Revue de l'OTAN
Mise à jour: 29-Sep-2002 Revue de l'OTAN

Edition Web
Vol. 40- No. 4
Aout1992
p. 20-25

La dimension militaire de l'Alliance transformée

Général Vigleik Eide,
Président du Comité militaire de l'Otan

Les membres de l'OTAN ont procédé dernière-m ment à un nouvel examen des buts et des £M besoins de l'Organisation à la lumière de certains changements... Ces changements n'ont en rien diminué la nécessité d'une défense militaire collective, mais ils ont placé l'OTAN devant un problème supplémentaire, qui revêt cette fois un caractère surtout non militaire ".

Paradoxalement, cette citation ne remonte pas à la période récente qui a suivi le bouleversement politique survenu en Europe en 1989, mais elle est extraite d'un rapport (l) rédigé voici trente-six ans. Elle atteste que l'OTAN n'a jamais ignoré la nécessité de l'examen de conscience, de la réévaluation et de l'adaptation. La prise en compte des changements a constitué un défi constant pour 1 ' Alliance au cours de ses quarante-trois années d'existence.
La considérable modification du paysage stratégique en Europe - marquée par la dissolution du Pacte de Varsovie et de l'Union soviétique, et les progrès démocratiques en Europe centrale et orientale - a entraîné une transformation majeure de l'environnement de l'Alliance en matière de sécurité. Pour conserver la crédibilité de sa fonction essentielle - servir de fondement à la stabilité et à la sécurité en Europe -1'OTAN a répondu avec célérité et confiance à ces événements historiques. Le défi consiste à établir un calendrier pour l'Alliance conforme à une politique et à des réalités stratégiques mondiales en évolution, tout en préservant les objectifs, principes et mécanismes fondamentaux de l'OTAN. Les militaires ont un rôle vital à jouer dans la conception des moyens grâce auxquels l'OTAN pourra répondre à ses responsabilités futures en tant qu'organisation de sécurité et de défense collectives.

Le facteur militaire pour la sécurité


La force et l'efficacité de l'OTAN découlent d'une combinaison unique entre une volonté politique collective des alliés et une structure militaire intégrée et cohérente qui assure leur défense commune. Ces facteurs étroitement associés et qui se renforcent mutuellement contribuent puissamment à la stabilité intérieure et à la sécurité sans précédent qui caractérisent les relations entre les alliés occidentaux. L'équilibre entre les éléments politiques et militaires de l'OTAN est dynamique et se modifie constamment en fonction de ce qui constitue l'essentiel des préoccupations alliées en matière de sécurité. Actuellement, l'Europe dispose d'opportunités nouvelles d'édifier une paix et une stabilité élargies entre les pays qui la constituent, au moyen de la coopération.

Mais il existe un besoin permanent, largement reconnu même en dehors de l'OTAN, de disposer d'une capacité militaire pour garantir la sécurité collective des alliés. Comme par le passé, une défense militaire sûre protège la souveraineté et la liberté, stimule la stabilité, fournit l'assurance d'un soutien
de relations internationales pacifiques et constructives, tout en servant de garde-fou essentiel contre l'imprévu. Il est important que ces qualités stabilisatrices d'un potentiel militaire mesuré et contrôlé soient adéquatement considérées comme un facteur central de sécurité à long terme.

Etant donné que la stabilité, la prospérité et le bien-être de l'Alliance dépendent de conditions stables et prévisibles tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de ses frontières, les alliés doivent se préoccuper des événements et des tendances de leur environnement au sens large. En dépit de la disparition de la menace militaire soviétique monolithique qui accaparait l'essentiel des dispositifs défensifs de l'OTAN, l'Europe et sa périphérie se caractérisent actuellement par de grandes incertitudes et des risques de conflits qui pourraient avoir un impact sur la sécurité alliée. La multipolarité politique a remplacé la stabilité stérile des relations de la guerre froide en Europe, mais elle est accompagnée de vieux spectres familiers qui ont pour nom intolérance ethnique et culturelle, ré-émergence des nationalismes, difficultés économiques et la myriade de facteurs d'instabilité historiquement associés aux époques de transition politique et de turbulence sociale. Ces facteurs d'instabilité sont combinés, dans certaines régions, avec des capacités militaires toujours redoutables qui échappent encore à un contrôle démocratique ferme et convaincant.

