COMMUNIQUE DE PRESSE M-NACC-2(94)119                       
   


      REUNION DU CONSEIL DE COOPERATION NORD-ATLANTIQUE
                  TENUE AU SIEGE DE L'OTAN
                              
                       2 decembre 1994
                              
    RAPPORT D'ACTIVITE AUX MINISTRES DU COMITE DIRECTEUR
     POLITICO-MILITAIRE/GROUPE AD HOC SUR LA COOPERATION
              EN MATIERE DE MAINTIEN DE LA PAIX


     1.   La decision prise par les ministres du CCNA, a
Istanbul, de conjuguer les travaux du CCNA et du PfP dans
le domaine de la cooperation en matiere de maintien de la
paix s'est traduite par la fusion du Comite directeur
politico-militaire du PfP et du Groupe ad hoc sur la
cooperation en matiere de maintien de la paix. L'organe
issu de cette fusion (le PMSC/AHG) restera l'instance
principale pour les consultations sur les questions
politiques et conceptuelles liees au maintien de la paix.
Assistent aux reunions du PMSC/AHG les membres du CCNA et
du PfP et les pays de la CSCE qui ont une experience du
maintien de la paix et qui ont manifeste le souhait de
cooperer avec le Groupe. Afin de renforcer la coordination
des travaux avec d'autres organisations, des representants
du President en exercice de la CSCE y assistent aussi
regulierement. En outre, des membres du Secretariat des
Nations Unies ont egalement pris part a un certain nombre
d'activites de ce Groupe.

     I.   APPROCHES CONCEPTUELLES

     2.   Lors d'un seminaire organise a Bruxelles du 5 au
7 octobre 1994, le Groupe a poursuivi les debats sur
l'evolution des questions conceptuelles liees au maintien
de la paix. Ont assiste au seminaire des orateurs de
l'OTAN, des Nations Unies (y compris du HCR et du
Departement des affaires humanitaires des Nations Unies),
de la CSCE, de l'UEO, de la Commission europeenne et de la
Force multinationale et Observateurs (FMO). Treize
delegations ont presente des exposes officiels sur
l'evolution des concepts et des doctrines de
maintien de la paix ainsi que sur leurs propres
experiences nationales en la matiere. Les conclusions du
seminaire et les questions necessitant la poursuite d'un
debat sont resumees en annexe II. En suite aux debats du
seminaire, le PMSC/AHG a entrepris un examen approfondi
des definitions, des principes et des criteres figurant
dans le rapport enterine par les ministres du CCNA a
Athenes, en juin 1993, afin de determiner la maniere de
les developper a la lumiere des enseignements
tires des activites de maintien de la paix menees depuis
lors. En outre, le Groupe procede a une comparaison entre
les diverses doctrines nationales de maintien de la paix
en vue de recenser les similitudes et les differences et
de promouvoir une meilleure coordination, ce qui permettra
de mener a bien des operations multinationales. 

     3.   L'organisation d'un seminaire sur les aspects
juridiques du maintien de la paix a ete envisagee pour le
printemps 1995. Faisant suite a la reunion tenue le 21
octobre par le PMSC/AHG avec la participation d'experts
juridiques, ce seminaire examinerait de maniere plus
approfondie un certain nombre de questions juridiques
importantes liees aux operations de maintien de la paix, y
compris les mandats, la base juridique de la presence et
des mesures prises par le personnel charge du maintien de
la paix, en vertu des chapitres VI et VII de la Charte des
Nations Unies, les limitations imposees a la souverainete
nationale et les questions juridiques relatives
aux exercices de maintien de la paix.

     II.  MESURES POUR UNE COOPERATION PRATIQUE EN MATIERE
          DE MAINTIEN DE LA PAIX

     4.   En ce qui concerne les activites de cooperation
pratique, les travaux se sont poursuivis sur la base du
programme enterine par les Ministres en decembre 1993.

     5.   Exercices de maintien de la paix. Au cours de
l'automne 1994, les trois premiers exercices conjoints de 
maintien de la paix ont ete organises, dans le cadre du
PfP/CCNA, en Pologne, aux Pays-Bas, en mer du Nord et dans
la region du Skaggerak. Au total, des forces et/ou des
navires de vingt pays - dix Allies et dix Partenaires -
ont pris part a un ou plusieurs de ces exercices. En
outre, plusieurs pays ont envoye des observateurs.

