Discours

prononcé par M. Jean Asselborn, Ministre des Affaires étrangères du Luxembourg à l'ouverture du premier séminaire sur le nouveau concept stratégique de l'OTAN

  • 16 Oct. 2009
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  • Last updated: 16 Oct. 2009 12:48

Madame le Président,
Monsieur le Vice-Président,
Monsieur le Secrétaire général délégué,
Excellences, Mesdames et Messieurs,

Notre Alliance, qui vient de fêter son 60e anniversaire, a entamé un processus de réflexion, ouvert et inclusif, qui culminera dans l’adoption d’un nouveau concept stratégique lors de notre Sommet au Portugal fin 2010.

Le Luxembourg est particulièrement fier d’avoir pu organiser le premier d’une série de quatre séminaires afin de réfléchir sur l’objectif premier de l’OTAN et ses missions essentielles dans le nouvel environnement stratégique.

Pendant 60 ans, « OTAN » a été synonyme de liberté, solidarité et sécurité indivisible entre l’Europe et l’Amérique du Nord. De nos jours, la raison d’être principale de l’OTAN – assurer notre sécurité – reste plus que jamais valable.

Ce qui est nouveau, c’est que l’environnement dans lequel nous poursuivons cet objectif est complètement différent. Aujourd’hui, nous faisons face à des défis d’une nature nouvelle – Etats faillis ou en faillite, cyberattaques, sécurité énergétique, piraterie – et dont l’origine géographique est le plus souvent « hors zone ».

Il me paraît utile que notre politique de sécurité soit définie de manière plus large car les nouveaux défis relèvent de par leur nature de domaines qui exigent des compétences qui dépassent la sphère militaire.

Aucun pays – et aucune alliance – n’est aujourd’hui capable de résoudre seul les défis auxquels nous sommes confrontés. Fondées sur des valeurs communes, l’UE et l’OTAN se justifient chaque jour davantage. L’approche globale nous invite à nous orienter vers une véritable coopération, fondée sur une nécessaire complémentarité entre ces organisations.

Dans ce contexte, notre lieu de réunion – le quartier du Kirchberg, siège de 10 institutions européennes – est symbolique. L’Union européenne est par essence un projet de paix qui a réussi parce qu’il y avait, et il y a toujours, la volonté politique de coopérer, aussi bien au niveau européen qu’au niveau transatlantique.

La coopération – avec d’autres acteurs et sur tous les sujets – sera au cœur de notre débat sécuritaire.

La coopération entre l’OTAN et l’UE doit pouvoir évoluer pour devenir un véritable partenariat stratégique. L’Afghanistan, le Kosovo et l’Océan indien sont des théâtres où l’OTAN et l’UE ont déployé des ressources importantes. Dans un contexte de crise financière internationale, nous ne pouvons pas nous payer le luxe de faire double-emplois et nous ne pouvons pas faire l’économie d’une approche globale qui aille au-delà du simple slogan.

La coopération entre l’OTAN et la Russie mérite toute notre attention. Nous ne pourrons pas assurer notre sécurité contre la Russie, mais seulement en concertation avec la Russie. Nous avons des sujets de controverse importants et il faut en discuter ouvertement. Mais nous avons surtout des intérêts en commun, notamment liés au nouvel environnement sécuritaire. Je demeure convaincu qu’une approche coopérative de la sécurité est plus prometteuse qu’une approche de confrontation.

La coopération avec nos partenaires, dont la sécurité et la stabilité sont étroitement liées à la sécurité euro-atlantique, et parmi lesquels je compte en premier lieu l’ONU, mais aussi l’OSCE et l’UA, continue de jouer un rôle important.

Enfin, la coopération transatlantique demeure le ciment de notre Alliance. Jamais auparavant il n’y a eu une si importante identité de vues sur les dossiers cruciaux pour la sécurité internationale : Afghanistan, Pakistan, Moyen-Orient. Cette harmonie est essentielle pour notre contribution collective à la stabilité et à la sécurité de notre espace commun.

Madame le Président,
Monsieur le Vice-Président,

Pour nous amener à une harmonie de vues au sein de l’Alliance, il conviendra d’analyser tant les défis que les moyens d’y faire face. La réflexion que nous entamons aujourd’hui est donc nécessaire et utile.

Le nouveau concept doit préserver le principe de la solidarité alliée contenue dans l’article 5 du Traité de Washington. L’indivisibilité de notre sécurité est la pierre angulaire de l’Alliance et un élément-clé du Traité de Washington qu’il importe de réaffirmer.

Le nouveau concept doit cependant se moderniser pour s’adapter au nouvel environnement sécuritaire dans lequel nous évoluons et surtout prendre en compte le fait que notre sécurité est de plus en plus dépendante de celle d’autres acteurs. La constante recherche de la sécurité au plus bas niveau possible d’armement – qu’il soit conventionnel ou nucléaire – sera une contribution essentielle à la stabilité dans le monde.

Je suis persuadé que le discours de Prague du Président Obama sur la vision d’un monde sans armes nucléaires inspirera l’OTAN et tous ses Etats-membres, – et surtout ceux qui sont en possession de cette arme – d’aller de l’avant dans cet examen inclusif et franc du futur de notre alliance.

Je vous remercie de votre attention.