Une capacité de défense collective demeure essentielle pour que l'OTAN puisse garantir la sécurité de ses membres. La nécessité de préserver un équilibre stratégique en Europe - autre clef de la stabilité à long terme et autre fonction essentielle qu'entend remplir l'OTAN - implique un rôle vital pour les contributions militaires des Etats-Unis et du Canada. Toutefois, au vu de la multiplication des différends et des conflits régionaux potentiels, l'accent n' est plus mis actuellement sur les exigences de défense contre une menace spécifique et massive, mais bien sur un état de préparation plus général devant permettre de faire face à des risques de crises bien plus diversifiés.

La mise en oeuvre militaire de la stratégie révisée de l'OTAN

En restructurant les ressources militaires de l'OTAN en fonction des exigences potentielles, les pays alliés ont été essentiellement guidés par les principes de la stratégie révisée de l'OTAN. Début 1990. le Comité militaire a recommandé un réexamen de la stratégie militaire de l'OTAN. Les travaux de rédaction ont débuté après le sommet de Londres de juillet 1990 et ont abouti à la publication du nouveau concept stratégique de l'Alliance (2) ainsi qu'à la finalisation d'autres documents agréés, fin 1991. L'année 1992 a pour sa part été marquée par le début de la mise en oeuvre des nouveaux concepts.
Du point de vue militaire, notre préoccupation majeure a été de maintenir la cohérence et la planification collective structurée de la réduction et de la remise en forme générales des forces alliées prescrites par la stratégie nouvelle. Les pressions de l'opinion publique et le désir des pays alliés de procéder à des réductions des budgets de la défense et des niveaux de forces se sont, comme on peut le comprendre, révélés insistants. Jusqu'à présent toutefois, on est parvenu à maintenir ces niveaux avec un certain succès dans le cadre global des changements de l'OTAN, qui vise à préserver l'intégrité et l'efficacité collective de la structure et des ressources militaires d'ensemble de l'Alliance

Les principaux domaines faisant l'objet d'une révision militaire comprennent la stratégie militaire de l'OTAN, ses structures de forces, la structure du commandement militaire, les concepts et plans opérationnels, et les accords de soutien associés. Dans le contexte des risques potentiels moins prioritaires, moins prévisibles et plus diversifiés, l'OTAN a planifié des réductions substantielles des niveaux des forces actives, tout en recherchant une mobilité, une flexibilité et une polyvalence plus grandes des ressources militaires disponibles pour soutenir les intérêts de l'Alliance.

Les principaux changements et réductions affecteront la Région Centre, désormais libérée de la menace militaire qui pesait sur elle et qui bénéficie en priorité de l'allongement général du délai de préavis stratégique. Pour ce qui la concerne, les forces terrestres actives seront amputées de quelque 20 à 30 pour-cent, les forces stationnées seront réduites, les forces à disposition seront modifiées et les exercices d'entraînement en conditions réelles, bien que demeurant essentiels pour l'efficacité opérationnelle, devraient voir leur ampleur et leur fréquence réduites.

Des changements similaires sont en cours dans les régions Nord et Sud, bien que dans une moindre mesure. La région Sud est incontestablement exposée à des risques d'instabilité plus élevés que jamais et les opportunités de réduction de la capacité militaire opérationnelle sont moins nombreuses dans cette région. L'activation, en avril dernier, de la Force navale permanente de la Méditerranée reflète clairement l'évaluation alliée suivant laquelle une présence militaire plus continue et visible de l'OTAN est opportune en raison des conditions stratégiques de la région. Dans la région Nord également, le désir de stabilité et de sécurité à long terme implique un niveau adéquat et soutenu d'état de préparation militaire, dans une zone où d'importantes forces militaires continuent à exister à proximité du territoire allié.

De nouvelles structures, de nouvelles tâches

La restructuration du potentiel militaire de l'OTAN dans le cadre des forces de défense, de réaction et d'augmentation marque une distanciation par rapport aux dispositifs de défense à haut état de préparation au profit d'une structure où la majorité des forces sera maintenue à un moindre état de préparation, et fréquemment à des niveaux d'effectifs partiels de temps de paix ou à un statut de mobilisation.

L'ossature de la capacité militaire de l'OTAN sera formée par les Forces de défense principales (FDP), qui constitueront la contribution militaire essentielle à la stabilité et à la sécurité sur tout le territoire de l'OTAN. Pour divers pays alliés, ces forces représentent, de loin, la composante la plus importante de la capacité de défense régionale et forment la base de la création d'autres catégories de forces.

