![]() |
Mise jour: 03-Jan-2003 | Publications OTAN |
Info |
Préface11 Septembre 2001La mise en œuvre de l'ensemble des mesures politiques décidées lors du Sommet de Washington, en avril 1999, a occupé les mois suivants et accompagné le passage au nouveau millénaire. Les activités se sont intensifiées sur toute la gamme des questions de sécurité qui intéressent l'Alliance. Outre l'attention accordée à des questions comme la gestion des crises et les opérations de soutien de la paix, les capacités de défense, l'Identité européenne de sécurité et de défense, l'arrivée de nouveaux pays membres et la coopération et le partenariat avec d'autres pays, les développements dans des domaines connexes comme la défense antimissile ont également occupé le devant de la scène. En 2001, le gouvernement de George Bush, élu depuis peu à la Présidence des Etats-Unis, a pris de nouvelles initiatives dans ces domaines, avec des conséquences très importantes en matière de contrôle des armes nucléaires : les Etats-Unis se sont ainsi retirés du Traité de 1972 sur la défense antimissile balistique (ABM). La détérioration de la situation dans l'ex-République yougoslave de Macédoine(1) et, finalement, le succès des efforts déployés par le gouvernement de ce pays, l'OTAN et la communauté internationale pour empêcher l'escalade, ont également largement mobilisé l'attention en 2001. Toutefois, la communauté internationale était guère préparée aux événements à venir, qui allaient créer des ondes de choc dans le monde entier et avoir des effets profonds sur l'ensemble de la situation de sécurité. Le 11 septembre 2001, aux Etats-Unis, des terroristes ont détourné quatre avions civils des lignes intérieures, avec passagers et équipages, peu après leur envol; ces appareils, dont les réservoirs de carburant étaient pleins, ont ensuite été dirigés vers New York et Washington, où trois d'entre eux ont été utilisés pour des attaques directes contre le Pentagone et le World Trade Centre. Le quatrième avion s'est écrasé dans un champ en Pennsylvanie, après que les passagers ont semble-t-il tenté héroïquement de neutraliser les pirates et de détourner l'appareil de sa cible probable. Aucun des passagers n'a survécu. Les attaques contre New York et Washington ont fait des milliers de victimes, parmi lesquelles tous les passagers et membres d'équipage des appareils ainsi que de nombreuses personnes au sol. Les tours jumelles du World Trade Centre ont été entièrement détruites et plus de 2 500 de leurs occupants ont péri; une partie considérable du Pentagone a également été détruite et de nombreux civils et militaires y ont trouvé la mort. Des ressortissants de nombreux pays ont perdu la vie. Le monde, sous le choc, a réagi presque unanimement en se déclarant solidaire du peuple des Etats-Unis et en prenant des mesures concrètes pour lui venir en aide. Dans les semaines qui ont suivi, on a assisté à la formation, à l'initiative des Etats-Unis, d'une coalition mondiale sans précédent contre le terrorisme, composée de tous les membres de l'OTAN et d'autres pays, unis dans leur détermination à éradiquer la menace que le terrorisme fait peser sur la sécurité et la stabilité mondiales. Ces événements ont eu de profondes incidences sur l'ensemble de la sécurité internationale et continuent d'influencer les politiques de sécurité, au niveau national comme international. Pour la première fois dans l'histoire de l'Alliance, les pays de l'OTAN ont invoqué l'Article 5 du Traité de l'Atlantique Nord, déclarant qu'une attaque armée contre les Etats-Unis constituait une attaque contre tous les membres de l'Alliance. Cette démarche sans précédent a fait suite aux condamnations prononcées dans les termes les plus vifs par les dirigeants des pays du monde entier et leurs représentants. Le jour des événements, le Secrétaire général de l'OTAN a parlé d'attaques insensées et barbares, déclarant qu'elles représentaient autant d'atteintes intolérables contre la démocratie et soulignant la nécessité, pour la communauté internationale et pour les membres de l'Alliance, de faire front commun pour combattre le fléau du terrorisme. Dans la soirée, le Conseil de l'Atlantique Nord a exprimé sa sympathie aux victimes, à leurs familles et à l'ensemble de l'Amérique, condamnant de manière unanime le massacre insensé de civils innocents. Qualifiant les attaques d'actes de violence inacceptables et sans précédent à l'ère moderne, le Conseil a insisté sur l'urgence