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Mise à jour: 28-Mar-2001 | OTAN les cinq premières années 1949-1954 |
Partie 3
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La Coopération dans les Domaines non MilitairesLe développement de l'OTAN en tant qu'alliance de défense a eu pour résultat de concentrer l'attention sur ses aspects militaires. Il ne faut pas oublier cependant que, dès l'origine, le Traité devait être bien plus qu'un pacte défensif. Comme l'a déclaré M. Lester Pearson, le jour de sa signature: 'Bien que ce Traité soit né de la crainte et des espoirs déçus, il doit néanmoins, pour être durable, conduire à des progrès positifs dans les domaines politique, économique et social'. C'est dans ce dessein qu'aux termes de l'Article 2, les pays signataires ont pris quatre engagements formels : 1. renforcer leurs libres institutions ; Le choix des moyens a été laissé aux gouvernements signataires. Ces engagements constituent en fait une promesse des gouvernements envers leurs peuples et leurs partenaires de travailler en commun à construire un avenir meilleur. Nombreux sont ceux pour qui l'Article 2 représente un texte de valeur constitutionnelle, destiné à renforcer l'unité de la 'Communauté Nord-Atlantique'. Le terme de 'communauté' ne figure pas dans le Traité mais il fut utilisé dans ce sens par M. Lester Pearson lors de la signature. (1) II a été repris depuis dans de nombreux documents du Conseil et communiqués officiels. Il exprime exactement le genre de relations que les Etats membres désirent voir s'établir entre eux -mais il ne doit pas être confondu avec la notion d'une fédération atlantique. Cette dernière conception a trouvé dans certains milieux d'ardents partisans mais elle ne saurait encore être considérée comme politiquement réalisable. Au cours des discussions qui eurent lieu lors de la première session du Conseil, en septembre 1949, au sujet du mécanisme à instituer pour l'application du Traité, il fut suggéré qu'il pourrait être nécessaire de créer des organismes spéciaux pour donner effet aux dispositions de l'Article 2. Cette suggestion fut acceptée par tous dans son principe, mais avec des degrés d'empressement variés. Certains gouvernements désiraient que l'Article 2 devînt immédiatement une réalité; d'autres, au contraire, pensaient qu'il exprimait des idées excellentes, mais qui ne pouvaient être mises en pratique dans l'immédiat. Les choses en restèrent là. Ce n'est que deux ans plus tard - lors de la conférence d'Ottawa en 1951 - que le Conseil examina réellement les possibilités d'une coopération plus étroite dans le domaine de l'Article 2. Le Comité PearsonA l'issue de cette session, le Conseil publia une déclaration
- parfois appelée Déclaration d'Ottawa - ainsi conçue:
'Le renforcement, au cours de ces deux dernières années,
de l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord, a fait naître
dans l'esprit des pays qui y participent une claire conscience de leurs
intérêts et de leurs idéaux communs. Il existe au
sein de la Communauté Nord-Atlantique un désir réel
de se conformer à certaines nécessités particulières,
dans tous les domaines où une collaboration étroite peut
servir le bien-être de la Communauté'. (2) Le Comité Pearson commença par passer en revue les travaux déjà effectués dans son domaine par les gouvernements membres au sein d'autres organisations internationales. Il s'aperçut vite que des résultats fort appréciables avaient déjà été obtenus ou étaient en voie de l'être. Les cinq puissances signataires du Traité de Bruxelles, par exemple, s'étaient engagées à 'développer dans le même esprit les relations sociales et culturelles entre leurs pays' et à 'conclure entre elles dès que possible des conventions relatives aux problèmes sociaux'. Par la suite, ces mêmes puissances avaient adopté
divers codes et conventions Le Comité Pearson rédigea à l'intention du Conseil un rapport intérimaire qu'il lui soumit à Rome en novembre 1951, puis un rapport définitif qu'il lui présenta à Lisbonne en février 1952. Comme on pouvait s'y attendre, il dut reconnaître que peu de domaines étaient jusqu'ici demeurés inexplorés, que ce fût en matière de coopération culturelle, sociale ou économique. D'autre part, il put souligner que l'harmonisation des politiques des gouvernements membres de l'OTAN sur les sujets suivants était en bonne voie : - l'examen collectif de leurs possibilités relativement