     6.   Treize pays et quelque 650 hommes ont participe
a l'exercice Cooperative Bridge qui s'est deroule du 12 au
16 septembre a Biedrusko, en Pologne. Du 28 septembre au 7
octobre, quatorze pays ont fourni des navires et des
aeronefs pour l'exercice Cooperative Venture organise en
mer du Nord et dans la region du Skagerrak. Du 24 au 28
octobre, douze pays et un millier d'hommes ont pris part a
l'exercice Cooperative Spirit qui s'est deroule en Veluwe,
region du centre des Pays-Bas.

     7.   Non seulement ces exercices ont permis de
renforcer la confiance et de partager les experiences en
matiere de maintien de la paix, mais ils ont aussi ete
riches d'enseignements pour ce qui est de la planification
et de l'execution conjointes d'exercices et de
l'interoperabilite des forces des Etats allies et des pays
partenaires agissant ensemble dans le cadre du maintien de
la paix. Le programme d'exercices pour 1995 sera fonde sur
les enseignements tires en 1994 et sur d'autres
experiences pertinentes et il permettra de promouvoir
davantage l'interoperabilite par la mise au point, tres
necessaire, de procedures operationnelles, de doctrines,
et de moyens d'entrainement, de commandement et de
controle et de logistique compatibles entre l'OTAN et les
Partenaires du PfP.

     8.   Un certain nombre d'exercices bilateraux et
multilateraux ont egalement ete organises dans l'esprit du
PfP, comme l'exercice americano-russe Peacekeeper 94 et
l'exercice maritime parraine par la Bulgarie Breeze 94. Un
programme global d'exercices conjoints est mis sur pied
pour 1995; il est axe sur des scenarios progressivement
plus complexes, comportant toute une serie d'activites de
maintien de la paix et autres. Comme en 1994, un certain
nombre d'exercices multilateraux parraines par un pays
sont egalement prevus dans "l'esprit du PfP" pour 1995.

     9.   Cooperation en matiere de communications, de
commandement et de controle. Les communications sont une
dimension importante des operations de maintien de la
paix, et les travaux entrepris l'an dernier sous la
conduite des Pays-Bas se sont poursuivis depuis lors. Un
projet de concept sur les communications pour les
operations de maintien de la paix est en cours
d'elaboration; il tiendra compte des efforts de
cooperation entrepris parallelement pour le commandement
et le controle. Les travaux relatifs a l'etude de
faisabilite concernant la mise sur pied d'une base de
donnees pour les materiels de communication se
poursuivent. En outre, le Royaume-Uni a accepte de
conduire les travaux en vue de se mettre d'accord sur la
question importante et complexe du commandement et du
controle dans les operations de maintien de la paix, avec
notamment la tenue d'un seminaire sur le sujet pendant
l'ete 1994 et la synthese des points de vue nationaux
sur cette question.

     10.  Cooperation en matiere de formation. Au milieu
de l'annee 1994, le Danemark a diffuse une premiere
edition d'un manuel des stages de maintien de la paix,
resumant les informations fournies par les pays du CCNA
sur les stages nationaux de maintien de la paix et les
autres possibilites de formation connexes. Une deuxieme
edition actualisee et plus complete de ce repertoire sera
diffusee au printemps de 1995.
Par ailleurs, l'etablissement de normes pour la formation
en matiere de maintien de la paix se poursuit sous la
conduite du Danemark. Au cours de la periode consideree,
plusieurs stages de formation consacres specifiquement au
maintien de la paix
ont ete organises sous les auspices de l'OTAN (SHAPE) et
de certains pays, y compris des stages pour du personnel
en provenance de pays du CCNA, en Pologne, dans la
Republique tcheque et dans les pays nordiques. Pour 1995,
plusieurs pays PfP proposent toute une serie de stages. En
outre, le nombre de stages de l'Ecole du SHAPE consacres
au maintien de la paix va augmenter, et un stage
d'introduction a la logistique de l'OTAN devrait etre mis
au point et propose.

     11.  Cooperation en matiere de logistique. Dans le
prolongement du fructueux seminaire sur la logistique
organise a la fin de 1993 et des journees d'etude qui ont
suivi en 1994, un recueil des enseignements tires du
soutien logistique apporte aux operations de maintien de
la paix a ete etabli et distribue aux pays. En 1995, outre
le stage de logistique mentionne au paragraphe 10, il est
prevu d'examiner les procedures logistiques sur le terrain
dans les operations de maintien de la paix et d'envisager
la possibilite d'etablir un registre des materiels pour le
maintien de la paix et l'aide humanitaire.

