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Mise-à-jour: 24 juillet 2000 OTAN Documents fondamentaux

Partie III

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Concept global de matrise des armements et de dsarmement adopt par les Chefs dEtat et de gouvernement la runion du Conseil de lAtlantique Nord


Bruxelles, les 29 et 30 mai 1989

En juin 1987, Reykjavik, les ministres ont dclar que les problmes que rencontrait lAlliance dans le domaine de la matrise des armements taient complexes et interdpendants, et quelle devait les valuer simultanment en tenant compte du progrs gnral des ngociations sur la matrise des armements ainsi que de ses impratifs de scurit et de sa stratgie de dissuasion. Ils ont donc charg le Conseil en session permanente dtudier, avec la collaboration des autorits militaires comptentes, la manire de poursuivre la mise au point dun concept global de matrise des armements et de dsarmement

1 . Le rapport ci-joint, tabli par le Conseil en excution de ce mandat, a t adopt par les chefs dEtat et de gouvernement la runion que le Conseil de lAtlantique Nord a tenue, Bruxelles, les 29 et 30 mai 1989.

I. Introduction

1. Lobjectif primordial de lAlliance est de prserver la paix dans la libert, de prvenir la guerre et dinstaurer un ordre pacifique juste et durable en Europe. La politique des Allis cette fin a t expose dans le rapport Harmel de 1967. Ce rapport conserve toute sa validit. Il stipule que lAlliance atlantique a pour premire fonction de maintenir une puissance militaire et une solidarit politique suffisantes pour dcourager lagression et les autres formes de pression, et pour dfendre le territoire des pays membres en cas dagression. Cest sur cette base que lAlliance peut sacquitter de sa seconde fonction, cest--dire poursuivre ses efforts en vue de progresser vers ltablissement de relations plus stables qui permettront de rsoudre les problmes politiques fondamentaux. Le mme texte dit encore que la scurit militaire et une politique visant rduire les tensions ne sont pas contradictoires, mais complmentaires. Conformment ces principes, nos chefs dEtat et de gouvernement sont convenus que la matrise des armements fait partie intgrante de la politique de lAlliance en matire de scurit.

2. Les possibilits de dialogue fructueux entre lEst et lOuest se sont amliores de faon significative ces dernires annes : il existe dsormais des conditions plus favorables un progrs vers la ralisation des objectifs de lAlliance. Les Allis sont rsolus saisir cette occasion. Ils continueront de sattaquer tant aux symptmes quaux causes de tensions politiques, dans le respect des intrts de scurit lgitimes de tous les Etats concerns.

3. La ralisation dun ordre pacifique durable tel que le prconisent les Allis implique quil soit mis fin la division contre nature de lEurope, et en particulier de lAllemagne, et que, comme le stipule lActe final dHelsinki, la souverainet et lintgrit territoriale de tous les Etats ainsi que le droit des peuples disposer deux-mmes soient respects et que les droits de toutes les personnes, y compris le droit au libre choix politique, soient protgs. Cest pourquoi les membres de lAlliance attribuent une valeur capitale la ralisation de nouveaux progrs dans le processus de la Confrence sur la scurit et la coopration en Europe (CSCE), qui sert de cadre pour encourager une volution pacifique en Europe.

4. La CSCE fournit un moyen de promouvoir des relations stables et constructives entre lEst et lOuest, en favorisant le dveloppement des contacts entre les personnes en oeuvrant pour que les liberts et les droits fondamentaux soient respects dans les lois et dans les usages, en encourageant les changes politiques et une coopration mutuellement profitable dans une large gamme dactivits, et en accroissant la scurit et la transparence dans le domaine militaire. Les Allis continueront dexiger la pleine mise en oeuvre de tous les principes et de toutes les dispositions de lActe final dHelsinki, du document de clture de Madrid, du document de Stockholm et du document de clture de la confrence de Vienne. Ce dernier marque un progrs majeur dans le droulement du processus de la CSCE et devrait tre un lment catalyseur de nouveaux changements positifs en Europe.

5. Lobjet essentiel de la politique de lAlliance en matire de matrise des armements est daccrotre la scurit et la stabilit des niveaux de forces et darmements quilibrs les plus bas possible compte tenu des impratifs de la stratgie de dissuasion. Les Allis ont coeur daccomplir de nouveaux progrs dans la ralisation de tous leurs objectifs en matire de matrise des armements. La mise au point dun concept global vise atteindre ce but par une approche intgre qui fait intervenir la fois la politique de dfense et la politique de matrise des armements : celles-ci sont complmentaires et interdpendantes. Cette tche demande aussi une rflexion approfondie sur les relations entre les objectifs de la matrise des armements et les besoins de la dfense et sur la manire dont les diverses mesures de matrise des armements, isolment et conjointement, peuvent renforcer la scurit des Allis. Les principes directeurs et les objectifs fondamentaux qui ont rgi jusquici la politique des Allis en matire de matrise des armements restent valables. La ralisation de ces objectifs est, naturellement, soumise linfluence de plusieurs facteurs, notamment ltat gnral des relations Est-Ouest, les impratifs militaires des Allis, lavancement des ngociations sur la matrise des armements ainsi que lorientation des ngociations venir et les dveloppements intervenant dans le cadre de la CSCE. Cest dans ce contexte que doivent sinscrire la dfinition et la mise en oeuvre dun concept global de matrise des armements et de dsarmement.

II. Relations Est-Ouest et matrise des armements

6. LAlliance continue de chercher assurer en Europe une paix juste et stable, o tous les Etats puissent jouir dune scurit non diminue, aux niveaux minimums ncessaires de forces et darmements, et o tous les individus soient en mesure dexercer leurs liberts et leurs droits fondamentaux. La matrise des armements ne peut elle seule rgler des diffrends politiques qui existent depuis longtemps entre lEst et lOuest, ni garantir une paix stable. Nanmoins, la ralisation de lobjectif de lAlliance implique que des progrs considrables soient accomplis en matire de matrise des armements, et que les relations politiques changent plus radicalement. Des succs dans le domaine de la matrise des armements, outre quils ont pour effet de renforcer la scurit militaire, peuvent favoriser la progression du dialogue politique Est-Ouest, et contribuer par l la ralisation dobjectifs plus larges de lAlliance.