au programme La Coopération EconomiqueNous avons traité au Chapitre VI de la coordination et des consultations en matière de politique étrangère. Examinons ici les autres recommandations du Comité - tout d'abord dans le domaine de la coopération économique. On sait qu'il existe une organisation, l'OECE, ayant pour tâche de développer la coopération économique en temps de paix entre ses dix-huit membres européens et ses deux associés nord-américains. Tous les pays membres de l'OTAN participent aux activités de l'OECE, mais tous les pays membres de l'OECE ne font pas partie de l'OTAN. Sur le plan économique, l'OTAN s'intéresse surtout aux répercussions des dépenses de défense sur la situation économique des pays atlantiques. Comme nous l'avons vu, l'établissement d'un plan de défense a conduit le Conseil à étudier les conséquences politiques et économiques de ce plan dans les divers pays, les difficultés qui limitaient l'effort de défense de chacun d'eux ainsi que les moyens propres à surmonter ces difficultés, soit sur le plan national, soit sur le plan international. L'OTAN a donc eu le devoir de présenter aux gouvernements des recommandations concernant leur politique économique - par exemple au cours de l'Examen Annuel qui est l'une des activités continues de l'OTAN. Il est d'autre part conforme à l'esprit de l'Article 2 qu'aucun pays ne soit contraint de fournir un effort de défense lui imposant une charge économique ou sociale intolérable. Il existe donc certains problèmes économiques liés à la défense qui sont étudiés exclusivement par l'OTAN. Mais, fidèle à sa règle qui est d'éviter tout chevauchement inutile des tâches, l'OTAN n'empiète pas sur les travaux des autres organisations internationales et laisse aux pays membres le soin de prendre, au sein de ces organisations, les mesures économiques que ses recommandations appellent sur le plan international. la mobilité de la main-d'oeuvreLe Comité Pearson et le Comité Temporaire du Conseil avaient tous deux recommandé au Conseil Permanent d'étudier de très près le problème des excédents de main-d'uvre dans les pays membres. Dans son rapport de décembre 1951, le TCC avait souligné la nécessité de trouver un remède aussi bien aux excédents qu'aux déficits de main-d'uvre. Il insistait particulièrement sur le fait que les difficultés découlant de la surabondance de main-d'uvre en Italie ne pouvaient être résolues que par une augmentation substantielle de l'émigration. Le Conseil s'était rallié à cette conclusion à sa session de Lisbonne et il avait recommandé aux gouvernements de faciliter les mouvements de main-d'uvre entre leurs pays respectifs. Des problèmes critiques de surpeuplement se posent, non seulement pour l'Italie, mais également pour la Grèce et les Pays-Bas. Certaines organisations internationales, comme le Bureau International du Travail et le Comité Intergouvernemental de l'Emigration Européenne sont spécialisées dans l'étude des divers aspects des problèmes de main-d'uvre. Le rôle de l'OTAN est, on va le voir, beaucoup plus limité. En septembre 1952, le Conseil institua un Groupe de travail sur la Mobilité de la Main-d'uvre. Dans un rapport présenté en novembre 1953, ce Groupe de travail attira l'attention du Conseil sur deux faits : premièrement, la décision prise en août 1953 par le Congrès des Etats-Unis d'admettre, en plus des contingents prévus, un total de 209.000 immigrants au cours de la période se terminant au 31 décembre 1956, dont la moitié environ pourraient provenir des pays européens de l'OTAN. Cette mesure faisait suite à une recommandation du Président Eisenhower soulignant l'intérêt que portaient les Etats Unis au renforcement de la Communauté Atlantique; deuxièmement, l'adoption par le Conseil de l'OECE, également en 1953, d'un ensemble de règles sur 'l'emploi des ressortissants d'autres pays membres', instituant un certain contrôle international sur l'octroi de permis de travail aux étrangers. Ce code est applicable entre tous les pays de l'OECE, sauf le Portugal et la Turquie. Deux conclusions ressortent de l'étude de l'OTAN sur les problèmes de la mobilité de la main-d'uvre : la première, c'est que les progrès sont forcément très lents en raison des facteurs sociaux, économiques et politiques en cause; la seconde, c'est que l'OTAN ne peut ni ne doit chercher à devenir un organisme d'exécution en matière de mobilité de la main-d'uvre et d'émigration, étant donné que d'autres institutions internationales s'occupent déjà de ces questions. Au surplus, la plupart des pays d'outre-mer qui peuvent recevoir des immigrants ne font pas partie de l'OTAN. Le Conseil continuera toutefois de rappeler aux gouvernements le danger que présente, pour la Communauté Atlantique et pour son effort de défense, la présence d'importants excédents de population dans