     12.  Cooperation en matiere de maintien de la paix.
Le PMSC/AHG a note, s'agissant des resultats pratiques de
ce qui precede, qu'un pas important avait ete fait en
direction du renforcement de la cooperation en matiere de
maintien de la paix grace au deploiement d'un peloton
lituanien dans le cadre du bataillon danois des forces de
la FORPRONU dans le secteur Nord (DANBAT) en Croatie. Ce
deploiement est le resultat de l'accord bilateral conclu
entre le Danemark et la Lituanie, et est egalement
considere comme un pas vers la mise sur pied du bataillon
balte mixte de maintien de la paix.           PROGRAMME DE TRAVAIL DU
PMSC/AHG - 1995
                              
     ANNEXE AU RAPPORT DU 2 DECEMBRE 1994 AUX MINISTRES

I.   MISE AU POINT D'UNE APPROCHE COMMUNE DES CONCEPTS ET
DES BESOINS OPERATIONNELS LIES AU MAINTIEN DE LA PAIX

     Mesures :

     A.   Proceder a des echanges de vues sur les          
          concepts,
          la terminologie et les doctrines nationales de
          maintien de la paix, dans le cadre du CCNA/PfP.

     B.   Tenir un seminaire sur les aspects juridiques du
          maintien de la paix au printemps 1995.

     C.   Elargir et approfondir les contacts et la
          cooperation avec les Nations Unies et la CSCE    
          sur les questions liees au maintien de la paix   
          et encourager les echanges d'informations dans   
          ce domaine avec d'autres organismes concernes,   
          tels que la Commission europeenne et l'Union de
          l'Europe occidentale.

     D.   Interface civilo-militaire : a poursuivre comme
          l'un des elements des travaux sur les aspects
          humanitaires des operations de maintien de la
          paix.

     E.   Relations publiques : tenue d'un seminaire en
          1995.

II.  COOPERATION CONCERNANT LA PLANIFICATION DES ACTIVITES
DE MAINTIEN DE LA PAIX

     Mesures :

     A.   Commandement et controle : debat avec la
          participation d'experts, sur le document
          britannique revise.

     B.   Cooperation en matiere de planification :        
          proceder en harmonie avec les travaux menes dans 
         d'autres instances.

     C.   Identification des moyens : proceder en fonction
          de la suite de l'elaboration des arrangements    
          des Nations Unies sur le dispositif d'attente.

III. MISE AU POINT D'UNE BASE TECHNIQUE COMMUNE EN MATIERE
DE MAINTIEN DE LA PAIX

     Mesures :

     A.   Telecommunications : soutien a apporter au       
          Groupe d'experts pour mettre au point un concept 
         relatif aux telecommunications et une etude de    
         faisabilite pour une base de donnees concernant   
         les telecommunications.

     B.   Incidences en matiere de materiels : debats
          eventuels au niveau des experts concernant les
          besoins en materiels, ainsi que les questions
          critiques que pose l'interoperabilite.

IV.  ENTRAINEMENT, FORMATION ET EXERCICES LIES AU MAINTIEN
DE LA PAIX

     Mesures :

     A.   Soutien a apporter au Groupe d'experts en vue de
          l'elaboration d'un repertoire de stages sur le
          maintien de la paix.

     B.   Etude des rapports dresses a la fin des          
          exercices conjoints organises dans le cadre du   
          PfP et du CCNA et de rapports similaires des     
          pays membres sur les exercices bilateraux et     
          multilateraux menes dans l'esprit du PfP.

     C.   Synthese et analyse des enseignements tires de
          tous les exercices de maintien de la paix lies   
          au PfP.

V.   ASPECTS LOGISTIQUES DU MAINTIEN DE LA PAIX

     Mesures :

     A.   Mise a jour du recueil des enseignements tires   
          du soutien logistique apporte aux operations de
          maintien de la paix, en fonction des c           
          contributions des pays.

