Edition Web
Special Edition
Automne 1992
p. 21-25
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Le
maintien de la paix :
les Nations unies et la nouvelle Europe
Barbara McDougall
Secrétaire d'Etat aux Affaires extérieures du Canada
Alors que se succédaient sous nos yeux les événements
extraordinaires de l'année 1989, fertile en miracles politiques,
Nord-américains ou Européens nous partagions l'espoir que,
la guerre froide et l'affrontement étant à présent
dépassés, s'ouvrait à présent devant nous
une ère nouvelle, sous le signe de l'unité et de la coopération.
Aujourd'hui, les manchettes inquiétantes des journaux et les images
affligeantes sur nos écrans de télévision témoignent
au contraire des menaces qui pèsent sur la paix. Au mois de juillet,
parlant au nom du Canada devant la Conférence sur la Sécurité
et la Coopération en Europe réunie à Helsinki, j'ai
fait observer que : "La libération de l'esprit humain a fait
apparaître davantage de spontanéité, de richesse et
de créativité dans notre paysage; mais elle a également
révélé la profondeur de la cruauté dont nous
sommes capables".
En Europe comme ailleurs dans le monde, nous devons chercher à
résoudre certains des problèmes les plus complexes et les
plus douloureux auxquels l'humanité est confrontée : des
haines raciales ancestrales; un héritage de faillite économique
et de saccage écologique; le déracinement de personnes dont
la société a éclaté et qui ne trouvent pas,
dans l'enseignement du passé, de réponse aux difficultés
dans lesquelles elles sont jetées. Nous avons appris que des gouvernements
de tendance libérale à peine établis peuvent être
supplantés par des xénophobes animés par l'esprit
de vengeance; ces derniers, mettant en péril les transformations
des dernières années, s'emparent du pouvoir en promettant
de recourir à la force afin de promouvoir les intérêts
de la majorité ethnique dans leur propre pays, ou encore pour protéger
leur ethnie lorsqu'elle est minoritaire à l'étranger.
La communauté mondiale n'acceptera jamais les violations flagrantes
des droits de 1'homme, non plus que la menace ou l'emploi de la force
contre des pays voisins; mais elle n'acceptera pas davantage qu'il soit
remédié aux abus par des actions unilatérales. C'est
pourquoi nous devons rechercher de nouvelles méthodes en vue de
contribuer au règlement des conflits et des différends,
en tirant le meilleur parti possible des Nations unies et des organisations
régionales chargées de l'instauration et du maintien de
la paix.
Les Canadiens, pour avoir participé à toutes les missions
de maintien de la paix mises sur pied par l'ONU et à plusieurs
missions sous d'autres auspices, ont, en la matière, une perpective
sans équivalent. On m'a demandé de passer en revue les résultats
obtenus par l'ONU, les succès comme les échecs, d'étudier
la façon dont on pourrait améliorer ces résultats,
et de proposer des solutions permettant aux organisalions régionales
européennes et à la grande organisation mondiale de collaborer
avec la plus grande efficacité.
Commençons par les aspects positifs. Les conflits régionaux
qui, voici quelques années, étaient jugés en fonction
de leur incidence sur les rivalités entre les grandes puissances
- en Afrique, en Asie et en Amérique latine tout comme en Europe
- semblent auj ourd' hui susceptibles de se prêter à un règlement
par la voie d'une coopération internationale. De fait, la moitié
des opérations de maintien de la paix lancées par les Nations
unies - soit 13 sur un total de 26 - l'ont été depuis 1988.
On voit que le maintien de la paix est devenu l'une des activités
les plus importantes et les plus représentatives des Nations unies.
Peu après la création de l'ONU se fit percevoir, de façon
évidente, le besoin d'envoyer des groupes internationaux d'observateurs
pour superviser les accords de cessez-le-feu ou d'armistice; c'est ainsi
que débutèrent, sur une échelle certes modeste, les
activités de maintien de la paix. Deux d'entre elles, dont la création
remonte à 1948, existent toujours : il s'agit du Groupe d'observateurs
militaires des Nations unies dans l'Inde et le Pakistan (UNMOGIP) et de
l'Organisme des Nations unies chargé de la surveillance de la trêve
(ONUST). Mais le tournant décisif se produisit en 1956, avec l'envoi
de la Force d'urgence des Nations unies au Moyen-Orient (FUNU),dans le
cadre du règlement du conflit entre l'Egypte et la France, la Grande-Bretagne
et Israël. Les Canadiens devaient en tirer une fierté particulière,
car leur Secrétaire d'Etat aux Affaires extérieures de l'époque,
Lester B. Pearson, se vit décerner le Prix Nobel de la paix pour
le rôle joué dans la constitution de cette force. Mais si
la FUNU servit à démontrer la vigueur des Nations unies,
la suite de son histoire devait en révéler les graves faiblesses.