Les forces de réaction, qui comprennent des éléments terrestres, aériens et maritimes à niveau de préparation relativement élevé, ne formeront qu' une petite partie des ressources militaires disponibles de l'OTAN (moins de 10 pour-cent dans le cas des forces terrestres). Avec d'autres éléments des FDP (Forces régionales de manoeuvre prêtes à l'action destinées à assurer la première défense à bref délai de préavis), les forces de réaction sont conçues pour constituer un outil de gestion des crises souple et mobile, offrant toute une gamme d'options militaires aux dirigeants politiques de l'OTAN en périodes de tension. Elles devront être bien équipées, correctement entraînées et adéquatement soutenues pour mener àbien des opérations militaires très variées, et devront bénéficier d'une flexibilité structurelle inhérente pour permettre différentes configurations adaptées à différentes tâches.

Dans l'éventualité de conflits majeurs et prolongés, la base de reconstitution et de renforcement de la capacité de défense alliée qui lui permettra de disposer de sa pleine puissance résidera dans des formations FDP et des forces d'augmentation à des niveaux de préparation inférieurs. Mais ici aussi, la flexibilité sera essentielle, car - par exemple - les unités de renforcement, incluant peut-être des éléments FDP en provenance de régions non directement menacées, devront être capables d'un large déploiement pour toute une gamme de missions. La préplanification détaillée de leur déploiement, acheminement, réception et soutien ne sera pas définie avec autant de précision qu'elle l'était dans le cadre des précédents Plans de défense généraux de l'OTAN. Les formations de renforcement devront être adaptées à des situations particulières et nous pourrions également avoir besoin d'une capacité d'arrêt, de relance ou peut-être d'inversion du processus de renforcement, afin d'émettre des signaux soigneusement pesés de nos intentions politiques en cas de crise. L'OTAN est parfaitement consciente de la complexité qu'impliqué l'élaboration de plans fiables et praticables incorporant une telle flexibilité. Il n'en demeure pas moins que la situation l'exige, et que notre mode de pensée comme notre modus operandi doivent être adaptés en conséquence.

L'application plus large de la multinationalité, pour répondre à des objectifs tant politiques que militaires, est une caractéristique importante de toutes les nouvelles structures de forces de l'OTAN. En termes militaires, les formations multinationales permettront aux plus petits pays d'offrir des contributions valables à l'Alliance, qui risqueraient autrement - surtout dans un climat de réductions de forces - de ne pas être viables sous forme de forces isolées. A plus long terme, la multinationalité pourrait également encourager une certaine orientation -avec l'attrait budgétaire qu'elle implique - vers une plus grande spécialisation des rôles militaires entre pays, même si cela ne constitue pas actuellement un objectif reconnu. Ces avantages sont cependant contrebalancés par un urgent besoin d'assurer l'efficacité opérationnelle des unités multinationales, en particulier en améliorant les critères d'interopérabi-lité sur le champ de bataille. Outre un haut niveau de l'entraînement, cette exigence s'étend à des domaines tels que les armements, l'infrastructure et la logistique, où le besoin d'une amélioration de la rationalisation et de l'harmonisation est largement reconnu. L'examen en profondeur des processus de planification en est à un stade avancé, mais les changements nécessaires n'interviendront pas du jour au lendemain, en raison, en particulier, des délais de réflexion et d'exigences financières considérables associés à ces importants domaines de soutien. Comme toujours, beaucoup dépendra de la bonne volonté et de la coopération des pays membres pour faire avancer les travaux.

Une structure de commandement révisée pour l'OTAN

Parallèlement à la restructuration des forces, la structure de commandement de l'OTAN fait également l'objet d'une adaptation. Le nombre de grands commandants de l'OTAN passera de trois à deux (le Commandant suprême des forces alliées en Europe et le Commandant suprême allié de l'Atlantique). Les quartiers-généraux subordonnés seront réduits et dégraissés, tandis que les limites de zones de commandement seront redéfinies pour refléter les modifications de la situation stratégique. Il en résultera une organisation de commandement allégée, mieux adaptée aux futures exigences de contrôle et de commandement militaire, tout en reflétant les exigences politiques des pays alliés.

