Edition Web
Vol. 41- No. 1
Fév. 1993
p. 17-22
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Les forces
nucléaires de l'OTAN
dans un monde en mutation
Gregory L. Schulte,
Direction des plans nucléaires de l'OTAN
Crise grave entre l'Est et l'Ouest... les forces du
Pacte de Varsovie sur pied de guerre, l'OTAN rappelle les réservistes,
les hostilités éclatent sur de multiples fronts... les forces
de l'OTAN, bien qu'inférieures en nombre, combattent vaillamment...
mais les forces du second échelon du Pacte de Varsovie sont prêtes
à l'attaque et il semble peu probable que les défenses en
avant de l'OTAN puissent tenir...
Il y a quelques années à peine, des scénarios
de ce genre dominaient la politique et les plans des forces nucléaires
de l'OTAN, tout en dramatisant encore une menace manifeste et potentiellement
immédiate. Cette menace offrait à l'Alliance un point de
départ commun pour déterminer et mettre à l'épreuve
les forces et les procédures lors des exercices. Elle contribuait
en outre à la définition de l'important rôle de dissuasion
des armes nucléaires dans le cadre de la stratégie de dissuasion
de l'OTAN.
L'OTAN ne peut plus désormais s ' appuyer sur une base aussi nette
et reconnue pour sa planification. Le Pacte de Varsovie comme l'Union
soviétique n'existent plus, et nos ennemis potentiels de l'époque
de la guerre froide sont devenus nos partenaires de la coopération.
Les risques qui subsistent présentent des facettes et des directions
multiples; ils sont donc difficiles à prévoir et à
évaluer. Dans ce nouveau contexte, le rôle de l'Alliance
elle-même est passé de la dissuasion directe contre une attaque
massive à la tâche plus complexe qui consiste à projeter
la stabilité dans un monde nouveau et incertain.
L'Alliance a rapidement adapté son dispositif nucléaire
- stratégique et préstratégique (l)
- au nouvel environnement de sécurité. En novembre 1991,
deux ans après la chute du mur de Berlin, les chefs d'Etat et de
gouvernement de l'OTAN ont approuvé un nouveau Concept stratégique
(2) pour remplacer l'ancienne stratégie de
riposte graduée de l'Alliance. Les forces nucléaires jouaient
dans cette ancienne stratégie un rôle central reflétant
en partie l'infériorité des forces conventionnelles de l'OTAN
face à celles du Pacte de Varsovie. Si les armes nucléaires
continuent de remplir une fonction essentielle dans le nouveau Concept
stratégique, la dépendance vis-à-vis d'elles n'en
a pas moins été réduite. Cette réduction est
manifeste dans la structure des forces de l'OTAN, ainsi que dans sa politique
et dans sa planification.
Lors de la réunion d'octobre 1991 du Groupe des plans nucléaires
de l'OTAN (GPN) qui s'est tenue à Taormina, en Italie, les ministres
de la Défense se sont mis d'accord sur une réduction très
substantielle des forces nucléaires préstratégiques
(3). Les chefs d'Etat et de gouvernement avaient déjà
décidé, en juillet 1990, de réduire l'importance
des armes nucléaires de plus courte portée. A Taormina,
les ministres de la Défense allèrent plus loin encore, en
décidant que les armes nucléaires destinées à
l'artillerie et aux missiles balistiques de courte portée à
lanceur terrestre pourraient être éliminées entièrement.
Ils s'accordèrent également sur une réduction numérique
de plus de la moitié des armes à lanceur aérien destinées
aux avions à double capacité, les seules armes qui constitueront
désormais l'arsenal militaire de l'OTAN en Europe.
Sur base de ces décisions, les ministres du GPN accueillirent
favorablement l'initiative antérieure du président Bush
et la réponse similaire du président Gorbatchev de retirer
et de détruire à l'échelle mondiale leurs ogives
nucléaires pour les systèmes à lanceurs terrestres.
Ils accueillirent tout aussi favorablement les décisions des deux
présidents de retirer toutes les armes nucléaires tactiques
de leurs navires de surface, de leurs sous-marins d'attaque et de leurs
forces aéronavales basées à terre, ainsi que de détruire
nombre de ces armes.