Son retrait imposé, en 1967, lorsque l'Egypte refusa d'en autoriser
le maintien sur son sol, contribua au déclenchement de la guerre
des Six Jours.
L'entreprise laplus ambitieuse de F ONU a peut-être été
l'envoi d'une force de maintien de la paix, 1 ' ONUC, au Congo en 1960,
après l'effondrement de l'ordre public dans l'Etat nouvellement
indépendant. La décision d'intervenir démontrait
que l'ONU était disposée à faire face non seulement
à un problème se posant entre Etats, mais également
à l'intérieur d'un Etat lorsque la sécurité
internationale risquait d'en être affectée. Même si
l'on ne pouvait guère attendre de l'ONUC qu'elle transforme le
Congo - aujourd'hui le Zaïre - en un Etat moderne et démocratique,
elle atteignit son objectif de base, à savoir préserver
l'intégrité territoriale du pays. Malheureusement, dans
l'atmosphère de guerre froide de l'époque, le ressentiment
provoqué par les actions souvent controversées de la Force
de l'ONU fut presque fatal à l'Organisation elle-même. Cependant,
en dépit de l'expérience décevante du Congo, les
pays membres des Nations unies continuèrent d'explorer les voies
permettant aux forces de maintien de la paix de contribuer au règlement
pacifique des différends. Pendant des années, les nouvelles
opérations durent conserver une envergure limitée et demeurèrent
confinées à des situations ne touchant pas directement les
préoccupations essentielles des superpuissances. En revanche, depuis
1988, les Nations unies ont pu élargir le champ de leurs activités,
et des contingents chargés du maintien de la paix ont été
envoyés dans des endroits comme 1'Afghanistan, la Namibie, l'Amérique
centrale ou le Cambodge, considérés jusque là comme
trop sensibles pour que l'ONU puisse y intervenir.
L'ONU et les opérations de maintien de la paix en Europe
Les activités de maintien de la paix sous l'égide de l'ONU
ont depuis toujours présenté un intérêt direct
pour les pays d'Europe, comme en témoigne la volonté d'un
si grand nombre d'entre eux à y prendre part. Si les contributions
les plus régulières ont été celles du Canada
et des pays nordiques, nombre de nations d'Europe orientale, centrale
et occidentale y ont également participé. C'est ainsi que
le contingent du Canada a collaboré pendant près d'une vingtaine
d'années avec celui de la Pologne afin de fournir, dans les hauteurs
du Golan, un soutien logistique à la FNUOD, la Force des Nations
unies chargée d'observer le dégagement assurant la séparation
entre les forces syriennes et israéliennes.
Jusqu'à cette année, cependant, la seule mission onusienne
de maintien de la paix à l'oeuvre en Europe était l'UNFICYP,
la Force des Nations unies chargée du maintien de la paix à
Chypre. A mesure que s'aggravait, en 1964, la tension entre Cypriotes
d'origine grecque et ceux d'origine turque, on perçut un risque
réel d'intervention extérieure. L'UNFICYP fut donc mise
sur pied afin de maintenir l'ordre en attendant que les deux camps eurent
résolu leurs différends. Même si elle ne parvint pas
à éviter les regrettables événements de 1974,
son rôle dans la prévention des incidents intercommunautaires
fut essentiel.
Lors de ma visite à Chypre, cette année, j'ai été
frappée par la compétence des jeunes gens et des jeunes
femmes qui composent l'UNFICYP et par le professionnalisme avec lequel
ils s'acquittent de leur mission le long de la Ligne verte et dans d'autres
secteurs de l'île. Mais j'ai également été
attristée par le fossé qui continue de séparer les
parties, malgré près d'une trentaine d'années de
maintien de la paix et de médiation. Comme d'autres Canadiens,
je me suis demandé si la présence des troupes de l'ONU n'avait
pas rendu la vie un peu trop confortable aux Cypriotes situés de
part et d'autre de la ligne de démarcation, si bien qu'ils préféraient
s'accommoder du statu quo plutôt que de consentir aux compromis
exigés par un règlement durable. J'ai, pour ma part, acquis
la conviction que le maintien de la paix doit aller de pair avec les activités
d'instauration de la paix, et ne pas devenir une fin en soi.