plusieurs pays membres. La coopération sociale et culturelleLe Comité Pearson estima que la meilleure contribution que pût apporter l'OTAN dans le domaine culturel et social consistait à encourager la coopération entre les pays d'Europe et ceux d'Amérique du Nord. Il reconnut toutefois que, dans les circonstances actuelles, certaines initiatives seraient entravées par les différences existant entre les lois sociales et les coutumes de part et d'autre de l'Atlantique - différences qui tiennent en partie au fait que les responsabilités en matière de législation sociale sont partagées, au Canada et aux Etats-Unis, entre le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux et d'Etat. Le développement de la coopération transatlantique sur le plan social parut donc difficile à réaliser: en fait le Conseil n'a pu faire aucun progrès dans ce domaine. Le problème des échanges culturels semble moins difficile à résoudre. En mars 1954, le Conseil a nommé un conseiller (4) chargé d'étudier les diverses formes que pourrait revêtir la coopération culturelle entre les pays membres (aussi bien sur le plan bilatéral que sur le plan multilatéral) et d'indiquer les lacunes que l'OTAN pourrait combler. Bien qu'il n'existe encore aucun projet portant sur l'ensemble de l'OTAN, des échanges culturels ont lieu fréquemment entre divers pays membres, à titre individuel. C'est ainsi que, sur la proposition d'un professeur français, la Société danoise pour le Pacte Atlantique et la Démocratie a organisé en 1954, sous les auspices de l'Université de Copenhague, un cours de vacances ouvert à des étudiants en provenance de tous les pays de l'OTAN. Cette même société a également organisé un 'Camp de Vacances Atlantique' à l'intention des jeunes employés de commerce. Telles sont les excellentes initiatives que peuvent prendre les partenaires de l'Alliance, soit sur le plan officiel, soit sur le plan privé. Le budget de l'OTAN ne prévoit aucun crédit pour les activités culturelles : les progrès dépendront donc essentiellement de la mesure dans laquelle les gouvernements membres seront disposés à fournir les fonds nécessaires. L'OTAN et l'opinion publiqueLe succès d'une vaste expérience internationale comme l'OTAN dépend, dans une large mesure, de l'appui qu'elle trouve chez les populations de tous les pays membres. Cet appui, l'OTAN ne l'obtiendra que si les nations comprennent la raison des efforts et des sacrifices qui leur sont demandés. Ce fait a été reconnu dès les débuts de l'Alliance. A sa session de mai 1950, le Conseil a déclaré que l'une de ses tâches essentielles consistait à informer l'opinion des objectifs et des réalisations du Traité, tout en laissant naturellement à chaque gouvernement membre la responsabilité de ses programmes nationaux d'information. En 1951, le Conseil des Suppléants adopta une résolution analogue et réunit à Londres une conférence des fonctionnaires chargés de l'information dans tous les pays membres, afin d'étudier cette question. (5) Dans son rapport, le Comité Pearson lançait un nouvel appel pour que le travail d'information concernant l'OTAN fut intensifié. Depuis, la question est venue à plusieurs reprises devant le Conseil et, dans chacun de ses rapports aux ministres, le Secrétaire Général a insisté sur l'importance vitale qu'elle présentait pour l'Alliance. Il n'est pas douteux que les populations des pays de l'OTAN sont en majorité favorables à l'Alliance Atlantique: les votes émis au sein des parlements, aussi bien lors de la ratification du Traité qu'au moment de l'adoption des budgets militaires, l'ont amplement démontré. Chose assez étrange cependant, leur ignorance à l'égard de l'OTAN demeure très grande. Une enquête menée en 1953 par l'Institut International de la Presse à Zurich a révélé que 79 % de la population aux Etats-Unis, 82 % en Grande-Bretagne, 87% en Italie et 89 % en France, n'avaient aucune idée de ce que représentait le sigle OTAN ou NATO : L'article contenant ces renseignements était intitulé comme il convient: 'l'OTAN, cette grande inconnue'. Ce regrettable état de choses ne doit être imputé ni à un manque d'intérêt de la part du Conseil ni à une carence du Secrétariat International. Le Conseil a en effet créé un Comité de l'Information et des Relations Culturelles, présidé par le Représentant Permanent du Canada, M. Dana Wilgress, et chargé de rechercher constamment les moyens de faire connaître plus largement les buts et les réalisations de l'OTAN. Quant au Secrétariat International, on verra ci-dessous le rôle qu'il a joué dans ce domaine. Les projets de la Division de l'Information se heurtent à trois