Colloque UEO
"Identit
Europenne
de Scurit
et de Dfense"
Madrid,
4 mai 1998
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Discours
par Mr. Jos Cutileiro
Secrtaire gnral de l'Union de l'Europe Occidentale
Monsieur le Prsident du Gouvernement
Messieurs les Prsidents
Mesdames et Messieurs
Je suis particulirement heureux d'tre aujourd'hui ici Madrid parmi vous pour l'ouverture du colloque consacr l'identit europenne de scurit et de dfense. Prsident de Puig, permettez moi de fliciter l'Assemble de l'UEO pour avoir pris l'excellente initiative d'organiser ce colloque qui va me donner tout de suite l'occasion de vous exposer pourquoi, mes yeux, l'UEO est un lment essentiel de l'identit europenne de scurit et de dfense.
Parler d'identit c'est parler de communaut, d'unit dans l'appartenance un mme groupe et aussi de reconnaissance officielle de ce groupe. Une identit ne peut certainement pas exister seulement parce que l'on dcide de construire ensemble des structures institutionnelles communes et de mettre au profit de tous les membres de la communaut les moyens de chacun. Elle ne peut exister, surtout et avant tout, que si cette construction repose sur une identit d'esprit qui dtermine et oriente constamment l'action.
Le souhait d'une construction europenne n'est pas un souhait rcent, ds le XIXme sicle il a aliment de nombreux dbats. En revanche, la volont forte de parvenir rellement une unit europenne est plus rcente. Elle s'est impose en fait au lendemain de la deuxime guerre mondiale. La commmoration du 50me anniversaire du trait de Bruxelles a t l'occasion de rappeler comment le vieux rve d'une unit europenne est devenue alors, sous l'effet d'une imprieuse ncessit politique, une ide-force. Les Europens ont commenc donner corps cette ide. Ils ont su avoir une volont commune qui s'est traduite par une coopration commune ouvrant en particulier la voie, dans le domaine de la scurit, l'engagement des Etats-Unis dans la dfense de L'Europe. Les Europens ont su montrer alors qu'ils taient eux-mmes prts faire les efforts ncessaires pour assurer leur dfense. Ils ont donn la preuve qu'ils pouvaient prendre dans ce domaine leur part de responsabilit.
Aujourd'hui, je suis frapp de voir quel point les pays les plus sensibles la ncessit d'oeuvrer ensemble pour assurer stabilit et scurit sont nos associs partenaires, ces pays d'Europe centrale et orientale qui ont connu encore tout rcemment dans leur chair ce que veut dire souffrir d'un manque de dmocratie, d'une absence des respects des droits de l'homme. Dmocratie, droits de l'homme, ce sont l des valeurs communes que nous partageons tous et que nous voulons sauvegarder. Depuis 50 ans ces valeurs ont t prserves de ce ct-ci de l'Europe, celui qu'il est convenu d'appeler l'Europe occidentale. N'en oublions pas pour autant que rien n'est dfinitivement acquis et que nous devons rester vigilants et nous donner les moyens de cette vigilance.
Aujourd'hui l'Europe occidentale s'est agrandie, elle n'est plus seulement une simple notion gographique, elle englobe tous les pays d'Europe qui partagent et dfendent ces mmes valeurs. Cette union est une force et elle est une garantie en soi de stabilit et de scurit sur notre continent. Mais si certains murs sont tombs, d'autres sparations, d'autres exclusions ont vu le jour, des nationalismes se sont rveills avec violence. Or nous vivons maintenant dans une civilisation dite globale, o les conflits localiss ont des incidences directes sur nos propres intrts.
Nous ne pouvons pas y rester indiffrents, nous ne pouvons pas chapper une responsabilit qui est devenue commune et qui doit se traduire par des actions communes. L'action militaire n'est pas une rponse systmatique toutes les crises. Il existe d'autres voies pour tenter de rsoudre les crises. Mais s'il faut en venir un dploiement militaire dans le cas d'une crise o seuls les Europens souhaiteraient intervenir il est alors important de savoir utiliser, ce moment-l, l'UEO.
Monsieur le Prsident
Mesdames et Messieurs
Il est clair que la pierre angulaire de la dfense europenne est l'OTAN. Il est clair que l'Union europenne est l'enceinte o peut se dvelopper une union politique europenne. Pour ce qui est de l'UEO, entre OTAN et Union europenne, son rle n'apparat pas toujours nettement. Et pourtant, si la question de la place de l'UEO s'est effectivement pose, cette question aujourd'hui est rsolue. L'UEO est clairement l'instrument de gestion de crises la disposition des Europens pour des oprations dans lesquelles les Nord-Amricains ne souhaiteraient pas intervenir directement. De mme si le manque de moyens oprationnels de l'UEO a t effectivement un vrai problme, cela n'est plus le cas aujourd'hui.