7. Pour accrotre la scurit et la stablit en Europe, lAlliance a constamment mis profit toutes les occasions propices une matrise des armements efficace. Les Allis sont attachs cette politique, indpendamment des changements qui peuvent affecter le climat des relations Est-Ouest. Cependant, le succs en matire de matrise des armements continue de dpendre non seulement de nos propres efforts, mais aussi de la volont des pays de lEst, et en particulier de lUnion sovitique, de travailler de manire constructive pour obtenir des rsultats mutuellement avantageux.

8. Le pass rcent a t marqu par des progrs sans prcdent en matire de matrise des armements. En 1986, laccord conclu Stockholm dans le cadre de la Confrence sur le dsarmement en Europe (CDR) a institu un systme novateur de mesures de confiance et de scurit, destin promouvoir la transparence et la prvisibilit dans le domaine militaire. Jusquici, les dispositions ont t appliques de faon satisfaisante. Le Trait de 1987 sur les FNI a reprsent un autre grand pas en avant parce quil liminait toute une catgorie darmes et quil instituait le principe de rductions asymtriques, ainsi quun rgime de vrification rigoureux. Parmi les autres rsultats obtenus, on peut citer ltablissement, aux Etats-Unis et en Union sovitique, de centres de rduction des risques nuclaires, laccord amricano-sovitique sur la notification pralable des lancements des missiles balistiques et les expriences communes de vrification dans le cadre des ngociations que les Etats-Unis et lUnion sovitique poursuivent sur les essais nuclaires.

9. En dehors des accords dj conclus, des progrs substantiels ont t accomplis dans les ngociations START, qui visent rduire de faon radicale les arsenaux nuclaires stratgiques et liminer les moyens offensifs caractre dstabilisateur. La Confrence de Paris sur linterdiction des armes chimiques a raffirm lautorit du Protocole de Genve de 1925, et donn une forte impulsion politique aux ngociations de Genve pour une interdiction universelle, complte et effectivement vrifiable des armes chimiques. De nouvelles ngociations distinctes ont maintenant dmarr, Vienne, dans le cadre du processus de la CSCE : il sagit de ngociations, dune part, entre les 23 membres de lOTAN et du Pacte de Varsovie, sur les forces conventionnelles en Europe; dautre part, entre les 35 signataires de lActe final dHelsinki, sur des mesures de confiance et de scurit (MDCS).

10. Des progrs substantiels ont aussi t raliss sur dautres sujets importants pour les Allis. Les troupes sovitiques ont quitt lAfghanistan. On a avanc dans la voie dun rglement de certains mais non de lensemble des conflits rgionaux qui subsistent et dans lesquels lUnion sovitique est implique. Le respect des droits de lhomme en Union sovitique et dans certains des autres pays du Pacte de Varsovie a nettement progress, mme si de srieuses insuffisances persistent. La rcente runion de Vienne sur les suites de la CSCE a permis de fixer des normes de conduite nouvelles et plus rigoureuses aux Etats participants, et elle devrait stimuler encore les progrs du processus de la CSCE. Le dialogue entre lEst et lOuest, qui a pris une intensit nouvelle, particulirement un haut niveau, ouvre de nouvelles possibilits et atteste que les Allis sattachent rsoudre les problmes fondamentaux qui demeurent.

11. Lalliance ne revendique pas tout le mrite de cette volution favorable des relations Est-Ouest. Depuis quelques annes, lEst est devenu plus rceptif et plus souple. Nanmoins, il est clair que la contribution de lAlliance a t fondamentale. La plus grande partie de ce qui a t ralis jusqu prsent, et qui se trouve dcrit dans les paragraphes prcdents, a t inspire par des initiatives de lAlliance ou de ses membres. La solidarit politique, la dtermination se dfendre, la patience et la crativit que les Allis ont manifestes au cours des ngociations ont triomph des obstacles initiaux et permis daboutir. Cest lAlliance qui a dessin les grandes lignes des progrs accomplir dans les relations Est-Ouest et qui a ensuite fait en sorte quils se ralisent. En particulier, les notions de stabilit, de suffisance raisonnable, de rduction asymtrique, de concentration sur les matriels les plus offensifs, de vrification rigoureuse, de transparence, de zone unique de lAtlantique lOural et dquilibre et de globalit du processus de la CSCE sont dorigine occidentale.

12. Les perspectives dune amlioration durable de la qualit de ces relations sont aujourdhui meilleures que jamais auparavant. Des signes manifestes de changement continuent tre observs dans la politique intrieure et extrieure de lUnion sovitique et de certains de ses allis. La direction sovitique a dclar que la comptition idologique ne devait jouer aucun rle dans les relations entre Etats. En reconnaissant que sa faon daborder les problmes internationaux et intrieurs a t marque, dans le pass, par de srieuses imperfections, lUnion sovitique donne une chance de progresser sur des problmes politiques fondamentaux.

13. Mais en mme temps, de graves proccupations demeurent. Lambitieux programme de rforme sovitique, dont les Allis se flicitent, prendra de nombreuses annes se raliser, sans que le succs en soit garanti tant donn lampleur des problmes quil rencontre et la rsistance quil suscite. En Europe de lEst, lapplication de rformes constructives est toujours ingale et ltendue de ces rformes reste dterminer. Le respect des droits de lhomme fondamentaux demande encore tre fermement ancr dans les lois et les usages, mme si des amliorations apparaissent dans certains pays du Pacte de Varsovie. Bien que celui-ci ait rcemment annonc et commenc entreprendre des rductions unilatrales de certaines de ses forces, lUnion sovitique continue dployer des forces et soutenir un rythme de production militaire qui sont sans commune mesure avec des besoins lgitimes de dfense. De plus, les ralits gostratgiques avantagent le Pacte de Varsovie, bloc gographique domin par lUnion sovitique, face une Alliance atlantique, qui se compose de dmocraties gographiquement spares. LUnion sovitique a depuis longtemps pour objectif daffaiblir les liens unissant les membres europens et nord-amricains de lAlliance.