obstacles. Le premier est d'ordre financier : le total du budget de fonctionnement de cette Division ne dépasse pas 34.000 livres sterling par an ; le deuxième a trait à la sécurité : il a fallu interdire à maintes reprises la publication d'informations intéressantes parce qu'elles portaient sur des questions ayant un caractère secret; le troisième tient au fait que l'action de la Division se borne à concevoir, suggérer et coordonner: c'est aux gouvernements qu'incombe l'exécution de projets qu'ils sont évidemment libres d'adopter, de rejeter ou de modifier comme ils l'entendent. Les gouvernements se heurtent eux-mêmes à certaines difficultés : tous ne disposent pas du personnel ni des moyens matériels nécessaires pour diffuser des informations sur l'OTAN - et ils sont d'ailleurs sollicités par bien d'autres tâches. D'autre part, dans certains pays, les services d'information officiels ne peuvent opérer que dans des domaines restreints, définis par la loi. Néanmoins, quelques pays OTAN ont déjà pris des mesures en vue de surmonter les difficultés que rencontre un organisme international contraint de diffuser ses informations par l'entremise de services nationaux. Certains, par exemple, ont nommé des fonctionnaires chargés spécialement de recueillir et de diffuser des informations concernant l'OTAN. De plus, au sein du Comité de l'Information et des Relations Culturelles de l'OTAN, les représentants des quatorze pays instituent peu à peu une 'manière OTAN' de traiter et de résoudre les problèmes d'information. Avant d'indiquer certains des projets d'information qui ont été approuvés par les pays membres, il nous faut dire quelques mots d'une question sur laquelle existent des opinions très divergentes : celle de la guerre psychologique, ou 'contre-propagande'. Certains estiment que les pays membres devraient examiner, dans le cadre de l'OTAN, les moyens de combattre la propagande intense menée contre cette organisation par les communistes et les autres adversaires de l'Alliance. D'autres soutiennent que cette question doit rester du ressort de chaque gouvernement. Entre ces deux points de vue, un compromis a été réalisé aux termes duquel l'OTAN peut servir de lieu de consultation sur la guerre psychologique. Ces consultations, toutefois, sont limitées aux questions intéressant les pays membres. L'OTAN n'a jamais envisagé de mener, en sa qualité d'organisation internationale, une propagande quelconque auprès des peuples de l'Union Soviétique ou des pays satellites. Citons maintenant quelques unes des initiatives prises par la Division de l'Information, et qui ont donné des résultats satisfaisants; 1. Voyages de journalistes. De temps à autre, des
groupes de journalistes appartenant à tous les pays membres se
réunissent à Paris et se documentent pendant quelques
jours sur les multiples activités de l'OTAN. Ils se rendent ensuite,
sous les auspices de l'Organisation, dans les divers pays de l'Alliance,
conduits par un fonctionnaire de l'OTAN. Au 1er juillet 1954, dix-neuf
de ces voyages avaient eu lieu (intéressant en tout plus de 250
journalistes) et tous les pays membres avaient été visités,
excepté les Etats-Unis et l'Islande. Le nombre de comptes rendus
parus à la radio, dans la presse quotidienne et périodique
à l'issue de ces voyages a été encourageant. De
nouvelles tournées auront lieu en 1954. L'information des forces armées et les relations de celles-ci avec la population civileCette brève description de certaines des activités d'information déployées au siège de l'OTAN serait incomplète si nous ne mentionnions deux questions étroitement liées, d'un intérêt particulier pour l'Alliance. La première est l'information apportée aux officiers et aux hommes des forces alliées sur les objectifs et l'action de l'OTAN. La seconde est le développement de rapports d'amitié entre les membres des troupes alliées (et leurs familles), et les populations des pays membres. Le Conseil a étudié ces questions à différentes reprises, et, en octobre 1953, environ 70 experts venus des pays membres et des commandements internationaux se sont réunis au Palais de Chaillot pour les examiner. En ce qui concerne l'information des forces armées, la multitude de brochures, de photographies et autres publications qui a été produite à cette conférence indique l'importance de l'action d'information déjà entreprise par les gouvernements auprès de leurs troupes. Les délégués purent se mettre d'accord sur certains moyens d'améliorer les programmes et les méthodes d'instruction et ils recommandèrent que la Division de l'Information, en plus de son rôle de producteur de