La détérioration des relations entre les différentes
républiques et communautés composant la Yougoslavie, suivie
de l'éclatement du pays, a fait apparaître à nouveau
l'exigence de moyens internationaux d'instauration et de maintien de la
paix en Europe. La situation est en évolution rapide et l'issue
est loin de se dessiner; mais je suis impressionnée par la manière
dont les Nations unies et diverses organisations régionales européennes
ont commencé à oeuvrer de concert. Dès le début,
la Conférence sur la Sécurité et la Coopération
en Europe (CSCE) a envoyé des missions dans différents points
de l'ex-Yougoslavie - notamment au Kosovo (sous la direction d'un Canadien),
en Voïvodine et au Sandjak - pour faire le point de la situation
sur le plan militaire et celui des droits de l'homme. A la demande de
la CSCE, la Communauté européenne, là encore avec
une participation canadienne, a constitué une mission de surveillance
chargée d'opérer en Yougoslavie, en Croatie, en Slovénie
et en Bosnie-Herzégovine. L'OTAN et l'Union de l'Europe occidentale
(UEO), quant à elles, ont commencé à fournir conjointement
des navires de guerre et des avions de patrouille afin de surveiller,
dans l'Adriatique, l'observation des sanctions décidées
par les Nations unies à rencontre de la Serbie et du Monténégro.
Alors que la situation continuait de se détériorer, le Conseil
de sécurité des Nations unies créa une force de protection,
la FORPRONU, chargée de superviser les accords de cessez-le-feu
et de démilitarisation dans quatre zones protégées
de l'ONU situées en Croatie, et de faciliter la livraison aérienne
d'aide humanitaire à la population de Sarajevo. Le Canada a fourni
à la FORPRONU un contingent initial de 1.200 soldats et policiers
chargés du maintien de la paix et a offert d'en envoyer 1.200 autres,
et nous avons été particulièrement fiers du rôle
joué par le bataillon canadien, sous les ordres du major-général
Lewis Mackenzie, pour assurer la sécurité de l'aéroport
de Sarajevo et permettre l'atterrissage des vols de secours.
Mais en dépit de certains succès, les opérations
qui se sont déroulées jusqu'ici ont malheureusement démontré
les limites de ce que peuvent accomplir, lorsqu'ils sont placés
entre des forces belligérantes, des contingents de maintien de
la paix simplement équipés d'un armement léger. La
Résolution 770 du Conseil de sécurité appelle les
pays à prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer
l'acheminement de l'aide humanitaire à la population bosniaque,
permettant ainsi que soit assurée la protection d'un programme
renforcé de convois négocié par le Haut commissariat
des Nations unies pour les réfugiés. L'ONU, la CSCE, l'OTAN
et l'UEO ont toutes mis à l'étude des plans concernant la
supervision des armes lourdes, qui pourraient être déclarées
par les parties au conflit et amenées vers des points de rassemblement.
Il est essentiel, dans cette perspective, que se poursuivent la consultation
et la coopération internationales.
La réforme, une exigence
La situation périlleuse qui règne en Yougoslavie illustre
la nécessité d'une approche nouvelle en matière de
maintien de la paix. Le Secrétaire général des Nations
unies, M. Boutros Boutros-Ghali a récemment déclaré
: "L'époque de la souveraineté absolue et exclusive
est révolue. Il incombe aujourd'hui aux dirigeants des Etats de
comprendre cela et de trouver un équilibre entre les besoins d'un
bon gouvernement des affaires intérieures et les exigences d'un
monde toujours plus interdépendant". Le Secrétaire
général a surtout insisté sur la nécessité
de défendre avec fermeté les droits de l'homme, en prêtant
une attention particulière à ceux des minorités,
qu'elles soient ethniques, religieuses, sociales ou linguistiques. Il
a préconisé d'aller au-delà des fonctions traditionnelles
des Nations unies que sont la diplomatie ou l'instauration, le maintien
et le renforcement de la paix, pour commencer à imposer celle-ci
de manière concrète. Dans une telle conception, une force
onusienne serait autorisée non seulement à observer et à
encourager l'application d'un cessez-le-feu, mais également à
le rétablir et à faire en sorte qu'il soit maintenu, si
nécessaire contre une opposition armée. Une telle force
devrait être équipée d'un armement beaucoup plus lourd
que toutes celles qui ont été mises sur pied jusqu'ici.
