Speech

by NATO Secretary General Jaap de Hoop Scheffer at the meeting of the NATO Parliamentary Assembly, Oslo, 26 May 2009

  • 26 May. 2009 -
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  • Last updated: 26 May. 2009 13:59

Mesdames et Messieurs les Parlementaires,
Excellences,
Mesdames, Messieurs,
Chères amies, chers amis,

C’est la dernière fois que j’ai l’occasion de m’adresser à l’Assemblée parlementaire de l’OTAN, et je suis très heureux d’être ici aujourd’hui accompagné des membres du Conseil de l'Atlantique Nord. Sachant combien j’ai apprécié d’assister à vos réunions au cours de ces dernières années, je pourrais à présent me promener sur les sentiers de la mémoire et rappeler avec plaisir les nombreuses discussions intéressantes que nous avons eues sur des questions aussi nombreuses que diverses. Mais je crois que ce n’est pas le moment de se laisser aller à la nostalgie, l’OTAN n’en a tout simplement pas le temps.

Des forces de l’OTAN sont déployées actuellement sur tout le territoire de l’Afghanistan, alors que cette année d’élections promet d’être particulièrement délicate. Au Kosovo, nos forces continuent d’assurer le maintien de la paix. En outre, nous intensifions notre mission de formation en Iraq, nous poursuivons notre opération de lutte contre le terrorisme en Mer Méditerranée, et nous menons également des opérations de lutte contre la piraterie au large des côtes de la Corne de l’Afrique.

Et ce ne sont là que quelques exemples de missions et d’opérations auxquelles l’OTAN participe à l’heure actuelle. Celles-ci font la preuve de l’extraordinaire souplesse et de la fabuleuse capacité d’adaptation de l’OTAN aux situations qui se présentent. À ces activités s’ajoute également une série de développements politiques tout aussi importants.

La France est en train de reprendre toute la place qui lui revient dans la structure militaire intégrée. L’Alliance vient de s’élargir, de 26 à 28 pays membres, laissant la porte ouverte à d’autres pays intéressés. Nous avons restructuré la Commission OTAN-Ukraine et mis en place la Commission OTAN-Géorgie, afin d’aider ces deux pays à concrétiser leurs aspirations euro‑atlantiques. Nous continuons de développer nos partenariats et nos relations avec de nombreux pays à travers le monde, et nous resserrons aussi nos relations avec d’autres organisations et institutions internationales.

Ces développements revêtent tous une grande importance, résultant du fait que l'Alliance sert de plus en plus souvent de cadre à des débats politiques. Une telle approche permet de mener les consultations politiques nécessaires pour parvenir à des solutions raisonnables et pragmatiques que tous les pays sont en mesure d’adopter et de mettre en œuvre.

Mais est-ce que tout cela signifie que nos travaux progressent en douceur et que vous, moi et mon successeur pouvons relâcher nos efforts et nous reposer ? Certainement pas. À l’approche de la fin de mon mandat, j’estime que notre Alliance se trouve devant trois défis majeurs, des défis qui vont déterminer dans une large mesure l’avenir de l’OTAN, et qui font également apparaître le rôle crucial que jouent nos parlements. Si je devais qualifier ces défis, je parlerais du défi de la solidarité, du défi de la coopération institutionnelle et du défi des ressources.

D’abord, un mot sur le défi de la solidarité. Pendant la guerre froide, la menace à laquelle nous étions confrontés n’était pas seulement existentielle, elle était également clairement visible et mesurable. Par conséquent, nos réponses à cette menace étaient largement institutionnalisées. La solidarité était quasi automatique.

Aujourd’hui, la situation est bien différente. Bon nombre de nouveaux défis de sécurité ne se prêtent pas à des solutions purement militaires ni à des réponses élaborées à l’avance. Certains défis peuvent avoir un caractère régional et ne pas toucher l'ensemble des Alliés tout à fait de la même manière. D’autres peuvent correspondre à des projets qui tiennent particulièrement à cœur à un pays allié, dont le point de vue sera différent de celui des autres pays membres. Par ailleurs, si certains défis peuvent nécessiter des mesures immédiates, voire préventives, d'autres peuvent exiger un engagement coûteux, risqué et de longue durée loin de nos propres frontières.