14. Lavenir immdiat est prometteur, mais demeure incertain. Il reprsente pour les Allis et pour les pays de lEst un dfi en mme temps quune occasion de profiter des circonstances actuelles pour accrotre la scurit mutuelle. Les progrs accomplis rcemment dans le domaine des relations Est-Ouest ont donn un nouvel lan au processus de matrise des armements et augment pour lAlliance des chances datteindre ses objectifs de matrise des armements, lesquels sont complmentaires des autres lments de sa politique de scurit.

III. Principes de sécurité de l'Alliance

15. La politique de scurit de lAlliance vise prserver la paix dans la libert par des moyens politiques et par le maintien dun potentiel militaire suffisant pour prvenir la guerre et assurer une dfense efficace. Le fait que la paix ait t sauvegarde pendant quarante ans en Europe tmoigne du succs de cette politique.

16. Lamlioration des relations politiques et la mise en place progressive de structures de coopration entre pays de lEst et de lOuest sont des lments importants de notre politique. Ils peuvent accrotre la confiance mutuelle, rduire les risques de malentendus, donner lassurance quil existe des dispositifs de contrle des crises assez fiables pour dsamorcer les tensions, rendre la situation en Europe plus transparente et prvisible, encourager enfin une coopration plus large dans tous les domaines.

17. En soulignant le poids de ces facteurs dans la formulation de leur politique, les Allis rappellent que, comme le prcise le rapport Harmel, la recherche dune coopration et dun dialogue constructifs avec les pays de lEst, y compris en matire de matrise des armements et de dsarmement, sappuie sur la solidarit politique et une puissance militaire suffisante.

18. La solidarit des pays de lAlliance est un principe fondamental de leur politique de scurit. Elle traduit le caractre indivisible de leur scurit. Elle sexprime dans la disposition de chaque pays partager quitablement les risques, les charges et les responsabilits de leffort commun, aussi bien que ses avantages. La prsence en Europe de forces nuclaires et conventionnelles amricaines et de forces canadiennes dmontre, en particulier, que les intrts de scurit de lAmrique du Nord et de lEurope sont indissociables.

19. Ds lorigine, notre alliance de dmocraties occidentales na eu dautre objet que dfensif. Cela ne changera pas. Aucune de nos armes ne sera employe, sauf en lgitime dfense. LAlliance ne recherche pas la supriorit militaire et ne la recherchera jamais. Son but a toujours t dviter la guerre et de prvenir toute forme de coercition et dintimidation.

20. Conformment au caractre dfensif de lAlliance, la stratgie de celle-ci est une stratgie de dissuasion. Son objectif est de placer lagresseur potentiel, ds avant quil nagisse, devant un risque sans rapport avec le gain attendu de son agression, si grand soit-il. La finalit de cette stratgie commande le choix des moyens que ncessite sa mise en oeuvre.

21. Pour appliquer cette stratgie, lAlliance doit en effet tre en mesure de ragir de manire approprie toute agression et de dfendre, comme elle sy est engage, les frontires de ses Etats membres. Pour lavenir prvisible, la dissuasion exige une combinaison approprie de forces nuclaires et de forces conventionnelles efficaces et adquates, qui seront maintenues niveau l o ce sera ncessaire; car ces forces et ces armes nont un effet dissuasif que dans la mesure o elles disposent dune capacit vidente demploi effectif et sont perues comme telles.

22. Les forces conventionnelles apportent une contribution indispensable la dissuasion. Il est clair que la suppression des asymtries des forces conventionnelles en Europe constituerait un progrs dcisif, du point de vue de la stabilit et de la scurit. Cependant, la dfense conventionnelle ne peut elle seule assurer la dissuasion. Seul llment nuclaire est de nature placer lagresseur en face dun risque inacceptable; il joue donc un rle indispensable dans notre stratgie actuelle de prvention de la guerre.

23. Le rle fondamental des forces nuclaires - tant stratgiques que substratgiques - est un rle politique : prserver la paix et prvenir toute forme de guerre ; ces forces contribuent la dissuasion en rendant manifeste que les Allis ont la capacit militaire et la volont politique d'utiliser, si ncessaire, leurs armes nuclaires en cas d'agression. Si une agression devait se produire, le but serait de rtablir la dissuasion en incitant l'agresseur revenir sur sa dcision, mettre fin son attaque et se retirer, restaurant ainsi l'intgrit territoriale de l'Alliance.

24. Forces conventionnelles et forces nuclaires remplissent ainsi des rles diffrents, mais complmentaires et qui s'paulent mutuellement. Si l'un de ces deux lments devait donner l'impression qu'il n'est pas adapt ou s'il apparaissait que le lien peut tre rompu entre les forces conventionnelles et les forces nuclaires, ou entre les forces nuclaires substratgiques et les forces nuclaires stratgiques, l'adversaire potentiel pourrait tre enclin conclure que les risques d'une agression sont peut-tre prvisibles et acceptables. Par consquent, aucun lment ne peut tre tenu comme le moyen de compenser les insuffisances d'un autre.

25. Pour l'avenir prvisible, il n'existe pas d'autre stratgie envisageable pour la prvention de la guerre. La mise en oeuvre de cette stratgie continuera de garantir la prservation intgrale des intrts de tous les membres de l'Alliance sur le plan de la scurit. Les principes qui sous-tendent la stratgie de dissuasion ont une valeur permanente. Cependant, la faon dont ils se traduisent concrtement en termes de volume, de structure et de dploiement des forces ne saurait tre immuable. Comme dans le pass, ces lments continueront d'voluer en fonction des fluctuations de la conjoncture internationale, des progrs de la technologie et des changements dans l'envergure de la menace - qu'il s'agisse en particulier du dispositif ou des capacits du Pacte de Varsovie.