Les décisions adoptées à Taormina ont pour effet
cumulatif de réduire de 80% environ l'arsenal d'armes nucléaires
préstratégiques de l'OTAN en Europe, par rapport à
ce qu'il était alors. Il s'agit d'une réduction largement
supérieure à 90% par rapport à l'arsenal nucléaire
le plus élevé atteint au début des années
1970 (voir Tableau I). En même temps, la composition de cet arsenal
se modifie, puisque l'ancienne panoplie très étoffée
d'armements de différents types, aux portées et fonctions
diverses, fait place à un seul: les armes à lanceurs aériens.
Depuis la réunion de Taormina, la réduction et la restructuration
des forces nucléaires préstratégiques de l'OTAN sont
allées de l'avant. La répartition et le niveau précis
de l'arsenal ont été approuvés par les ministres
du GPN lors de leur session du printemps 1992 au siège de l'OTAN,
sur base des recommandations du Commandant suprême des forces alliées
en Europe (SACEUR) (4). Toutes les armes nucléaires
tactiques à lanceurs terrestres et navals ont été
retirées dès juillet 1992, beaucoup plus tôt que ce
qui avait été envisagé au départ. Les réductions
touchant les armes nucléaires à lanceurs aériens
sont pour leur part bien avancées.
Ces réductions se sont accompagnées d'un allégement
du niveau global de préparation des systèmes qui demeurent
en place. Avec la disparition de la menace immédiate et de très
grande ampleur, l'OTAN n'a plus besoin de forces préstratégiques
conçues et disposées pour riposter instantanément.
Des changements d'une ampleur comparable sont prévus dans les
forces nucléaires stratégiques de l'OTAN, dominées
par celle des Etats-Unis. Le Tableau II illustre l'effet du Traité
START II sur le niveau des forces de ce pays, comparé à
leur niveau en septembre 1990 et à celui prévu dans le cadre
du Traité START de juillet 1991. Les réductions START II
doivent être accomplies en deux phases d'ici à l'an 2003
ou, si les Etats-Unis aident la Russie, d'ici à l'an 2000. Comme
pour les forces préstratégiques de l'OTAN, le niveau de
préparation global de ces forces a également été
réduit.
L'OTAN a adapté sa politique et ses plans aussi rapidement qu'elle
a procédé à la transformation de sa structure de
forces. Lors de la réunion du GPN qui s ' est tenue à Gleneagles,
en Ecosse, en octobre dernier (5), les ministres de
la Défense se sont accordés sur de nouveaux principes politiques
pour la planification et la consultation nucléaires. Ces principes
reflètent la réduction du rôle des forces nucléaires
dans le Concept stratégique, tout en garantissant le maintien du
contrôle politique exercé sur ces forces en toutes circonstances.
Ils ont remplacé les directives détaillées élaborées
à l'époque de la guerre froide. Les nouveaux principes sont
beaucoup plus généraux, étant donné que les
risques auxquels l'Alliance est confrontée sont moins prévisibles
que par le passé et que l'on devrait disposer de délais
plus longs en temps de crise pour élaborer des directives complémentaires
à l'intention des autorités militaires de l'OTAN.
Le rôle des forces restantes
Quel est le rôle des forces nucléaires restantes? Comment
se justifient-elles à présent que les scénarios relatifs
à la menace du temps de la guerre froide ont disparu?
Aujourd'hui, les forces nucléaires de l'OTAN ne sont pas plus
orientées vers un ennemi particulier que planifiées en fonction
d'un scénario spécifique. Leur rôle est beaucoup plus
large.
Le Concept stratégique de l'Alliance établit que le rôle
fondamental des forces nucléaires de F OTAN est politique: préserver
la paix et empêcher la coercition. L'OTAN ne conserve pas d'armes
nucléaires pour mener des guerres, mais plutôt pour aider
à les empêcher. Les forces nucléaires de l'OTAN contribuent
à la prévention des conflits en entrenant l'incertitude
dans l'esprit de tout dirigeant qui envisagerait une attaque contre l'Alliance
et en démontrant qu'une telle attaque ne constituerait pas une
option rationnelle. Les forces nucléaires rendent les risques d'une
agression contre 1' OTAN incalculables et inacceptables alors que, à
elles seules, les forces conventionnelles ne le peuvent pas.