L'UEO s'est dote d'une cellule de planification, d'un centre de situation, d'un centre satellitaire et d'ici quelques semaines elle mettra en place un comit militaire. Pour des oprations, elle peut faire appel au cas par cas des forces nationales ou multinationales relevant de l'UEO. Elle peut aussi faire appel aux moyens et capacits de l'OTAN. Tout cela n'est plus au stade de concepts, il s'agit l d'une ralit. Nous n'avons pas attendre que de grandes dcisions politiques soient prises pour l'UEO. Ces dcisions ont dj t prises. Nous sommes maintenant dans une phase de consolidation tant pour ce qui est de nos capacits oprationnnelles que de nos relations avec l'OTAN et l'Union europenne. Par ailleurs, et ce point est fondamental, le dveloppement de l'UEO s'est fait avec le plein soutien de nos Allis amricains.
Certes, les relations entre Amricains et Europens connaissent parfois quelques frictions, et je pense notamment, pour ce qui concerne directement nos capacits oprationnelles, la rticence des Amricains lorsqu'est apparu le projet de cration du Corps Europen. Mais nous n'en sommes plus l. En 1994, le Conseil de l'Atlantique Nord a donn sans ambigut son appui l'identit europenne de scurit et de dfense et a clairement tabli que l'OTAN et l'UEO ne doivent pas se concurrencer mais se complter.
Au cours de ce colloque, diffrents intervenants vous parleront plus en dtail des relations UEO-OTAN et plus particulirement du concept des GFIM et des forces multinationales. Pour ma part je souhaiterais insister sur le fait qu'aujourd'hui l'UEO est prte agir si besoin en est et si la volont politique est l. L'UEO n'a pas besoin d'une nime ractivation ou d'une nouvelle rflexion sur son son rle, nous avons fort heureusement dpasser ce stade. Je pense que l'UEO a surtout besoin d'tre mieux connue et mieux comprise et je ne parle pas l de connaissance de l'UEO par le grand public. Je parle de connaissance de l'UEO par ceux qui sont des dcideurs, des relais d'opinion. Il est important de faire connatre prcisment ce qu'est l'UEO et aussi ce qu'elle n'est pas.
Laissez moi commencer par ce dernier point. L'UEO n'est pas une alternative l'OTAN. L'UEO n'est pas un instrument de prvention des crises. Certes, avoir 28 pays autour d'une mme table et impliquer de plus en plus et trs concrtement tous ces pays dans les activits non seulement politiques mais aussi oprationnelles de l'UEO constitue une garantie de scurit et peut ainsi tre considr comme un facteur de prvention de certaines crises mais certainement pas de toutes les crises et par ailleurs la notion de prvention des crises est plus large que cela.
Enfin, une fois encore, l'UEO n'est pas une organisation la recherche d'un rle. La mission de l'UEO est dsormais parfaitement dfinie. L'UEO est un instrument de gestion de crises, aujourd'hui oprationnel, la disposition des Europens pour des oprations menes par des Europens. En tant que tel, l'UEO ne de la volont des Europens de prendre en charge leur part de responsabilit en matire de scurit et de dfense, est l'organisation par laquelle les Europens peuvent aujourd'hui exprimer dans les faits, si besoin en est, que cette volont est toujours l.
Utiliser l'UEO pour des oprations de gestion de crises, c'est renforcer l'identit europenne de scurit et de dfense, c'est donner la priorit l'expression de l'unit europenne et ainsi ne pas se laisser aller sur la voie dangereuse des renationalisations laquelle peuvent nous conduire les coalitions de bonne volont. Nous avons fait beaucoup de progrs dans le domaine de la construction europenne.
Si l'union politique n'est pas aussi avance que l'est l'union conomique et montaire, des tapes importantes ont t nanmoins franchies, des dcisions fondamentales ont t prises. Ne retournons surtout pas en arrire, nous risquerions de payer fort cher ce recul. Sachons au contraire dvelopper et renforcer nos acquis et tirer profit de ce qui existe dj. Les structures institutionnelles sont en place de mme que les moyens oprationnels, ils sont perfectibles, c'est vrai, mais ils existent, montrons que l'esprit d'identit est toujours vivant, sans lui les plus belles constructions ne serviraient rien.
Je vous remercie de votre attention.
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