Edition Web
Vol. 40- No. 4
Aout1992
p. 20-25
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La
dimension militaire de l'Alliance transformée
Général Vigleik Eide,
Président du Comité militaire de l'Otan
Les membres de l'OTAN ont procédé dernière-m
ment à un nouvel examen des buts et des £M besoins de l'Organisation
à la lumière de certains changements... Ces changements
n'ont en rien diminué la nécessité d'une défense
militaire collective, mais ils ont placé l'OTAN devant un problème
supplémentaire, qui revêt cette fois un caractère
surtout non militaire ".
Paradoxalement, cette citation ne remonte pas à la période
récente qui a suivi le bouleversement politique survenu en Europe
en 1989, mais elle est extraite d'un rapport (l) rédigé
voici trente-six ans. Elle atteste que l'OTAN n'a jamais ignoré
la nécessité de l'examen de conscience, de la réévaluation
et de l'adaptation. La prise en compte des changements a constitué
un défi constant pour 1 ' Alliance au cours de ses quarante-trois
années d'existence.
La considérable modification du paysage stratégique en Europe
- marquée par la dissolution du Pacte de Varsovie et de l'Union
soviétique, et les progrès démocratiques en Europe
centrale et orientale - a entraîné une transformation majeure
de l'environnement de l'Alliance en matière de sécurité.
Pour conserver la crédibilité de sa fonction essentielle
- servir de fondement à la stabilité et à la sécurité
en Europe -1'OTAN a répondu avec célérité
et confiance à ces événements historiques. Le défi
consiste à établir un calendrier pour l'Alliance conforme
à une politique et à des réalités stratégiques
mondiales en évolution, tout en préservant les objectifs,
principes et mécanismes fondamentaux de l'OTAN. Les militaires
ont un rôle vital à jouer dans la conception des moyens grâce
auxquels l'OTAN pourra répondre à ses responsabilités
futures en tant qu'organisation de sécurité et de défense
collectives.
Le facteur militaire pour la sécurité
La force et l'efficacité de l'OTAN découlent d'une combinaison
unique entre une volonté politique collective des alliés
et une structure militaire intégrée et cohérente
qui assure leur défense commune. Ces facteurs étroitement
associés et qui se renforcent mutuellement contribuent puissamment
à la stabilité intérieure et à la sécurité
sans précédent qui caractérisent les relations entre
les alliés occidentaux. L'équilibre entre les éléments
politiques et militaires de l'OTAN est dynamique et se modifie constamment
en fonction de ce qui constitue l'essentiel des préoccupations
alliées en matière de sécurité. Actuellement,
l'Europe dispose d'opportunités nouvelles d'édifier une
paix et une stabilité élargies entre les pays qui la constituent,
au moyen de la coopération.
Mais il existe un besoin permanent, largement reconnu même en dehors
de l'OTAN, de disposer d'une capacité militaire pour garantir la
sécurité collective des alliés. Comme par le passé,
une défense militaire sûre protège la souveraineté
et la liberté, stimule la stabilité, fournit l'assurance
d'un soutien
de relations internationales pacifiques et constructives, tout en servant
de garde-fou essentiel contre l'imprévu. Il est important que ces
qualités stabilisatrices d'un potentiel militaire mesuré
et contrôlé soient adéquatement considérées
comme un facteur central de sécurité à long terme.
Etant donné que la stabilité, la prospérité
et le bien-être de l'Alliance dépendent de conditions stables
et prévisibles tant à l'intérieur qu'à l'extérieur
de ses frontières, les alliés doivent se préoccuper
des événements et des tendances de leur environnement au
sens large. En dépit de la disparition de la menace militaire soviétique
monolithique qui accaparait l'essentiel des dispositifs défensifs
de l'OTAN, l'Europe et sa périphérie se caractérisent
actuellement par de grandes incertitudes et des risques de conflits qui
pourraient avoir un impact sur la sécurité alliée.
La multipolarité politique a remplacé la stabilité
stérile des relations de la guerre froide en Europe, mais elle
est accompagnée de vieux spectres familiers qui ont pour nom intolérance
ethnique et culturelle, ré-émergence des nationalismes,
difficultés économiques et la myriade de facteurs d'instabilité
historiquement associés aux époques de transition politique
et de turbulence sociale. Ces facteurs d'instabilité sont combinés,
dans certaines régions, avec des capacités militaires toujours
redoutables qui échappent encore à un contrôle démocratique
ferme et convaincant.