26. Dans ce cadre global, les forces nuclaires stratgiques reprsentent, pour les Allis, la garantie ultime de la dissuasion. Elles doivent avoir la capacit d'infliger un agresseur des dommages inacceptables, mme aprs que celui-ci ait lanc une premire frappe nuclaire. Leur nombre, leur porte, leur capacit de survie et leur pouvoir de pntration doivent tre tels que l'agresseur potentiel ne puisse esprer limiter le conflit ou tenir son propre territoire l'abri. Les forces nuclaires stratgiques des Etats-Unis sont la pierre angulaire de la dissuasion pour l'Alliance dans son ensemble. Les forces nuclaires indpendantes du Royaume-Uni et de la France jouent un rle dissuasif propre et contribuent au renforcement global de la dissuasion en compliquant les plans d'un agresseur potentiel et son valuation des risques.

27. Les forces nuclaires du niveau substratgique crent un lien politique et militaire essentiel entre les forces conventionnelles et stratgiques, et aussi, avec la prsence des forces du Canada et des Etats-Unis en Europe, entre les membres europens et nord-amricains de l'Alliance. Les forces nuclaires substratgiques des Allis ne sont pas destines compenser les dsquilibres conventionnels. Le niveau de ces forces dans la structure militaire intgre doit nanmoins tenir compte de la menace - conventionnelle et nuclaire - qui pse sur l'Alliance. Leur rle est de garantir qu'en aucune circonstance, un agresseur potentiel ne pourrait faire abstraction du risque nuclaire en cas d'action militaire. Les forces nuclaires du niveau substratgique apportent donc une contribution essentielle la dissuasion.

28. Le fait que ces forces soient largement dployes dans les pays qui participent la structure militaire intgre de l'Alliance, et le mcanisme de consultation mis en place dans le domaine nuclaire entre les Allis concerns, attestent la solidarit et la volont de partager les responsabilits et les rles nuclaires. La dissuasion s'en trouve renforce.

29. Les forces conventionnelles contribuent la dissuasion parce qu'elles tmoignent de la volont des Allis de se dfendre et qu'elles diminuent le risque qu'un agresseur potentiel puisse compter obtenir une victoire aise et rapide ou des gains territoriaux limits, par des moyens uniquement conventionnels.

30. Elles doivent donc tre en mesure de ragir comme il convient et de faire front instantanment et le plus loin possible vers l'avant, en opposant la rsistance ncessaire pour contraindre l'agresseur mettre fin au conflit et se retirer, sous peine de s'exposer l'emploi d'armes nuclaires par les Allis. Les forces des Allis doivent tre dployes et quipes de telle manire qu'elles puissent remplir ce rle tout moment. De plus, le besoin qu'a l'Alliance de pouvoir compter sur des renforts en provenance du continent amricain lui impose de prserver la libert des communications maritimes et ariennes entre l'Amrique du Nord et l'Europe.

31. Tous les membres de l'Alliance sont fermement partisans d'une interdiction universelle, globale et effectivement vrifiable de la mise au point, de la fabrication, du stockage et de l'emploi d'armes chimiques. Celles-ci reprsentent un cas particulier, parce que la stratgie globale de prvention de la guerre de l'Alliance repose, comme cela a t indiqu prcdemment, sur une combinaison approprie d'armes nuclaires et conventionnelles. Dans l'attente d'une interdiction universelle de ces types d'armes, l'Alliance reconnat la ncessit d'appliquer des mesures de dfense passive. Un potentiel de reprsailles limit est maintenu du fait que l'Union sovitique possde un arsenal chimique massif.

32. Les Allis sont rsolus ne conserver que le niveau minimal de forces qu'exige leur stratgie de dissuasion, en tenant compte de la menace. Il existe cependant un niveau de forces, tant nuclaires que conventionnelles, en de duquel la crdibilit de la dissuasion ne peut tre prserve. C'est ainsi que les Allis ont toujours considr que le retrait d'Europe de toutes les armes nuclaires saperait gravement la stratgie de dissuasion et compromettrait la scurit de l'Alliance.

33. La politique de dfense de l'Alliance et sa politique de matrise des armements et de dsarmement sont complmentaires et tendent au mme but : assurer la scurit au niveau de forces le plus bas possible. Il n'y a aucune contradiction entre la politique de dfense et la politique de matrise des armements. C'est partir de cette cohrence fondamentale des principes et des objectifs que le concept global de matrise des armements et de dsarmement doit tre plus amplement labor, et que doivent tre tires les conclusions appropries dans chacun des domaines de la matrise des armements.

IV. Maîtrise des armements et désarmement: principes et objectifs

34. Notre vision de l'Europe est celle d'un continent non divis, o les forces armes n'existent que pour prvenir la guerre et assurer la lgitime dfense, comme c'est le cas depuis toujours pour les pays allis, et non pour perptrer une agression ou se livrer l'intimidation politique ou militaire. La matrise des armements, en tant que partie intgrante de la politique de scurit de l'Alliance et lment important de notre approche globale des relations Est-Ouest, peut contribuer faire de cette vision une ralit.

35. La politique de matrise des armements de l'Alliance a pour but d'accrotre la stabilit et la scurit, grce des initiatives qui visent instaurer un quilibre un niveau plus bas de forces et d'armements au moyen d'accords ngocis et, selon les circonstances, d'actions unilatrales, tant entendu que des accords formels de matrise des armements ne peuvent tre conclus que si les partenaires dans la ngociation partagent la volont de parvenir un rsultat mutuellement satisfaisant. La politique des Allis en matire de matrise des armements vise supprimer les asymtries dstabilisatrices dans les forces ou les matriels. Elle vise aussi instaurer une confiance mutuelle et rduire le risque de conflit en favorisant une meilleure prvisibilit et une transparence accrue dans le domaine militaire.