     B.   Exposes sur le Manuel de l'ONU sur la logistique
          des operations de maintien de la paix et sur le
          nouveau stage de logistique du SHAPE.
 SEMINAIRE SUR LE MAINTIEN DE LA PAIX ET SA RELATION AVEC
LA GESTION DES CRISES

               Resume etabli par le President

Introduction

     1.   Le seminaire sur "le maintien de la paix et sa
relation avec la gestion des crises" s'est tenu du 5 au 7
octobre 1994 au siege de l'OTAN sur la base du concept
adopte par le Comite directeur politico-militaire/Groupe
ad hoc sur la cooperation en matiere de maintien de la
paix "NACC-AHG-N(94)9(2e revision)). Environ 150
participants representant 38 pays et diverses
organisations internationales, dont des organisations
d'aide humanitaire, ont participe au seminaire. 

     2.   Le programme comprenait des discours des
representants de l'ONU, de la CSCE et de l'OTAN sur le
theme du seminaire. Treize delegations - Belgique, Canada,
Republique tcheque, Danemark, Estonie, Finlande, France,
Hongrie, Italie, Pologne, Espagne, Suede et Royaume-Uni -
ont presente des contributions nationales. D'autres
exposes ont ete faits par les representants de l'Union
europeenne, de l'UEO, du Departement des affaires
humanitaires de l'ONU, du Haut commissariat des Nations
Unies pour les refugies (UNHCR) et des Forces
multinationale et Observateurs. Le general Briquemont,
en sa qualite d'ancien commandant de la FORPRONU en
Bosnie-Herzegovine et M. l'ambassadeur Eide de la
Conference internationale sur l'ex-Yougoslavie ont apporte
des contributions fondees sur leur experience personnelle.

     3.   Le present document est un compte rendu
analytique du seminaire. 

Questions conceptuelles

     4.   Le premier jour du seminaire a ete consacre a un
debat sur l'evolution recente du concept de maintien de la
paix, c'est-a-dire notamment sur le developpement du role
du maintien de la paix et sa relation avec la gestion des
crises ainsi que sur une reevaluation de nouvelles taches,
y compris l'importance accrue des rapports entre les
secteurs civil et militaire dans les operations de
maintien de la paix.

     5.   On a souligne que l'evolution des concepts de
maintien de la paix a ete determinee par l'experience
pratique et qu'il s'est agi en fait de ce que aucuns
appeleraient une "evolution forcee". Non seulement le
nombre d'operations de maintien de la paix a augmente,
mais les fonctions et les taches se sont rapidement
diversifiees. Le representant de l'ONU a fait observer que
l'evolution rapide des fonctions et de la pratique du
maintien de la paix a precede leur conceptualisation;
c'est pourquoi aucune nouvelle doctrine de l'ONU ne vient
etayer l'action de cette organisation dans ce domaine.
Meme s'il existe encore des operations de maintien de
la paix dites "traditionnelles", conduites par des forces
equipees d'armes legeres avec le consentement des parties
au conflit, un nombre croissant d'operations peuvent etre
qualifiees de multifonctionnelles ou multidimensionnelles.
Ces operations, qui comprennent encore des taches
militaires, englobent diverses fonctions, telles que le
deploiement preventif, le desarmement et la demobilisation
de forces, la protection et l'apport de l'aide
humanitaire, le retablissement de l'ordre public et de
nombreuses autres taches civiles telles que le controle du
respect des droits humanitaires et la facilitation du
retour des refugies. On peut etablir une distinction
entre, d'une part, des operations multifonctionnelles
conduites sur la base d'un reglement negocie (par exemple
Cambodge et Namibie), ayant une duree limitee et de
grandes chances de succes et, d'autre part, d'autres
operations de ce type ou un tel reglement fait defaut
(Somalie et ex-Yougoslavie), dont la duree est
indeterminee, ou l'on doit davantage recourir a la force
et qui ont moins de chances de connaitre un succes rapide.
Les questions qui se posent dans les Etats dits "en
faillite", ou l'un des objectifs de la mission de maintien
de la paix peut etre le retablissement de l'autorite de
l'Etat, constituent un scenario particulierement
difficile. Ces questions ont un caractere tout a fait
special et doivent etre traitees au cas par cas.

