Edition Web
Vol. 40- No. 6
Decembre 1992
p. 14-19
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L'Occident
comprend-t-il l'Europe centrale
et orientale?
Ferenc Gazdag
La liesse qui régnait pendant la période de transformation
du système politique en Europe centrale et orientale s'est estompée.
Les événements politiques intérieurs des pays situés
à l'est de l'ancien rideau de fer ne font plus la "une"
des journaux occidentaux, à l'exception de l'ex-Union soviétique
et de l'ancienne Yougoslavie, en cours de désintégration.
L'euphorie de 1989 appartient désormais au passé et les
illusions qu'elle avait générées s'effritent progressivement,
tant en Europe de l'Est que de l'Ouest.
L'enthousiasme de l'Occident commença à se refroidir avec
la conversion de la révolution est-allemande en réunification.
Il suffit de relire les commentaires politiques britanniques et français
de 1989 et 1990, pour se rendre compte des inquiétudes, inspirées
par l'expérience historique, d'assister à une domination
de l'Europe par l'Allemagne.
Vinrent ensuite la soudaine dissolution de l'Union soviétique et
le caractère incontrôlable de la guerre civile yougoslave,
qui ont transformé cet enthousiasme en préoccupations et
en craintes.
L'anxiété engendrée par l'éclatement de 1
'Union soviétique résulte d'un danger qui semblait, jusque-là,
inimaginable, à savoir la possibilité que l'héritage
de l'arsenal nucléaire soviétique devienne un élément
important dans les relations tendues entre les républiques nouvellement
indépendantes. Le problème yougoslave résultant de
tendances séparatistes qui remontent aux erreurs du Traité
de Versailles de 1919 n'a été pris au sérieux par
aucun Etat membre de la communauté internationale. L'attitude politique
qui consistait à considérer la stabilité internationale
comme le maintien du statu quo territorial peut à juste titre être
tenue pour responsable des victimes et des dizaines de milllers de réfugiés
causés par le conflit.
En Europe de l'Est, la même euphorie a été remplacée
par la désillusion, voire l'indifférence, dans certains
milieux. Après les premières élections libres, qui
légitimèrent les nouveaux gouvernements, les populations
se rendirent compte qu'en l'absence de toute aide significative de l'Occident,
leur espoir de voir rapidement s'améliorer leur situation était
vain. Les performances médiocres des nouvelles structures ont en
outre contribué à faire ressentir à ces pays leur
retard sur l'Occident.
Face à des situations, sociale et politique, devenues à
ce point préoccupantes et chaotiques, on peut se demander si l'Occident
comprend, ne fusse qu'un peu, l'Europe centrale et orientale.
La perspective politique
La bonne compréhension de cette région se résume
fondamentalement à une question d'interprétation de la démocratie.
Au lendemain de Yalta, tant l'Europe de l'Est que de l'Ouest étaient
convaincues que la démocratie constituait la panacée à
tous les problèmes. La guerre de propagande entre la démocratie
et la dictature qui suivit durant quatre décennies ne laissa pas
de place à une compréhension sérieuse des différences
entre les deux camps, un problème encore aggravé par la
mentalité manichéenne de l'époque, qui ne contribua
guère à promouvoir des analyses complexes et en profondeur
de cette question.
La confrontation Est-Ouest occulta la complexité et la diversité
extrêmes de la notion de démocratie. En Occident, la force
de la démocratie était perçue comme un fait incontournable
ayant abouti à fonder des espoirs irréalistes dans la partie
orientale du continent. Après l'effondrement des dictatures et
l'édification des systèmes post-communistes dans les nouvelles
démocraties de la Pologne à l'Albanie, les nouvelles élites
furent confrontées à deux vérités évidentes,
mais extrêmement décevantes.
En premier lieu, la démocratie n'équivaut pas à une
croissance économique rapide. Pour les peuples d'Europe de l'Est,
la démocratie, la libre concurrence économique et les niveaux
de vie élevés de l'Occident étaient autant de synonymes.