36. En accroissant la scurit et la stabilit, la matrise des armements peut galement apporter d'autres avantages importants l'Alliance. Etant donn les aspects dynamiques du processus de matrise des armements, les principes et les rsultats concrtiss dans un accord peuvent faciliter l'adoption d'autres mesures de matrise des armements. Ainsi, la matrise des armements peut aussi rendre possibles de nouvelles rductions du niveau des forces et des armements de l'Alliance, qui soient compatibles avec la stratgie allie de prvention de la guerre. Comme cela est indiqu au chapitre II, la matrise des armements peut aussi contribuer de manire significative l'tablissement de relations Sud-Ouest plus constructives et fournir un cadre la poursuite de la coopration dans un environnement international plus stable et plus prvisible. Les progrs de la matrise des armements sont galement de nature accrotre la confiance et le soutien du public l'gard de notre politique globale de scurit.

Principes directeurs pour la matrise des armements

37. Les membres de l'Alliance seront guids par les principes suivants :
Scurit
: La matrise des armements doit renforcer la scurit de tous les Allis. Aussi bien pendant sa mise en oeuvre qu'aprs, la stratgie de dissuasion des Allis comme leur capacit de se dfendre doivent rester crdibles et efficaces. Les mesures de matrise des armements doivent sauvegarder l'unit stratgique ainsi que la cohsion politique de l'Alliance et respecter le principe de l'indivisibilit de la scurit de l'Alliance en vitant la cration des zones de scurit ingale. Elles doivent tenir compte des intrts de scurit lgitimes de tous les Etats et ne pas concourir au dplacement ou l'intensification de menaces au dtriment d'Etats ou de rgions tiers.
Stabilit : Les mesures de matrise des armements doivent donner des rsultats militairement significatifs qui renforcent la stabilit. Favoriser la stabilit, cela signifie rduire ou liminer les moyens qui reprsentent la plus grande menace pour l'Alliance. Il est galement possible de renforcer la stabilit par des mesures qui contribuent plus de transparence et de prvisibilit en matire militaire. La stabilit militaire exige l'limination des possibilits d'attaque par surprise et d'action offensive de grande envergure. La stabilit en priode de crise exige qu'aucun Etat ne possde des forces d'un volume ou d'une configuration tels que, compares celle des autres, elles lui permettraient d'escompter obtenir un avantage dcisif en recourant le premier aux armes. La stabilit exige galement des mesures propres dcourager toutes tentatives dstabilisatrices pour reprendre l'avantage militaire en transfrant des ressources d'autres types d'armements. Tout accord de matrise des armements doit conduire des rsultats finals qui soient quilibrs et assurent en mme temps l'galit des droits en termes de scurit.
Vrifiabilit : Une vrification efficace et fiable constitue une exigence fondamentale pour les accords de matrise des armements. Si la matrise des armements doit tre efficace et dvelopper la confiance, la vrifiabilit de toute mesure propose doit tre au premier rang des proccupations de l'Alliance. Les progrs de la matrise des armements doivent se mesurer la fidle excution des accords existants. Les mesures de matrise des armements agres doivent exclure toute possibilit de contournement.

Objectifs de matrise des armements de l'Alliance

38. Conformment aux principes ci-dessus, les Allis se sont fix un ensemble de buts ambitieux pour les annes venir en matire de matrise des armements nuclaires, conventionnels et chimiques.

Forces nuclaires

39. L'accord sur les FNI reprsente une tape importante dans les efforts dploys par les Allis pour accrotre la scurit en temps de paix des niveaux d'armements plus bas. D'ici 1991, il permettra d'liminer totalement tous les missiles porte intermdiaire bass terre des Etats-Unis et de l'Union sovitique, ce qui fera disparatre la menace que les systmes sovitiques de cette catgorie faisaient peser sur l'Alliance. Sa mise en oeuvre n'affectera toutefois qu'une faible partie de l'arsenal nuclaire sovitique et l'Alliance reste confronte un important ensemble de systmes nuclaires sovitiques modernes et efficaces de toutes portes. La ralisation de l'ensemble des buts de l'Alliance rclame l'adoption d'autres mesures.

Forces nuclaires stratgiques

40. Les systmes stratgiques sovitiques continuent faire peser une grande menace sur l'ensemble des Allis. Il est de leur intrt direct d'imposer ces systmes d'importantes rductions, qui constituent donc une priorit de l'Alliance dans le domaine nuclaire.

41. Les Allis donnent donc leur plein appui l'objectif que se sont fix les Etats-Unis de parvenir, dans le cadre des ngociations START, des rductions de 50% des armes nuclaires stratgiques amricaines et sovitiques. Les propositions amricaines visent renforcer la stabilit en soumettant des restrictions spcifiques les lments les plus dstabilisateurs de la menace : missiles balistiques grande vitesse, capacit d'emport et, en particulier, ICBM lourds de l'Union sovitique. Elles tiennent compte de la ncessit de maintenir la crdibilit dissuasive - et donc l'efficacit - des forces stratgiques amricaines subsistantes, qui continueront d'tre l'ultime garantie de scurit pour l'Alliance dans son ensemble. D'autre part, les Etats-Unis tiennent avec l'Union sovitique, sur la dfense et l'espace, des entretiens dont l'objectif est de veiller accrotre la stabilit stratgique.

Forces nuclaires substratgiques

42. Les Allis sont rsolus ne maintenir que le nombre minimum d'armes nuclaires ncessaire leur stratgie de dissuasion. En vertu d'un tel engagement, les pays appartenant la structure militaire intgre ont dj procd d'importantes rductions unilatrales de leur arsenal nuclaire substratgique. Le nombre de ttes bases terre en Europe occidentale a t rduit de plus d'un tiers depuis 1979, et se situe au plus bas niveau qui ait t atteint depuis plus de 20 ans. La modernisation, l o c'est ncessaire, des systmes substratgiques de ces pays se traduirait par de nouvelles rductions.

