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A. Introduction - L'élargissement de l'OTAN dans son
contexte général
- L'OTAN joue un rôle essentiel au sein de
l'architecture de sécurité européenne qui se
développe. L'appartenance à l'OTAN
de pays alliés animés d'un même esprit et
déterminés à travailler
ensemble a contribué, pendant les quarante-cinq
années d'existence de l'Organisation, à améliorer fondamentalement la
nature des relations entre les Etats membres. De plus, l'engagement pris par
tous les Alliés d'assurer mutuellement la défense
de leurs territoires a fait ses preuves pendant plus de quatre
décennies, en tant que point d'ancrage de la stabilité et de la
confiance en Europe. Cet engagement a aidé les pays alliés
à se doter de moyens militaires puissants et souples, strictement placés sous
contrôle politique. Le fait que l'OTAN s'appuie sur la défense
collective garantit qu'aucun pays allié n'est contraint de compter
uniquement sur ses propres moyens pour répondre aux principaux
défis de sécurité. Partager ces avantages avec de nouveaux
membres peut contribuer à étendre la sécurité et
la stabilité en Europe.
L'élargissement de l'OTAN s'inscrira dans le cadre de
l'évolution plus générale de la coopération et de la
sécurité en Europe qui est
actuellement en cours. L'élargissement ne doit être
considéré que comme un élément important d'une vaste architecture
de sécurité européenne qui transcende et rend obsolète la
notion de "lignes de division" en Europe.
- Le débat actuel sur l'élargissement se
déroule dans des conditions très différentes de celles qui
prévalaient à l'époque
de la guerre froide. Dans ce contexte, la décision
d'admission de nouveaux membres doit refléter le fait que les
défis et les risques
auxquels l'OTAN doit faire face aujourd'hui en matière de
sécurité ont changé de nature. En 1991, il était
indiqué dans le concept stratégique que "la menace d'attaque massive et
simultanée sur tous les fronts européens de l'OTAN a bel et bien
été éliminée...".
Depuis lors, le risque de voir réapparaître une
menace militaire de grande envergure s'est encore atténué. Il
subsiste néanmoins des risques pour la sécurité de l'Europe, qui se
présentent sous des formes complexes et proviennent de directions multiples, ce qui
les rend difficiles à prévoir et à
évaluer. L'OTAN doit être capable
de faire face à de tels risques et défis nouveaux
à mesure qu'ils apparaîtront, si l'on veut que la stabilité en
Europe et la sécurité des membres de l'Alliance, anciens et
nouveaux, soient préservées. Pour leur part, de nombreux pays
aspirent à devenir membres de l'OTAN dans le contexte plus large de
l'adhésion aux structures européennes et euro-atlantiques existantes et
du renforcement de leur sécurité et de leur
stabilité.
- La stabilité et la sécurité en
Europe seront renforcées
grâce à un processus évolutif, tenant compte
des éléments nouveaux
sur le plan politique et sur celui de la sécurité
dans l'ensemble de l'Europe. L'élargissement de l'OTAN fera partie de ce
processus, il ne menacera personne et il apportera une contribution à
une vaste architecture de sécurité européenne en
pleine évolution, fondée sur une coopération véritable
à travers toute l'Europe, en accroissant la stabilité et la sécurité de
tous.
- L'architecture européenne de
sécurité se compose
d'institutions européennes (telles que l'Union
européenne et l'Union de l'Europe occidentale) et transatlantique (OTAN). Elle
comprend également l'OSCE, qui réunit tous les
Etats du continent ainsi que les pays nord-américains, et qui est ainsi
l'institution européenne de sécurité la plus large, dans
le cadre de laquelle ont été conclus des accords d'une importance
particulière pour la sécurité européenne (Traité FCE et
Pacte de stabilité). L'OTAN a développé, quant à elle, des arrangements de
coopération : le CCNA et le Partenariat pour la paix. La coopération
s'inscrivant dans le cadre du CCNA/PfP continuera à jouer un rôle
important dans l'architecture de sécurité européenne,
s'agissant à la fois de l'élargissement de l'Alliance et du renforcement des
relations de celle-ci avec les pays partenaires qui pourraient ne pas devenir
membres de l'Alliance prochainement ou ultérieurement. Ce
sujet est traité au Chapitre 3.