En outre, même les nouveaux partis politiques négligèrent
l'opinion des experts et suggérèrent lors des campagnes
électorales - en une approche simpliste à l'extrême
- que la démocratie était le chemin direct de la richesse
et que le capitalisme apporterait une abondance de produits dans les foyers
de chacun. Au lendemain des élections, la réalité
s'avéra très amère : la démocratie, à
court terme du moins, n'est pas capable d'accélérer les
réformes économiques vers le libre marché dont les
anciens pays communistes ont tellement besoin.
De plus, comme ces réformes sont très douloureuses, elles
sont devenues impopulaires et ont provoqué une résistance
sociale, même dans l'ancienne Allemagne de l'Est, où le processus
en cours a été accéléré en raison de
la réunification et de l'intégration à l'économie
de l'Allemagne de l'Ouest.
C'est une tâche très difficile d'expliquer la nécessité
de congédier les travailleurs devenus inutiles, de fermer des usines
fonctionnant à perte et d'accepter l'augmentation des prix et de
l'inflation. Aux yeux des populations, la seule différence aujourd'hui,
avec la liberté fraîchement acquise, est que les niveaux
de vie diminuent et donc que le capital politique engrangé par
les politiciens à l'avant-garde des changements (Walesa, Havel,
Antall) diminue parallèlement.
La seconde vérité à laquelle j'ai fait référence,
est que nous devrons affronter le fait que la démocratie, en tant
que telle, n'est pas statique et qu'elle n'implique pas nécessairement
la stabilité d'un point de vue métaphysique. Au contraire,
les vérités politiques doivent être défendues
au jour le jour et, comme il n'existe pas de règles de jeu immuables
(même si elles auraient dû être élaborées
au cours de l'histoire), la scène politique est une arène
où les "coups bas" régnent en maître.
L'Est a aisément accepté la démocratie comme règle
de la majorité. Ce qui semble plus difficile à réaliser
c'est que, dans la pratique, la règle démocratique de la
majorité implique également nombre d'autres choses, telles
que le respect des droits des minorités, l'acceptation de la légitimité
de la majorité par la minorité et la mise en place de toute
une gamme d'institutions pour la séparation des pouvoirs, concernant
le législatif, le gouvernement, des cours de justice indépendantes,
le contrôle par les civils des forces militaires, le droit de grève,
la liberté de parole, etc. Dans des pays où ces principes
furent établis à l'issue d'une évolution organique,
ils fonctionnent sur base d'un certain consensus. Dans ceux toutefois
où ils ont plus ou moins été imposés "d'en
haut", il est compréhensible qu'ils soient au centre d'un
débat constant.
Lorsque l'on passe en revue la partie orientale de l'Europe, on constate
qu'il subsiste de nombreuses questions sans solutions, portant sur des
thèmes tels que la question des compétences, l'équilibre
entre les différentes branches du pouvoir, les relations entre
le parlement et le gouvernement, les divers organes du pouvoir exécutif,
la presse du passé, du présent et du futur (source de débats
véhéments), etc.
Les conséquences de l'histoire
Abandonner le communisme signifie rentrer à nouveau dans l'histoire,
déclarait le philosophe français A. Glucksman, en automne
1989. Cette affirmation n'a pas fait l'objet de débats dans la
moitié orientale de l'Europe, mais la question de savoir jusqu'où
dans l'histoire nous devons remonter pour corriger cette situation suscite
de nombreuses controverses. Il semble que nous devions remonter fort loin.
En effet, la révolution de l'Europe de l'Est a sonné le
glas du système de Yalta, l'indépendance des Etats baltes
implique que l'on remonte jusqu'à la période ayant précédé
la Deuxième guerre mondiale, le divorce sanglant serbo-croato-slovénien
a modifié l'accord issu, voici 70 ans, du Traité de Versailles
et, enfin, le "putsch" manqué de Moscou d'août
1991 n'était rien d'autre qu'une tentative pour inverser le cours
de l'histoire et remonter jusqu'à la révolution d'octobre
1917.
