Melanj - ou comment transformer en engrais sans risque une substance dangereuse pour l'environnement

  • 12 May. 2011 -
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  • Mis à jour le: 18 May. 2011 15:04

Le Melanj, autrefois utilisé par les forces soviétiques dans les missiles courte et moyenne portée, est une substance hautement toxique. Il en existe encore des milliers de tonnes dans plusieurs pays de l'ex-Union soviétique et du Pacte de Varsovie. À certains endroits, ce liquide hautement corrosif s'échappe des conteneurs de stockage et se répand dans les sols, qu'il pollue, et expose les eaux souterraines à une possible contamination. Ses vapeurs nocives, de couleur brunâtre, peuvent également causer des difficultés respiratoires et provoquer des pluies toxiques.

En Azerbaïdjan et en Ouzbékistan, les stocks de Melanj ont été neutralisés et transformés en engrais faiblement dosé, grâce à une installation de conversion mobile dont le développement a été financé par le programme pour la science au service de la paix et de la sécurité (SPS).

« Nous devons faire en sorte que ce produit retourne dans la nature sous une forme respectueuse de l'environnement, » a déclaré M. Bülent Tüdes, directeur de programme à l'Agence OTAN d'entretien et d'approvisionnement (NAMSA), qui supervise la mise en oeuvre du projet. « Si nous ne l'avions pas transformé, nous aurions provoqué un désastre écologique. »

Une solution sûre et rentable

L'objectif du projet du programme SPS était de trouver un moyen rentable de se débarrasser du Melanj en toute sécurité. Le fait de transporter le Melanj pour l'éliminer posait toute une série de problèmes en raison de la nature corrosive du produit. « Il est très dangereux de déplacer le Melanj d'un pays à un autre, » souligne M. Tüdes, « il faut faire très attention. Au moindre accident, les conteneurs peuvent tomber et se briser. »

Pour éviter d'avoir à déplacer le produit, la NAMSA a mis au point une méthode permettant de le neutraliser sur place. En utilisant une usine conçue par une entreprise américaine et gérée par une société turque, c'est l'outil de conversion qui a été transporté jusqu'aux stocks de Melanj et non l'inverse.

L'usine, dont le déplacement s'effectue en seulement deux semaines (une semaine pour le démontage et le transport, et une semaine pour l'assemblage et le démarrage), est la solution permettant de diminuer la quantité de substance dangereuse contenue dans le Melanj.

Travaux préparatoires en Azerbaïdjan

À ce jour, le projet de conversion du Melanj a été mené avec succès par la NAMSA dans deux pays : l'Azerbaïdjan et l'Ouzbékistan.
En Azerbaïdjan, le projet a démarré en 2006 avec pour objectif de neutraliser près de 1300 tonnes de ce produit, stockées à Alät et à Mingäçevir.

L'OTAN a investi 2,2 millions d'euros dans la construction, le transport et l'assemblage de l'installation, en plus du coût d'exploitation par les experts et le personnel. En utilisant de l'hydroxyde de calcium pour neutraliser l'acide nitrique présent dans le Melanj, la NAMSA a transformé cette substance en un engrais faiblement dosé. « C'est la façon la plus sûre et la plus écologique de neutraliser ce produit très dangereux, » a ajouté M. Tüdes.

L'installation peut transformer jusqu'à 5 tonnes de Melanj par jour, grâce à l'infrastructure et au soutien logistique supplémentaires fournis par l'Azerbaïdjan. « Nous avons travaillé avec l'Azerbaïdjan pour aider ce pays à améliorer ses méthodes de protection de l'environnement, » a déclaré M. Christiaan de Wispelaere, conseiller SPS et responsable du projet au siège de l'OTAN.

Adaptation du projet pour l'Ouzbékistan

Une fois le projet achevé avec succès en Azerbaïdjan en 2008, l'OTAN a transféré l'installation en Ouzbékistan la même année, ce qui a permis de détruire 1100 tonnes de Melanj qui étaient stockées dans des conteneurs en mauvais état, dans la région de Samarkand. Le projet a pris fin en octobre 2010, en avance sur le calendrier.

Aujourd'hui, l'installation de conversion mobile reste à la disposition d'autres pays qui requièrent une assistance similaire.

Un effort multinational

Outre le soutien financier et logistique obtenu grâce au parrainage et aux pays hôtes, le projet a aussi bénéficié des compétences de spécialistes allemands, polonais et américains.

Comme le fait remarquer, M. de Wispelaere : « Le plus important, dans le programme SPS, c'est la collaboration entre l'OTAN et les pays partenaires, et la coopération civile au bénéfice des populations. »