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Mise jour: 30-Jan-2003 Publications OTAN

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Chapitre 1: Qu'est-ce que l'OTAN?
Terrorisme et apparition de nouvelles menaces

Le 11 septembre 2001, le Pentagone, à Washington, et le World Trade Center, à New York, ont été les cibles de terribles attentats terroristes, qui ont fait des milliers de morts, tant au sol que parmi les passagers et les équipages des avions de ligne détournés. Des citoyens de nombreuses nationalités différentes ont perdu la vie à cette occasion. Encore sous le choc, le monde a réagi en se déclarant solidaire du peuple des Etats-Unis et en prenant des mesures pratiques pour lui apporter son aide.

L'impact des événements du 11 septembre sur l'Alliance a été immédiat et direct. En décidant d'invoquer l'article 5 du Traité de l'Atlantique Nord. La signification politique de cette décision réside dans le fait que l'article 5 du Traité, pierre angulaire de l'Alliance depuis sa fondation, prévoit que chacun des Alliés s'engage à considérer toute attaque contre l'un ou plusieurs d'entre eux survenant en Europe ou en Amérique du Nord comme une attaque dirigée contre tous.

L'invocation de l'article 5 a pris effet quelques jours plus tard et s'est réellement concrétisée le 4 octobre, dès qu'il a été établi que les Etats-Unis étaient en possession d'informations prouvant clairement la responsabilité du réseau terroriste Al-Qaida, dirigé par Oussama ben Laden et protégé par le régime taliban en Afghanistan.

A la demande des Etats-Unis, les Alliés ont décidé de prendre huit mesures, individuellement et collectivement, pour appliquer l'article 5. Ainsi, pour la première fois en cinquante ans d'existence de l'OTAN, des moyens alliés ont été déployés à l'appui d'opérations "relevant de l'article 5". Les Alliés ont décidé d'envoyer aux Etats-Unis des avions faisant partie du système aéroporté de contrôle et de détection lointaine (AWACS) de l'OTAN, et des forces navales de l'Alliance ont été déployées dans l'est de la Méditerranée. Les forces dirigées par l'OTAN dans les Balkans sont également intervenues contre des groupes terroristes ayant des liens avec le réseau Al-Qaida, et elles continuent de participer à la campagne plus large de lutte contre le terrorisme.

D'autres mesures ont été prises immédiatement par les pays membres de l'OTAN pour donner suite aux demandes des Etats-Unis, notamment un renforcement de la coopération, la fourniture d'aide sous diverses formes aux Alliés ou aux autres pays sous la menace du terrorisme ou susceptibles de l'être, une amélioration de la sécurité des installations des Etats-Unis et d'autres pays alliés se trouvant sur le territoire national, le remplacement dans la zone de l'OTAN de moyens affectés aux opérations de lutte contre le terrorisme, et l'ouverture aux Etats-Unis et aux autres Alliés de ports et d'aérodromes sur le territoire national, pour des opérations de lutte contre le terrorisme.

Parallèlement à ces mesures, et au sein de l'OTAN, les consultations et les échanges d'informations sur la lutte contre la menace terroriste se sont intensifiés. A la lumière des événements du 11 septembre, l'Alliance a également accru ses efforts visant à promouvoir une coopération étroite pour contrer les menaces que représente l'utilisation d'armes nucléaires, biologiques et chimiques de destruction massive ainsi qu'à renforcer ses capacités de défense. L'on examine actuellement les différentes manières pour l'Alliance de mieux aider les autorités nationales à protéger les populations contre les dangers que représentent ces formes de terrorisme.

A la suite des événements du 11 septembre, le Conseil de partenariat euro-atlantique (CPEA), le Conseil conjoint permanent OTAN-Russie (CCP), la Commission OTAN-Ukraine (COU) et les pays participant au Dialogue méditerranéen de l’OTAN se sont tous associés à l’OTAN pour condamner les attentats et offrir leur soutien aux Etats-Unis. L’OTAN continue de recourir largement à ces mécanismes pour consulter ses pays partenaires et examiner les possibilités de prendre d’autres mesures. La lutte contre le terrorisme occupe également une place importante dans la liste des domaines identifiés par l’OTAN et la Russie pour la coopération dans le cadre du Conseil OTAN-Russie, qui a succédé au CCP à la fin du mois de mai 2002.

L'OTAN cherche également à exploiter le potentiel du processus de Dialogue méditerranéen pour contribuer à la sécurité et à la stabilité en Méditerranée et parvenir à une meilleure compréhension mutuelle. L'Alliance a souligné que le terrorisme constituait une menace pour toutes les sociétés et les valeurs humaines universelles, et que la campagne de lutte contre le terrorisme n'était pas une lutte contre l'islam ou les populations innocentes d'une région ou d'un pays donné. En effet, à plusieurs occasions ces dernières années, les Alliés n'ont pas hésité à agir et à risquer la vie de leurs citoyens pour défendre les droits de l'homme et protéger de la persécution des civils innocents, dont certains de religion musulmane. De plus, de nombreux pays ayant une population majoritairement musulmane, y compris la Turquie, qui est un membre important de l'OTAN, ont rejoint la coalition internationale de lutte contre le terrorisme. Il est significatif que les attentats du 11 septembre aient été vigoureusement condamnés par l'Organisation de la Conférence islamique, qui les a qualifiés de contraires à l'enseignement de toutes les religions. L'Organisation a souligné qu'elle soutenait les efforts internationaux visant à traduire en justice les auteurs des attentats.