La garantie suprême de sécurité pour les alliés
continue d'être celle qu'offrent les forces nucléaires stratégiques
de l'Alliance, et particulièrement celles des Etats-Unis. Les moyens
nucléaires indépendants du Royaume-Uni et de la France jouent,
eux aussi, un rôle important et spécifique. Toutefois, pour
que les forces nucléaires remplissent leur Tôle de prévention
des conflits, l'OTAN ne peut compter uniquement sur les forces stratégiques
des Etats-Unis, du Royaume-Uni et de la France. L'OTAN a plutôt
besoin de forces nucléaires déployées en Europe et
assignées à la défense de l'Alliance, avec des systèmes
de lancement fournis par des alliés disposant ou non d'une capacité
nucléaire. De telles forces établissent un lien politique
et militaire essentiel entre les membres européens et nord-américains
de l'Alliance, et démontrent qu'une attaque contre les membres
européens de l'OTAN pourrait entraîner en dernier recours
l'engagement des forces stratégiques des Etats-Unis. Elles permettent
en outre de partager les risques et les charges du dispositif nucléaire
de l'OTAN par le biais d'une plus large participation. Cette participation
générale se manifeste non seulement au niveau du choix de
l'implantation des forces nucléaires, mais également dans
le partage du financement de l'infrastructure et dans l'établissement
de plans collecitfs au travers d'institutions telles que le Groupe des
plans nucléaires.
Le choix de bases européennes et une large participation sont
des éléments essentiels du dispositif nucléaire de
l'OTAN. Sans elles, celui-ci pourrait aboutir à un échec,
que ce soit en induisant l'adversaire à mal interpréter
la solidarité ou la résolution de l'OTAN, ou encore en ne
procurant pas des assurances adéquates aux membres de l'Alliance,
qui pourraient alors se sentir singulièrement exposés à
de futures menaces. Toute notion suivant laquelle l'OTAN pourrait, en
temps de paix, stocker en totalité ou en partie ses armes nucléaires
hors d'Europe et les redéployer sur le continent en temps de crise
ou de guerre est peu judicieuse, tant du point de vue politique que militaire.
Le dispositif nucléaire de l'OTAN doit viser à dissuader
un agresseur potentiel en temps de paix, et pas seulement après
le début d'une crise. Ajoutons en outre qu'un redéploiement
en temps de crise pourrait encore contribuer à aggraver la situation.
Le rôle des armes nucléaires de l'OTAN tel que nous venons
de le décrire peut, au mieux, paraître académique,
particulièrement en l'absence d'une menace militaire spécifique.
Actuellement en effet, les circonstances dans lesquelles l'utilisation
d'armes nucléaires pourrait être envisagée sont peu
probables. De plus, pour la plupart des crises auxquelles l'Alliance pourrait
être confrontée - ainsi, les combats dans l'ancienne Yougoslavie
- les armes nucléaires n'auront aucun rôle à jouer.
Pour comprendre plus concrètement la fonction potentielle de ces
armes, il convient d'examiner une gamme de risques futurs susceptibles
d'affecter la sécurité de l'OTAN et d'impliquer une dimension
nucléaire. Aucun d'eux ne présente le caractère immédiat
et clair des scénarios de la guerre froide, mais tous doivent être
pris sérieusement en considération.
Une série de risques concerne la réapparition d'une menace
majeure en Europe continentale, émanant en particulier d'un pays
fortement doté d'armes nucléaires. Les forces conventionnelles
de l'OTAN sont censées demeurer suffisamment étoffées
pour faire face aux éléments non nucléaires d'une
menace de ce type, surtout parce que l'on s'attend à ce que l'Alliance
dispose d'un délai plus grand que durant la guerre froide pour
augmenter ses défenses. Il n'en demeure pas moins que l'OTAN pourrait
agir rapidement ou que l'adversaire considère ses propres forces
nucléaires comme un moyen de pression contre l'Alliance, avant
ou même sans que ne soit rassemblée une capacité conventionnelle
importante.