L'imposition de la paix comporterait des risques; mais les opérations
classiques de maintien de la paix sont d'ores et déjà dangereuses.
Au début de l'année 1992, plus d'un demi-million d'agents
civils ou appartenant à des corps militaires ou de police avaient
servi sous le drapeau de l'ONU. Et plus de 800 d'entre eux, dont 88 Canadiens,
sont tombés au service des Nations unies.
A mesure que s'affirme le besoin de contingents de maintien de la paix
et que l'on envisage d'en étendre le rôle à l'imposition
de la paix, il devient essentiel non seulement de renforcer les moyens
dontdispose l'ONU, mais aussi d'améliorer ses liens avec les organisations
régionales. En effet, le succès des nombreuses missions
de maintien de la paix sous l'égide des Nations unies a masqué
à quel point ces opérations avaient un caractère
circonstanciel et improvisé, et souffraient souvent de carences
en personnel et d'un financement insuffisant. Les opérations de
maintien de la paix des Nations unies, quels qu'aient été
leurs heureux résultats, ont été accomplies par une
poignée d'experts dévoués et travaillant d'arrache-pied,
dont il faut impérativement renforcer l'effectif.
Les Nations unies ont pu compter sur des unités militaires détachées
par plus de soixante pays, qui se sont admirablement comportées
en dépit de l'absence de formation, de procédures opérationnelles
et de doctrines communes. Avec la complexité accrue des tâches,
on verra croître le besoin en personnel civil. Les unités
de police civile ont fait leurs preuves : c'est ainsi que la Gendarmerie
royale du Canada, qui a joué un rôle notable en Namibie,
continue de se distinguer en Croatie et en Bosnie. On peut prévoir
un rôle accru pour des fonctions spécialisées : observateurs
électoraux, superviseurs des droits de l'homme et agents chargés
des réfugiés. On pourrait améliorer la coordination
entre les agences spécialisées des Nations unies et des
organisations non gouvernementales telles que la Croix-Rouge, spécialisées
dans les actions de secours et d'aide humanitaire.
Au plan financier, les opérations de maintien de la paix doivent
être mieux pourvues. Faute de ressources nécessaires, l'ONU
a couru le risque de lancer des opérations insuffisamment dotées
en effectifs et en équipement, arrivant sur les lieux trop tard
pour intervenir utilement. Certes, le maintien efficace de la paix entraîne
des dépenses considérables, mais somme toute modestes lorsqu'on
les compare à ce que coûte la guerre. Dans un monde qui,
chaque année, consacre environ mille milliards de dollars à
l'armement, le maintien de la paix fait plutôt figure d'économie.
Le Secrétaire général des Nations unies a émis
l'idée que si les Etats membres contribuaient aux opérations
de maintien de la paix en puisant dans leur budget militaire plutôt
que dans celui des relations internationales, ils percevraient mieux à
quel point le coût en est modeste.
Le rôle des organisations européennes
La Charte des Nations unies a reconnu la nécessité d'accords
et d'organismes régionaux chargés de traiter, dans leurs
ressorts respectifs et conformément aux orientations généralesetauxprincipesadoptésparl'ONU,
des questions relatives à la paix et à la sécurité
internationales. La guerre froide a fait obstacle à la création
d'une organisation régionaleassumant cette responsabilité
pour l'Europe. On voit aujourd'hui la CSCE évoluer, passant du
rôle d'enceinte réservée aux débats diplomatiques
à celui d'organisation tournée vers des actions concrètes
pour la gestion des conflits. La CSCE est investie, dans son aire géographique,
du mandat politique et de F autorité morale lui permettant de proposer
des solutions concrètes pour la résolution des différends;
elle peut aussi, au besoin, faire appel al' assistance d'autres organisations
telles que la Communauté européenne, l'Union de l'Europe
occidentale et l'OTAN, qui possèdent les moyens matériels
dont elle est dépourvue. L'OTANs'estproposéepoursoutenir,
au cas par cas, des activités de soutien de la paix entreprises
sous la responsabilité de la CSCE, notamment en met-tantàsadispositionlesressourcesetles
compétences del'Alliance. LeConseil de coopération nord-atlantique
(CCNA) a indiqué l'importance qu'il attache au renforcement des
moyens opérationnels et institutionnels dont dispose la CSCE pour
contribuer à la prévention des conflits, àlagestion
des crises et au règlement pacifique des différends, notamment
par le maintien de la paix, et il a pris note avec intérêt
de l'offre de l'OTAN.