43. Les Allis demeurent confronts la menace que fait directement peser sur l'Europe le grand nombre de missiles nuclaires courte porte dploys sur le territoire du Pacte de Varsovie, et qui ont t largement amliors ces dernires annes. Des rductions majeures de ces systmes seraient au total utiles la scurit de l'Alliance. L'une des faons d'atteindre ce but serait d'effectuer des rductions tangibles et vrifiables des systmes de missiles nuclaires courte porte bass terre des Etats-Unis et de l'Union sovitique, en vue d'aboutir des plafonds gaux des niveaux rduits.

44. Cependant, les forces nuclaires substratgiques dployes par des pays membres de l'Alliance ne sont pas l essentiellement pour contrebalancer les systmes similaires mis en place par des membres du Pacte de Varsovie. Comme il est expliqu dans le chapitre III, elles jouent un rle essentiel dans la stratgie de dissuasion globale de l'Alliance parce qu'elles assurent qu'en aucune circonstance, un agresseur potentiel ne pourra ngliger les reprsailles nuclaires que dclencherait son action militaire.

45. L'Alliance raffirme sa position, savoir que, pour l'avenir prvisible, la seule stratgie possible pour la prvention de la guerre est sa stratgie de dissuasion fonde sur une combinaison approprie de forces nuclaires et conventionnelles adquates et efficaces, qui seront maintenues niveau l o ce sera ncessaire. En ce qui concerne les forces nuclaires, des systmes lanceurs terrestres, navals et ariens, y compris des missiles bass terre, seront, dans les circonstances actuelles et aussi loin que l'on peut le prvoir, requis en Europe.

46. Compte tenu de l'immense supriorit du Pacte de Varsovie pour ce qui est des missiles nuclaires courte porte, l'Alliance en appelle l'Union sovitique pour que celle-ci rduise unilatralement son arsenal de systmes de missiles courte porte, en l'amenant aux niveaux actuels qui existent au sein de la structure militaire intgre.

47. L'Alliance raffirme que les objectifs qu'elle poursuit aux ngociations sur la stabilit des armements conventionnels sont :

  • l'instauration d'un quilibre stable et sr des forces conventionnelles, des niveaux infrieurs ;
  • l'limination des disparits prjudiciables la stabilit et la scurit, et
  • l'limination, titre hautement prioritaire, des moyens permettant de lancer des attaques par surprise et de dclencher des actions offensives de grande envergure.

48. Conformment aux objectifs qu'elle s'est fixs, en matire de matrise des armements, objectifs formuls Reykjavik en 1987 et raffirms Bruxelles en 1988, l'Alliance dclare que, dans les ngociations avec l'Est, l'une de ses toutes premires priorits est d'aboutir un accord sur des rductions des forces conventionnelles qui permettrait d'atteindre les objectifs dcrits ci-dessus. Dans cet esprit, les Allis feront tout, comme en tmoignent les rsultats du sommet de mai 1989, pour que ces ngociations sur les armes conventionnelles aboutissent une conclusion rapide et satisfaisante. Les Etats-Unis ont exprim l'espoir que cela pourrait se faire dans un dlai de six douze mois. Une fois la mise en oeuvre d'un tel accord en cours, les Etats-Unis, en consultation avec les Allis concerns, sont prts entamer des ngociations visant parvenir une rduction partielle des forces amricaines et sovitiques de missiles nuclaires courte porte bass terre, en les amenant des niveaux gaux et vrifiables. Pour ce qui est plus spcialement des propositions occidentales avances aux ngociations de Vienne sur les FCE, propositions largies par celles que les Etats-Unis ont faites au sommet de mai 1989, il est entendu, pour les Allis concerns, que des rductions ngocies conduisant un niveau infrieur au niveau actuel de leurs missiles des SNF ne seront pas opres avant que les rsultats de ces ngociations aient t mis en oeuvre. Il faudrait que le Pacte de Varsovie procde des rductions de ses SNF avant cette date.

49. S'agissant des forces nuclaires substratgiques des membres de la structure militaire intgre, leur niveau et leurs caractristiques doivent tre tels que ces forces puissent assumer de faon crdible leur rle de dissuasion, d'un bout l'autre de l'ventail des portes requises, compte tenu de la menace - tant conventionnelle que nuclaire - laquelle l'Alliance est confronte. La question de l'introduction et du dploiement d'un successeur pour le missile Lance sera traite en 1992, la lumire des dveloppements en matire de scurit gnrale. Bien que la dcision soit du ressort des autorits nationales, les Allis concerns reconnaissent l'intrt que prsente la poursuite du financement, par les Etats-Unis, des activits de recherche et de dveloppement consacres un successeur du missile Lance courte porte, s'agissant de prserver les options qui, cet gard, s'offrent eux.

Forces conventionnelles

50. Comme le montrent le document diffus au sommet de mars 1988 et celui que l'Alliance a publi en novembre 1988 sur les donnes relatives aux forces conventionnelles, la prsence militaire de l'Union sovitique sur le continent europen constitue, par son ampleur qui dpasse de loin les simples ncessits de dfense, un dfi direct pour notre scurit et pour nos aspirations un ordre pacifique en Europe. Des niveaux de forces aussi excessifs risquent de donner lieu de l'intimidation politique ou des menaces d'agression. Tant qu'ils existent, ils constituent un obstacle l'amlioration de relations politiques entre tous les Etats d'Europe. Au surplus, le dfi pour notre scurit ne vient pas seulement de la supriorit numrique des forces du Pacte de Varsovie. Les chars, les pices d'artillerie et les vhicules blinds de transport de troupes du Pacte de Varsovie sont concentrs en grandes units et sont dploys de faon donner au Pacte la possibilit d'attaquer par surprise et de mener des oprations offensives de grande envergure. La publication rcente par le Pacte de Varsovie de son valuation de l'quilibre militaire en Europe est certes bienvenue ; nanmoins, beaucoup d'incertitude et de secret demeurent au sujet des vritables moyens et intentions du Pacte.