     6.   Dans le cas des operations de maintien de la
paix multifonctionnelles complexes, qui a ete evoque dans
un certain nombre d'exposes, l'extension de la "zone
grise" fait apparaitre la necessite de decisions claires
et rapides. Il est extremement important d'intervenir de
bonne heure dans une crise pour eviter de gaspiller du
temps et des ressources. Une prompte coordination entre
les organisations internationales et les pays participant
a une operation de maintien de la paix est essentielle
afin d'eviter les doubles emplois et d'assurer la
rentabilite. Les participants au seminaire ont souligne
que l'ONU tendait a faire de plus en plus appel aux
organisations regionales pour l'execution d'operations de
maintien de la paix sous son mandat. Cela exige une
coordination et une rationalisation encore plus grandes de
leurs activites et de leurs facons d'operer. Dans ce
contexte, on a souligne le role important de la CSCE dans
l'alerte precoce et la prevention des conflits. On a
appele l'attention sur le fait que, la CSCE avait le
statut confere par le chapitre VIII de la Charte des
Nations Unies et que, de ce fait, elle pouvait confier un
mandat d'operation de maintien de la paix aux termes du
Document final d'Helsinki de 1992. Elle ne l'a pas encore
fait jusqu'a present, mais il y a de plus en plus de
chances pour qu'elle prenne une decision en ce sens dans
le proche avenir, par exemple pour une operation
multinationale de maintien de la paix au Haut-Karabach.

     7.   L'aspect multidimensionnel des nouvelles
operations de maintien de la paix exige aussi une nette
augmentation du nombre des taches tant civiles que
militaires et une grande diversification de ces taches,
avec ce que cela implique sur le plan de la formation.
L'interface des aspects militaire et civile devient plus
importante, d'autant que le nombre d'organisations
humanitaires participant au maintien de la paix
augmente. Dans le cas des operations de maintien de la
paix multifonctionnelles complexes, il n'en est que plus
important d'etablir des procedures et une organisation
facilement comprehensibles pour les personnels de tous les
pays et organismes participants.

     8.   De nombreux orateurs ont fait valoir qu'un
recours a la force plus ferme ou plus vigoureux est de
plus en plus necessaire dans les operations de maintien de
la paix, aux termes tant du chapitre VI que du chapitre
VII de la Charte des Nations Unies. En particulier, selon
certaines delegations, invoquant l'article 40 de la Charte
(chapitre VII), le concept d'autodefense par anticipation
qui suppose un plus grand recours a la force pourrait etre
applique au niveau operationnel pour justifier une action
offensive. Le representant des Nations Unies a egalement
evoque les questions de maintien de la paix de "seconde
generation", ou un recours plus vigoureux a la force
n'entraine pas, en tout etat de cause, un passage du seuil
entre le chapitre VI et le chapitre VII. Dans ce contexte,
un debat s'est engage sur les principes et les criteres
enonces dans le rapport d'Athenes. En ce qui concerne le
concept d'impartialite, divers participants ont souligne
qu'il n'etait pas synonyme de neutralite.
L'impartialite au niveau strategique et politique demeure
essentielle mais l'application de son principe au niveau
tactique ne saurait justifier l'inaction d'une force de
maintien de la paix dans le cas ou une partie agit a
l'encontre du mandat et des objectifs d'une operation.
D'un autre cote, une telle action de la force de maintien
de la paix peut etre interpretee par la partie concernee
comme de la partialite.
L'application stricte de l'impartialite peut donc se
reveler difficile dans la pratique. Des considerations
analogues interviennent quant au principe du consentement
qui devrait evidemment etre respecte pour le lancement
d'une operation mais qu'on ne devrait pas necessairement
invoquer pour chaque initiative sur le terrain, dans la
mesure ou cela peut entrainer, pour une force de maintien
de la paix, l'impossibilite d'operer efficacement dans le
cadre de son mandat.

     9.   Bien que le concept de maintien de la paix ait
nettement evolue depuis juin 1993, on a estime que les
definitions du rapport d'Athenes restaient generalement
valides. Toutefois, il y a peut-etre lieu de les elaborer
davantage compte tenu des nouveaux aspects qui se
dessinent actuellement dans ce domaine. Plusieurs pays ont
presente leur doctrine nationale en matiere de maintien de
la paix et, de ce fait, on a ressenti le besoin de traiter
la question plus en detail et d'essayer de jeter une base
commune. On a egalement souligne la necessite d'elaborer
un concept, des principes et des conditions ou criteres
separes pour les operations de retablissement de la paix,
dans la mesure ou elles se distinguent du maintien de la
paix.