publications, servît aux gouvernements de centre d'échange de documentation pour l'information des forces armées. Cette recommandation a été appliquée; il en est résulté un accroissement marqué, tant du volume des échanges, entre les divers pays, d'informations destinées aux forces armées que de l'espace consacré à l'OTAN dans les publications nationales destinées aux forces armées. L'un des enseignements de la dernière guerre fut qu'il importait au plus haut point d'établir de bons rapports entre les troupes étrangères et la population du pays de séjour. Ceci est d'autant plus vrai aujourd'hui, où des milliers de membres des forces alliées sont stationnés dans des pays de l'OTAN autres que le leur en temps de paix. Leur présence risque d'engendrer certains antagonismes et malentendus imputables au fait que les jeunes soldats sont désorientés lorsqu'ils se trouvent subitement dans des pays dont ils ignorent la langue et les usages; de son côté, la population civile comprend mal les raisons de la présence de ces soldats étrangers qu'elle rend responsables de tous ses maux: hausse du prix des loyers, des denrées, des distractions, etc. C'est en renseignant soigneusement les troupes étrangères sur les pays où elles vont être stationnées et en expliquant à la population locale la raison de leur présence que l'on peut transformer la méfiance en tolérance, voire en amitié. En ces jours où le soldat n'est qu'un civil en uniforme, la valeur de cette entente est immense, non seulement pour l'immédiat mais également lors du retour des troupes dans leurs foyers. En contribuant à éveiller la compréhension et la sympathie de ses compatriotes à l'égard des modes de vie de ses alliés, chaque soldat peut prolonger, dans la vie quotidienne, son action en faveur de la Communauté Atlantique. Bien entendu, la question des rapports des forces armées avec la population civile intéresse en premier lieu le gouvernement du pays d'accueil et celui des forces étrangères qui y sont stationnées. Toutefois, chaque gouvernement peut tirer parti de l'expérience des autres en des matières telles que l'enseignement des langues, l'organisation des loisirs et les cours d'orientation, pour ne citer que quelques exemples. La conférence de 1953 a passé en revue l'uvre accomplie dans ces domaines par les gouvernements des pays membres, les commandements internationaux et les organismes privés, et a présenté au Conseil des recommandations pratiques. Cette réunion remporta un tel succès que les délégués furent unanimes à proposer qu'une réunion analogue ait lieu dans un avenir prochain. Le Conseil a décidé qu'elle se tiendrait au début de 1955. L'établissement de rapports plus étroits
entre l'OTAN et les membres des divers parlements revêt un intérêt
particulier pour l'Organisation. Au cours des deux dernières
années, des groupes de parlementaires venus du Danemark, de France,
d'Italie, de Norvège et du Royaume-Uni ont visité le Palais
de Chaillot. De nombreux groupes de parlementaires se sont également
rendus au SHAPE. Le Secrétariat International a été très heureux d'accueillir des groupes de parlementaires et espère recevoir d'autres visites de ce genre. Si de tels groupements nationaux établissent plus tard des rapports entre eux et souhaitent organiser des réunions communes, le Secrétariat International s'efforcera de les y aider par tous les moyens dont il dispose. Groupements privésII va de soi que l'action officielle n'est pas le seul moyen de faire connaître et comprendre l'OTAN. L'initiative privée peut également jouer un grand rôle et la constitution, dans les Etats membres, d'associations privées favorables à l'OTAN constitue un facteur encourageant. La cadence à laquelle se créent ces associations diffère d'un pays à l'autre. En Scandinavie, par exemple, et aux Pays-Bas, les groupements pro-atlantiques sont en plein essor; il en est de même au Canada, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis. Le mouvement tendant à une association des groupements en faveur de l'OTAN fut lancé par la 'British Society for International Understanding' (7) qui commença par organiser à Oxford en septembre 1952 une conférence d'étude sur la Communauté Atlantique. A la suite de cette réunion, un Comité Atlantique international fut créé. Ce Comité patronna la conférence sur 'la défense du monde libre' organisée à Paris en juin 1953 par le Centre d'Etudes de Politique Etrangère et organisa, en coopération avec la Société danoise pour le Pacte Atlantique et la Démocratie, la deuxième conférence d'étude internationale sur la Communauté Atlantique qui se déroula à Copenhague au mois de