Rencontre avec Michael Brasseur, officier de la marine des États-Unis, autour de l’utilisation des drones pour la protection maritime

  • 29 Jul. 2020 -
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  • Mis à jour le: 30 Jul. 2020 15:53

Après avoir commandé deux navires de guerre et bourlingué dans toutes les mers du monde, Michael Brasseur est aujourd’hui expert de la guerre navale à la mission des États-Unis auprès de l’OTAN, au siège de l’Organisation, à Bruxelles. Avec ses collègues venant d’autres pays de l’Alliance, il s’emploie à consolider l’avance technologique de l’OTAN dans les capacités navales critiques.

« Mon travail consiste à tirer parti du vaste écosystème de l'innovation de l'OTAN pour doter les marins de l'Alliance des meilleures technologies possibles pour accomplir leur mission de protection sur les mers », nous explique l’expert.

Michael Brasseur et ses homologues des autres pays de l’OTAN sont chargés de trouver les technologies de pointe susceptibles de conférer un avantage tactique aux marins alliés. Ils se concentrent depuis peu sur les avancées rapides enregistrées dans le domaine des systèmes maritimes sans pilote. « On commence seulement à prendre conscience des capacités révolutionnaires que ces systèmes peuvent apporter. Je m'emploie à accélérer leur développement et leur intégration dans les forces navales alliées. »

En octobre 2018, Michael a contribué au lancement d’une initiative sur les systèmes maritimes sans pilote (MUS). Aujourd’hui, quatorze Alliés1 se sont associés pour développer et acquérir une technologie navale destinée à accroître l’efficacité opérationnelle, à limiter les risques en termes de vies humaines et à réduire les coûts opérationnels, et il est bien entendu au cœur de cet effort. Les travaux avancent à grands pas et plusieurs autres pays membres, ayant réalisé l’intérêt de cette initiative, ont annoncé vouloir s’y joindre.

Défendre le libre accès à la mer

Les systèmes maritimes sans pilote sont des drones sous-marins, aériens et de surface, que les forces navales alliées utilisent dans les circonstances les plus diverses pour renforcer les capacités des plateformes habitées. Complémentaires aux moyens maritimes traditionnels, ils contribuent notamment à améliorer la connaissance de la situation, une capacité essentielle pour préserver le libre accès aux voies maritimes.

« La Terre est recouverte d’eau à soixante-dix pour cent. Correctement utilisés, les systèmes maritimes sans pilote peuvent considérablement améliorer notre aptitude à comprendre cet environnement et à garder ouvertes les voies commerciales maritimes. »

Les mines, les actes terroristes, les trafics en tout genre et la piraterie sont autant de menaces pour la capacité des Alliés à opérer librement dans les eaux internationales. Les drones offrent un gain d’efficacité dans certains domaines capacitaires cruciaux tels que la détection et la surveillance des sous-marins suspects ou le repérage des mines.

« Adossé à une plateforme habitée, un MUS permet de détecter, de localiser et de neutraliser une mine sans mettre d’opérateur en danger », fait observer notre spécialiste.

Passionné par son travail et amoureux de la vie

Michael adore son travail, et ce pour plusieurs raisons. « J’éprouve tout d’abord énormément de joie à travailler avec mes amis et collègues de l’Alliance. Ce projet m’a permis de nouer des relations professionnelles et personnelles fortes qui m'accompagneront toute ma vie. J’aime aussi beaucoup pouvoir découvrir de nouvelles technologies et entretenir des contacts avec le monde universitaire et l’industrie. »

Ses deux fils, adolescents férus de physique, d’informatique et d’intelligence artificielle, trouvent qu’il est plutôt chanceux de travailler dans un domaine si high tech. « Eux aussi trouvent l’OTAN très cool ! »

Bon nombre des collègues de Michael ignorent qu’il a survécu à la maladie. « En 2016, après mon commandement de l’USS Forth Worth, j’ai appris que j’étais atteint d’un lymphome de Hodgkin classique, au stade II. Ça a complètement changé mon regard sur la vie, c’est sûr. Je savoure désormais chaque instant, comme ces moments formidables passés à l’OTAN, la vie à Bruxelles, le travail avec des amis et des collègues venant de toute l’Europe. »

Des drones testés selon des scénarios réalistes

Chaque année au Portugal, Michael participe, dans le cadre de l’exercice REP(MUS) (« situation générale de l’environnement pour les systèmes maritimes sans pilote »), à des essais de systèmes maritimes sans pilote conduits selon des scénarios de recherche et sauvetage, de protection portuaire, de lutte anti-sous-marine ou de guerre des mines navale.

« Le REP(MUS) est la plus grande manœuvre de systèmes maritimes sans pilote d'Europe. L’an dernier, nous avons réalisé plusieurs ‘grandes premières’ essentielles pour l’OTAN en termes d’interopérabilité », explique-t-il.

De fait, l’exercice a rassemblé plus de 800 personnels issus de la marine portugaise, mais également belge, italienne, polonaise, turque, britannique et américaine, ainsi que du Centre pour la recherche et l’expérimentations maritimes de l’OTAN.

Michael estime que nous avons atteint un point d’inflexion : « L’innovation avance maintenant à un rythme exponentiel, nos institutions doivent se montrer plus réactives. Nous avons accompli des progrès considérables, mais nous avons encore beaucoup de pain sur la planche dans le cadre de cette initiative importante ; il reste à améliorer certaines choses, à accélérer et à passer à l’échelle supérieure »

  1. Belgique, Danemark, France, Allemagne, Grèce, Italie, Pays-Bas, Norvège, Pologne, Portugal, Espagne, Turquie, Royaume-Uni et États-Unis.