Le rôle des instances régionales telles que la CSCE est particulièrement
important, car ces organismes sont les mieux placés pour comprendre
les problèmes de leur région et assigner les priorités
qui conviennent à leur solution. Un engagement plus poussé
des organisations régionales contribuera non seulement à
alléger le fardeau de l'ONU mais également, comme l'a souligné
son Secrétaire général, à mettre au premier
plan des affaires internationales la participation, le consensus et la
démocratie. Il faudra, pour mettre fin aux conflits, exploiter
avec imagination toutes les institutions existantes. Les organisations
régionales devront oeuvrer en étroite collaboration avec
l'ONU afin de bénéficier de son expérience plus étendue
et de se ménager la possibilité - comme ce fut le cas pour
la Yougoslavie -de porter les problèmes devant les instances mondiales
en cas d'échec des efforts déployés à l'échelon
régional. A mesure que les organisations européennes gagneront
en expérience, les Nations unies pourront à leur tour réclamer
leur assistance, tout en continuant de mettre à contribution les
Etats membres à titre individuel.
L'expérience canadienne
Le gouvernement du Canada a élaboré un ensemble de critères
qui l'aident à décider s ' il doit ou non participer à
de nouvelles opérations de maintien de la paix :
- il doit exister une menace reconnue à la paix et à
la sécurité;
- un processus de règlement politique doit être engagé;
- toutes les parties au conflit doivent avoir donné leur
accord à l'opération de maintien de la paix et à
la participation du Canada;
- un mandat clair devra avoir été attribué
par les Nations unies ou par une autre organisation compétente;
- un financement sûr devra exister, non seulement pour les
besoins de la cause mais pour témoigner aussi de l'engagement
politique de la communauté internationale; et
- les Canadiens doivent pouvoir jouer un rôle approprié,
leur permettant d'influencer concrètement la situation.
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Ces critères n'ont pas été appliqués de façon
rigide. Nous avons participé à des opérations dont
les imperfections étaient évidentes lorsque nous avions
acquis la conviction qu'il n'existait pas de meilleure solution. Nous
avons, dernièrement, entrepris de réexaminer le troisième
critère, celui du consentement nécessaire de toutes les
parties. Nous souhaitons, en effet, veiller à ce qu'une partie
sans scrupules, qu'il s'agisse d'un Etat ou d'une faction, ne puisse entraver
une opération de maintien de la paix dont le caractère essentiel
est reconnu, ni qu'aucune partie ne puisse y mettre fin unilatéralement
et de façon arbitraire.
La diversité ethnique de la population canadienne, conjuguée
à l'impact des communications de masse à l'échelle
mondiale, fait que toute crise internationale touche au moins un certain
nombre de Canadiens. Cela vaut particulièrement pour ce qui se
passe en Europe. Ainsi que les Canadiens Font démontré au
cours des deux guerres mondiales et tout au long de la guerre froide,
nous pensons que la sécurité du Canada englobe celle de
l'Europe. Ce constat demeure valableaujourd'hui, alors que l'heure est
au maintien de la paix plutôt qu' aux combats ou à la dissuasion.
Cela explique la présence de 575 soldats canadiens dans les rangs
de l'UNFICYP à Chypre, de 1.200 d'entre eux dans le cadre de la
FORPRONU en Croatie et d'une douzaine au sein de la mission de surveillance
dirigée par la CE dans l'ex-Yougoslavie. L'opinion publique, dans
le monde entier, exige davantage des gouvernements et des organisations
multilatérales : davantage d'action, davantage d'esprit de décision,
davantage de leadership. Le gouvernement du Canada est déterminé
à faire en sorte qu'elles ne soient pas déçues.
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