51. Face ces proccupations, les Allis ont pour principaux objectifs d'tablir un quilibre stable et sr des forces conventionnelles en Europe des niveaux rduits, tout en instaurant davantage de transparence en ce qui concerne l'organisation et les activits militaires en Europe.

52. Dans le cadre de la ngociation sur les Forces conventionnelles en Europe (FCE), laquelle participent les 23 membres des deux Alliances, les Allis occidentaux proposent :

  • des rductions jusqu' une limite globale pour l'ensemble des armements existants en Europe, en particulier pour les systmes les plus menaants, savoir ceux qui permettent de s'emparer d'un territoire et de l'occuper;
  • sur cet ensemble d'armements, une limite la proportion d'armements pouvant appartenir un mme pays en Europe (tant donn que la scurit et la stabilit de l'Europe exigent qu'aucun Etat n'aille au-del de ce que ncessite lgitimement sa dfense) ;
  • une limite concernant les forces stationnes (ce qui rduirait la concentration et le dploiement en avant des forces sovitiques en Europe de l'Est) ; et
  • des sous-limites numriques appropries concernant les forces et devant s'appliquer simultanment dans toute la zone de l'Atlantique l'Oural.

Au total, ces mesures ncessiteront d'importantes rductions des forces conventionnelles du Pacte de Varsovie qui menacent le plus l'Alliance. Les rductions ainsi dtermines devront tre incontournables, c'est--dire qu'il faudra, par exemple, veiller ce que les armements supprims soient dtruits ou autrement limins. Les mesures de vrification devront donner tous les Etats l'assurance que l'on n'ira pas au-del des dotations autorises.

53. Toutefois, ces seules mesures ne garantiront pas la stabilit. Le rgime des rductions devra tre complt par des dispositions supplmentaires devant comprendre des mesures de transparence, de notification et de contrainte appliques au dploiement, aux dpts, aux mouvements, l'tat de prparation et la disponibilit des forces conventionnelles.

54. Dans les ngociations sur les MDCS, les Allis cherchent maintenir la dynamique cre par le succs de la mise en oeuvre du document de Stockholm, en proposant un ensemble complet de mesures visant amliorer:

  • la transparence propos de l'organisation militaire ;
  • la transparence et la prvisibilit des activits militaires ;
  • les contacts et la communication ;

et ils ont galement propos un change de vues sur la doctrine militaire dans le cadre d'un sminaire.

55. La mise en oeuvre de propositions faites par les Allis dans le cadre des ngociations sur les FCE et sur de nouvelles mesures de confiance et de scurit permettrait de raliser un net progrs pour la scurit europenne. Il en dcoulerait des consquences importantes et positives pour la politique de l'Alliance dans le domaine de la dfense comme dans celui de la matrise des armements. L'issue de la ngociation sur les FCE fournirait un cadre pour dterminer la structure de forces dont l'Alliance aura besoin pour remplir son objectif fondamental, qui est de prserver la paix dans la libert. En outre, les Allis seraient disposs envisager d'autres mesures favorables la stabilit et la scurit si les objectifs immdiats de la ngociation sur les FCE taient atteints - par exemple des mesures qui consisteraient rduire ou limiter encore des armements et des matriels conventionnels, ou restructurer les forces armes de faon accrotre le potentiel dfensif et rduire davantage les moyens offensifs.

56. Les Allis se flicitent que l'Union sovitique et d'autres membres du Pacte de Varsovie se soient dclars disposs rduire leurs forces et ajuster leur dispositif militaire pour lui confrer un caractre dfensif, et ils attendent la mise en oeuvre de ces mesures. Celles-ci reprsenteraient une tape vers l'limination du dsquilibre des niveaux de forces qui prvaut en Europe, et vers une rduction des moyens d'attaque par surprise dont dispose le Pacte de Varsovie. Les mesures annonces montrent que l'Union sovitique et d'autres membres du Pacte de Varsovie reconnaissent l'existence du dsquilibre conventionnel, que les Allis dsignent depuis longtemps comme un problme fondamental pour la scurit europenne.

Armes chimiques

57. L'arsenal de guerre chimique de l'Union sovitique reprsente une menace massive. Les Allis sont rsolus conclure au plus tt, l'chelle mondiale, un accord d'interdiction complte et effectivement vrifiable de toutes les armes chimiques.

58. Tous les Etats membres de l'Alliance adhrent aux dispositions du Protocole de Genve concernant la prohibition d'emploi la guerre des gaz asphyxiants, toxiques ou similaires et de moyens bactriologiques, auquel tous les Etats membres de l'Alliance sont parties. La Confrence de Paris sur l'interdiction des armes chimiques a permis de raffirmer l'importance des engagements pris en vertu du Protocole de Genve et de traduire la volont unanime de la communaut internationale de prvenir tout recours aux armes chimiques par l'limination totale de celles-ci une date rapproche.

59. Les Allis souhaitent interdire non seulement l'usage de ces armes horribles, mais aussi leur mise au point, leur production, leur stockage et leur transfert, et obtenir que les armes chimiques et les installations de production existantes soient dtruites dans des conditions qui garantissent tous les participants, aux diverses phases du processus, une scurit non diminue. Ce sont l les objectifs poursuivis la Confrence du dsarmement, Genve. En attendant un accord sur une interdiction universelle, les Allis exerceront des contrles svres sur l'exportation des produits qui sont lis la fabrication des armes chimiques. Ils s'efforceront galement d'inciter les Etats plus de transparence en ce qui concerne les arsenaux chimiques, afin que s'instaure une confiance accrue dans l'efficacit d'une interdiction universelle.