Entre autres choses, la structure de commandement offrira des liaisons adaptées entre l'OTAN et les plans en constante évolution pour les contributions à la défense européenne dans le cadre de l'Union de l'Europe occidentale (UEO) et garantira des dispositions de commandement cohérentes pour les forces alliées pouvant être affectées à des opérations par l'une des deux organisations. Des mécanismes pratiques et efficaces seront nécessaires pour assurer la compatibilité entre les organisations respectives de l'OTAN et de défense européenne, ainsi que pour éviter les confusions ou la duplication inutile des efforts. Il sera essentiel de maintenir la convergence et la structure militaire intégrée qui continueront à assurer à l'avenir la flexibilité de l'affectation, de la structuration et du soutien des ressources limitées disponibles. A cet égard, la métaphore bien connue de piliers atlantique et européen ne rend pas bien l'idée d'intégration étroite et d'harmonie opérationnelle qui continueront à être nécessaires dans la structure militaire.

Une réaffectation des priorités militaires


Les paramètres de l'organisation de défense militaire de l'OTAN sont fonction des perceptions alliées en matière de défis potentiels à la sécurité future et des réponses appropriées qui sont à prévoir. A l'heure actuelle, les risques de crises d'origine et de nature multiples, en Europe et alentours, influencent naturellement le choix et la mise en oeuvre des ressources, capacités, concepts, planification et soutien militaires. De nombreuses activités sont actuellement centrées sur les moyens de satisfaire les exigences de flexibilité structurelle, d'aptitude de réponse et de mobilité pour soutenir des efforts plus marqués devant contribuer à résoudre les crises. A cet égard, la mise sur pied rapide de l'opération maritime de juillet destinée à surveiller l'embargo des Nations unies contre la Serbie et le Monténégro a fourni à 1 ' OTAN une expérience précieuse - notamment lorsqu'il s'est agi d'assurer une coordination opérationnelle efficace avec les forces de l'UEO employées à la même tâche.

L'OTAN cherche également à améliorer des capacités particulièrement précieuses pour suivre et répondre aux crises, telles les renseignements, la détection lointaine, la surveillance, les télécommunications, le commandement et le contrôle. En outre, suite aux décisions de la réunion de juin du Conseil de l'Atlantique Nord à Oslo, l'Alliance procède actuellement à l'identification des ressources et de l'expertise militaires spécifiques que l'OTAN pourrait offrir pour l'appui pratique aux opérations de maintien de la paix menées sous la responsabilité de la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe (CSCE). Dans ce domaine d'activité de plus en plus à l'ordre du jour, il sera vital de maintenir une perspective réaliste. L'histoire nous apprend que de telles opérations sont difficiles et exigent des objectifs politiques clairement définis ainsi que des engagements sans faille pour qu'elles puissent déboucher sur un succès. Nous devrons être raisonnablement certains des engagement souscrits, et conscients des risques - ainsi que des perspectives de solutions pacifiques - qu'elles peuvent impliquer.

Si l'on veut dépasser les activités militaires traditionnelles, il nous faut également considérer la contribution militaire substantielle de l'OTAN à la coopération pratique avec nos partenaires d'Europe centrale et orientale. Divers projets visant à renforcer la stabilité par le biais du dialogue, de la transparence mutuelle et de l'accroissement de la confiance sont à l'étude. Il s'agit-là très certainement d'un processus à double sens, et nos partenaires recherchent ardemment une interaction plus étroite avec F OTAN et ses pays membres, en mettant particulièrement l'accent sur la coopération de militaires à militaires. En cherchant à influencer le processus de réforme et le commandement militaires dans les pays d'Europe centrale et orientale, les militaires de l'OTAN sont bien placés pour faire passer le message approprié, basé sur l'expérience et le savoir-faire de l'OTAN en matière de gestion d'une défense collective et crédible. Ces activités, qui impliquent un personnel militaire nombreux, renforceront la stabilité et la sécurité à long terme. Elles doivent être perçues comme une manière importante de prévenir les crises, dont l'effet se fait d'ores et déjà sentir. En tant que telles, elles représentent en outre un moyen naturel et efficace de déploiement des ressources militaires, parallèlement aux ressources civiles en temps de paix. En dépit des problèmes de financement actuels au sein de l'OTAN, le soutien financier qui peut être apporté à de telles initiatives de coopération - relativement peu onéreuses en elles-mêmes - représente un in vestissement j udicieux pour l'amélioration des relations en matière de sécurité.