d'un renforcement de la lutte contre le terrorisme. Il a adressé au peuple des Etats Unis un message de solidarité et de soutien et déclaré à l'intention des auteurs de ces actes terroristes qu'ils n'atteindraient pas leur but. Le Conseil de l'Atlantique Nord s'est réuni à nouveau le 12 septembre. Il est convenu à cette occasion que, s'il était établi que l'attaque avait été dirigée depuis l'étranger contre les Etats-Unis, elle serait assimilée à une action relevant de l'Article 5 du Traité de Washington, qui fixe le principe fondamental de la défense collective et constitue la base de la solidarité politique qui unit les pays membres de l'OTAN. L'Article 5 stipule qu'une attaque armée contre l'un ou plusieurs des pays alliés, en Europe ou en Amérique du Nord, sera considérée comme une attaque dirigée contre tous les Alliés. Le Conseil a déclaré que les Alliés des Etats-Unis au sein de l'OTAN se tenaient prêts à leur apporter l'assistance qui pourrait être nécessaire à la suite de ces actes de barbarie. Dans les jours qui ont suivi, des déclarations condamnant les attaques ont également été faites par le Conseil conjoint permanent OTAN-Russie réuni en session extraordinaire, par la Commission OTAN-Ukraine et par le Conseil de partenariat euro atlantique. Dans une déclaration faite le 4 octobre, le Secrétaire général de l'OTAN, Lord Robertson, annonçait que suite à leur décision d'invoquer l'Article 5, les membres de l'OTAN avaient décidé, à la demande des Etats-Unis, de prendre un certain nombre de mesures, à titre individuel et collectif, pour élargir les options disponibles dans la campagne de lutte contre le terrorisme. Ils s'étaient spécifiquement entendus pour :
Le Conseil de l'Atlantique Nord est aussi convenu que l'Alliance était prête à déployer des éléments de ses forces navales permanentes en Méditerranée orientale pour assurer une présence de l'OTAN et montrer sa détermination, et qu'elle était également prête à déployer des éléments de sa force aéroportée de détection lointaine pour appuyer des opérations contre le terrorisme. Ces mesures ont concrétisé l'Article 5 du Traité, lorsqu'il a été établi que l'attaque du 11 septembre avait été dirigée depuis l'étranger ; elles ont montré clairement la détermination des Alliés et leur engagement d'appuyer la lutte contre le terrorisme conduite par les Etats Unis et d'y contribuer. Au cours des jours suivants, chacune de ces mesures a pris effet grâce à des décisions pertinentes du Conseil de l'Atlantique Nord. Cinq appareils de détection lointaine et de contrôle (AWACS) de l'OTAN, avec des équipages internationaux issus de douze pays de l'OTAN, ont été déployés aux Etats-Unis pour fournir des moyens indispensables de surveillance aérienne et de détection lointaine. Le déploiement de cette force, le 9 octobre, a libéré des moyens AWACS américains équivalents, qui ont pu ainsi être affectés au soutien des opérations contre le terrorisme. Le 16 janvier 2002, le Conseil de l'Atlantique Nord a approuvé le déploiement de deux appareils AWACS supplémentaires pour venir appuyer les cinq déjà en place. Ces déploiements se sont poursuivis jusqu'au 11 mai 2002. En octobre 2001, et consécutivement à une autre décision du Conseil de l'Atlantique Nord, la Force navale permanente en Méditerranée (STANAVFORMED) a également été déployée afin d'assurer une présence militaire alliée dans l'est de la Méditerranée. Cette force, qui fait partie des forces de réaction immédiate de l'OTAN, se compose de neuf navires mis à disposition par huit pays de l'OTAN. Elle a pour mission d'afficher la détermination de l'Alliance et sa solidarité avec les Etats-Unis, et doit constituer le noyau autour duquel une force plus polyvalente et puissante serait mobilisable en cas de nécessité. Les événements du 11 septembre 2001 ont sans aucun doute marqué un tournant dans l'histoire moderne : ils ont en effet eu des répercussions sur tous les domaines de l'activité internationale et profondément influencé la manière dont les gouvernements, dans le monde entier, vont désormais envisager leurs responsabilités pour ce qui concerne la sûreté et la sécurité quotidiennes de leurs pays. Le terrorisme n'est pas un phénomène nouveau. En effet, depuis de nombreuses années, des menaces allant du détournement d'avion (où passagers et équipages étaient retenus contre une demande de rançon) aux tentatives d'assassinat (parfois réussies) et aux prises d'otages individuelles, ont