Ces tendances ne peuvent être comprises qu'à la lumière
de l'histoire. Mais celle-ci est remobilisée, et de manière
différente dans chaque pays, en fonction du moment où 1
' évolution organique fut interrompue dans le pays concerné.
Aujourd'hui, notre devoir consiste non seulement à régler
les problèmes du présent, mais également ceux hérités
du passé.
Le premier de ces problèmes du passé est la question de
la nation elle-même. Si les peuples d'Europe centrale et orientale
défendent leur identité nationale avec une telle ferveur
ce n'est pas par désir d'autodestruction, mais bien parce que leur
évolution nationale diffère de celle de l'Occident. A la
suite de circonstances historiques particulières, ni la notion
de nation homogène, ni celle de nation-Etat ne peut être
appliquée à l'Est.
C'est ainsi que le concept de la "nation culturelle" est devenu
le modèle applicable (dont l'une des déformations les plus
récentes réside dans l'idée de nation linguistique),
mais même sa mise en oeuvre a été entravée
par la situation ethnique. Les frontières, tracées avec
des résultats douteux après les deux Guerres mondiales,
n'ont finalement réglé aucun des problèmes géopolitiques
engendrés par les conflits d'intérêt entre les superpuissances.
Le changement apporté par le système de Yalta à l'évolution
nationale déformée de l'Europe de l'Est réside dans
le fait qu'il réduisit temporairement au silence l'opposition nationale
sous le couvert de l'internationalisme prolétarien. Nombreux étaient
ceux qui pensaient que cela pouvait résoudre le problème,
mais une fois le couvercle de la marmite soulevé, force nous est
de constater que tel n' est pas le cas. Tout au long de la glaciation
stalinienne, les préjugés nationaux sont demeurés
virtuellement inchangés et, comme on peut le constater aujourd'hui,
la libération des esprits a rouvert des blessures non cicatrisées.
Tandis que les peuples d'Europe occidentale continuent à vivre
sous le charme de " 1992", ceux d'Europe centrale et orientale
sont désespérément aux prises avec les énigmes
d'une naissance des nations regrettée et déformée.
Cela explique l'antagonisme des espoirs placés dans la démocratie
et dans la modernisation.
La fin du communisme a fait ressurgir à l'avant-plan ces processus
de développements nationaux inachevés en Europe centrale
et orientale. L'Occident ne semble cependant pas être très
compréhensif. Cela s'explique probablement par le fait que les
Occidentaux, ayant depuis longtemps résolu ces questions de développement
national, ils les assimilent à de l'impatience et, en conséquence,
à un nationalisme répréhensible.
Il se pourrait aussi que le vocabulaire des sciences sociales européennes,
inspiré par les traditions anglo-saxonnes, ne puisse se prêter
à la description de ce processus. L'Occident encourage les pays
qui viennent de se dépêtrer des ruines de l'ordre mondial
bipolaire à adopter les idéaux de démocratie et la
stabilité internationale. Ces deux idéaux se sont toutefois
révélés ouvertement contradictoires, mais l'Occident
n'a toujours pas perçu que cette contradiction finit par déboucher
sur la perpétuation des conflits.
L'impuissance internationale à laquelle nous assistons, tandis
que la guerre civile fait rage en Yougoslavie, montre bien que, derrière
les appels à la stabilité, il existe un manque total de
compréhension des forces animant les mouvements séparatistes.
Le fait que l'ancienne Yougoslavie soit divisée non seulement par
des frontières ethniques, mais également par des séparations
religio-culturelles (la ligne de séparation épouse exactement
la frontière entre catholiques et chrétiens orthodoxes)
n'est qu'une explication et non pas une excuse. Paradoxalement, il n'y
apas si longtemps que l'Europe occidentale elle-même a été
poussée à transcender ses hostilités entre nation-Etats
par deux forces extérieures: la carotte du Plan Marshall et le
bâton de la menace communiste soviétique.