Une capacité de défense collective demeure essentielle pour
que l'OTAN puisse garantir la sécurité de ses membres. La
nécessité de préserver un équilibre stratégique
en Europe - autre clef de la stabilité à long terme et autre
fonction essentielle qu'entend remplir l'OTAN - implique un rôle
vital pour les contributions militaires des Etats-Unis et du Canada. Toutefois,
au vu de la multiplication des différends et des conflits régionaux
potentiels, l'accent n' est plus mis actuellement sur les exigences de
défense contre une menace spécifique et massive, mais bien
sur un état de préparation plus général devant
permettre de faire face à des risques de crises bien plus diversifiés.
La mise en oeuvre militaire de la stratégie révisée
de l'OTAN
En restructurant les ressources militaires de l'OTAN en fonction des exigences
potentielles, les pays alliés ont été essentiellement
guidés par les principes de la stratégie révisée
de l'OTAN. Début 1990. le Comité militaire a recommandé
un réexamen de la stratégie militaire de l'OTAN. Les travaux
de rédaction ont débuté après le sommet de
Londres de juillet 1990 et ont abouti à la publication du nouveau
concept stratégique de l'Alliance (2) ainsi
qu'à la finalisation d'autres documents agréés, fin
1991. L'année 1992 a pour sa part été marquée
par le début de la mise en oeuvre des nouveaux concepts.
Du point de vue militaire, notre préoccupation majeure a été
de maintenir la cohérence et la planification collective structurée
de la réduction et de la remise en forme générales
des forces alliées prescrites par la stratégie nouvelle.
Les pressions de l'opinion publique et le désir des pays alliés
de procéder à des réductions des budgets de la défense
et des niveaux de forces se sont, comme on peut le comprendre, révélés
insistants. Jusqu'à présent toutefois, on est parvenu à
maintenir ces niveaux avec un certain succès dans le cadre global
des changements de l'OTAN, qui vise à préserver l'intégrité
et l'efficacité collective de la structure et des ressources militaires
d'ensemble de l'Alliance
Les principaux domaines faisant l'objet d'une révision militaire
comprennent la stratégie militaire de l'OTAN, ses structures de
forces, la structure du commandement militaire, les concepts et plans
opérationnels, et les accords de soutien associés. Dans
le contexte des risques potentiels moins prioritaires, moins prévisibles
et plus diversifiés, l'OTAN a planifié des réductions
substantielles des niveaux des forces actives, tout en recherchant une
mobilité, une flexibilité et une polyvalence plus grandes
des ressources militaires disponibles pour soutenir les intérêts
de l'Alliance.
Les principaux changements et réductions affecteront la Région
Centre, désormais libérée de la menace militaire
qui pesait sur elle et qui bénéficie en priorité
de l'allongement général du délai de préavis
stratégique. Pour ce qui la concerne, les forces terrestres actives
seront amputées de quelque 20 à 30 pour-cent, les forces
stationnées seront réduites, les forces à disposition
seront modifiées et les exercices d'entraînement en conditions
réelles, bien que demeurant essentiels pour l'efficacité
opérationnelle, devraient voir leur ampleur et leur fréquence
réduites.
Des changements similaires sont en cours dans les régions Nord
et Sud, bien que dans une moindre mesure. La région Sud est incontestablement
exposée à des risques d'instabilité plus élevés
que jamais et les opportunités de réduction de la capacité
militaire opérationnelle sont moins nombreuses dans cette région.
L'activation, en avril dernier, de la Force navale permanente de la Méditerranée
reflète clairement l'évaluation alliée suivant laquelle
une présence militaire plus continue et visible de l'OTAN est opportune
en raison des conditions stratégiques de la région. Dans
la région Nord également, le désir de stabilité
et de sécurité à long terme implique un niveau adéquat
et soutenu d'état de préparation militaire, dans une zone
où d'importantes forces militaires continuent à exister
à proximité du territoire allié.
De nouvelles structures, de nouvelles tâches
La restructuration du potentiel militaire de l'OTAN dans le cadre des
forces de défense, de réaction et d'augmentation marque
une distanciation par rapport aux dispositifs de défense à
haut état de préparation au profit d'une structure où
la majorité des forces sera maintenue à un moindre état
de préparation, et fréquemment à des niveaux d'effectifs
partiels de temps de paix ou à un statut de mobilisation.
L'ossature de la capacité militaire de l'OTAN sera formée
par les Forces de défense principales (FDP), qui constitueront
la contribution militaire essentielle à la stabilité et
à la sécurité sur tout le territoire de l'OTAN. Pour
divers pays alliés, ces forces représentent, de loin, la
composante la plus importante de la capacité de défense
régionale et forment la base de la création d'autres catégories
de forces.