Ainsi, contrairement à ce que nous avons connu pendant la guerre froide, la solidarité au sein de l'Alliance n'est plus automatique. Au contraire, la solidarité doit se construire cas par cas et être ensuite soigneusement entretenue. En un mot, nous devons nous accorder sur une nouvelle manière d’envisager la solidarité dans l’environnement d’aujourd’hui. Il ne suffit plus d’évoquer une communauté de valeurs ou de rappeler les résultats obtenus par l’OTAN dans le passé. Comparer l’OTAN à un chevalier revêtu d’une armure étincelante ne fera que nous détourner de notre tâche essentielle : trouver des consensus et instaurer la solidarité entre nous.

L’Assemblée parlementaire de l’OTAN a eu sa part de débats sur ce que pourrait ou devrait être la solidarité – notamment par rapport à notre engagement en Afghanistan. J’ai toujours affirmé qu’il serait naïf de croire que 28 pays différents, avec des cultures stratégiques, des constitutions et des parlements différents, peuvent opérer en Afghanistan en parfaite harmonie. Nous devons simplement prévoir de laisser une certaine souplesse aux pays, faute de quoi l’OTAN deviendra un carcan et perdra le soutien de ses membres.

Mais j’ai aussi toujours insisté sur le fait que cette souplesse ne doit pas être accordée au détriment de la solidarité. Ainsi, nous ne devons pas vivre dans l’illusion qu’il est possible d’établir une nette distinction entre maintien de la paix et combat, ou pire encore, qu’il s’agit là de notions appartenant à des catégories morales différentes. Les réalités sur le terrain sont tout autres, et c’est justement sur ces réalités opérationnelles que l’effort commun de notre Alliance doit reposer. Des pays différents peuvent effectivement adopter des approches différentes, mais ils doivent tous poursuivre le même objectif. L’Assemblée parlementaire de l’OTAN a un rôle crucial à jouer pour faire passer ce message.

Le deuxième défi consiste à promouvoir une coopération plus grande et plus efficace entre nos principales institutions. En termes simples, si l’OTAN intervient dans une zone de crise, comme elle l’a fait dans les Balkans dans les années 90 et en Afghanistan au début de cette décennie, elle ne peut plus réussir seule. Certes, la puissance militaire demeure indispensable. Mais en définitive, la réussite de notre action dépendra des progrès dans les domaines politique et économique, en d'autres termes, de la participation d’autres acteurs, du secteur civil.

Pour parler sans ambages : chaque fois que l’OTAN est appelée à passer de la gestion des crises à la mise en place concrète d’institutions étatiques, la réussite de son action dépend d’éléments qui échappent en partie à son contrôle. Cela veut dire que, de plus en plus, l’OTAN a tout à gagner de la réussite d’autres acteurs. Et cela signifie surtout qu’une approche globale efficace est devenue un impératif stratégique de la politique de sécurité moderne.

Vous savez tous aussi bien que moi que nous sommes encore très loin de cette approche globale, mais nous nous en rapprochons. La déclaration commune ONU‑OTAN que le secrétaire général Ban Ki-Moon et moi-même avons signée en septembre dernier est une des pièces du puzzle, et je suis très fier que nous ayons pu la placer. Cependant, pour que ce puzzle puisse être complété, nous devons faire en sorte que d’autres organisations - gouvernementales et non gouvernementales – comprennent aussi la nécessité d’une coordination plus étroite. Qui d’autre est mieux placé que les parlementaires pour susciter une telle prise de conscience ? Qui d’autre que ceux qui tiennent les cordons de la bourse – pas seulement pour l’OTAN mais aussi pour les nombreux autres acteurs ?

Vous attendez, à juste titre d’ailleurs, que l’OTAN utilise au mieux l’argent des contribuables. Vous pouvez faire valoir avec force que d’autres organisations aussi doivent prendre conscience du fait que les temps ont changé et qu’il n’existe tout simplement aucune autre solution réaliste que celle d’une approche globale.

Speaking of money inevitably leads me to my third challenge: the resource challenge.  The question of how much to spend on defence has always been controversial.  And defence budgets have always risked losing out against other causes that are more easily seen as noble – such as schools, or hospitals.  Indeed, with the financial crisis that has hit all our nations, it has become even harder to make the case for sensible defence budgets.  Of course, one might argue that a financial squeeze generates its very own benefits, for example, more multinational projects and a greater preparedness to explore common funding.  But the key challenge remains: how to encourage an appropriate level of defence spending and how to use our resources most effectively?