Une des caractéristiques historiques de l'Europe centrale et orientale
réside dans la présence de nombreuses minorités ethniques
dans la région, un problème étroitement lié
aux relations entre nation et Etat. La région située à
l'est de l'Allemagne et à l'ouest et au sud de la Russie présente
un mélange complexe de peuples différents. Cette situation
confuse constitue à la fois une cause et un résultat de
la faiblesse de ces Etats, étant donné que la condition
indispensable à l'évolution nationale est finalement une
structure étatique stable et permanente, si l'on s'en réfère
aux leçons du modèle ouest-européen de développement.
Cependant, au cours de l'histoire, les frontières ont souvent changé
en Europe centrale et orientale, et on rencontre, dès lors, des
minorités ethniques dans presque chaque pays. De plus, les nations
mères de ces minorités sont souvent dans des pays voisins.
Une minorité hongroise non-négligeable vit en Roumanie,
des minorités hongroise et ukrainienne en Slovaquie, des minorités
hongroise, roumaine et slovaque en Serbie, une minorité serbe en
Croatie, une minorité turque en Bulgarie et une importante minorité
russe dans les Etats baltes. Ces minorités ne peuvent être
comparées à celles des Catalans en Espagne ou des Bretons
et des Corses en France. Le seul fait qu'elles existent, rappellent à
la majorité de la population la question controversée de
la séparation territoriale.
Il en résulte que tous les pays qui se sont émancipés
de l'emprise soviétique tendent à veiller à ce que
leur légitimité nationale ne soit pas remise en question,
ce qui implique d'abord et surtout qu'une attention toute particulière
soit accordée au problème des minorités. Quatre moyens
existent, en principe, pour se débarrasser de ces "trouble-fête"
ou pour en réduire le nombre: l'extermination, l'expulsion, l'assimilation
ou même la sécession des minorités. Ces quatre possibilités
ont déjà été tentées au cours de l'histoire
de l'Europe, même si la dernière n'a été acceptée
que par une contrainte imposée aux parties impliquées.
Naturellement, lorsque le nationalisme est d'actualité, comme c'est
le cas dans de nombreux pays après un changement de régime,
les possibilités de dialogue entre les communautés nationales
sont au plus bas. Pour les citoyens appartenant à une minorité,
il est presque impossible d'obtenir des droits égaux à ceux
de la majorité, étant donné que les minorités
sont considérées comme des obstacles al' autodétermination
nationale, voire comme des ennemis potentiels. Les demandes des minorités
en vue d'obtenir l'autonomie, le droit d'utiliser leur langue maternelle,
etc. sont perçues comme une menace pour l'unité nationale.
Dans les cas extrêmes, les activistes des minorités sont
considérés comme des espions et des agents secrets de la
nation mère de la minorité concernée.
Nous pouvons, en conséquence, faire valoir que la question des
minorités en Europe de l'Est est d'une importance fondamentale
et que, si on ne la comprend pas, la modernisation des pays de cette région
ne pourra qu'échouer, tant du point de vue politique qu'économique.
Le problème consistant à maîtriser la question des
minorités doit donc être transféré de la troisième
corbeille de la CSCE (droits de l'homme) à la première (questions
de sécurité) et à la deuxième (questions économiques)
pour permettre son examen complet. Le fonctionnement des institutions
européennes existantes (Conseil de l'Europe, CSCE et Communauté
européenne) devrait en outre être coordonné afin de
permettre l'établissement de normes efficaces pour affronter le
thème des minorités. En l'absence d'une telle coordination,
tous les espoirs d'édification d'une nouvelle architecture européenne
seront vains.
Le point de vue économique
Dernier point et non des moindres, l'Europe centrale et orientale doit
être comprise du point de vue économique.
On ne peut attendre des sociétés de l'Europe de l'Est -
longtemps emprisonnées dans le carcan du communisme, fascinées
par la richesse des sociétés de consommation, mais sujettes
à la pression des crises économiques après le changement
de système - qu'elles fassent preuve d'une grande adaptabilité
ou de beaucoup de patience si elles n'ont même pas la perspective
d'atteindre leurs objectifs économiques. Ce à quoi on peut
s'attendre dans ce genre de situation, c'est l'apparition d'un populisme
reposant sur la démagogie sociale, une avalanche de conflits ethniques
et un véritable raz de marée d'émigrants désireux
de fuir la misère et la famine et de vivre dans un pays prospère.