- L'élargissement aura des incidences pour tous
les pays d'Europe, y compris les Etats qui ne deviendront pas membres de
l'OTAN prochainement ou ultérieurement. Il importera
d'entretenir des relations de coopération actives avec les pays qui
n'adhèrent pas à l'Alliance, en vue d'éviter de créer
des divisions ou des incertitudes en Europe et d'assurer une approche large et
inclusive de la sécurité fondée sur la
coopération. L'Alliance devrait faire
valoir qu'il ne peut être question de "sphères
d'influence" dans l'Europe d'aujourd'hui. Les relations de l'OTAN avec d'autres
Etats européens, qu'il s'agisse ou non de Partenaires de la
coopération, sont des éléments importants à prendre en
considération dans toute
décision visant à engager le processus
d'élargissement, comme l'est
le renforcement de la sécurité pour les Etats qui
pourraient ne pas devenir membres de l'OTAN. Toute décision en ce sens aura
des répercussions importantes sur le contexte de la
sécurité en Europe,
et le moment où elle sera prise devra donc faire l'objet
d'un examen attentif.
La mise en pratique du programme de partenariat individuel de la
Russie dans le cadre du PfP et celle de notre dialogue et de
notre coopération avec la Russie au-delà du PfP
contribueront ensemble à renouveler et à étendre la
coopération entre l'Alliance et la
Russie, coopération dont nous estimons qu'elle est de
nature à accroître la stabilité et la sécurité
en Europe, dans le cadre de notre approche générale du développement
d'une architecture de sécurité européenne fondée sur la
coopération. De même, nous
entendons poursuivre le développement de nos relations
avec tous les nouveaux Etats indépendants, dont
l'indépendance et le
caractère démocratique constituent un important
facteur de sécurité
et de stabilité en Europe. Dans ce contexte, nous
accordons une
importance particulière à nos relations avec
l'Ukraine, que nous
comptons développer davantage, spécialement
grâce à une coopération
accrue dans le cadre du PfP.
B. L'élargissement de l'OTAN et les autres institutions
européennes de sécurité, en particulier
l'OSCE, l'UE et l'UEO
- Il existe plusieurs institutions qui ont un rôle
critique à jouer dans l'architecture de sécurité
européenne qui se dessine.
Il importe d'évaluer l'élargissement de l'OTAN en
se demandant en quoi il peut contribuer à assurer la stabilité et
la sécurité de concert avec ces autres institutions.
- Etant l'institution la plus large de l'architecture de
sécurité européenne, l'OSCE a un rôle
clé à jouer, s'agissant de
maintenir la sécurité et de transcender les
divisions en Europe, et il faut continuer de la renforcer, indépendamment de
l'élargissement de l'OTAN. Une OSCE plus forte
contribuerait à fournir les assurances voulues aux Etats qui pourraient ne pas
devenir membres de l'OTAN prochainement ou ultérieurement.
Dans ses vingt années d'existence, l'OSCE a établi des
moyens uniques de contribuer à la sécurité et à la
stabilité dans des domaines tels
que l'alerte rapide, la prévention des conflits et la
gestion des crises, les mesures de confiance et de sécurité, la
coopération économique et la promotion de la démocratie et des
droits de l'homme.
- Les activités de l'OSCE et de l'OTAN sont
complémentaires et se renforcent mutuellement. L'OTAN constitue un important
forum pour des consultations politiques entre Alliés
animés d'un même esprit, de même qu'elle fournit des moyens militaires
uniques pour permettre de relever les défis en matière de
sécurité. Les engagements pris par l'OTAN pour le soutien, au cas par cas et
selon les procédures de l'Alliance, d'activités de
maintien de la paix relevant de la responsabilité de l'OSCE et
d'opérations de maintien de la paix menées sous l'autorité du
Conseil de sécurité des Nations Unies, resteront valables après un
élargissement. Une Alliance élargie serait mieux à même de
soutenir de telles activités et opérations de maintien de la paix. Les
débats de l'OSCE sur un modèle de sécurité
européenne pour le 21e siècle
doivent tenir compte du processus d'élargissement de
l'OTAN, mais non le retarder. Une OSCE renforcée, une OTAN
élargie, un CCNA et un PfP actifs constitueraient, avec d'autres entités, des
parties complémentaires d'une vaste architecture de
sécurité au niveau de
l'Europe tout entière, contribuant ainsi à la
réalisation de l'objectif d'une Europe sans division.