Does this mean that we should engage in scaremongering?   Should we hype the threats and challenges in order to rally our constituencies around the cause for greater resources?  Of course not.  It may sound paradoxical, but the difficulty in convincing our publics of the need to increase defence spending is in fact a sign of how well we are doing.  People don't worry about security because they actually feel secure.  Indeed, some of the promotional videos that we produced on the occasion of our recent 60th anniversary were built around the message that people take their security for granted – they don’t have to think about it because NATO takes care of it for them.  I quite liked that message, because it made clear that this feeling of security is a result of a constant and persistent effort by many, and not least by NATO. 

But I do worry that some national governments are not maximising their contribution to NATO - they are still wasting resources on procurement of capabilities for hypothetical scenarios.  Collective territorial defence remains, and will remain, the very core principle upon which the Alliance is built.  But today, the requirement to deploy forces to distant crisis regions, often at short notice, is just as important as the requirement to have forces that can defend national borders.  When I look at Afghanistan, it concerns me that some troops there are still not equipped with, nor supported by, the best capabilities that are available.  We really must do better at balancing the long-term and collective defence requirements against today’s essential operational requirements.  So I look to you, the parliamentarians, to ensure that when your governments take those decisions to put your nation’s troops in harms way, that they also decide to equip them with the very best equipment that is available – we owe our troops nothing less. 

Meeting the three challenges that I have just outlined -- the solidarity challenge, the challenge of institutional cooperation, and the resource challenge -- will be key – both for NATO as an organisation and for you as Parliamentarians.  And we now have the perfect opportunity to address these challenges – through our work on a new Strategic Concept.  Because this process will require Allies to discuss and come to agreement on NATO’s entire agenda.  I have already highlighted three of the major challenges, and the Strategic Concept will enable us to address these challenges and find the right solutions.  But there are other challenges, too, that the new Strategic Concept must address. 

First, a new Concept must clearly describe the new strategic environment and the relevant emerging trends.  We should not only consider terrorism, failed states, and the proliferation of weapons of mass destruction, but also the security implications of climate change, cyber-attacks, energy interdependence and piracy.  Because these are all features of the volatile climate of “globalised insecurity” in which NATO needs to find its place and define its role.

Second, the Strategic Concept must provide a new understanding of what we mean by collective defence.  Today, a cyber attack or energy cut-off can paralyse a country – without a single shot being fired.  Security challenges such as these do not necessarily require military responses, but they do require collective responses by all Allies.  This notion will reinforce the concept of Allied solidarity, and reassure all nations that they will not be left to face these challenges on their own.

Third, a new Strategic Concept must reconfirm the consolidation of Europe as a long-standing, strategic objective of NATO.  Over the past twenty years, the Alliance – together with the European Union – has played a major role in the creation of a European continent that is whole, free and at peace.  But this is still work in progress.  And so NATO must continue to keep its door open to countries wishing to join the Alliance.  Because NATO enlargement has very clearly enhanced stability and security for all nations in the Euro-Atlantic area, including Russia.

NATO’s developing relationship with Russia is the final major issue that must be addressed in a new Strategic Concept.  Clearly, effective cooperation between NATO and Russia is essential for addressing many of the common challenges we face – from stabilising Afghanistan to countering terrorism and WMD proliferation.  But Russia currently appears to perceive that the West, and notably NATO, does not take fully into account its security concerns.  This is a perception that needs to be tackled – both by NATO and by Russia.  As NATO Allies, we should use the work on a new Strategic Concept to foster a clear consensus on how we want to engage with Russia, and how we can give further substance to our relationship. 

Ladies and Gentlemen,

The process that will lead to a new Strategic Concept is going to be an “open” one, with the participation of many outside actors, such as think tanks and the interested public.  But there is one group that we clearly also want to involve, and that is you, the NATO Parliamentary Assembly.  Your input to this process will be crucial, not only because Parliamentary support has been, and will remain, vital to NATO, but also because you represent some of the most experienced law-makers on security and defence. 

One of these “old NATO hands”, Jan Petersen, is about to leave Parliament and hence the NATO PA.  I wish you all the best, Jan, for your new assignment in Vienna.  I understand that the responsibility for coordinating the NATO PA’s contribution to our deliberations on the Strategic Concept will pass from Jan to Mr Sven Mikser from Estonia.  I am certain that the NATO PA will provide us with a most stimulating input, and we look forward to continuing to work closely with the NATO PA as this major undertaking progresses. 

Finally, let me close by thanking you all most sincerely for the support that you have given to me over the past five and a half years -- I have greatly appreciated it.  And as I head off to pastures new, I should like to extend to you, both individually and collectively in the NATO Parliamentary Assembly, my very best wishes for the future.

Thank you.