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Mise jour: 04-Feb-2003 Publications OTAN

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Chapitre 2: La transformation de l'Alliance
L'Initiative sur les capacités de défense de l'OTAN


Lancée au Sommet de Washington, en avril 1999, l’Initiative sur les capacités de défense de l’OTAN, ou DCI, était une étape nécessaire pour pour garantir que l'Alliance pouvait relever les défis de sécurité du XXIe siècle et était en mesure de réagir efficacement aux crises comme celle du Kosovo, tout en restant capable d’assumer ses responsabilités fondamentales pour la défense de ses pays membres. Alors qu'il décrivait les objectifs essentiels de l'Initiative, le Secrétaire général, Lord Robertson a déclaré: "L’Initiative sur les capacités de défense a pour objet de garantir non seulement le maintien de l’interopérabilité entre tous les Alliés, mais aussi l’amélioration et la modernisation des capacités dont ils disposent pour faire face aux nouveaux défis de sécurité".

L’Initiative a porté sur presque tous les aspects des capacités militaires, notamment la mobilité des forces, leur soutien logistique, leur capacité de se protéger et de prendre un ennemi à partie, et les systèmes de commandement, de contrôle et d’information qu’elles utilisent pour faire en sorte de pouvoir, au besoin, se déployer rapidement et efficacement vers les lieux où il pourrait être fait appel à elles pour gérer des crises, si nécessaire pour de longues périodes.

Pendant la Guerre froide, les plans de défense de l'OTAN portaient essentiellement sur le maintien des capacités nécessaires à la défense contre une agression éventuelle de l'Union soviétique et des pays du Pacte de Varsovie. Aujourd'hui, l'environnement de sécurité en Europe est devenu plus complexe. Les menaces les plus plausibles pour la sécurité proviennent de conflits à la périphérie de l'Europe, comme dans l'ex-Yougoslavie, ou de la prolifération des armes de destruction massive. En conséquence, l'OTAN doit désormais être prête à déployer des forces au delà des frontières de son territoire pour répondre à des crises, tout en étant capable de se défendre contre une agression délibérée.

En outre, comme en Bosnie-Herzégovine et au Kosovo, où des forces de l'OTAN sont actuellement déployées, il est probable que les futures opérations militaires de l'Alliance seront nettement différentes de celles qui étaient planifiées pendant la Guerre froide. Elles se dérouleront probablement en dehors du territoire de l'Alliance, pourraient durer de longues années et feront appel à des soldats de nombreux pays travaillant en étroite coopération - essentiellement des pays membres mais aussi, dans certains cas, des pays partenaires. En outre, les compétences requises pour des opérations de gestion des crises sont différentes de celles requises pour des opérations de guerre.

Pour relever ces nouveaux défis de sécurité, l'OTAN doit veiller à ce que ses forces disposent de l'équipement, des effectifs et de l'entraînement nécessaires pour mener à bien toutes leurs tâches. Les enseignements tirés des opérations menées en Bosnie-Herzégovine et au Kosovo ainsi que l'expérience d'opérations multinationales antérieures impliquant des pays de l'OTAN, comme celles menées dans le Golfe, en Somalie et en Haïti, ont montré à quel niveau des changements s'imposent.

L'Initiative sur les capacités de défense a été lancée pour faire en sorte que l'OTAN soit parée à toute éventualité. Un Groupe directeur de haut niveau a été créé pour superviser le programme. Ce Groupe, composé de hauts fonctionnaires venus des capitales et présidé par le Secrétaire général délégué de l'OTAN, se réunit régulièrement pour en examiner l'état d'avancement et orienter le processus.

Cette initiative a également été conçue pour contribuer au développement de l’Identité européenne de sécurité et de défense (IESD) en renforçant les capacités de défense de l’Europe et le pilier européen de l’OTAN, en vue de permettre aux Alliés européens d’apporter une contribution plus efficace et plus cohérente à l’OTAN (voir le chapitre 4).