- Le Pacte de stabilité en Europe, dont le suivi a
été confié à l'OSCE et qui comporte de nombreux
traités et accords bilatéraux entre pays européens, est un fondement
essentiel de la sécurité et de la stabilité dans l'ensemble
de l'Europe. Le Pacte de stabilité vise à développer les relations
de bon voisinage, à promouvoir le respect des droits de l'homme, y compris les droits
des personnes appartenant à des minorités
nationales, et à permettre le règlement des litiges entre les Etats
d'Europe. Comme cela a été indiqué au Chapitre 1, le
règlement de tels différends
serait un facteur entrant en ligne de compte dans la
décision d'inviter un Etat à devenir membre de l'Alliance. La mise
en oeuvre du Pacte de stabilité et d'autres accords internationaux
déjà conclus peut contribuer à créer les conditions
nécessaires à l'élargissement de l'OTAN. A son tour, cet
élargissement facilitera aussi l'exécution des accords existants et le plein
respect des obligations qu'ils comportent.
- L'élargissement de l'Alliance est destiné
à étendre la stabilité dans la zone euro-atlantique et à
améliorer la sécurité
à long terme pour tous les pays membres de l'OTAN ainsi
que pour d'autres pays. L'élargissement de l'OTAN est un processus
parallèle à celui de l'UE et il en sera le complément. L'OTAN
et l'Union européenne ont des intérêts
stratégiques en commun, de même qu'une
vision élargie de la stabilité et de la
sécurité, qui englobe les
aspects politiques, économiques, sociaux et
écologiques, ainsi que la dimension de défense. Les deux processus
d'élargissement contribueront de façon significative à
étendre la sécurité, la
stabilité et la prospérité dont jouissent
leurs membres à d'autres Etats européens démocratiques animés d'un
même esprit. Par la conclusion d'accords, l'UE a laissé entrevoir à un
certain nombre de pays européens la possibilité d'une
adhésion à l'UE et d'une
intégration dans ses structures.
L'élargissement des deux organisations s'effectuera de
manière autonome, conformément à leurs dynamiques et
à leurs processus internes respectifs. Cela signifie qu'il est peu vraisemblable
que le rythme soit exactement le même dans les deux cas. Mais
l'Alliance considère que son propre élargissement
et celui de l'Union européenne constituent des processus qui se
soutiennent mutuellement et sont parallèles, processus qui, ensemble,
apporteront une importante contribution au renforcement de la
structure de sécurité de l'Europe. Ainsi, l'une et
l'autre organisations doivent veiller à ce que leurs processus
respectifs aient un véritable effet de synergie, favorable à
la réalisation de l'objectif qui est d'accroître la stabilité et la
sécurité en Europe. Il n'y aura pas nécessairement un
parallélisme rigoureux, mais chaque organisation devra prendre en considération
l'évolution du processus chez l'autre.
- Les membres de l'Union européenne sont
attachés à la réalisation d'une politique étrangère et de
sécurité commune, qui
inclura l'ensemble des questions relatives à la
sécurité de l'Union, y compris la définition, à terme, d'une
politique de défense commune, qui pourrait conduire, le moment venu,
à une défense commune compatible avec celle de l'Alliance
atlantique. L'UEO fait partie intégrante du développement de
l'Union. Dans son double rôle de composante de défense de l'Union
européenne et de pilier européen de l'Alliance atlantique, l'UEO apporte
une dimension supplémentaire importante à la
sécurité européenne.
Prenant acte de ce double rôle et souhaitant contribuer
à son renforcement, les chefs d'Etat et de gouvernement des pays de
l'OTAN, réunis en janvier 1994, se sont
déclarés prêts à mettre à
disposition les moyens collectifs de l'Alliance, sur la base de
consultations au sein du Conseil de l'Atlantique Nord, pour des
opérations de l'UEO menées par les Alliés
européens en application
de leur politique étrangère et de
sécurité commune.
- Tous les membres de plein droit de l'UEO sont
également membres de l'OTAN. En raison de l'effet cumulatif des garanties
de sécurité de l'article V du Traité de
Bruxelles modifié et de l'article 5 du Traité de Washington, le maintien de ce
lien est essentiel. Les deux processus d'élargissement devraient
donc être compatibles et se renforcer mutuellement. En même temps,
l'UEO se développe comme la composante de défense de l'Union
européenne, ce qui renforce la relation entre les deux organisations. Une large
convergence, à terme, de la composition, pour ce qui
concerne les pays européens, de l'OTAN, de l'UE et de l'UEO aurait des
effets positifs sur la sécurité européenne.
L'Alliance devrait, à un moment approprié, accorder une considération
particulière aux pays qui ont la perspective d'adhérer à l'Union
européenne et qui ont témoigné de l'intérêt pour une
adhésion à l'OTAN, afin d'examiner,
sur la base indiquée dans cette étude, comment ils
peuvent contribuer à la sécurité transatlantique
dans le cadre du Traité de Washington et de déterminer s'il faut les inviter
à rejoindre l'OTAN.