D'après un rapport du Comité économique des Nations
unies, la diminution du produit matériel net en Europe centrale
et orientale était de un pour-cent en 1989, dix pour-cent en 1990
et 15 pour-cent en 1991. Les prévisions indiquent une augmentation
très marquée du nombre de sans-emploi, les chiffres pour
1992 devant être près de trois fois supérieurs à
ceux de 1991.
La vue d'ensemble est décourageante. Elle se compose de plusieurs
éléments: l'effondrement des échanges commerciaux
entre les pays de l'ex-COMECON, un accroissement des déficits de
la balance des paiements, une augmentation des importations libellées
en dollars, une inflation élevée, etc. Mais alors que les
pays d'Europe occidentale, confrontés à une situation d'une
difficulté similaire après la Deuxième guerre mondiale,
reçurent une aide américaine massive sous la forme du Plan
Marshall, ils semblent aujourd'hui incapables d'orienter leurs analyses
de la situation en Europe de l'Est pour qu'elles aboutissent à
une action appropriée similaire. La seule exception est l'Allemagne,
qui octroyé une aide significative à ses cinq nouveaux "Là'nder",
tout en parvenant en outre à être de loin le principal investisseur
en Europe centrale et orientale.
Pour ce qui a trait à la Communauté européenne, bien
qu'elle reconnaisse la possibilité du développement économique
et l'établissement de la démocratie dans plusieurs pays
d'Europe centrale et orientale après la chute du communisme, elle
a jusqu'à présent négliglé de discuter de
manière substantielle de la région. Le milliard d'ECUs alloué
à la région pour 1992 dans le cadre du programme PHARE de
1989 de la Communauté européenne n'est qu'une goutte d'eau
dans l'océan: d'après certaines estimations dignes de foi,
les besoins combinés des anciens pays communistes en investissements
pour la reconstruction sont de l'ordre de 100 à 150 milliards de
dollars annuellement. Cette reconstruction ne servirait d'ailleurs pas
exclusivement les intérêts des pays de l'Est. Pour ne citer
qu'un exemple, rappelons que l'ensemble des centrales nucléaires
fonctionnant dans ces pays constitue une source de danger potentiel, comme
l'a démontré Tchernobyl.
L'endettement est une autre donnée de l'équation qui causera
des problèmes à long terme, car il exerce une pression sur
les économies intérieures affaiblies qui ne pourra pas être
surmontée rapidement. Une solution qu'il faudrait envisager rapidement
est l'octroi d'un moratoire à ces pays jusqu'au moment où
leurs économies auront été rétablies.
L'évolution historique obéit généralement
à certaines lois, qui peuvent offrir certaines lignes de conduite.
Outre une analyse de leur situation économique, on peut aussi décrire
des pays ou des régions en fonction d'indicateurs d'intégration.
D'après ces paramètres, étroitement liés entre
eux, une société peut être considérée
comme intégrée verticalement si elle possède les
institutions qui lui permettent de canaliser les tensions apparaissant
au cours de son développement - en d'autres mots, s'il existe des
institutions démocratiques qui fonctionnent. L'intégration
horizontale signifie d'autre part qu'un pays donné n'est pas en
permanence sujet à des exigences territoriales.
L'Europe occidentale est parvenue à son stade actuel d'intégration
horizontale à la fin de la Deuxième guerre mondiale, après
une longue et sanglante histoire, tandis que la transformation démocratique
de la péninsule Ibérique a marqué l'achèvement
de son degré commun d'intégration verticale. Avec l'effondrement
du communisme, le tour est venu pour l'Europe centrale d'abord, pour l'Europe
orientale ensuite, mais l'attitude et l'aide de l'Occident joueront un
rôle crucial pour déterminer la vitesse et le coût
de l'intégration de ces pays, aussi bien sur le plan matériel
que sur le plan humain.
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