V. Conclusions

Relations entre la matrise des armements et la dfense

60. L'Alliance est rsolue poursuivre une approche globale de la scurit comprenant la fois la matrise des armements, le dsarmement et la dfense. Il importe donc de veiller ce que soient pleinement considres les relations qui existent entre les questions de matrise des armements et les impratifs de dfense, ainsi qu'entre les divers domaines de la matrise des armements. Les propositions portant sur tel ou tel domaine de la matrise des armements devront tenir compte de leurs implications sur les intrts de l'Alliance en gnral et sur d'autres ngociations. Il s'agit d'un processus permanent.

61. Les objectifs de dfense et de matrise des armements doivent absolument demeurer en harmonie, afin de contribuer, de faon complmentaire, atteindre l'objectif consistant prserver la scurit des niveaux de forces quilibrs les plus bas possible, compte tenu des impratifs de la stratgie allie de prvention de la guerre, et tant entendu que l'volution de la menace, des technologies et des circonstances politiques ont une influence sur les options qui s'offrent dans les deux domaines. Les dcisions concernant la matrise des armements doivent pleinement tenir compte des impratifs de la stratgie de dissuasion des Allis. De la mme faon, la matrise des armements doit tre prise en compte dans les plans militaires, qui devront tre tablis en pleine connaissance des objectifs viss par les ngociations sur la matrise des armements, et qui devront reflter les rsultats obtenus dans ces ngociations.

62. Dans chaque domaine de la matrise des armements, l'Alliance cherche accrotre la stabilit et la scurit. Toutefois, les ngociations en cours sur les systmes nuclaires stratgiques, sur les forces conventionnelles et sur les armes chimiques sont indpendantes les unes des autres : le rsultat de l'une ne dpend pas du progrs d'une autre. Elles peuvent, cependant, influer les unes sur les autres : les critres tablis et les accords conclus dans un domaine de la matrise des armements peuvent avoir des incidences dans d'autres domaines et faciliter ainsi la ralisation de progrs sur le plan global. Ceci pourrait avoir un effet sur les possibilits offertes en matire de matrise des armements et sur les forces ncessaires la mise en oeuvre de la stratgie de l'Alliance, mais aussi contribuer de faon gnrale crer un environnement militaire plus prvisible.

63. Les Allis cherchent grer l'interaction des divers lments de la matrise des armements en veillant ce que l'laboration, la poursuite et la ralisation de leurs objectifs dans chacun des domaines soient cohrents entre eux et conformes aux principes directeurs de l'Alliance relativement une matrise des armements efficace. Par exemple, la faon dont les limites et les sous-limites START sont appliques dans le dtail pourrait avoir une incidence sur la flexibilit future des forces nuclaires substratgiques de membres de la structure militaire intgre. Un accord sur les FCE apporterait, en lui-mme, une contribution majeure la stabilit. Ceci serait encore sensiblement amlior par la ralisation d'une interdiction universelle des armes chimiques. Le dveloppement de mesures de confiance et de scurit pourrait influer sur les mesures de stabilisation envisages dans le cadre des ngociations sur les Forces conventionnelles en Europe et vice versa. L'limination du dsquilibre des forces conventionnelles permettrait d'envisager de nouvelles rductions des forces nuclaires substratgiques de membres de la structure militaire intgre, sans que ces forces perdent pour autant leur caractre ncessaire. De la mme faon, elle pourrait galement rendre envisageables d'autres mesures de matrise des armements conventionnels.

64. Le prsent rapport tablit le cadre conceptuel global l'intrieur duquel les Allis s'attacheront la ralisation de progrs dans chaque domaine de la matrise des armements. En cela, leur objectif fondamental sera l'accroissement de la scurit des niveaux moins levs de forces et d'armements. Considr comme un tout, le programme alli de matrise des armements constitue une dmarche cohrente et complte en vue d'accrotre la scurit et la stabilit. C'est un programme ambitieux, mais nous croyons que - moyennant une rponse constructive des Etats du Pacte de Varsovie - il peut tre intgralement ralis dans les annes venir. En poursuivant cet objectif, l'Alliance sait qu'elle ne peut se permettre de fonder sa scurit sur des rsultats escompts pour l'avenir en matire de matrise des armements. Cependant, les Allis seront prts tirer les consquences appropries en ce qui concerne leur propre dispositif militaire, mesure qu'ils se rapprocheront concrtement, par la matrise des armements, d'une rduction quantitative et qualitative sensible de la menace militaire qui pse sur eux. La ralisation du programme des Allis en matire de matrise des armements apporterait dj, en soi, des rsultats trs bnfiques, mais elle pourrait, en outre, conduire un largissement de la coopration avec l'Est dans d'autres domaines. De plus, la matrise des armements est un processus dynamique; au fur et mesure que des accords seront ventuellement conclus dans chacun des domaines voqus plus haut, de nouvelles perspectives de matrise des armements pourront alors s'ouvrir, rendant possible de nouveaux progrs.

65. Comme on l'a fait observer plus haut, la vision que les Allis ont de l'Europe est celle d'un continent non divis, o les forces armes n'existent que pour prvenir la guerre et assurer la lgitime dfense, un continent qui ne vit plus dans l'ombre de forces militaires massives ni sous la menace d'une guerre, un continent o la souverainet et l'intgrit territoriale de tous les Etats soient respectes et o les droits de tous les individus - y compris leur droit au choix politique - soient protgs. Cet objectif ne peut tre atteint que par tapes, et il faudra pour cela des efforts patients et cratifs. Les Allis sont rsolus continuer de travailler dans ce sens. Atteindre les objectifs de l'Alliance en matire de matrise des armements reprsenterait une contribution majeure la ralisation de cette vision.

Notes:

  • A cette occasion, rappelant que le mandat des ngociations de Vienne exclut le nuclaire, la France entend raffirmer que sa libert dapprciation et de dcision concernant les moyens concourant la mise en oeuvre de sa stratgie autonome de dissuasion nuclaire demeure entire.

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