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Partie III: Organisation et Structures |
Le rôle des forces armées alliées
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Les changements importants qui se sont produits dans le contexte de sécurité
ont renforcé le rôle du dialogue et de la coopération politiques,
et accru les possibilités de règlement des crises par des moyens politiques.
Cependant, la politique de l'Alliance prévoit également le maintien d'un
potentiel militaire suffisant pour prévenir la guerre et assurer une défense
efficace ainsi que d'une capacité globale de gérer avec succès des
crises mettant en cause la sécurité de ses membres. La fonction
première des forces armées alliées, qui consiste à
garantir la sécurité et l'intégrité territoriale des pays
membres, demeure donc inchangée. Dans le nouveau contexte stratégique,
cette mission doit s'accomplir d'une manière qui permette de tenir compte de
l'existence, non plus d'une menace unique, mais de risques multiples pouvant avoir des
origines diverses.
Les forces de l'Alliance sont organisées de façon à demeurer
parfaitement capables d'assumer les différentes fonctions que les circonstances
pourraient exiger d'elles en temps de paix, en période de crise ou en temps
de guerre. En temps de paix, elles ont pour rôle de protéger les
Alliés contre les risques susceptibles de compromettre leur sécurité
et de contribuer au maintien de la stabilité et de l'équilibre en Europe
ainsi qu'à la préservation de la paix. En participant aux activités
destinées à accroître la confiance, y compris celles qui
améliorent la transparence et la communication, et en jouant un rôle dans
la vérification de l'application des accords de maîtrise des armements,
elles concourent à la réalisation des objectifs de l'OTAN, à savoir
intensifier le dialogue et la coopération dans l'ensemble de l'Europe.
Ensuite, en cas de crise pouvant conduire à l'apparition d'une menace militaire
pour la sécurité des pays membres, les forces alliées doivent
être en mesure de compléter et de renforcer les initiatives politiques, ainsi
que de contribuer à la gestion de la crise et à un règlement pacifique.
Elles doivent donc avoir les moyens de réagir, avec modération et
rapidité, à des situations de crise. Enfin, l'éventualité
d'une guerre - bien qu'improbable - ne pouvant être tout à fait exclue,
il importe que les forces alliées fournissent une protection essentielle contre
les risques possibles, au niveau minimum nécessaire pour empêcher tout
conflit et, en cas d'agression, pour rétablir la paix et l'intégrité
territoriale des Etats membres.
Le maintien de moyens militaires adéquats et la volonté affirmée d'oeuvrer collectivement à la défense commune demeurent par conséquent essentiels à la réalisation des objectifs de l'Alliance en matière de sécurité. Le principe fondamental de la défense alliée se concrétise dans des dispositions pratiques qui permettent aux membres de l'Alliance de bénéficier des avantages politiques, militaires et matériels d'une telle défense. Ces dispositions reposent sur une structure militaire intégrée, ainsi que sur des accords de coopération et de coordination conclus entre les pays membres. Parmi les éléments clés de la structure intégrée, on peut citer : l'élaboration de plans de forces collectifs et de plans opérationnels communs; la constitution de formations multinationales; le stationnement de forces en dehors de leur territoire national, le cas échéant sur une base de réciprocité; des dispositions pour la gestion des crises et ls renforts; des procédures de consultation; l'établissement de normes communes pour les matériels, l'entraînement et la logistique; l'organisation d'exercices intégrés et conjoints et la coopération dans les domaines de l'infrastructure, de l'armement et de la logistique. Tous les pays membres affectent des forces à la structure de commandement intégrée, à l'exception de l'Islande (qui ne dispose pas de forces armées), ainsi que de la France et de l'Espagne, pour lesquelles existent des arrangements particuliers de coopération et de coordination.
Le concept stratégique de l'Alliance, adopté par les chefs d'Etat et de gouvernement de l'OTAN à leur Sommet de novembre 1991, souligne le caractère défensif de la défense collective et l'indivisibilité de la sécurité des Alliés. Il reconnaît toutefois que la dimension militaire de l'OTAN demeure un facteur essentiel dans la réalisation de ses objectifs plus larges en matière de sécurité. La combinaison des forces nucléaires et conventionnelles constitue la dimension militaire. Ces deux catégories de forces jouent un rôle aussi bien politique que militaire. L'objectif fondamental des forces nucléaires de l'Alliance, en particulier, est politique : préserver la paix et la stabilité, prévenir la coercition et toute forme de guerre, et contribuer à la lutte contre les menaces de prolifération. Dans les conditions actuelles, il est très peu probable que l'Alliance soit contrainte d'envisager l'emploi d'armes nucléaires pour sa défense. Cependant, les forces nucléaires continuent à jouer un rôle essentiel en maintenant l'incertitude dans l'esprit de tout agresseur sur la nature de la riposte des Alliés à une agression militaire. Elles démontrent qu'une agression, quelle qu'en soit sa forme, n'est pas une option rationnelle. La garantie suprême de la sécurité des Alliés est assurée par les forces nucléaires stratégiques de l'Alliance, en particulier celles des Etats-Unis. Les forces nucléaires indépendantes du Royaume-Uni et de la France, qui jouent un rôle de dissuasion qui leur est propre, contribuent à la dissuasion et à la sécurité globales des Alliés.
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