- Tous les Etats parties au Traité sur les FCE
reconnaissent le rôle fondamental que le Traité
continue de jouer dans l'établissement et le maintien de la stabilité
et de la sécurité en Europe. C'est le cas aussi de tous les
autres Etats participants de l'OSCE. Les membres de l'OTAN considèrent
que le Traité sur les FCE est la pierre angulaire de la
sécurité européenne. Par conséquent, il est d'une importance
fondamentale de préserver l'intégrité du Traité et
de veiller à ce que ses
dispositions soient appliquées intégralement et en
temps voulu.
L'OTAN en tant que telle n'est pas signataire du Traité
sur les FCE ni signataire d'aucun autre accord de maîtrise des
armements. Par conséquent, d'un point de vue juridique,
l'élargissement de l'OTAN n'a en soi aucune incidence sur le Traité. De toute
façon, les éventuelles répercussions de l'élargissement
de l'OTAN sur le Traité sur les FCE ne pourront être
évaluées que lorsque l'élargissement se produira effectivement. Etant
donné qu'aucune décision n'est prise pour l'instant sur le calendrier ni
sur l'ampleur de l'élargissement de l'OTAN, il serait
prématuré de tirer des conclusions à ce stade.
- Les accords existant sur les mesures de confiance, le
désarmement et la maîtrise des armements sont des
fondements essentiels de la sécurité et de la stabilité
dans l'ensemble de l'Europe. L'OTAN doit faire en sorte que ces accords gardent leur
validité et leur pertinence à mesure qu'elle
s'élargira.
L'élargissement pourrait renforcer la capacité de
l'Alliance de promouvoir de nouvelles mesures de maîtrise des armements
et de désarmement et les moyens de lutte contre la
prolifération des armes de destruction massive.
C. Relations avec la Russie
- La Russie a une importante contribution à
apporter à la stabilité et à la sécurité en Europe.
Nous sommes convenus que des
relations constructives de coopération, fondées sur
le respect et l'intérêt mutuels et sur l'amitié entre
l'Alliance et la Russie constituent un élément clé de la
sécurité et de la stabilité en
Europe. En juin 1994, nous avons décidé que ces
relations devaient être développées d'une façon qui rende
compte des objectifs communs
et qui complète et renforce les relations avec tous les
autres Etats, sans menacer les intérêts de pays tiers, et
dans la transparence pour tous. Des relations entre l'OTAN et la Russie
fondées sur la coopération sont dans
l'intérêt non seulement de
l'OTAN et de la Russie, mais de tous les autres Etats de la zone OSCE.
- L'OTAN et la Russie sont convenues de poursuivre sur la
voie d'un dialogue et d'une coopération larges et
renforcés dans les domaines où la Russie à des contributions
uniques et importantes à apporter, à la mesure de son poids et
de sa responsabilité de puissance européenne,
internationale et nucléaire majeure.
- En juin 1994, l'OTAN et la Russie ont
décidé de mettre
en route le développement de relations de
coopération d'une grande
portée entre elles, afin d'accroître la confiance et
l'ouverture mutuelles. A cette époque, la Russie a signé le
document cadre du PfP. En décembre, un accord était intervenu sur le
programme de partenariat individuel de la Russie et sur les domaines dans
lesquels poursuivre sur la voie d'un dialogue et d'une
coopération larges et renforcés entre l'OTAN et la Russie
au-delà du PfP, que la Russie a acceptés officiellement le 31 mai 1995.
- L'Alliance considère qu'il est souhaitable de
pousser encore plus loin le développement des relations entre
l'OTAN et la Russie, dans le cadre de notre approche générale du
développement d'une architecture de sécurité européenne
fondée sur la coopération. L'OTAN et la Russie ont engagé un
dialogue - devant être mené au titre des contacts récemment
établis au-delà du PfP - sur l'orientation future que devraient prendre leurs relations,
dans le but d'établir, d'ici à la fin de
l'année, un cadre politique pour les relations entre l'OTAN et la Russie, qui
fixerait des principes fondamentaux pour la coopération en
matière de sécurité ainsi que pour le développement
de consultations politiques mutuelles. Des relations plus fortes entre l'OTAN et
la Russie devraient constituer une autre pierre angulaire d'une
nouvelle structure de sécurité européenne
inclusive et globale. La coopération entre l'Alliance et la Russie peut aider
à dissiper toute défiance laissée par la période de la
guerre froide, et contribuer à garantir que l'Europe ne sera jamais plus
divisée en camps opposés. Ce développement accru et, à
terme, l'éventuelle formalisation des relations entre l'Alliance et la Russie
devraient se dérouler à peu près en parallèle
avec l'élargissement de l'OTAN,
le but étant d'accroître encore la stabilité
et la sécurité en Europe. Le fond et la forme de ces relations renforcées
seront précisés dans le cadre d'un dialogue entre l'OTAN
et la Russie.