Face à de tels risques, les forces nucléaires de F OTAN
constituent une source de stabilité et d'apaisement. Leur présence
est la condition indispensable aux réductions de forces conventionnelles
en cours en Europe en démontrant que toute tentative future d'établissement
d'une supériorité par une réarmement conventionnel
unilatéral ne garantirait pas un avantage politique ou militaire.
Les forces nucléaires de 1 ' OTAN contribuent en outre à
offrir une protection contre toute tentative d'intimidation ou de coercition
contre tout pays allié par le biais de la menace des forces nucléaires.
Une deuxième série de risques est liée à
la prolifération des armes nucléaires et de leurs lanceurs,
qui résulte de l'émergence de nouveaux pays disposant d'armes
nucléaires à la périphérie de l'Alliance.
Il est peu probable que ces pays aient la capacité conventionnelle
de défier l'Alliance ou même des forces nucléaires
capables de menacer le territoire de tous les membres de l'OTAN. Ils pourraient
toutefois considérer une capacité nucléaire même
limitée comme un "facteur de compensation" leur permettant
d'intimider l'Alliance et de mettre à l'épreuve sa résolution.
Les dirigeants concernés pourraient être motivés par
une haine intense ou une idéologie fanatique, qui les pousserait
à ne pas se comporter aussi rationnellement que ceux que l'OTAN
cherchait à dissuader dans le passé.
Face aux risques de ce type, le dispositif nucléaire de l'OTAN
devrait servir à décourager les dirigeants concernés
de penser qu'ils pourraient menacer à leur avantage les pays alliés
avec leurs armes nucléaires. L'efficacité de la dissuasion
nucléaire sur des dirigeants au comportement "irrationnel"
suivant nos critères a fait l'objet de nombreuses spéculations,
mais ces dirigeants pourraient également être dissuadés
plus efficacement que nous le croyons, particulièrement ceux qui
considèrent les armes nucléaires comme un moyen de pression
tellement redoutable qu'ils ont cherché par tous les moyens à
les obtenir.
Il est clair que les forces nucléaires de l'OTAN doivent avoir
une souplesse qui leur permette de remplir leur rôle de prévention
des conflits dans toute une gamme d'éventualités. Mais,
à chaque fois, ces forces constitueraient des armes de dernier
recours, non pas parce que l'OTAN sacrifierait leur valeur dissuasive
en envisageant de mener une guerre conventionnelle prolongée, mais
parce qu'avant ce dernier recours, elle ferait usage de la vaste panoplie
d'autres instruments à sa disposition. Ceux-ci comprennent en premier
lieu la diplomatie préventive, les mesures de non-prolifération
et la gestion des crises, puis s'étendent au renforcement rapide
et même, si nécessaire, à la reconstitution d'un dispositif
de défense plus étoffé. La qualité des données
du renseignement, l'efficacité du potentiel conventionnel et les
défenses antimissiles rempliraient également des fonctions
importantes.
Les capacités indispensables
Pour que les forces nucléaires de l'OTAN puissent jouer leur rôle
dans la prévention des conflits, l'Alliance doit veiller à
ce que ses forces, tout en demeurant à un niveau minimum, soient
efficaces, souples, fiables et disposent d'une capacité de survie
adéquate.
Fondamentalement, l'efficacité des forces nucléaires de
l'OTAN repose sur la compétence et l'entraînement de ceux
auxquels incombe leur fonctionnement. Elle dépend également
du maintien du potentiel des systèmes de lanceurs - avions à
double capacité - et des armes elles-mêmes. La force à
double capacité de 1 ' OTAN continue à bénéficier
de toutes les innovations techniques et comprend actuellement certains
des appareils les plus performants, tels que le Tornado, le F-16 et le
F-15E. Nous devons toutefois demeurer vigilants pour éviter que
ces systèmes et leurs armements ne deviennent obsolètes.
La souplesse est une caractéristique essentielle de la force à
double capacité de l'OTAN. Elle peut être utilisée
pour des missions conventionnelles ou nucléaires, et assignée
à des forces de réaction, de défense principale ou
d'appoint dans le cadre du nouveau Concept stratégique. Ces moyens
à double capacité, et les plans relatifs à ses missions,
peuvent être rapidement réorientés pour contrer des
menaces nouvelles. Leur aptitude à renforcer n'importe quelle région
menacée de l'Alliance et à participer à des opérations
multinationales peut manifester clairement la résolution et la
solidarité de l'Alliance.