Les forces de réaction, qui comprennent des éléments
terrestres, aériens et maritimes à niveau de préparation
relativement élevé, ne formeront qu' une petite partie des
ressources militaires disponibles de l'OTAN (moins de 10 pour-cent dans
le cas des forces terrestres). Avec d'autres éléments des
FDP (Forces régionales de manoeuvre prêtes à l'action
destinées à assurer la première défense à
bref délai de préavis), les forces de réaction sont
conçues pour constituer un outil de gestion des crises souple et
mobile, offrant toute une gamme d'options militaires aux dirigeants politiques
de l'OTAN en périodes de tension. Elles devront être bien
équipées, correctement entraînées et adéquatement
soutenues pour mener àbien des opérations militaires très
variées, et devront bénéficier d'une flexibilité
structurelle inhérente pour permettre différentes configurations
adaptées à différentes tâches.
Dans l'éventualité de conflits majeurs et prolongés,
la base de reconstitution et de renforcement de la capacité de
défense alliée qui lui permettra de disposer de sa pleine
puissance résidera dans des formations FDP et des forces d'augmentation
à des niveaux de préparation inférieurs. Mais ici
aussi, la flexibilité sera essentielle, car - par exemple - les
unités de renforcement, incluant peut-être des éléments
FDP en provenance de régions non directement menacées, devront
être capables d'un large déploiement pour toute une gamme
de missions. La préplanification détaillée de leur
déploiement, acheminement, réception et soutien ne sera
pas définie avec autant de précision qu'elle l'était
dans le cadre des précédents Plans de défense généraux
de l'OTAN. Les formations de renforcement devront être adaptées
à des situations particulières et nous pourrions également
avoir besoin d'une capacité d'arrêt, de relance ou peut-être
d'inversion du processus de renforcement, afin d'émettre des signaux
soigneusement pesés de nos intentions politiques en cas de crise.
L'OTAN est parfaitement consciente de la complexité qu'impliqué
l'élaboration de plans fiables et praticables incorporant une telle
flexibilité. Il n'en demeure pas moins que la situation l'exige,
et que notre mode de pensée comme notre modus operandi doivent
être adaptés en conséquence.
L'application plus large de la multinationalité, pour répondre
à des objectifs tant politiques que militaires, est une caractéristique
importante de toutes les nouvelles structures de forces de l'OTAN. En
termes militaires, les formations multinationales permettront aux plus
petits pays d'offrir des contributions valables à l'Alliance, qui
risqueraient autrement - surtout dans un climat de réductions de
forces - de ne pas être viables sous forme de forces isolées.
A plus long terme, la multinationalité pourrait également
encourager une certaine orientation -avec l'attrait budgétaire
qu'elle implique - vers une plus grande spécialisation des rôles
militaires entre pays, même si cela ne constitue pas actuellement
un objectif reconnu. Ces avantages sont cependant contrebalancés
par un urgent besoin d'assurer l'efficacité opérationnelle
des unités multinationales, en particulier en améliorant
les critères d'interopérabi-lité sur le champ de
bataille. Outre un haut niveau de l'entraînement, cette exigence
s'étend à des domaines tels que les armements, l'infrastructure
et la logistique, où le besoin d'une amélioration de la
rationalisation et de l'harmonisation est largement reconnu. L'examen
en profondeur des processus de planification en est à un stade
avancé, mais les changements nécessaires n'interviendront
pas du jour au lendemain, en raison, en particulier, des délais
de réflexion et d'exigences financières considérables
associés à ces importants domaines de soutien. Comme toujours,
beaucoup dépendra de la bonne volonté et de la coopération
des pays membres pour faire avancer les travaux.
Une structure de commandement révisée pour l'OTAN
Parallèlement à la restructuration des forces, la structure
de commandement de l'OTAN fait également l'objet d'une adaptation.
Le nombre de grands commandants de l'OTAN passera de trois à deux
(le Commandant suprême des forces alliées en Europe et le
Commandant suprême allié de l'Atlantique). Les quartiers-généraux
subordonnés seront réduits et dégraissés,
tandis que les limites de zones de commandement seront redéfinies
pour refléter les modifications de la situation stratégique.
Il en résultera une organisation de commandement allégée,
mieux adaptée aux futures exigences de contrôle et de commandement
militaire, tout en reflétant les exigences politiques des pays
alliés.