- Les relations entre l'OTAN et la Russie devraient
refléter l'importance de cette dernière dans le
domaine de la sécurité européenne et être
fondées sur la réciprocité, sur le
respect mutuel et la confiance, sur le principe qu'aucune des
parties ne devrait prendre "par surprise" des décisions
pouvant mettre en cause les intérêts de l'autre. Ces
relations ne peuvent
prospérer que si elles s'enracinent dans le strict respect
des obligations et des engagements internationaux - tels que ceux qui
découlent de la Charte des Nations Unies et de la
participation à l'OSCE, y compris le Code de bonne conduite et le Traité
sur les FCE - ainsi que dans le plein respect de la souveraineté
des autres
Etats indépendants. Toutefois, aucun pays non membre ne
peut exercer un droit de veto ou un droit de regard sur les
décisions de l'OTAN, et l'Alliance ne peut être subordonnée
à aucune autre institution européenne de sécurité.
- La Russie a fait part de préoccupations à
l'égard de l'élargissement de l'Alliance. L'Alliance prend en compte
ces préoccupations en développant des relations
renforcées avec la Russie et elle a bien indiqué que le processus
d'élargissement, y compris les arrangements militaires de l'Alliance qui y sont
associés, ne menacerait personne et apporterait une
contribution à une vaste architecture de sécurité
européenne en pleine évolution, fondée sur une coopération
véritable à travers toute l'Europe, en accroissant la sécurité et la
stabilité pour tous.
D. Incidences du processus de décision sur la
sécurité et la stabilité en Europe
- Le processus de décision sur
l'élargissement se déroulera
conformément au Traité de Washington. Pour chaque
invitation, la décision sera prise selon ses mérites propres, cas
par cas et suivant les principes définis dans cette étude, en
tenant compte de l'évolution de la situation en matière de
politique et de sécurité dans l'ensemble de l'Europe. Il importera,
surtout d'ici là, de ne pas exclure la possibilité de
l'adhésion d'un Etat européen quelconque à l'Alliance
conformément à l' article 10 du Traité de Washington.
- Des pays pourraient être invités à
adhérer successivement
à l'Alliance ou plusieurs pays pourraient être
invités simultanément à devenir membres, étant
entendu que tous les Alliés
devront prendre une décision par consensus sur chaque
invitation, c'est-à-dire que les nouveaux Alliés devront se
joindre au consensus pour les invitations ultérieures. Il pourrait y
avoir deux ou plusieurs séries d'invitations simultanées.
Des adhésions successives pourraient donner moins à penser que d'autres
pays pourraient être exclus et elles permettraient plus
aisément de commencer par un ou plusieurs pays, mais il y aurait aussi un
risque que le calendrier des adhésions ne s'allonge et ne
détourne ainsi l'attention d'autres activités importantes de
l'Alliance.
Dans le cas d'adhésions simultanées, les nouveaux
membres n'auraient pas la possibilité d'imposer leur veto à
l'adhésion concomitante d'autres pays; toute décision sur des
adhésions simultanées devrait être prise en tenant compte des
relations entre les nouveaux membres potentiels concernés et des
incidences qu'elle aurait sur d'autres Etats, y compris sur les rapports de ces
autres Etats avec l'OTAN. Les considérations d'ordre
législatif/touchant à la ratification qui entrent en jeu dans les pays
alliés en ce qui concerne l'accession d'un ou plusieurs nouveaux membres au
Traité de Washington devraient également être prises en
compte.
La crainte qu'un nouveau membre puisse "fermer la porte"
derrière lui et empêcher ainsi l'admission ultérieure
d'autres pays pouvant également aspirer à une adhésion à
l'OTAN a déjà été exprimée
dans le cadre du débat sur l'élargissement. Une telle
situation doit être évitée. L'Alliance est fondée sur
une communauté de vues et sur la volonté d'oeuvrer en faveur du consensus.
L'engagement envers ce processus et ces valeurs entrera dans
l'évaluation des qualifications de tout nouveau membre possible. Nous inviterons
les nouveaux membres potentiels à confirmer qu'ils comprennent
et acceptent cela, et qu'ils agiront de bonne foi à cet
égard. S'il y a lieu, l'Alliance pourrait exiger des engagements politiques
spécifiques pendant les négociations en vue d'une
adhésion.
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