Partenariat pour la paix est une de ces solutions. Dans
le contexte actuel, la décision de renforcer l'identité
européenne de sécurité et de défense est importante,
de même que la mise en place d'activités de planification
à travers le concept des Groupes de forces interarmées multinationales
auxquelles les États membres peuvent choisir de ne pas participer.
Cette
mesure innovatrice paraît être une réponse constructive
et souple à l'une des grandes questions qui se posent à
l'Alliance.
Nous voyons ainsi que trois importantes décisions prises lors du
Sommet de l'OTAN - le Partenariat pour la paix, le renforcement de l'identité
européenne et la planification d'actions destinées à
faire face à de nouveaux types de menaces - vont toutes dans le
même sens: élargir, selon des modalités caractérisées
par la souplesse, les possibilités d'utilisation de l'organisation
de sécurité la plus forte et la plus efficace d'Europe afin
d'étendre la stabilité à l'Europe de l'est.
Si le Partenariat pour la paix est une initiative qui intéresse
la Suède, c'est aussi parce que l'invitation à y adhérer
à été étendue à ce pays. C'est avec
plaisir que je l'accepte. Par sa nature même, ce programme est un
processus d'instauration de la confiance. Il n'est dirigé contre
personne mais s'efforce, au contraire, de mettre l'accent sur les nouvelles
possibilités uniques qui sont offertes à l'est et à
l'ouest de coopérer dans le domaine de la sécurité
et de la défense. Il s'agit d'un cadre qui permettra de développer
cette coopération en souplesse, au rythme et au degré qui
conviendront à chaque nation. Il est bien compréhensible
que l'OTAN veuille inclure la Finlande, la Suède, l'Autriche et
la Suisse à ce processus.
En acceptant l'invitation à adhérer au Partenariat pour
la paix, la Suède convient que la stabilité et la sécurité
dans la zone euro-atlantique ne peuvent être réalisées
qu'à travers la coopération et l'action commune.
Le Partenariat pour la paix est un processus à deux vitesses et
la Suède est prête à offrir l'expérience qu'elle
a tirée de sa participation au maintien de la paix et à
des activités connexes pour favoriser le renforcement des capacités
et de la volonté des Partenaires à contribuer à des
opérations sous l'égide des Nations unies et/ou de la CSCE.
La Suède se félicite de l'occasion qui lui est donnée
d'élargir ses possibilités de coopérer plus efficacement
à ces opérations, aux côtés d'autres États,
à travers le Partenariat.
La Suède entend également contribuer aux efforts du Partenariat
pour améliorer la transparence en matière de planification
des défenses nationales et de budgets et pour garantir le contrôle
démocratique des forces armées. Dans cette perspective et
dans le cadre des activités du Partenariat, elle est prête
à participer aux travaux d'unités de coordination et de
planification. Elle mettra à la disposition de l'OTAN le personnel,
les ressources, les installations et les moyens nécessaires et
adaptés à la réalisation du programme agréé.
Certaines des activités et contributions proposées demanderont
que la législation actuelle soit modifiée et seront donc
préalablement soumises au Parlement. Nous n'avons cependant aucune
inquiétude à ce sujet et avons l'intention de ratifier le
document cadre et de fournir nos documents de présentation avant
l'été.
La Suède dans l'Europe nouvelle
II est bien évident que l'adhésion de la Suède au
Partenariat pour la paix n'est pas une tâche facile. Notre politique
antérieure de non-alignement et de neutralité était
un moyen choisi, de façon délibérée et pragmatique,
pour nous tenir à l'écart du type de guerre européenne
qui, à l'époque, paraissait probable, ou tout au moins possible.
Elle n'a jamais été une fin en soi.
Maintenant, nous devons nous tourner vers ce qui nous semble être
le meilleur moyen de garantir la sécurité dans les conditions
toutes nouvelles d'aujourd'hui. Face aux changements qui se produisent
en Europe, la Suède adopte une attitude d'ouverture. En même
temps, nous devons demeurer en dehors de toute alliance militaire et nous
réserver la possibilité de rester neutres en cas de guerre
à proximité immédiate de notre pays.
Il est certain que lorsque la Suède deviendra membre de l'Union
européenne, elle élargira le champ de ses activités
en matière de sécurité européenne. Nous espérons
prendre une part active aux négociations de 1996 sur la forme future
de la dimension de sécurité de l'Union. Nous avons bien
entendu connaissance des possibilités offertes par le Traité
de Maastricht concernant le statut d'observateur ou l'adhésion
à l'Union de l'Europe occidentale. Notre choix dépendra
sûrement des résultats des négociations de 1996-98.
Le nouveau cadre européen qui est en train d'émerger repose
sur l'idée que c'est à travers une plus grande intégration
que nous pourrons prévenir les conflits. Nous devrons parfois agir
ensemble pour empêcher des conflits qui menacent d'éclater
ou envoyer des troupes de rétablissement de la paix afin de créer
les conditions nécessaires à des solutions pacifiques, une
fois qu'une crise sera déjà ouverte. Nous partageons avec
tous les membres de l'OTAN la conviction que cela devrait se faire sur
mandat des Nations unies. A travers le déploiement de troupes suédoises
dans l'ex-république yougoslave de Macédoine et en Bosnie,
nous avons déjà fait preuve de notre volonté et de
notre capacité d'assumer nos responsabilités européennes.
Notre objectif, en matière de politique de sécurité
d'ici à la fin du siècle, peut se résumer comme suit:
l'intégration européenne avec une dimension nord-européenne.
Et les moyens d'y parvenir sont l'initiative, la participation et la souplesse.
La Suède entend participer activement au processus européen
de renforcement de la sécurité et de la stabilité.
L'unification de l'Europe est la grande tâche historique qui incombe
à notre génération.
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