Entre autres choses, la structure de commandement offrira des liaisons
adaptées entre l'OTAN et les plans en constante évolution
pour les contributions à la défense européenne dans
le cadre de l'Union de l'Europe occidentale (UEO) et garantira des dispositions
de commandement cohérentes pour les forces alliées pouvant
être affectées à des opérations par l'une des
deux organisations. Des mécanismes pratiques et efficaces seront
nécessaires pour assurer la compatibilité entre les organisations
respectives de l'OTAN et de défense européenne, ainsi que
pour éviter les confusions ou la duplication inutile des efforts.
Il sera essentiel de maintenir la convergence et la structure militaire
intégrée qui continueront à assurer à l'avenir
la flexibilité de l'affectation, de la structuration et du soutien
des ressources limitées disponibles. A cet égard, la métaphore
bien connue de piliers atlantique et européen ne rend pas bien
l'idée d'intégration étroite et d'harmonie opérationnelle
qui continueront à être nécessaires dans la structure
militaire.
Une réaffectation des priorités militaires
Les paramètres de l'organisation de défense militaire de
l'OTAN sont fonction des perceptions alliées en matière
de défis potentiels à la sécurité future et
des réponses appropriées qui sont à prévoir.
A l'heure actuelle, les risques de crises d'origine et de nature multiples,
en Europe et alentours, influencent naturellement le choix et la mise
en oeuvre des ressources, capacités, concepts, planification et
soutien militaires. De nombreuses activités sont actuellement centrées
sur les moyens de satisfaire les exigences de flexibilité structurelle,
d'aptitude de réponse et de mobilité pour soutenir des efforts
plus marqués devant contribuer à résoudre les crises.
A cet égard, la mise sur pied rapide de l'opération maritime
de juillet destinée à surveiller l'embargo des Nations unies
contre la Serbie et le Monténégro a fourni à 1 '
OTAN une expérience précieuse - notamment lorsqu'il s'est
agi d'assurer une coordination opérationnelle efficace avec les
forces de l'UEO employées à la même tâche.
L'OTAN cherche également à améliorer des capacités
particulièrement précieuses pour suivre et répondre
aux crises, telles les renseignements, la détection lointaine,
la surveillance, les télécommunications, le commandement
et le contrôle. En outre, suite aux décisions de la réunion
de juin du Conseil de l'Atlantique Nord à Oslo, l'Alliance procède
actuellement à l'identification des ressources et de l'expertise
militaires spécifiques que l'OTAN pourrait offrir pour l'appui
pratique aux opérations de maintien de la paix menées sous
la responsabilité de la Conférence sur la sécurité
et la coopération en Europe (CSCE). Dans ce domaine d'activité
de plus en plus à l'ordre du jour, il sera vital de maintenir une
perspective réaliste. L'histoire nous apprend que de telles opérations
sont difficiles et exigent des objectifs politiques clairement définis
ainsi que des engagements sans faille pour qu'elles puissent déboucher
sur un succès. Nous devrons être raisonnablement certains
des engagement souscrits, et conscients des risques - ainsi que des perspectives
de solutions pacifiques - qu'elles peuvent impliquer.
Si l'on veut dépasser les activités militaires traditionnelles,
il nous faut également considérer la contribution militaire
substantielle de l'OTAN à la coopération pratique avec nos
partenaires d'Europe centrale et orientale. Divers projets visant à
renforcer la stabilité par le biais du dialogue, de la transparence
mutuelle et de l'accroissement de la confiance sont à l'étude.
Il s'agit-là très certainement d'un processus à double
sens, et nos partenaires recherchent ardemment une interaction plus étroite
avec F OTAN et ses pays membres, en mettant particulièrement l'accent
sur la coopération de militaires à militaires. En cherchant
à influencer le processus de réforme et le commandement
militaires dans les pays d'Europe centrale et orientale, les militaires
de l'OTAN sont bien placés pour faire passer le message approprié,
basé sur l'expérience et le savoir-faire de l'OTAN en matière
de gestion d'une défense collective et crédible. Ces activités,
qui impliquent un personnel militaire nombreux, renforceront la stabilité
et la sécurité à long terme. Elles doivent être
perçues comme une manière importante de prévenir
les crises, dont l'effet se fait d'ores et déjà sentir.
En tant que telles, elles représentent en outre un moyen naturel
et efficace de déploiement des ressources militaires, parallèlement
aux ressources civiles en temps de paix. En dépit des problèmes
de financement actuels au sein de l'OTAN, le soutien financier qui peut
être apporté à de telles initiatives de coopération
- relativement peu onéreuses en elles-mêmes - représente
un in vestissement j udicieux pour l'amélioration des relations
en matière de sécurité.