La DCI s'est concentrée essentiellement sur les capacités de l’Alliance dans les cinq domaines suivants, qui se chevauchent :

  • "mobilité et aptitude au déploiement" : capacité de déployer rapidement des forces là où elles sont nécessaires, y compris dans des zones situées en dehors du territoire de l'Alliance;

  • "capacité de soutien" : capacité de maintenir et d'approvisionner des forces hors de leurs bases habituelles et de veiller à ce que des troupes fraîches soient mises à disposition en nombre suffisant pour des opérations de longue durée;

  • "efficacité de la prise à partie" : capacité de prendre efficacement un adversaire à partie dans tous les types d'opérations, depuis celles qui sont très exigeantes jusqu'à celles qui le sont le moins;

  • "surviabilité" : capacité de protéger les forces et l'infrastructure contre les menaces actuelles et futures;

  • "interopérabilité des communications" : systèmes de commandement, de contrôle et d'information compatibles entre eux et permettant aux forces de différents pays de coopérer efficacement.

Pour accroître la capacité de l'OTAN de déployer des forces dans des régions éloignées frappées par des crises, les pays membres examinent comment améliorer les dispositions relatives au transport des troupes et du matériel. On pourrait notamment partager les ressources et prendre des arrangements autorisant la réquisition d'aéronefs et de navires commerciaux, selon les besoins. L'utilisation de moyens commerciaux devrait être réglementé par des dispositions juridiques claires établies bien à l'avance.

La logistique est un élément crucial dans toute opération militaire. La DCI a pour objectif d'augmenter les effectifs des unités logistiques des Alliés et de renforcer leurs capacités. La possibilité de mettre en commun les moyens logistiques est également examinée afin d'accroître l'efficacité. Cela aboutira à la création de Centres logistiques interarmées multinationaux dans le cadre du concept relatif aux Groupes de forces interarmées multinationales (voir le chapitre 12).

Il est possible, grâce aux techniques modernes, d'appliquer la force militaire avec discernement, ce qui réduit les dommages collatéraux et peut raccourcir la durée d'un conflit en montrant qu'une agression continue n'a aucune chance de réussir. Ces techniques concernent notamment les systèmes d'armes jour/nuit et tous temps et les munitions à guidage de précision. La DCI porte également sur ces domaines.

Afin d'améliorer la protection et la surviabilité des forces engagées dans des opérations militaires, l'OTAN examine comment renforcer les capacités militaires dans ces domaines. L'amélioration des systèmes de reconnaissance et de surveillance, des systèmes de défense aérienne et des systèmes de neutralisation de la menace posée par des armes de destruction massive est actuellement examinée.

Parallèlement, alors que les forces de différents pays coopèrent de plus en plus étroitement - par exemple dans le cadre d’opérations de gestion des crises - il devient de plus en plus nécessaire de veiller à ce qu’elles puissent communiquer efficacement à tous les niveaux etque les progrès de la technologie soient exploités le mieux possible pour élaborer des méthodes de communication à usage militaire, sans nuire à l'interopérabilité des communications.

L’Initiative sur les capacités de défense a apporté certaines améliorations, mais les progrès ont été inégaux. Par conséquent, d’autres mesures visant des améliorations notables seront adoptées au Sommet de Prague de novembre 2002, où les chefs d’Etat et de gouvernement devraient lancer une nouvelle initiative. Celle-ci sera en principe axée sur un petit nombre de capacités essentielles pour la gamme complète des missions de l’Alliance. Elle contribuera également à renforcer les capacités de défense contre le terrorisme. Les principaux domaines visés, qui ont été définis par les Ministres de la défense des pays de l’OTAN dans leur déclaration du 6 juin 2002, sont :

  • la défense contre les attaques chimiques, biologiques, radiologiques et nucléaires;
  • la supériorité des systèmes protégés de commandement, de communications et d’information;
  • l’amélioration de l’interopérabilité des forces déployées et des aspects essentiels de l’efficacité au combat;
  • le déploiement rapide et le maintien en puissance des forces de combat.