L'élimination du terrorisme exigera un effort vaste et de longue haleine faisant appel à l'action politique, économique, diplomatique et coercitive, et à la tactique militaire. Par conséquent, les pays membres de l'OTAN admettent la nécessité d'une approche multiple à long terme impliquant individuellement les Alliés, en leur qualité de membres de l'OTAN et d'autres organisations internationales comme les Nations Unies, l'OSCE et l'Union européenne.

Les Alliés ont agi promptement pour montrer qu'ils étaient solidaires des Etats-Unis et soutenir les premières mesures de la campagne de lutte contre le terrorisme, y compris les opérations militaires dirigées par les Etats-Unis contre des cibles terroristes en Afghanistan. Bien que l'Alliance elle-même n'assume actuellement pas de rôle opérationnel direct dans les actions militaires contre l'ancien régime des talibans et le réseau Al-Qaida, elle fournit une aide pratique et répond aux demandes spécifiques des Etats-Unis. En outre, plusieurs Alliés prennent part aux opérations et, comme dans le cas de la coalition formée en 1991 après l'invasion du Koweit par l'Iraq, les Etats-Unis et les autres Alliés concernés ont tiré profit de l'interopérabilité de leurs forces et de l'expérience et l'entraînement acquis grâce à une collaboration efficace au sein de l'OTAN.

Les actions consécutives aux attaques du 11 septembre, dirigées par les Etats-Unis ont permis de faire tomber le régime des talibans en Afghanistan, de le remplacer par un gouvernement intérimaire attaché à la paix et à la reconstruction du pays, et de détruire et paralyser de larges pans du réseau Al-Qaida. Les Alliés considèrent cette action comme parfaitement justifiée au regard du droit international, y compris l'article 51 de la charte des Nations Unies, qui garantit à ses membres le droit de légitime défense, individuelle ou collective. Les résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies, qualifiant les attentats du 11 septembre de menaces à la paix et à la sécurité internationales, soutiennent également les mesures prises par les Etats-Unis pour se défendre.

Compte tenu du contexte politique général dans lequel s'inscrit la coopération internationale mise en place pour faire face aux menaces nouvelles qui pèsent sur la paix et la sécurité, l'Alliance reconnaît que la situation sur le terrain en Afghanistan reste instable et qu'une extrême vigilance est de mise car il reste possible que des talibans et des éléments d'Al-Qaida ou des sympathisants recourent à la violence. Les pays membres de l'Alliance soutiennent les efforts internationaux visant la stabilisation et la reconstruction de l'Afghanistan après la chute du régime des talibans et ils ont appelé à la poursuite de l'engagement international en faveur de ce pays afin de veiller à ce qu'il ne redevienne jamais un sanctuaire pour les terroristes. Des Alliés continuent à titre individuel de contribuer aux efforts d'aide humanitaire. Plusieurs membres de l'OTAN, de même qu'un certain nombre d'autres pays, participent à une Force internationale d'assistance à la sécurité (ISAF), dirigée en ce moment par la Turquie et constituée en vertu d'un mandat des Nations Unies concernant une force de sécurité multinationale chargée d'aider le gouvernement afghan dans le processus de stabilisation et de reconstruction.

En décembre 2001, les Ministres des affaires étrangères ont décidé d'élaborer, pour le Sommet de l'Alliance qui doit se tenir à Prague en novembre 2002, une série de mesures visant à renforcer les capacités de l'Alliance et son engagement avec ses Partenaires pour faire face au défi que représente le terrorisme. Cette décision a été entérinée par les Ministres de la défense de l'OTAN à leur réunion de la fin de l'année, lorsqu'ils ont examiné comment adapter les moyens militaires des pays membres de l'OTAN aux menaces nouvelles.

Les mesures à adopter, qui ont été définies par les Ministres de la défense en juin 2002, devraient comprendre entre autres le renforcement des capacités de défense contre les attaques chimiques, biologiques, radiologiques et nucléaires, l’amélioration de la supériorité des systèmes protégés de commandement, de communications et d’information, l’amélioration de l’interopérabilité des forces déployées et des aspects essentiels de l’efficacité au combat et le déploiement rapide et le maintien en puissance des forces de combat.

Au fil de l’année 2002, l’Alliance a continué de centrer ses travaux et ses activités sur les priorités découlant des attentats du 11 septembre. En prévision du Sommet de Prague de la fin de l’année et de décisions importantes visant à poursuivre la transformation de l’OTAN afin que celle-ci puisse relever de nouveaux défis, six thèmes majeurs ont pu être définis, à savoir :

  • adapter l’Alliance pour lui permettre de réagir aux nouvelles menaces, dont le terrorisme;
  • poursuivre le processus d’élargissement et la mise en œuvre du Plan d’action pour l’adhésion (MAP);
  • développer les capacités nécessaires dans les domaines opérationnels essentiels afin d’accroître l’efficacité des forces de l’Alliance;
  • établir de nouvelles relations et renforcer la coopération dans le cadre du Conseil de partenariat euro-atlantique (CPEA), du nouveau Conseil OTAN-Russie, de la Commission OTAN-Ukraine et du Dialogue méditerranéen;
  • développer le partenariat stratégique entre l’OTAN et l’Union européenne;
  • respecter l’engagement de l’OTAN en faveur de la paix et de la stabilité dans les Balkans.

Toutes ces questions et leurs développements sont abordés dans les chapitres suivants.