L'état de préparation militaire: les options doivent
demeurer ouvertes
II n'en demeure pas moins que la dimension militaire de la sécurité
de 1 ' OTAN ne peut se permettre d'être circonscrite de manière
trop rigide par nos perceptions du moment. Notre environnement stratégique
est en état de flux. Si la transformation militaire de l'OTAN semble
se dérouler de manière relativement prudente, c' est pour
de bonnes raisons. Il est difficile de prédire les défis
ou les conflits qui risquent de se manifester à l'avenir, et l'expérience
nous apprend que la capacité militaire que l'on démantèle
aujourd'hui est extrêmement difficile à recréer du
jour au lendemain. Si nous nous intéressons principalement aux
tâches futures associées à la gestion des crises,
et peut-être aux conflits de plus faible intensité, nous
ne pouvons exclure la possibilité qu'à l'avenir les pays
de l'OTAN soient confrontés à des défis militaires
majeurs, exigeant une capacité de combat démontrable et
de haute intensité, ceci à la fois pour dissuader et - en
cas de besoin - pour fournir les moyens de défense requis. Cela
suppose des implications pour des facteurs militaires décisifs
tels que la génération de forces, la technologie en matière
d'armements, le soutien logistique et les critères d'entraînement
qu'il n'est pas facile de garder à l'esprit en temps de paix et
d'optimisme relatifs.
Nous sommes confrontés à des défis pour la mise en
oeuvre du changement qui mettront à l'épreuve notre ingéniosité,
nos moyens et notre détermination. C'est ainsi, par exemple, que
le fait de maintenir les forces de l'OTAN bien entraînées,
équipées et surtout motivées dans un climat de menace
réduite et de risques incertains exigera de la réflexion
et un excellent encadrement. La mise en oeuvre de concepts tels que la
flexibilité et la mobilité sera certainement coûteuse
et impliquera des décisions douloureuses face aux priorités
qui en découlent. Le maintien d'une avance technologique à
une époque de rigueur budgétaire et de diminution du nombre
des entreprises spécialisées deviendra plus difficile. L'expression
pratique des aspects militaires de la gestion des crises ou du maintien
de la paix exigera en outre une planification innovatrice et une grande
sûreté de jugement. Aucune de ces tâches - et il y
en aura d'autres - n'est impossible à mener à bien, mais
leur impact potentiel sur la dimension militaire de l'OTAN doit être
reconnue.
Les principes régissant traditionnellement la capacité défensive
militaire de l'OTAN - sécurité indivisible, accords efficaces
de défense collective, rapport adéquat entre les forces
conventionnelles et nucléaires, et - peut-être surtout -
l'indispensable dimension transatlantique de la défense - conserveront
toute leur pertinence en raison des incertitudes qui assombrissent le
futur environnement de sécurité de l'OTAN. La planification
de la défense de l'OTAN continue à viser des niveaux et
des critères de forces appropriés aux défis prévisibles
en matière de sécurité, même si elle tient
compte des nouveaux changements susceptibles de survenir dans la situation
politique et stratégique périphérique. Les pays alliés
maintiennent leur engagement vis-à-vis des principes qui ont assuré
leur sécurité au cours des 43 dernières années,
et il est important que l'instrument militaire de cette sécurité
demeure crédible et à la hauteur des tâches envisagées.
La dimension militaire de l'OTAN demeure essentielle pour l'édification
de la stabilité et de la paix en Europe, ainsi que pour garantir
la sécurité des alliés. Les fonctions et principes
fondamentaux de la contribution militaire de l'OTAN à la sécurité
demeurent inchangés, même si la taille, la forme et les missions
des forces alliées s'adaptent à une situation stratégique
transformée. Tout en recherchant les structures et capacités
les mieux adaptées aux nécessités probables de la
gestion des crises dans le futur, la capacité défensive
militaire de l'OTAN doit demeurer suffisamment large et efficace pour
pouvoir faire face aux contingences potentielles qui pourraient s'avérer
plus directement menaçantes. La dimension militaire de 1 ' Alliance
n'a rien perdu de son importance pour la sécurité collective
de 1 ' OTAN.
(1) Rapport du Comité des Trois sur la coopération
non-militaire au sein de l'OTAN, paragraphes 19-20 (approuvé par
le Conseil de l'Atlantique Nord, le 13 décembre 1956).
(2) Voir Revue de l'OTAN, No.6, décembre 1991,
p. 25-32. Ce texte peut également être obtenu auprès
du Bureau de l'information et de la presse de l'OTAN, 1110 Bruxelles,
Belgique.
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