L'état de préparation militaire: les options doivent demeurer ouvertes

II n'en demeure pas moins que la dimension militaire de la sécurité de 1 ' OTAN ne peut se permettre d'être circonscrite de manière trop rigide par nos perceptions du moment. Notre environnement stratégique est en état de flux. Si la transformation militaire de l'OTAN semble se dérouler de manière relativement prudente, c' est pour de bonnes raisons. Il est difficile de prédire les défis ou les conflits qui risquent de se manifester à l'avenir, et l'expérience nous apprend que la capacité militaire que l'on démantèle aujourd'hui est extrêmement difficile à recréer du jour au lendemain. Si nous nous intéressons principalement aux tâches futures associées à la gestion des crises, et peut-être aux conflits de plus faible intensité, nous ne pouvons exclure la possibilité qu'à l'avenir les pays de l'OTAN soient confrontés à des défis militaires majeurs, exigeant une capacité de combat démontrable et de haute intensité, ceci à la fois pour dissuader et - en cas de besoin - pour fournir les moyens de défense requis. Cela suppose des implications pour des facteurs militaires décisifs tels que la génération de forces, la technologie en matière d'armements, le soutien logistique et les critères d'entraînement qu'il n'est pas facile de garder à l'esprit en temps de paix et d'optimisme relatifs.

Nous sommes confrontés à des défis pour la mise en oeuvre du changement qui mettront à l'épreuve notre ingéniosité, nos moyens et notre détermination. C'est ainsi, par exemple, que le fait de maintenir les forces de l'OTAN bien entraînées, équipées et surtout motivées dans un climat de menace réduite et de risques incertains exigera de la réflexion et un excellent encadrement. La mise en oeuvre de concepts tels que la flexibilité et la mobilité sera certainement coûteuse et impliquera des décisions douloureuses face aux priorités qui en découlent. Le maintien d'une avance technologique à une époque de rigueur budgétaire et de diminution du nombre des entreprises spécialisées deviendra plus difficile. L'expression pratique des aspects militaires de la gestion des crises ou du maintien de la paix exigera en outre une planification innovatrice et une grande sûreté de jugement. Aucune de ces tâches - et il y en aura d'autres - n'est impossible à mener à bien, mais leur impact potentiel sur la dimension militaire de l'OTAN doit être reconnue.

Les principes régissant traditionnellement la capacité défensive militaire de l'OTAN - sécurité indivisible, accords efficaces de défense collective, rapport adéquat entre les forces conventionnelles et nucléaires, et - peut-être surtout - l'indispensable dimension transatlantique de la défense - conserveront toute leur pertinence en raison des incertitudes qui assombrissent le futur environnement de sécurité de l'OTAN. La planification de la défense de l'OTAN continue à viser des niveaux et des critères de forces appropriés aux défis prévisibles en matière de sécurité, même si elle tient compte des nouveaux changements susceptibles de survenir dans la situation politique et stratégique périphérique. Les pays alliés maintiennent leur engagement vis-à-vis des principes qui ont assuré leur sécurité au cours des 43 dernières années, et il est important que l'instrument militaire de cette sécurité demeure crédible et à la hauteur des tâches envisagées.

La dimension militaire de l'OTAN demeure essentielle pour l'édification de la stabilité et de la paix en Europe, ainsi que pour garantir la sécurité des alliés. Les fonctions et principes fondamentaux de la contribution militaire de l'OTAN à la sécurité demeurent inchangés, même si la taille, la forme et les missions des forces alliées s'adaptent à une situation stratégique transformée. Tout en recherchant les structures et capacités les mieux adaptées aux nécessités probables de la gestion des crises dans le futur, la capacité défensive militaire de l'OTAN doit demeurer suffisamment large et efficace pour pouvoir faire face aux contingences potentielles qui pourraient s'avérer plus directement menaçantes. La dimension militaire de 1 ' Alliance n'a rien perdu de son importance pour la sécurité collective de 1 ' OTAN.

(1) Rapport du Comité des Trois sur la coopération non-militaire au sein de l'OTAN, paragraphes 19-20 (approuvé par le Conseil de l'Atlantique Nord, le 13 décembre 1956).
(2) Voir Revue de l'OTAN, No.6, décembre 1991, p. 25-32. Ce texte peut également être obtenu auprès du Bureau de l'information et de la presse de l'OTAN, 1110 Bruxelles, Belgique.