En raison des considérables réductions en cours dans le
dispositif nucléaire de l'Alliance, les ministres de la Défense
de l'OTAN attachent une importance fondamentale à la sécurité
et à l'aptitude à la survie des systèmes maintenus.
Dans le Programme d'infrastructure de l'OTAN, l'accent reste mis sur la
protection des forces préstratégiques de l'OTAN, et notamment
des armements proprement dits.
Outre leur efficacité, leur souplesse, leur aptitude à la
survie et leur fiabilité, les forces nucléaires de l'OTAN
doivent avoir le soutien d'un système de planification adaptable
pouvant répondre à des menaces imprévisibles, de
moyens de commandement, de contrôle et de communication adéquats
et d'exercices réguliers. Ces exercices doivent mettre à
l'épreuve non seulement les unités militaires, mais également
les mécanismes permettant le contrôle politique.
En résumé, l'OTAN doit pouvoir compter sur un dispositif
nucléaire qui soit suffisamment crédible aux y eux d ' un
agresseur potentiel pour ne pas être aisément ignoré.
Ce n'est qu'ainsi qu'il peut contribuer à la prévention
des conflits.
Conclusion_______________
La série de traités historiques sur la maîtrise des
armements associés à la fin de la guerre froide - le Traité
FNI de 1987, le Traité START de 1991 et le Traité START
II de 1993 - constitue la promesse d'une réduction spectaculaire
de la quantité d'armes nucléaires sur notre planète.
Il n'en reste pas moins que notre monde demeurera nucléarisé
et que des pays supplémentaires sont susceptibles de se doter d'un
arsenal nucléaire. Tous ne considéreront peut-être
pas ce type d'armes comme des outils de prévention des conflits;
certains y verront peut-être des instruments d'intimidation, voire
de guerre.
Comme nous l'avons vu, les scénarios nucléaires liés
à la guerre froide appartiennent maintenant à une époque
révolue, si bien que l'OTAN a pu réduire sa dépendance
vis-à-vis des armes nucléaires et modifier radicalement
son dispositif dans ce domaine. Le changement le plus spectaculaire associé
aux forces préstratégiques est la réduction de 80%
des armes nucléaires en Europe, notamment l'élimination
totale de celles destinées aux missiles à lanceurs terrestres
et à l'artillerie. La rapidité de cette transformation est
révélatrice des facultés d'adaptation de l'Alliance.
Si la guerre froide appartient au passé, certains risques demeurent
et justifient le maintien d'une dissuasion nucléaire réduite,
mais crédible. L'ère qui vient de s'achever a été
marquée par une étroite série de scénarios
qui dominaient la planification de l'OTAN, mais il faut désormais
envisager le rôle des forces nucléaires de l'Alliance en
fonction d'une vaste gamme de possibilités, depuis les situations
d'instabilité stratégique au sein de PEuropejusqu'àlaprolifération
des armes nucléaires hors du continent. La souplesse est donc essentielle,
même si le rôle du nouveau dispositif nucléaire de
l'OTAN est fondamentalement politique. Il reflète la nature défensive
du Concept stratégique de l'Alliance et en soutient les objectifs
essentiels, qui sont de promouvoir la stabilité et de prévenir
les conflits.
(1) Les forces nucléaires "stratégiques"
sont constituées des missiles balistiques intercontinentaux (ICBM),
des missiles balistiques à lanceur naval (SLBM) et des bombardiers
à rayon d'action intercontinental. Les forces nucléaires
de l'OTAN de plus courte portée sont dites "préstratégiques".
(2) Voir "L'élaboration de la nouvelle
stratégie de l'OTAN", par Michael Legge, Revue de l'OTAN No.
6, décembre 1991, p. 9 à 14, et voir p. 25 à 32 pour
le texte du nouveau Concept stratégique.
(3) Pour le texte du communiqué, voir Revue
de l'OTAN No. 6, décembre 1991, p. 33.
(4) Pour le communiqué, voir Revue de l'OTAN
No. 3, juin 1992, p. 34-35.
(5) Pour le communiqué, voir Revue de l'OTAN
No. 5, octobre 1992, p. 35.

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