retenu l'attention des médias de la planète et constitué la toile de fond permanente des relations internationales. Pourtant, l'ampleur du désastre auquel le monde s'est trouvé confronté au matin du 12 septembre était sans précédent. Les conséquences allaient bien au-delà de la destruction physique et pouvaient se mesurer, comme aucune attaque terroriste auparavant, dans la conscience de chaque personne ayant assisté à ces événements. La brutalité impitoyable des instigateurs des attaques du 11 septembre, l'ampleur des préparatifs qu'elles ont dû nécessiter, les souffrances effroyables et indescriptibles infligées à des citoyens américains innocents ainsi qu'aux ressortissants de nombreux autres pays présents ce jour-là à Washington et dans les deux célèbres tours du World Trade Centre, et la nature insaisissable des auteurs présumés de ces attaques, ennemis des populations éprises de paix, sont autant d'éléments qui ont contribué au traumatisme collectif, faisant du 11 septembre 2001 une date funeste qui va changer le cours des relations mondiales. Avant le 11 septembre, le monde était préoccupé par les conflits régionaux et les luttes acharnées qui touchaient certaines zones limitées du globe, détruisant les vies de ceux qui s'y trouvaient entraînés, mais ces conflits s'observaient de loin, avec le détachement que génèrent trop souvent l'habitude et la résignation. Le citoyen ordinaire ou le touriste moyen reléguait ces événements dans un coin de son esprit et continuait à mener une vie relativement normale. Collectivement ou individuellement, il ne se sentait pas menacé. Après le 11 septembre, aucun secteur des activités nationales ou internationales n'allait plus pouvoir fonctionner comme avant. Aucun citoyen ne pourrait plus désormais oublier ces événements ni s'appuyer sur les hypothèses du passé. Auparavant, le monde n'était peut-être pas un endroit particulièrement sûr mais, s'il semblait bien exister une tendance, c'était celle d'une réduction des conflits et des hostilités. Pour la plupart des citoyens du monde, la vie continuait comme avant, quels que soient les gros titres des journaux. Par la suite, cependant, on a assisté à l'émergence de nouvelles menaces qui ne pouvaient plus être contenues dans les frontières d'un pays ou d'une région, ni être reléguées au second plan des préoccupations internationales. L'Histoire n'attend pas. La chronique des événements postérieurs au 11 septembre reste encore à écrire et ils demeureront au centre des préoccupations des pays et des populations pour les années à venir, mais une évolution significative est tout de même intervenue au cours des mois suivants ; elle s'est matérialisée par l'adoption de mesures politiques, militaires et économiques concrètes visant à adapter les politiques et les structures institutionnelles et à leur permettre de relever les défis posés par l'apparition de nouvelles menaces. Le Conseil de l'Atlantique Nord ne fait pas exception à la règle. La manière dont il a réagi et les mesures qu'il a prises jusqu'à maintenant pour faire face aux défis posés par ces nouvelles menaces pour la sécurité internationale sont décrites plus en détail au chapitre 1. Le Conseil étudie de manière approfondie les autres mesures qui pourraient s'avérer nécessaires, et devrait encore connaître des évolutions dans l'avenir, de manière à être pleinement préparé à répondre aux exigences que les pays membres pourraient exprimer en réponse aux attaques sans précédent contre l'un d'entre eux. Parallèlement, l’Alliance poursuit ses activités dans d’autres domaines. Un des événements les plus marquants de l’année 2002, induit par les attentats terroristes de septembre 2001, a été la création du nouveau Conseil OTAN-Russie et la signature de la Déclaration de Rome le 28 mai 2002, annonciatrices d’une ère qualitativement nouvelle dans l’évolution des relations OTAN-Russie. Le Conseil OTAN-Russie réunit les membres de l’OTAN et de la Russie au sein d’une nouvelle instance composée de vingt pays qui a pour principal objet la consultation et l’établissement de consensus, mais aussi la coopération pratique, la prise de décision conjointe et l’action conjointe dans des domaines d’intérêt commun. La présente édition du Manuel de l’OTAN décrit cette évolution ainsi que le processus d’adaptation et de changement global entrepris et les décisions prises par l’Alliance dans la perspective du Sommet de Prague, qui se tiendra en novembre 2002. ![]() |