septembre suivant. Le 18 juin 1954, lors d'une réunion des organisations nationales en faveur de l'OTAN tenue à la Haye, un accord est intervenu sur les statuts d'une fédération internationale de ces groupements. Les associations privées peuvent grandement contribuer à éclairer la masse du public sur l'OTAN et à faire grandir le sentiment d'une communauté d'intérêts entre les peuples des quatorze pays signataires du Traité. Le Conseil a pour principe d'accorder à ces groupements tout l'appui possible, en s'abstenant toutefois de s'immiscer dans leur gestion ou dans leur financement. L'utilité de ces mouvements spontanés serait diminuée s'ils venaient à dépendre trop étroitement, soit de l'OTAN soit des gouvernements membres. Relations avec les Organisations InternationalesL'OTAN est, nous l'avons vu, en rapports étroits
avec d'autres organisations internationales. Citons, au nombre de celles-ci,
l'Organisation Européenne de Coopération Economique à
Paris, le Conseil de l'Europe à Strasbourg, le Bureau International
du Travail, l'Accord Général sur les Tarifs et le Commerce,
le Comité Intergouvememental de l'Emigration Européenne
- tous trois à Genève - et, bien entendu, l'Organisation
du Traité de Bruxelles, à Londres. Perspectives d'avenirLes activités de l'OTAN esquissées dans le présent chapitre réclament des soins patients et attentifs. L'Article 2 donne aux signataires du Traité de l'Atlantique Nord mission de rechercher les moyens de créer entre eux des liens économiques et culturels plus étroits. Nous avons insisté sur l'effort modeste accompli par l'OTAN dans le domaine de l'information parce que, dans une certaine mesure, l'information doit précéder l'action; les peuples des 14 pays membres n'accorderont leur appui à de nouvelles mesures de coopération prises en vertu du Traité que s'ils pensent que cette coopération peut accroître leur bien-être, comme elle leur a permis d'accroître leur sécurité. Le développement de la Communauté Atlantique n'en est qu'à ses débuts ; il reste beaucoup à faire et l'Article 2 nous montre la voie à suivre. Il existe une tendance certaine à considérer l'application des dispositions de cet article comme une tâche entièrement distincte de l'édification de la défense, et partant, d'une importance inoins immédiate. Pourtant l'Article 2 exprime les objectifs fondamentaux du Traité, à savoir: le développement par les quatorze pays 'des conditions propres à assurer la stabilité et le bien-être' en 'renforçant leurs libres institutions'. L'effort militaire, pour urgent qu'il soit, représente un moyen, et non pas le seul, de parvenir à cette fin. Si le risque d'une agression devenait moins sérieux qu'il ne l'est aujourd'hui, il apparaîtrait peut-être que le domaine couvert par l'Article 2 est le véritable champ de bataille : en effet, si, grâce au renforcement de nos positions, nous parvenons à éviter une troisième guerre mondiale, alors la lutte entre les pays libres et les pays totalitaires communistes sera gagnée par les pays qui auront trouvé les meilleures solutions à leurs problèmes économiques et sociaux. L'OTAN doit-elle continuer à concentrer exclusivement ses efforts sur l'édification de sa défense? Les communiqués du Conseil et les déclarations des gouvernements ont mis l'accent sur le fait que l'OTAN devrait de plus en plus servir d'instrument de coopération dans les domaines non militaires, et que les dispositions du Traité relatives à l'effort individuel et à l'assistance mutuelle devraient s'appliquer, non seulement à la constitution de l'appareil militaire, mais également aux problèmes de temps de paix qui se posent à la Communauté Atlantique. Nous touchons ici l'une des raisons profondes pour lesquelles
tant de ressortissants des pays membres ne manifestent qu'un intérêt
modéré pour l'OTAN. Ils sont prêts à accepter
l'Alliance Atlantique comme une sorte de police d'assurance contre une
attaque armée mais ils ne sont pas encore disposés à
la considérer comme un facteur de progrès dans des domaines
plus féconds de l'activité humaine. Il appartient au Conseil
de réfuter cette erreur par ses décisions unanimes et
par ses actes. La marche sera lente, difficile, et souvent décevante,
mais rien ne doit être épargné pour donner à
nos peuples - et surtout aux jeunes générations -le sentiment
que les sacrifices consentis à la cause de la sécurité
n'auront en aucun cas été vains. Quelle que soit l'évolution
de nos relations avec le monde soviétique, l'OTAN devrait contribuer
à la construction d'une Communauté Atlantique solide,
capable d'accroître le bien-être et le bonheur de tous ses
peuples. Notes: ![]() |