Experience acquise jusqu'a present  

     10.  Le deuxieme theme majeur du seminaire etait
l'experience acquise jusqu'a present par les organismes ou
institutions dans la conduite d'activites multilaterales
de gestion de crise et de maintien de la paix, ainsi que
la necessite d'harmoniser davantage ces activites. Au
cours du deuxieme et du troisieme jour du seminaire, une
bonne partie de la discussion sur ce theme a porte
naturellement sur l'experience acquise dans
l'ex-Yougoslavie, les relations de travail etablies a la
suite de cette experience et les domaines ou un complement
de travail est necessaire.

     11.  Un certain nombre de participants ont exprime
l'avis que l'approche des institutions europeennes a
l'egard du maintien de la paix evoluait, la CSCE, l'Union
europeenne et l'UEO etant toutes trois en train d'examiner
de nouvelles facons de faire face a des situations
necessitant le maintien de la  paix. Les relations entre
les divers organismes regionaux et internationaux
participant au maintien de la paix evoluent egalement dans
la mesure ou l'ONU et ses organismes commencent a
collaborer plus etroitement avec d'autres organismes
regionaux et non gouvernementaux dans ce domaine. Par le
passe, des structures de gestion des crises ont ete
etablies essentiellement pour faire face a l'agression
dans le contexte d'une defense collective, comme dans le
cas de l'OTAN.
Les evenements de l'ex-Yougoslavie ont pris au depourvu
pratiquement toutes les institutions europeennes et c'est
pourquoi ces institutions essaient maintenant d'elaborer
des approches et des principes nouveaux leur permettant de
repondre rapidement et efficacement aux crises futures.
Les participants ont note que les crises sont le plus
souvent de nature politique et qu'il faut maintenant
recourir davantage a des moyens diplomatiques et
politiques, ainsi que militaires, pour les contenir et les
gerer.

     12.  Par ailleurs, a propos des reponses qu'il
convient d'apporter a des crises comme celles de la
Yougoslavie, on a frequemment souleve la question du
mandat confie aux acteurs du maintien de la paix. Les
participants etaient d'accord sur le fait que seules l'ONU
et la CSCE pouvaient conferer ce genre de mandat. On a
generalement convenu que l'ideal etait que ces
mandats refletent des objectifs politiques et une vision
strategique clairs et fassent l'objet d'une bonne
information au moyen de rapports etablis sur le terrain.
En pratique, toutefois, cela s'est revele difficile et, en
fait, la definition d'un mandat pouvait devenir un
processus progressif suscite par des douzaines de
resolutions du Conseil de securite, comme cela a ete le
cas dans le conflit de l'ex-Yougoslavie. Un mandat large
et souple, bien qu'utile du point de vue operationnel,
pouvait aller a l'encontre de la definition d'un objectif
clair. 

     13.  La question de la clarte du mandat a ete liee a
celle de l'unite de commandement. Un certain nombre
d'orateurs ont declare que les operations de maintien de
la paix devaient s'executer sous un commandant unique
charge des aspects militaire, humanitaire et de toutes les
autres composantes de l'operation, et relevant directement
des autorites politiques de l'organisation mandante. Cette
unite de commandement permettrait une etroite coordination
et eviterait les doubles emplois ou, ce qui est pire, les
efforts contradictoires. Les pays participants doivent
envoyer des troupes bien entrainees et bien equipees ayant
une connaissance de la culture locale et elles ne
devraient pas anticiper les decisions du commandement sur
le terrain. Un orateur a observe qu'en pratique le succes
de l'operation "Deny Flight" donnait a penser que l'unite
d'effort pouvait dans une certaine mesure remplacer
l'unite de commandement (meme si ce n'etait pas l'ideal).

     14.  Tous les exposes ont mis en exergue la necessite
d'une coordination et d'une cooperation etroites entre
tous les elements d'une operation de maintien de la paix.
De bonnes communications entre toutes les parties sont
primordiales, et elles peuvent etre facilitees par des
reunions et des echanges reguliers de personnel ainsi que
par l'utilisation d'officiers de liaison. Est utile a cet
egard la formation des personnels militaire et civil afin
qu'ils comprennent mutuellement leurs perspectives et
leurs facons d'operer meme si, en periode de crise, il est
difficile en pratique d'organiser une formation pour un
personnel dont on a souvent un besoin urgent ailleurs. 
     15.  La necessite d'une strategie efficace de
l'information a ete un autre un enseignement important. 
Cette strategie aurait les objectifs suivants : informer
la population locale et en obtenir le soutien et le
consentement, conserver l'adhesion du public dans les pays
fournisseurs de troupes et etablir de bonnes relations
avec les medias sur le theatre d'operations.